IV. DES SERVICES DE SOUTIEN TOUJOURS SOUS PRESSION

Au sein de la progression des crédits prévue par le PLF 2024, un montant de 275 millions d'euros bénéficiera aux services de soutien de proximité, ce dont on ne peut que se féliciter compte-tenu du sous-investissement dans la période récente.

Cette année encore, les rapporteurs sont amenés à souligner la situation difficile du service de santé des armées (SSA). Publié en juin 2023, un rapport de la Cour des comptes pointe ces difficultés : vacances de poste (au-delà de la centaine de médecins), incapacité pour les hôpitaux militaires d'instruction à générer plus de 48 équipes chirurgicales (sur les 65 prévues pour 2025), difficultés de recrutement au sein des hôpitaux mais aussi des personnels paramédicaux, particulièrement en Ile-de-France, taux d'attrition des étudiants de l'école de santé des armées dépassant 30%. Pour 2024, les crédits globalement alloués au SSA passeront de 1,34 à 1,44 milliard d'euros. Fort de cette augmentation, le SSA devra affronter ces difficultés tout en engageant sa préparation vers la haute intensité. Il devra en particulier faire porter ses efforts sur la coopération avec le système de santé civile, tant il apparaît évident que dans la situation actuelle le système dans son ensemble (civil+militaire) ne pourrait pas faire face à cette haute intensité. Les étapes préparatoires de la reconstruction d'un hôpital d'instruction des armées (HIA) de nouvelle génération à Marseille seront également lancées en 2024.

En ce qui concerne le service des essences opérationnelles (SEO), avec un budget de 68 millions au sein du PLF 2024 contre 60,9 millions d'euros en 2023 (+11,6%), le service tentera de répondre à de fortes difficultés de recrutement afin de pouvoir rapidement remonter en puissance. L'année 2024 verra une participation accrue aux exercices majeurs comme l'exercice interalliés VOLFA à Mont de Marsan au printemps 2024. Dans le domaine des équipements, la LPM prévoir la poursuite de l'acquisition de camions avitailleurs adaptés aux programmes A400M et MRTT, un durcissement des matériels (blindage) et le lancement de l'acquisition des camions citernes nouvelles générations dédiés au soutien des opérations. Une première commande de camions citernes devrait pouvoir être faite en 2024.

Le budget du service interarmées des munitions (SIMu) sera quant à lui en hausse en 2024 d'un peu plus de 10%, avec des AE de 22 millions d'euros et des CP de 21 millions d'euros. Plusieurs difficultés doivent cependant susciter une attention particulière. Comme pour d'autres services, le problème du recrutement et de la fidélisation se fait particulièrement sentir. Grâce à la LPM, le SIMu va certes disposer de 11 postes supplémentaires, mais actuellement 133 postes ne sont pas honorés. Le service doit notamment améliorer son attractivité envers les ouvriers d'Etat. Des pistes pourraient être explorées comme la notion de réservistes industriels. Par ailleurs, il apparaît nécessaire de développer les voies ferrées et la sécurisation de bout en bout des convois, indispensables en hypothèse de conflit majeur. Or les processus sont trop longs : pour le raccordement ferré de Brienne le Château, de la demande à la réalisation, il se sera écoulé 26 ans (de 2000 à 2026).

En 2024, le service du commissariat des armées (SCA) disposera de 912 millions d'euros en AE et de 838 millions d'euros en CP, en augmentation respective de 6% et 5%. D'après les informations recueillies par les rapporteurs, le service travaille sur le nouveau référentiel opérationnel (NRO) qui prévoit moins de masse que l'hypothèse d'engagement majeur (HEM), la masse devant être produite par la coalition. Le service doit aussi faire face à la contrainte du changement des théâtres d'opération, du semi-désertique africain aux conditions froides de l'Europe de l'Est. L'inflation a impacté les fournisseurs, 120 d'entre eux étant en difficulté : le service a dû renégocier certains contrats. En ce qui concerne la restauration, l'inflation a également commencé à se faire sentir. Il a par ailleurs été décidé de faire durer les véhicules de 7 à 9 ans d'ancienneté moyenne en 2030, afin de pourvoir conserver un de 14 000 véhicules correspondant au besoin. Le renoncement porte également sur le rythme de verdissement du parc.

Le RETEX de l'exercice ORION est globalement positif pour le SCA. Des marges de progression sont toutefois apparues s'agissant de la connaissance des stocks, d'où le besoin de systèmes d'information rénovés. Par ailleurs, il s'agissait essentiellement d'un exercice de gestion de crise et non de haute intensité, celle-ci devant en revanche faire l'objet d'ORION 26.

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