V. M. Hervé Gomichon, directeur qualité et développement durable chez Carrefour, pour la Fédération du commerce et de la distribution

Je représente la Fédération du commerce et de la distribution. Nous avons deux métiers : fabriquer et distribuer. Certaines enseignes passent des contrats, et ont donc leur mot à dire dès l'étape de la production, via le développement des marques de distributeur notamment.

Je ne reviens pas sur la question de la définition des perturbateurs endocriniens. Trois solutions s'offrent à nous dès lors que nous sommes confrontés à une telle substance : l'exclure de nos produits, lui substituer une autre molécule ou en réduire la quantité. Le bisphénol A a été depuis longtemps éliminé des différents produits de puériculture ou des ustensiles alimentaires de notre marque de distributeur. Nous avons également travaillé sur les cosmétiques, sur les emballages, en ciblant les phtalates présents dans les PVC, ou encore sur la réduction de l'usage des pesticides, via le développement de programmes d'agroécologie intenses. Nous nous impliquons donc très fortement dans la recherche et dans la production, auprès de nos fournisseurs, en mettant l'accent sur cette question.

Nous rencontrons un problème spécifique : nous nous trouvons fréquemment en situation d'être les gestionnaires du risque. Une alerte est lancée ; l'opinion publique et les consommateurs font pression pour qu'il en soit tenu compte, mais le temps nécessaire pour rechercher la solution est le plus souvent supérieur au délai de réaction. Le cas du méthylisothiazolinone fournit l'exemple d'une réaction trop rapide. Le remède est donc parfois pire que le mal !

Je conclurai en identifiant trois besoins.

Premièrement, nous avons besoin d'une réglementation, d'une définition, mais aussi de méthodes de contrôle et de l'identification de seuils. Même en admettant que l'effet n'est pas proportionnel à la dose, des seuils doivent être définis si nous voulons pouvoir mettre nos produits sur le marché et valider nos cahiers des charges en jouant notre rôle, c'est-à-dire en fabriquant et en distribuant des produits sains et sûrs.

Deuxièmement, une mise à jour fréquente est nécessaire : 30 000 substances sont enregistrées au titre du règlement REACH ; l'actualisation des règles ne saurait donc intervenir tous les dix ans ! Le risque zéro, à supposer qu'il existe, ne saurait être atteint une fois pour toutes.

Troisièmement, un programme d'assistance aux opérateurs dans la gestion des alertes, ainsi que d'encadrement des lanceurs, doit être mis en oeuvre. Comment réagir aux alertes ? Quelles alertes doivent être prises en compte immédiatement ? Quelles réponses doit-on y apporter, à court et à moyen terme ?

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