E. UN PARTENARIAT STRATÉGIQUE DE 2006 AUQUEL IL CONVIENT DE DONNER UN NOUVEL ÉLAN

Dans le domaine de la défense, le partenariat stratégique s'est matérialisé par un plan d'actions conclu en 2008, qui a notamment donné lieu à d'importants contrats dans les domaines naval (programme ProSub, cf. infra), aéronautique (programme HX-BR achevé en 2022 qui a donné lieu à l'acquisition de 47 hélicoptères EC725 Caracal, sur 50 initialement prévus) et spatial (programme SGDC, acquisition d'un satellite de télécommunications civiles et militaires construit par Thales Alenia Space et lancé par Arianespace).

S'agissant plus spécifiquement de ProSub (Programa de desenvolvimentos de submarinos o Brasil), la mission, qui s'est rendue sur la base navale d'Itaguaí, tient à souligner l'importante réussite que constitue ce partenariat industriel franco-brésilien.

Signé en 2009, cet ambitieux programme de transfert de technologie réunissant au sein de la joint-venture Itaguaí Construções Navais (ICN), côté français, Naval Group (49 %) et, côté brésilien, Novonor, ex Odebrecht (50 %) et la marine brésilienne (1 %, dont une action de référence), repose sur deux piliers :

la construction d'un chantier et d'une base navale à Itaguaí, à une soixantaine de kilomètres de Rio de Janeiro, dont le plan est inspiré de celui de la base de Cherbourg ;

la construction de 4 sous-marins conventionnels de type Scorpène dans les chantiers d'Itaguaí et l'assistance à la construction d'un sous-marin à propulsion nucléaire.

Le premier sous-marin conventionnel, baptisé Riachuelo, a été livré et mis en service le 1er septembre 2022. L'Humaitá, qui a réalisé ses essais à la mer, devrait pour sa part être livré à la fin de l'année 2023. Les deux derniers sous-marins, le Tonelero et l'Angostura, seront quant à eux mis en service respectivement en 2024 et 2025.

Visite du chantier et de la base navale d'Itaguaí

Il convient par conséquent de préparer dès maintenant l'après 2025. Plusieurs pistes pourraient ainsi être explorées.

En premier lieu, le développement du sous-marin à propulsion nucléaire Álvaro Alberto, pour lequel Naval Group est autorité de conception (design et maîtrise d'oeuvre hors parties nucléaires), représente un important défi pour le Brésil. Plusieurs interlocuteurs ont clairement indiqué souhaiter un accompagnement plus poussé de la France.

Si la mission est consciente des problématiques soulevées par un éventuel approfondissement de la coopération franco-brésilienne dans ce domaine, il convient néanmoins d'étudier toutes les possibilités, alors que l'accord AUKUS devrait donner lieu à la livraison à l'Australie de sous-marins à propulsion nucléaire par les États-Unis ainsi que la construction, sans que le chiffre précis ne soit connu à ce stade, de tels équipements sur le territoire australien.

En second lieu, Itaguaí, dont le savoir-faire est désormais établi, pourrait constituer un relais en Amérique latine. Des discussions pourraient en particulier être ouvertes avec l'Argentine, qui aurait manifesté son intérêt pour l'acquisition de sous-marins, pour une offre comprenant des sous-marins construits par ICN.

Au-delà du domaine maritime, d'autres champs de coopération pourraient être envisagés.

Dans le domaine terrestre, le Brésil a fait part de son souhait de renforcer ses capacités d'artillerie. Une coopération comprenant la livraison de systèmes CAESAR, dont le conflit ukrainien a démontré les performances, leurs munitions et le soutien associé ainsi que la formation d'artilleurs en France pourrait ainsi être proposée aux autorités brésiliennes.

Lors de son audition, la direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) a par ailleurs indiqué à la mission que plusieurs champs de coopération pourraient être approfondis concernant :

le spatial. Une complémentarité devrait ainsi être recherchée entre le Centre spatial guyanais et la base spatiale Alcântara ;

le cyber. Le Brésil pourrait par exemple être associé à des exercices menés par l'OTAN dans ce domaine ;

- la sécurité maritime, via le renforcement d'exercices conjoints, y compris jusque dans le Golfe de Guinée, comme cela a été le cas dans le cadre de l'exercice GUINEX qui a été mené en août 2022) ;

la sécurité du Plateau des Guyanes (cf. infra).

Recommandation : renouveler le partenariat stratégique de 2006 et l'étendre à de nouveaux champs tels que le domaine terrestre, le cyber ou le spatial. Étudier les possibilités d'approfondissement du programme ProSub dans le domaine nucléaire et mettre en avant les savoir-faire désormais établis d'ICN dans les discussions qui pourraient être ouvertes avec des pays d'Amérique latine concernant l'acquisition de sous-marins.