B. LES IFRE DOIVENT JOUER UN RÔLE PLUS IMPORTANT DANS LA FORMATION DES CHERCHEURS EN SCIENCE SOCIALES

1. Mieux faire connaître les IFRE dans les universités et organismes de recherche

À l'heure actuelle, les instituts français de recherche à l'étranger (IFRE) apparaissent comme trop isolés au sein du monde de la recherche française .

Naturellement, le fait que le CNRS soit devenu co-gestionnaire du réseau et ait implanté dans chaque IFRE une unité de service et de recherche a constitué un progrès considérable .

En outre, les membres des conseils scientifiques des IFRE participent souvent à l'élaboration de leurs projets de recherche et mettent au service de leurs chercheurs leurs réseaux et leur expertise , voire répondent avec eux à des appels à projets , que ce soient ceux de l'Agence nationale de la recherche (ANR) ou du Conseil européen de la recherche (ERC).

Mais les IFRE demeurent trop peu connus des communautés universitaires et de recherche .

Des partenariats ponctuels existent , en particulier avec les établissements dont sont issus les directeurs des IFRE. Mais ceux-ci sont fragiles et généralement abandonnés avec l'arrivée d'un nouveau directeur .

De fait, très rares sont les IFRE qui ont mis en place de véritables partenariats , dans la durée , avec des universités , des communautés d'universités et établissements (COMUE) ou des organismes de recherche français .

Les deux seuls exemples à ce jour semblent être :

- le partenariat qui est en train de se mettre en place entre l'Université d'Aix-Marseille et le Centre de recherche français de Jérusalem (CRFJ) et l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) de Tunis ;

- le partenariat entre l'université Paris-Diderot et le Centre d'études mexicaines et centraméricaines (CEMCA) de Mexico .

Le fait qu'un réseau de vingt-sept instituts de recherche ne dispose que de deux accords de partenariat avec des institutions de recherche français est très décevant : le développement de ce type de partenariats , sources d'échanges scientifiques, de mouvements de chercheurs et d'apports de financements complémentaires, doit devenir une priorité pour les directeurs des IFRE et pour leurs tutelles .

Recommandation n° 14 : afin de mieux ancrer les IFRE dans le paysage de la recherche française, développer des accords de partenariat pérennes entre les IFRE et des universités ou organismes de recherche français .

De façon générale, le réseau des IFRE est trop peu connu et identifié par la communauté des chercheurs , à l'exception de ceux qui sont véritablement spécialisés dans les études aréales, en particulier au sein de l'Institut des sciences humaines et sociales (Inshs) du CNRS.

Il est donc essentiel que tant le ministère de l'Europe et des affaires étrangères que le CNRS veillent à mieux les valoriser auprès de l'ensemble des établissements de recherche français , en insistant sur le fait qu'ils peuvent offrir à leurs étudiants comme à leurs chercheurs un accès au terrain et un encadrement de très grande qualité .

Recommandation n° 15 : mieux faire connaître les IFRE dans les universités et organismes de recherche en France , pour en faire bénéficier un maximum de chercheurs et d'étudiants en sciences humaines et sociales.

2. Les IFRE doivent devenir un lieu de recherche et de formation par la recherche incontournable pour tous les chercheurs français qui doivent mener des travaux de terrain à l'international

C'est en visitant des IFRE, en allant à la rencontre de leurs équipes, que votre rapporteur spécial a pleinement pris conscience des ressources que ceux-ci pouvaient apporter à nos chercheurs en sciences humaines et sociales .

De fait, nombre d'entre eux, pour peu que leur travail porte sur un sujet qui concerne en tout ou partie des pays étrangers, ont besoin de se rendre sur le terrain pour confronter leurs hypothèses à des réalités complexes souvent difficiles à saisir depuis la France.

Dans cette perspective, les IFRE leur offrent une plateforme incomparable et une ouverture sur le monde particulièrement précieuse dans leurs disciplines que sont l'archéologie, l'histoire, les relations internationales, la sociologie ou bien encore l'anthropologie.

Au sein des équipes souvent resserrées des IFRE se nouent des liens intellectuels qui perdurent par la suite et peuvent se matérialiser par le titre de « chercheur associé », qui permet aux chercheurs qui ont séjourné dans un IFRE de garder des relations étroites avec celui-ci et d'en nouer de nouvelles avec les chercheurs qui lui ont succédé .

Du reste, ces chercheurs associés sont appelés à réaliser de nouveaux séjours dans leur IFRE de rattachement , voire dans d'autres IFRE , tant la recherche est faite d'incessants allers retours entre le terrain et le travail intellectuel de rédaction d'études , d'articles et d'ouvrages savants .

De même, un ou plusieurs séjours dans les IFRE constituent un temps de formation par la recherche très marquant pour les doctorants et post-doctorants qui parviennent à en bénéficier . Ils peuvent en profiter pour nouer des liens précieux avec des chercheurs plus chevronnés , liens qu'ils pourront d'autant plus consolider que leurs IFRE d'accueil auront mis en place des réseaux d'anciens pensionnaires alumni »).

Votre rapporteur spécial a d'ailleurs été très sensible à l'importance qu'accordaient les directeurs qui lui ont répondu à cette mission essentielle qu'est la formation à la recherche des futures générations de chercheurs .

D'où l'importance de veiller à ce que les différents systèmes de bourses destinés à financer leur accueil dans les IFRE demeurent suffisamment significatifs pour que puisse se poursuivre ce processus de transmission indispensable .

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