III. LA PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE ET L'ACTIVITÉ : UNE REMONTÉE TRÈS PROGRESSIVE

Évolution des crédits de l'OS « activités opérationnelles » (AOP)

 

AOP - évolution des CP en M€

BOP

LFI 2023

PLF 2024

Évolution

Marine nationale

250

336,5

+ 35 %

Armée de l'air et de l'espace

451,2

591,3

+ 31 %

Armée de Terre

199

217

+ 9%

En ce qui concerne l'armée de terre, les crédits consacrés aux activités opérationnelles (AOP) dans le PLF 2024 poursuivent leur progression (+9 % en crédits de paiement, de 199 à 217 millions d'euros). L'entraînement des forces terrestres est organisé pour répondre au contrat opérationnel, avec une priorité donnée au combat de haute intensité. L'exercice majeur ORION 2023 a participé d'une amélioration qualitative de la préparation opérationnelle dans la perspective de la haute intensité, qui va se poursuivre en 2024, avec notamment la participation à des exercices multinationaux, comme Steadfast Defender 2024 (OTAN) et les missions de réassurance Lynx en Estonie, Aigle en Roumanie, Gerfaut en Pologne. Par ailleurs, le niveau d'engagement en opérations de l'AT est toujours très élevé avec environ 5100 personnes en septembre 2023.

Malgré l'augmentation des crédits prévue pour la première marche de la LPM 2024-2030, la remontée de la préparation opérationnelle et de l'activité sera encore très lente en 2024

En réalité, contrairement à ce qui avait été espéré, l'AT maintiendra son activité mais n'ira pas quantitativement au-delà en 2024. Ainsi, les journées d'activité du combattant terrestre (JACT) devraient rester stables, de même que le nombre de coups par équipage de Caesar ou le nombre d'heures d'entraînement par équipage de chars et de blindés. Le nombre d'heures de vol par hélicoptère de l'AT va remonter légèrement puis se stabiliser en 2024 à la suite de la baisse de 2023.

L'année 2024, avec l'engagement des JO, ne sera pas favorable à une remontée de l'entraînement opérationnel. Ce n'est qu'à partir de 2025 et 2026 que les objectifs d'entraînement devraient commencer à être atteints, dans l'optique de disposer d'une division à deux brigades interarmes projetable en 30 jours en 2027.

Par ailleurs, le niveau attendu de l'inflation ainsi que les conséquences du soutien de l'Ukraine sont également à prendre en compte pour envisager le niveau d'activité effectif. L'inflation représente environ un tiers de d'augmentation prévue des moyens en 2024. Comme en 2023, les conséquences exceptionnelles de l'inflation seront traitées par le mécanisme du report de charge. Concernant la guerre en Ukraine, le surcoût prévisionnel pour l'armée de terre en 2023 est estimé à 292,4 millions d'euros, dont 222,7 millions pour les missions opérationnelles et les alertes, 25,2 millions d'euros pour la mission d'assistance militaire de l'Union européenne en soutien à l'Ukraine (EUMAM) et 44,5 millions d'euros pour les cessions à l'Ukraine. Ces surcoûts devront être couverts en gestion.

S'agissant de l'activité de l'armée de l'air et de l'espace, les objectifs d'activité fixés par la LPM pour 2030 sont les suivants : 180 heures de vol pour un pilote de chasse, 320 heures pour un pilote de transport, 200 heures de vol pour un pilote d'hélicoptère. Au sein du projet de performance de la LFI 2023, les objectifs fixés étaient très en-dessous (respectivement 147 heures, 189 heures, 181 heures), montrant la hauteur de la marche à franchir dans les prochaines années. C'est notamment pour prendre en compte cette difficulté que les deux assemblées avaient décidé, lors de l'examen de la LPM, de faire remonter la « première marche » de la programmation. Ainsi, le PLF 2024 prévoit un passage de 451 millions à 591 millions d'euros des crédits de préparation opérationnelle pour l'armée de l'air et de l'espace. Comme l'a indiqué le chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace, l'activité sur Rafale est passée de 250 heures de vol par avion en 2022 à 290 heures de vol en 2023, afin de compenser les prélèvements pour la Grèce et la Croatie, mais cela n'a sans doute pas fait augmenter l'activité globale (le nombre d'avions étant moindre).

Pour 2024, les objectifs d'activité prévus sont en légère hausse par rapport aux cibles 2023. La déflation du parc Rafale due aux problèmes de disponibilité technique et aux cessions rend nécessairement la progression globalement plus difficile. Le niveau de PO sur le transport a progressé en 2023 grâce à ORION et à une meilleure disponibilité des A400M et des C130. L'activité « hélicoptères » est affectée par les difficultés rencontrées par les PUMA.

En ce qui concerne la préparation opérationnelle de la Marine, sous l'impulsion du plan «Mercator Accélération 2021», une phase de PO de haute intensité (POHI) est mise en place pour préparer les unités aux combats futurs. Cette POHI s'est particulièrement illustrée lors des exercices majeurs POLARIS 21 et ORION 2023. À l'avenir, la MN s'appuiera pour la POHI sur les exercices POLARIS (dont POLARIS 24 juxtaposé avec MARE APERTO), les exercices STEADFAST DEFENDER 24 & 27 et ATLANTIC ALLIANCE 26 & 28. Les résultats en matière de préparation opérationnelle sont satisfaisants, en particulier le niveau d'activité d'entraînement des pilotes de chasse de la Marine.

Partager cette page