C. L'ALGÉRIE ET LA RELATION EURO-MÉDITERRANÉENNE

Au-delà de l'accord d'association, l'Algérie souhaite s'investir dans le développement de la relation euro-méditerranéenne. Même si elle s'investit en son sein depuis 2013, via l'octroi d'une contribution financière au budget de son secrétariat général, les autorités algériennes demeurent cependant relativement sceptiques sur l'Union pour la Méditerranée (UpM). L'organisation apparaît lestée par les difficultés politiques à l'Est du bassin méditerranéen. Six mois après son lancement, l'opération israélienne « Plomb durci » dans la bande de Gaza en décembre 2008 est venue fragiliser l'UpM, incapable d'incarner l'espace de dialogue qu'elle était censée être implicitement. Le boycott de ses réunions par certains de ses membres a contribué à conférer à l'UpM l'image d'une coquille vide.

La logique de projets qui la sous-tend est, par ailleurs, jugée à la fois ambitieuse et peu efficace, faute de financements effectifs. Il convient de rappeler que si, depuis sa création, l'UpM a accompagné le lancement de 47 projets à portée régionale représentant une valeur de 5,3 milliards d'euros, son action se limite à une labellisation desdits projets 12 ( * ) . Elle participe à cet effet à l'élaboration de l'étude de faisabilité de chacun de ces chantiers. Elle les présente devant la Commission européenne, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque européenne d'investissement ou toute autre organisation internationale qui pourront, quant à elles, accorder les crédits adaptés. Son budget annuel - 6 millions d'euros environ - ne lui permet pas d'aller plus loin.

Le fait que le secrétariat général de l'UpM ait par ailleurs été confié à un Marocain, M. Fathallah Sijilmassi, suscite également certaines réserves. Cette nomination avantagerait le Maroc, qui disposerait de la sorte d'un monopole de la représentation de la rive Sud de la Méditerranée. Cette réserve apparaît sans fondement. La présidence de l'UpM est depuis le 22 mai 2017 assurée par l'Égypte. La Jordanie a exercé les mêmes responsabilités de 2013 à 2014.

L'Algérie privilégie aujourd'hui le format « 5+5 », l'approche étant jugée plus réaliste. Le dialogue en Méditerranée occidentale dit « 5+5 », créé en 1990 puis relancé en 2001, réunit les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) ainsi que cinq États membres de l'Union européenne (France, Espagne, Italie, Malte et Portugal). La Commission européenne est associée aux réunions ministérielles organisées dans ce cadre. L'UpM et l'UMA sont également représentées. Une tentative d'élargir le dialogue à l'Égypte et à la Grèce n'a pas eu de suite en 2010. Plusieurs champs sont abordés au cours de ces rencontres, qu'il s'agisse de la sécurité, des migrations ou de la coopération économique et sociale, des déclinaisons sectorielles étant mises en place. La réunion des ministres des Affaires étrangères, organisée à Tanger le 7 octobre 2015, s'est notamment conclue par le souhait de voir l'UpM jouer un rôle moteur au sein de la nouvelle politique de voisinage. Les conclusions insistaient également sur le fait que le dialogue « 5+5 » se dote d'une branche parlementaire. Une première réunion des parlementaires s'est tenue à Marseille les 27 et 28 octobre 2016. Votre rapporteur regrette que le Sénat n'y soit pas représenté.

La promotion d'un sous-ensemble régional, laboratoire pour une coopération plus étroite entre États membres, n'est pas dépourvue d'intérêt. Elle ne saurait cependant être valable que si elle est élargie à l'Égypte et à la Grèce, comme l'a demandé la commission des affaires européennes du Sénat dans une résolution européenne adoptée en juin 2016 13 ( * ) . Cette option semble aujourd'hui inenvisageable pour les autorités algériennes. Il y a cependant lieu de s'interroger sur leur appétence pour un dispositif où elles côtoient plus directement les autorités marocaines et où la Libye n'est plus réellement représentée.


* 12 Union pour la Méditerranée, Rapport annuel 2016.

* 13 Résolution européenne du Sénat (n°159/2015-2016) sur le volet méditerranéen de la politique de voisinage de l'Union européenne révisée.

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