II. UN RÉSEAU CULTUREL ENCORE TRÈS PERTURBÉ PAR LA CRISE ET DONT LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE EST CONSIDÉRÉE COMME LE PRINCIPAL LEVIER DE LA REPRISE

A. UN RÉSEAU FINANCIÈREMENT FRAGILISÉ, UNIQUEMENT SOUTENU PAR DES REDÉPLOIEMENTS DE CRÉDITS

1. Un fonctionnement encore perturbé et marqué par le développement de l'offre culturelle à distance

La crise sanitaire mondiale a très fortement perturbé l'activité du réseau culturel. Au plus fort de celle-ci, au premier semestre 2020, 105 des 117 instituts français étaient fermés, ainsi que 650 des 830 alliances françaises. Après une réouverture progressive entre juin et octobre 2020, nombre d'établissements du réseau ont dû à nouveau réduire drastiquement leurs activités à partir de la fin de l'année 2020. Au printemps 2021, la situation s'est améliorée notamment en Europe, permettant la réouverture des établissements dans des conditions adaptées à la situation sanitaire. En revanche, l'activité des établissements de la zone des Amériques est restée très ralentie. Les zones Asie, Océanie, Afrique du Nord et Moyen-Orient ont connu des situations plus contrastées, variables selon les pays et très évolutives.

À l'été 2021, la moitié des instituts français était en mesure d'accueillir du public et avait repris l'ensemble de ses activités, tandis que plus d'un tiers ne les avait reprises que partiellement (par exemple, pour permettre l'accès à la médiathèque ou à l'espace Campus France, pour faire passer des certifications ou pour dispenser des cours dans un format adapté). 12 instituts français étaient cependant encore fermés au public . Parmi les alliances françaises, un tiers connaissait un retour à la normale, un tiers n'avait repris qu'une partie de ses activités (par exemple, pour dispenser des cours de langue) et le dernier tiers était fermé au public .

Dans ce contexte encore très perturbé, les établissements, incités par leur tutelle, ont fortement développé leurs activités à distance . En juillet 2021, les deux tiers des instituts français proposaient une offre de cours de langue et une offre culturelle en ligne. À la même date, la moitié des alliances avaient mis en place une offre de cours à distance et plus d'un quart proposait des activités culturelles en ligne. Sur le moyen terme, un certain nombre d'établissements envisagent de conserver une offre culturelle sous forme hybride , qui présente l'avantage d'attirer de nouveaux publics.

2. Un redressement financier suspendu à la sortie de la crise sanitaire

Si la mise en place d'activités à distance a joué un rôle clé pour la résilience du réseau depuis le début de la crise sanitaire, celle-ci n'a pas permis d'éviter la dégradation du bilan économique des établissements culturels . En effet, les mesures de fermeture prolongées des locaux aux publics, la baisse des activités génératrices de revenus, telles que les cours de langues, l'organisation d'examens et de certifications, ainsi que le ralentissement du mécénat ont entraîné des pertes importantes de recettes (- 27 % en 2020). Celles-ci devraient toutefois se redresser en 2021 pour atteindre 145 millions d'euros, un niveau cependant encore inférieur à celui d'avant crise.

Le taux d'autofinancement , qui était de 75 % en 2019, a diminué mais moins que prévu (68 % contre 65 % en prévisionnel) grâce à la diversification de l'offre et à la réduction des dépenses de structure. Une légère amélioration est attendue pour 2021 et 2022 - des prévisions respectivement à 70 % et 72 % - mais beaucoup d'incertitudes demeurent quant à l'évolution de la pandémie et la capacité des établissements à retrouver leurs publics. La réouverture en présentiel et la reprise des mobilités internationales apparaissent comme des conditions déterminantes à la sortie de crise .

3. Un soutien de l'État sous forme de redéploiement de crédits et d'incitation à la transformation numérique du réseau qui pourrait ne pas suffire

Depuis le début de la crise, le ministère a fait le choix de soutenir le réseau en procédant à des redéploiements de crédits , en particulier à partir des reliquats constatés sur les dispositifs de mobilités étudiantes de courte durée et les échanges d'expertise qui n'ont pu se faire en raison des restrictions de mobilité liées à la crise sanitaire. En 2020, 7 millions d'euros ont ainsi été reversés aux instituts français et 3 millions d'euros aux alliances françaises. En 2021, de nouveaux redéploiements ont permis de fournir 1 million d'euros de soutien aux postes les plus en difficultés (Cuba, Espagne, Irlande, Japon, Liban, République centrafricaine, Rwanda, etc...).

Le rapporteur salue cette gestion pragmatique des crédits, mais doute que celle-ci suffise à redresser financièrement les établissements les plus touchés . Des mesures de soutien spécifique devront, selon lui, être envisagées si les réouvertures venaient à être encore repoussées.

Le ministère mise, par ailleurs, sur son plan de transformation numérique du réseau culturel , dont le déploiement des mesures s'échelonne selon un calendrier triennal (2021-2023), pour accompagner la sortie de crise. À l'été 2021, un appel à projets, doté d'une enveloppe de près de 2,9 millions d'euros, a été lancé à destination des établissements dans l'objectif de financer la montée en charge qualitative et quantitative de leurs équipements et logiciels.

Si le rapporteur encourage pleinement cette démarche de modernisation et de renforcement de l'attractivité du réseau culturel français par les technologies numériques, il estime que celle-ci ne doit pas prévaloir sur l'action de réponse à la crise, alors qu'un nombre important d'instituts et d'alliances connaissent encore une situation financière très préoccupante.

4. La confirmation du rôle d'appui au réseau de l'Institut français de Paris

Dans le contexte de prolongation de la crise sanitaire, l'Institut français de Paris a confirmé son rôle d'interface entre les instituts culturels et les alliances françaises , participant activement au développement des activités à distance (mise à disposition de plateformes numériques, organisation de formations sous forme de visioconférences...). L'opérateur travaille d'ailleurs de concert avec le ministère au déploiement du plan de transformation numérique du réseau.

Le rapprochement fonctionnel entre l'Institut français de Paris et la Fondation Alliance française, qui a longtemps été bloqué mais qui est désormais sur la bonne voie, participe également de cette dynamique de meilleure coordination entre les instituts et les alliances.

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