B. LA VALEUR AJOUTÉE DE LA POLITIQUE DE RAYONNEMENT CULTUREL APPARAÎT MARGINALE

La mesure de la valeur ajoutée du réseau culturel est manquante, faute d'indicateurs. Ainsi, l'évolution du nombre d'inscrits aux cours de langue dans nos centres culturels (246.902 en 2007) n'est pas connue sur moyenne période.

1. Le lien entre rayonnement et appareil culturel à l'étranger n'est pas univoque

L'action culturelle à l'étranger ne peut prétendre qu'à une responsabilité marginale dans les succès ou insuccès des artistes, auteurs et créateurs français à l'étranger. Il n'a évidemment pas une part déterminante dans les succès de « La môme » à l'étranger, ou de Michel Houellebecq, mais pas davantage non plus dans les insuccès de certains de nos auteurs à l'étranger, ou l'indifférence que subissent certains de nos intellectuels.

Mais l'absence d'impact déterminant de notre réseau culturel à l'étranger ne doit pas toutefois conduire à son inutilité, que l'on pense, par exemple, à l'audience indéniable de RFI ou TV5.

2. Une absence préoccupante de tableaux de bord dans le réseau culturel à l'étranger

Encore faudrait-il mesurer la valeur ajoutée du réseau culturel à l'étranger. Il ne s'agit pas ici de juger de la création contemporaine française, mais de l'efficience de notre action administrative. Or les analyses manquent à ce sujet. On rappelle au Quai d'Orsay un certain nombre de manifestations à succès, en occultant au passage quelques échecs, tout cela au détriment d'une vision d'ensemble. Ces listes de manifestations à succès ne mettent pas en lumière, malgré les principes posés par la LOLF, la part qu'ont nos diplomates culturels dans la réalisation des différents projets.

Les tableaux de bord sont absents dans nos postes à l'étranger, deux ans après l'entrée en application de la LOLF. S'il est difficile d'évaluer une action culturelle, il faut souligner que même des données simples ne figurent pas au sein des tableaux de bord des centres culturels.

Ainsi, l'évolution du nombre d'inscrits aux cours de langue dans nos centres culturels est mal connue. Les chiffres communiqués pour l'exercice 2007 s'établissait à 102.902 inscrits au titre du le programme 185 pour les centres culturels (et 144.000 pour les alliances françaises) en 2007 et 181.295 au titre du programme 209. Mais bien peu de responsables de centres culturels ont pu indiquer à votre rapporteur spécial l'évolution de ce chiffre sur moyenne période. Le plus souvent, l'antériorité remonte à l'année précédente, ou au mieux à deux ans auparavant. Cette absence de mémoire tient à la rotation en général tous les trois ans, des responsables de centres culturels.

Or, pour votre rapporteur spécial, afin de savoir comment évolue notre influence, il faudrait disposer de points de comparaisons dans le temps, en l'espèce sur les années 80 et 90.

S'ajoute dans un certain nombre de cas une méconnaissance relative des publics qui fréquentent les centres culturels. Les enquêtes sur le public restent très limitées et parcellaires et ne permettent pas de connaître la part de visiteurs français, ou étrangers, visitant les centres culturels ou instituts français, ni l'âge ou les catégories socio-professionnelles fréquentant le réseau culturel à l'étranger.

Notre réseau culturel à l'étranger fonctionne « à l'aveugle ». Or il est indispensable de réfléchir en termes de performance, et donc d'accepter de se poser des questions sur le rôle stratégique du ministère des affaires étrangères et étrangères dans ce domaine, sur le métier de conseiller culturel et l'adaptation du « modèle » du centre culturel à notre temps.

Les premiers indicateurs de performances présentés dans les projets annuels de performances annexés au projet de loi de finances ne contenaient pas de véritable mesure de la valeur ajoutée du réseau culturel à l'étranger. Les chiffres communiqués sur l'effet de levier constaté au titre du mécénat privé , et qui pourrait être mis au crédit du réseau culturel à l'étranger, se sont révélés au cours du contrôle de votre rapporteur spécial peu fiables. Ils ne reposent pas, à ce stade, sur des tableaux de bord des services de coopération et d'action culturelle des ambassades.

La recherche d'indicateurs permettant de mesurer la contribution du réseau à l'étranger dans le rayonnement culturel, menée par la direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) du ministère des affaires étrangères et européennes, se heurte encore à des résistances. De tels indicateurs devraient prendre en compte la capacité des postes à l'étranger à travailler en réseau avec les acteurs culturels, et à favoriser les partenariats culturels . Cette orientation paraît saine car elle est au coeur du métier des conseillers culturels.

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