II. LE TUNNEL DU MONT BLANC, UNE VOIE DE FRANCHISSEMENT DES ALPES PARTICULIÈREMENT SENSIBLE

A. L'IMPACT ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL D'UN OUVRAGE SITUÉ DANS UN SITE EXCEPTIONNEL

1. Une artère vitale sur le plan économique

Cette voie de communication internationale entre la France et l'Italie est d'une importance vitale pour les échanges économiques, sociaux et culturels au sein de l'Europe. Il est un acteur essentiel de la promotion touristique et des échanges entre les vallées de Courmayeur et de Chamonix.

60% des poids lourds qui empruntent le tunnel sont franco-italiens , ce qui témoigne de l'apport de cette desserte au dynamisme de l'économie locale, connectant les entreprises et les zones d'activité entre elles, mais aussi à leurs marchés locaux, nationaux et internationaux. On pense en particulier à la vallée de l'Arve, leader du décolletage, pôle de compétitivité, mais aussi au tourisme en particulier pour la trentaine de stations de ski desservies par le tunnel et l'autoroute du Mont Blanc.

Les niveaux de trafic dépendent directement de l'activité économique et les tunnels alpins sont extrêmement dépendants du trafic poids-lourd. À titre d'exemple, la répartition du chiffre d'affaires au tunnel du tunnel du Mont-Blanc est, schématiquement, de 75 % pour les poids-lourds et 25 % pour les véhicules légers. Suite à la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc en mars 1999, le trafic ne retrouve une stabilité qu'à partir de 2006, mais accuse alors une diminution globale de 25 % par rapport à avant la catastrophe . Depuis 2006, le niveau de trafic poids-lourd se situe globalement aux environs de 600 000 véhicules par an. Cependant, les effets de la crise économique se font sentir dès 2008 dans les tunnels alpins, avec une baisse régulière des trafics avant une légère reprise à partir de 2013.

2. Un trafic dense dans l'un des plus beaux sites naturels au monde

La présence d'un trafic routier aussi dense que celui qui transite par le tunnel du Mont-Blanc est paradoxale, dans une vallée aussi extraordinaire que celle de Chamonix Mont-Blanc.

Inutile de rappeler que ce site est mondialement renommé. Cette vallée de haute montagne, dominée par le massif du Mont-Blanc, réunit hiver comme été tous les passionnés de l'alpinisme, autour de l'aventure sportive, de ses légendes, de son éthique. L'Aiguille du Midi -et son célèbre « Pas dans le vide »- est l'un des sites touristiques les plus visités d'Europe. Ce fameux téléphérique qui emmène plus de 500 000 visiteurs chaque année jusqu'à 3842 mètres séduit tout autant les touristes du monde entier que les alpinistes, dont il est la porte d'entrée vers la haute montagne et ses courses les plus mythiques.

C'est pourtant au coeur de cette vallée grandiose que transitent des poids lourds par centaines de milliers.

La situation est similaire pour les autres points de franchissement des Alpes.

40 millions de tonnes de marchandises, tous modes de transport confondus, empruntent en effet les passages alpins franco-italiens, du lac Léman à la Méditerranée. 85 % de ces flux de fret entre la France et l'Italie sont routiers.

Les nuisances provoquées par le trafic sont importantes, sur tous les points de franchissement des Alpes.

Entre 1980 et 2005, le volume total de transport de transit a plus que doublé. En 2011, comme en 2010, 2,7 millions de poids lourds ont franchi les passages franco-italiens, soit une moyenne de 7 400 camions par jour. Même si le nombre de poids lourds traversant les Alpes est resté constant ces dernières années, les conséquences sont tout de même ressenties, particulièrement en termes de nuisances sonores et de pollution. Il est urgent de désengorger les Alpes.

Source : La transalpine

En 1991, les pays de l'arc alpin ont signé une « Convention alpine » par laquelle ils s'engagent à limiter les nuisances environnementales et les risques dus au trafic, principalement routier, en s'abstenant de construire de nouvelles routes à grand débit pour le trafic transalpin, et à prendre les mesures appropriées « en vue de réduire les nuisances et les risques dans le secteur du transport interalpin et transalpin, de telle sorte qu'ils soient supportables pour les hommes, la faune et la flore ainsi que pour leur cadre de vie et leurs habitats, notamment par un transfert sur la voie ferrée d'une partie croissante du trafic, en particulier du trafic de marchandises, notamment par la création des infrastructures appropriées et de mesures incitatives (...) ».

Après l'accident du tunnel du Mont-Blanc, des études ont été menées afin d'évaluer la qualité de l'air dans les vallées alpines. Ainsi l'initiative POVA 5 ( * ) a confirmé très largement la grande sensibilité des vallées alpines, parfois plus polluées que les grandes zones urbaines : les émissions y sont plus faibles, mais dans ces sites où la topographie et la météorologie sont parfois très pénalisantes, les niveaux de concentration peuvent localement augmenter par accumulation et une évolution en système quasi fermé.


* 5 Pollution des vallées alpines.

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