DEUXIÈME PARTIE
LA PRÉSENCE FRANÇAISE SUR LE PLATEAU DES GUYANES : UN ATOUT POUR LA FRANCE QUI DOIT ÊTRE CONSOLIDÉ

I. PAR SON DÉPARTEMENT DE LA GUYANE, LA FRANCE EST LE SEUL PAYS EUROPÉEN D'AMÉRIQUE DU SUD

A. LA GUYANE FRANÇAISE, QUI PARTAGE AVEC LES PAYS DU PLATEAU DES GUYANES LES INNOMBRABLES ATOUTS DE LA RÉGION, FAIT FACE AUX MÊMES PROBLÉMATIQUES

Selon les mots de Thierry Queffelec, préfet de la Guyane, le département de la Guyane, plus grand département français avec plus de 83 000km², représente « la France en Amérique Latine ».

Depuis l'indépendance de la Guyane néerlandaise, devenue Suriname, en 1975, la France est ainsi le seul pays européen d'Amérique du Sud.

Si elle constitue une chance extraordinaire, cette présence française sur le Plateau des Guyanes constitue aussi un défi.

En effet, avec ses voisins immédiats que sont le Brésil et le Suriname, ou plus lointains comme le Guyana, la Guyane partage les innombrables atouts de cette région :

- l'incroyable biodiversité du territoire amazonien (la Guyane est recouverte à 96 % par la forêt amazonienne) ;

- un domaine maritime disposant d'importantes ressources halieutiques et pétrolières ;

- un territoire riche en minerais et favorable à l'agriculture ;

- une proximité culturelle à l'origine de liens étroits entre les populations.

Mais la Guyane est également confrontée aux mêmes problématiques, d'ailleurs souvent liées entre elles : protection d'un territoire rendue difficile du fait de son étendu et de ses caractéristiques, développement des activités illicites (trafic d'êtres humains, d'armes et de drogue, contrebande et orpaillage illégal), questions relatives à l'immigration clandestine, ou encore pêche illégale, défis liés à la protection de l'environnement et à la lutte contre la déforestation.

B. UNE HAUSSE DE LA CRIMINALITÉ AU COURS DES CINQUANTE DERNIÈRES ANNÉES EN PARTIE EXOGÈNE

Comme le soulignait notre collègue Georges Patient, sénateur de la Guyane, lors de la séance de questions au Gouvernement du 13 avril 2023 : « la Guyane est devenue le département le plus criminogène et le plus violent de France. Les faits d'armes, agressions, crimes, meurtres s'y multiplient. Plus une seule partie du territoire n'est à l'abri de la violence, et plus personne non plus. L'assassinat du gendarme Arnaud Blanc, en plein coeur de la forêt amazonienne, en est la triste démonstration et je tiens ici à rendre hommage à ces hommes qui se dévouent jusqu'à donner leur vie pour la sécurité de leurs concitoyens ».

Selon le général de brigade Jean-Christophe Sintive, commandant de la gendarmerie de Guyane, le département représenterait ainsi à lui-seul 15 % (secteur gendarmerie) de la grande criminalité en France.

Or, comme l'a indiqué le procureur général près la Cour d'appel de Cayenne, Joël Sollier, il y a 50 ans, la Guyane était « vierge de délinquance ». Celle-ci constitue en partie un phénomène « importé » depuis les pays voisins : du Brésil pour l'orpaillage, et du Suriname et du Guyana pour les autres flux de délinquance.

À titre d'exemple, sur les 855 détenus que comptait le Centre pénitentiaire de Guyane fin 2022, 45 % (434 écroués) étaient étrangers (30% brésiliens, 28 % surinamais, 18 % guyaniens et 10 % haïtiens).