LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS

Réunie le mercredi 13 mai 1998 sous la présidence de M. Jacques Larché, président, la commission des Lois a procédé, sur le rapport de M. Lucien Lanier, à l'examen pour avis du projet de loi relatif aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux.

Ce projet de loi tend en particulier à remédier à la multiplication des incidents provoqués par certains types de chiens, utilisés par leurs détenteurs non comme un animal de compagnie, mais comme un signe extérieur de puissance, un instrument d'intimidation. Le texte prévoit un renforcement et une clarification des pouvoirs de police du maire ; il comporte un important dispositif pénal visant en particulier à faire disparaître à terme certains types de chiens dont les caractéristiques morphologiques sont trop souvent utilisées pour en faire des chiens d'attaque.

Saisie pour avis, la commission des Lois a plus particulièrement examiné six articles du projet de loi et a adopté une douzaine d'amendements.

Elle a en particulier souhaité aggraver les peines encourues en cas de sévices ou actes de cruauté envers les animaux, en les portant à deux ans d'emprisonnement et 200 000 F d'amende contre six mois d'emprisonnement et 50 000 F d'amende actuellement. Elle a en effet observé que les atteintes aux biens étaient plus sévèrement punies que les sévices ou actes de cruauté envers les animaux et a considéré que, bien souvent, le caractère dangereux d'un animal était le fruit d'un dressage impliquant de graves sévices.

La commission a en outre adopté un amendement prévoyant l'insertion de l'article 8 du projet de loi, relatif au sort des animaux saisis ou retirés à leur propriétaire dans le cadre de procédures judiciaires ou de contrôles, dans le code de procédure pénale.

La commission a enfin rappelé son attachement à la codification du droit pénal spécial, observant que le projet de loi créait un grand nombre d'infractions nouvelles, inscrites dans le code rural, et que la dispersion des dispositions pénales s'en trouverait aggravée.

EXPOSÉ GÉNÉRAL

Mesdames, Messieurs,

En août 1997, un retraité de 83 ans a été agressé et grièvement blessé par deux pitbulls à Villepinte. A la même époque, le refuge de Gennevilliers a été le théâtre en plein jour d'un vol de pitbulls accompagné de l'agression du gardien ; le même phénomène s'est reproduit il y a quelques jours seulement. En mars dernier, un rottweiler, à qui son gardien mineur venait d'enlever sa muselière, a attaqué des gardiens de la paix sur les Champs-Elysées. On ne compte plus les incidents de ce type qui, lorsqu'ils n'ont pas de conséquences graves, ne donnent lieu à aucune plainte, mais entretiennent une atmosphère de peur dans certaines zones urbaines de notre pays. On estime qu'il y a aujourd'hui près de 40 000 pitbulls sur le territoire français.

Le phénomène des chiens dangereux, qui le sont parce que leurs maîtres l'ont voulu, ne relève plus de la rubrique des faits divers. Il implique une réponse législative forte qui ne peut plus être différée.

Le Sénat est aujourd'hui appelé à examiner le projet de loi adopté par l'Assemblée nationale relatif aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux domestiques.

Ce texte, qui concerne bien d'autres questions que celle des animaux dangereux, a été renvoyé pour son examen au fond à notre commission des Affaires économiques et du plan, dont le rapporteur est notre collègue M. Dominique Braye.

Ce projet de loi comporte un important dispositif pénal destiné à lutter contre la multiplication des incidents et agressions causées par des chiens dangereux. Quatre propositions de loi, renvoyées à notre commission des Lois, ont été déposée à ce sujet sur le bureau du Sénat en 1996 et 1997. Votre commission a donc souhaité se saisir des articles du projet de loi relevant directement de sa compétence et tout particulièrement des articles 1er et 2 relatifs aux animaux dangereux.

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