DEUXIÈME PARTIE : LE CONTEXTE DE LA NÉGOCIATION DE CET ACCORD BILATÉRAL

C'est à la demande répétée des autorités tadjikes que les négociations se sont tenues à Douchanbé le 25 juin 2019. Elles n'ont pas soulevées de difficultés particulières , les deux autorités aéronautiques s'étant entendues au préalable, notamment au regard des exigences du droit européen, du respect des standards actuels en matière de sécurité et de sûreté et de concurrence loyale.

I. LA SITUATION POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE DU TADJIKISTAN

Le Tadjikistan, anciennement l'une des quinze Républiques de l'ex-République soviétique, est un pays montagneux d'Asie centrale, sans accès à la mer. Il est limitrophe du Kirghizistan au nord-est, de la Chine à l'est, de l'Afghanistan au sud-ouest et de l'Ouzbékistan à l'ouest. C'est le seul État issu de l'ancienne Asie centrale soviétique où la langue dominante n'est pas une langue turcique mais iranienne, le tadjik. Il est peuplé d'un peu plus de 9 millions d'habitants. Sa capitale est Douchanbé.

La communauté française sur place est très peu nombreuse, avec environ 20 à 25 résidents permanents

1. Un régime politique autoritaire, engagé dans la lutte contre l'Islam radical

Le Tadjikistan est un État au régime présidentiel prononcé. Le président Emomali Rahmon, au pouvoir depuis 1994 a été réélu pour un cinquième mandat à la tête de l'État le 11 octobre 2020 avec 85,3 % des suffrages. Une réforme constitutionnelle validée par référendum en mai 2016 a en effet supprimé la limitation du nombre de mandat consécutifs.

La campagne présidentielle a été marquée par l'absence de débat. Le Parti de la renaissance islamique, acteur majeur de l'accord de réconciliation de 1997 après la guerre civile (1992-1997), a été banni de la vie politique en août 2015, avant d'être qualifié d'organisation terroriste par les autorités.

La lutte contre le radicalisme religieux est une priorité des autorités tadjikes. Ces dernières estiment que plus de mille de leurs ressortissants ont rejoint les rangs des organisations djihadistes en Irak et en Syrie. La situation économique fragile, la corruption et un système politique verrouillé ont pu constituer un terreau favorable au développement de l'islam radical.

La sécurité de la frontière avec l'Afghanistan est l'autre préoccupation majeure pour le Tadjikistan, qui partage 1 340 km de frontière avec son voisin. Le Tadjikistan s'inquiète de l'instabilité croissante en Afghanistan. L'attaque meurtrière en novembre 2020 d'un commissariat dans cette région a été revendiquée par des fondamentalistes d'origine tadjike.

Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan aggrave le risque terroriste au Tadjikistan, mais le régime au pouvoir reste fortement mobilisé pour le maitriser.

2. Une économie fragile

Le Tadjikistan est le pays le plus pauvre de la Communauté des États indépendants (CEI), avec un produit intérieur brut (PIB) estimé à 8 milliards de dollars, soit environ 870 dollars par habitant.

Si le pays a connu une croissance de 7,5% en 2019, son économie, déjà fragile, a ralenti sensiblement sous l'effet de l'épidémie de coronavirus.

La part des transferts des travailleurs tadjiks émigrés en Russie représentait près de 40% du PIB avant la crise sanitaire de 2020.

Le reste de l'économie est attaché au secteur minier , en particulier l'aluminium que produit l'entreprise d'État Talco, dont les revenus représentent plus de 35% du PIB tadjik.

Le pays, qui contrôle le plus grand fleuve centrasiatique (l'Amou-Daria), dispose d'un fort potentiel dans le secteur hydro-électrique. C'est pourquoi le Président Rahmon a lancé en 2016 la construction du barrage de Roghun, qui doit permettre à terme au Tadjikistan d'exporter de l'électricité vers le Pakistan et l'Afghanistan.

La part de l'agriculture dans le PIB diminue mais elle emploie toujours 46% de la population active.

Faiblement intégré aux flux économiques internationaux, le Tadjikistan accuse une forte dépendance vis-à-vis de ses bailleurs de fonds , constitués pour l'essentiel de la Chine, de la Russie, de la Turquie et des institutions financières internationales.

Le Tadjikistan reste un partenaire économique marginal de la France (155 ème partenaire, 176 ème client, 136 ème fournisseur). L'un des objectifs affichés par les Présidents, lors de la visite du Président Rahmon en novembre 2019, est le doublement de nos échanges.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page