D. UNE POLITIQUE D'ATTRACTIVITÉ PLUS AMBITIEUSE

Votre rapporteur pour avis souhaite souligner que l'action de CampusFrance ne peut suffire de politique générale au renforcement de l'attractivité des universités françaises . Mal classées sur la liste des meilleures universités établie par l'université Jia Tong de Shanghai, les facultés françaises pâtissent en effet d'une attractivité insuffisante à laquelle l'État doit tenter de remédier. Il faut se réjouir que les universités françaises jouissent toutefois d'une bonne réputation, du fait notamment d'une tradition humaniste et universaliste qui date de 800 ans, mais admettre parallèlement que cette attente crée parfois une certaine déception , du fait de la réalité des conditions d'études, qui ne sont pas satisfaisantes dans un certain nombre d'universités.

L'un des problèmes de la France est ainsi que la mobilité des étudiants en France est davantage subie par la France que véritablement organisée 5 ( * ) . Or, il est démontré que la réussite des étudiants est d'autant plus élevée que le partenariat entre l'établissement d'accueil et l'université d'origine de l'étudiant est développé. L'action de CampusFrance, pour utile qu'elle soit, ne remplace donc pas le nécessaire renforcement des liens institutionnels entre les universités françaises et étrangères . Votre rapporteur pour avis souhaite ainsi que l'autonomie des universités s'accompagne du développement de leur stratégie internationale .

De même, les projets d'exportation du savoir-faire et de la réputation des universités françaises à l'étranger, comme le projet de Sorbonne à Abu Dhabi, sont à développer, parce qu'ils participent du rayonnement de la culture française à l'étranger.

Une réflexion doit aussi porter sur le développement de cursus bilingues , susceptibles d'attirer des étudiants qui ne souhaitent pas forcément apprendre le français, mais qui désirent poursuivre leurs études en France, du fait du rayonnement de sa culture.

Enfin, l'augmentation du nombre d'étudiants étrangers en France passe par une amélioration des conditions de délivrance des visas étudiants .

Les articles 6 et 7 de la loi n° 2006-911 du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et l'intégration ont prévu quelques dispositions en faveur des étudiants étrangers parmi lesquelles :

- la délivrance de plein droit de la carte de séjour temporaire avec mention étudiant à certaines catégories d'étudiants après obtention d'un visa : étudiants passés par un Centre pour les études en France (CEF) et inscrits dans un établissement ayant signé la convention sur les CEF, boursiers du Gouvernement français, titulaires d'un baccalauréat français préparé dans un établissement de l'AEFE, étudiants ayant satisfait aux épreuves du concours d'entrée dans un établissement d'enseignement supérieur ayant signé une convention avec l'État. Cette carte de séjour donne automatiquement au bénéficiaire la possibilité d'exercer une activité professionnelle salariée dans la limite de 60 % de la durée de travail annuelle (au lieu précédemment d'une autorisation pour un mi-temps) ;

- la délivrance d'une carte de séjour pluriannuelle à l'étudiant étranger dont la première carte de séjour temporaire vient à échéance, lorsqu'il est admis à suivre, dans un établissement d'enseignement supérieur habilité au plan national, une formation en vue d'un diplôme au moins équivalent au master ;

- la possibilité d'obtenir une autorisation provisoire de séjour d'une durée de validité de six mois non renouvelable, pour un étudiant ayant achevé avec succès un cycle de formation conduisant à un diplôme au moins équivalent au niveau master, afin de compléter sa formation par une première expérience professionnelle participant directement ou indirectement au développement économique de la France et du pays dont il a la nationalité.

Toutefois, comme dans son rapport de l'an passé, votre rapporteur pour avis tient à souligner les insuffisances de ces dispositions. Il regrette en effet que :

- l'obligation de motivation de refus des visas étudiants, supprimée en 2003, n'ait pas été rétablie ;

- l'autorisation de travailler ait été limitée à 60 % de la durée de travail annuelle , ce qui rompt l'égalité entre les étudiants français et étrangers ;

- la carte de séjour temporaire ne soit pas délivrée directement par les services consulaires accordant les visas étudiants. La mise en réseau des CEF et des services consulaires doit à ce titre être renforcée ;

- et que les procédures administratives soient dans les faits inutilement alourdies, ce qui dissuade de nombreux étudiants de donner corps à leur intention d'étudier en France.

L'absence de campus autour des universités françaises pose enfin la question de l'augmentation du nombre d'étudiants dans les universités. L'amélioration de l'attractivité française passe inévitablement par une politique d'Etat plus ambitieuse en matière de logement étudiant.

* 5 80 % des étudiants viendraient en France de manière indépendante.

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