II. UNE DISPONIBILITÉ DES MATÉRIELS EN LÉGÈRE AMÉLIORATION

A. UNE INFORMATION SUR LA DISPONIBILITÉ DU MATÉRIEL ET SUR L'ACTIVITÉ DES FORCES DÉSORMAIS IMPOSSIBLE À COMMUNIQUER

Le PLF 2024 est marqué par une réduction importante de l'information disponible pour le public sur les principaux indicateurs de performance des armées que sont la disponibilité des matériels et l'activité réalisée, tous deux désormais protégés par le Gouvernement au motif que leur diffusion pourrait renseigner nos compétiteurs stratégiques. Si cet argument peut s'entendre, il n'en demeure pas moins que les parlementaires se voient dans l'impossibilité de communiquer de manière précise au public les résultats des efforts menés pour améliorer la préparation des matériels et des hommes en vue des engagements de demain, ou pour signaler des difficultés. Toutefois, les rapporteurs des deux commissions compétentes de l'Assemblée nationale et du Sénat continuent à recevoir ces informations et il reste possible pour eux de rendre compte des grandes tendances.

B. UNE AMÉLIORATION PROGRESSIVE

En ce qui concerne la disponibilité des matériels de l'armée de terre, la situation devrait s'améliorer très progressivement. Certains parcs de matériels ont cependant toujours une disponibilité insuffisante. La disponibilité des chars sera nécessairement affectée en 2024 en raison de la rénovation des Leclerc. Pour le reste, la disponibilité est soit stable, soit en faible augmentation. Ainsi, pour la catégorie des blindés (VAB, Griffon, Serval, VBCI), la livraison des nouveaux matériels et le retrait des VAB aura un effet légèrement positif. Encore faudrait-il que la cession de matériels à l'Ukraine n'ait pas pour conséquence une baisse de la disponibilité par la prolongation de matériels plus anciens. Le « recomplètement » progressif des matériels concernés palliera ce problème, en particulier pour les Caesar, les nouveaux étant livrés de 2024 à 2027. Les responsables militaires auditionnés par la commission se sont par ailleurs félicités de l'augmentation très significative de la cadence de production de ce canon.

La disponibilité des hélicoptères de reconnaissance et d'attaque (HRA) est en faible augmentation, notamment en raison de nombreux chantiers sur les Tigre, tandis que les Caïmans rencontrent toujours d'importantes difficultés de maintenance.

Concernant la disponibilité des aéronefs de l'AAE, après des progrès certains entre 2018 et 2022, il peut être indiqué que pour 2023, selon le chef d'état-major de l'armée de l'air, les chiffres sont stables ou en légère baisse, mais en hausse modérée (3%) pour l'aviation de chasse. Pour 2024, les cibles sont en légère hausse. Selon la direction de la maintenance aéronautique (DMaé), un temps d'adaptation de deux ou trois ans minimum est nécessaire pour qu'un contrat verticalisé de 10 ans apporte les bénéfices attendus, l'industriel devant d'abord se transformer pour s'adapter. S'agissant du Rafale, les résultats semblent ainsi désormais consolidés, la remontée de la disponibilité compensant en partie les cessions à la Grèce et à la Croatie. Le contrat verticalisé avec Safran devrait permettre de faire face au vieillissement des moteurs. Les nouveaux contrats pour le MRTT et de son moteur, tout juste signés pour 10 ans, devraient apporter progressivement des bénéfices de disponibilité sur ces matériels.

Par ailleurs, au-delà de ces contrats verticalisés, les efforts globaux d'efficience doivent être poursuivis dans le MCO aéronautique : diminution de la charge de maintenance, simplification des normes de navigabilité, capacité à prendre les décisions aux plus bas échelons, facilitation de l'accès à l'expertise technique industrielle et connexion plus directe des industriels à l'armée de l'air et de l'espace via la généralisation des pôles de conduite et de soutien sur les bases aériennes, cession plus rapide des flottes obsolètes (PUMA), etc. S'y ajoute l'indispensable effort en faveur de la transformation numérique. Sur ce plan, le projet Brasidas a récemment évolué dans sa conception d'ensemble : compte tenu des capacités des systèmes d'information qui se développent dans l'industrie à la faveur des contrats verticalisés, Brasidas a vocation à devenir un « chapeau » pour ces différents SI (Dassault, Thalès...).

Enfin, en matière de disponibilité des matériels de la marine, les principaux points noirs des années précédentes (hélicoptères, frégates) devront faire l'objet d'efforts particuliers. La disponibilité des Rafale Marine sera nécessairement impactée par la mise au standard F4.

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