2. Un dispositif lourd, aux contours imprécis

Des structures trop nombreuses

Les négociations sont menées à la base au sein de groupes d'experts qui ont tendance à se multiplier -on compte une centaine de groupes et de sous-groupes- et à s'institutionnaliser.

Les groupes d'experts sont coiffés de trois " groupes directeurs ", composés de directeurs d'administration centrale, au-dessus desquels se trouve le comité institué par l'article K4 du traité (dit " comité K4 ") chargé d'une mission de coordination générale et de préparation des travaux du Conseil.

Enfin, au sommet, l'on retrouve les structures traditionnelles de négociation que sont le COREPER et le Conseil.

Le tableau ci-dessous (où ne figure pas la liste des sous-groupes...) retrace les principaux aspects de cette organisation :

Des compétences mal délimitées

L'exemple de la drogue montre à quel point des actions de l'Union concourant à un même but s'exercent dans des conditions juridiques hétérogènes :

- la lutte contre la toxicomanie relève de l'article K1, point 4 (droit d'initiative partagé, communautarisation possible);

- la lutte contre le trafic de drogue relève de l'article K1, points 7 et 9 (droit d'initiative exclusif des Etats, pas de communautarisation possible) ;

- les actions contre la toxicomanie se rattachant à la santé publique relèvent du pilier communautaire, de même que les mesures contre le détournement de certaines substances pour la fabrication des stupéfiants ;

- la Communauté a créé, dans le cadre du premier pilier, un Observatoire des drogues et de la toxicomanie qui n'entretient aucun lien avec l'" unité drogue " d'Europol relevant, quant à elle, du troisième pilier.

Mais cet exemple n'est pas unique. Ainsi, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes dont le Conseil vient d'approuver la création relève du premier pilier, mais la lutte contre le racisme et la xénophobie relève, quant à elle, du troisième pilier (avec des régimes différents selon la nature de l'action envisagée) : une action commune contre le racisme et la xénophobie a été au demeurant décidée dans le cadre par le Conseil en mars 1996.

De même, les mesures de lutte contre la fraude au budget communautaire relèvent, selon les cas, tantôt du premier et tantôt du troisième pilier, ce qui ne paraît pas de nature à favoriser la cohérence de l'action de l'Union dans ce domaine.

Des procédures trop lentes

Même si le dialogue continu entre les Etats membres qui s'est organisé dans le cadre du troisième pilier a en lui-même un intérêt certain, il n'en reste pas moins que sa mission est de déboucher dans des délais raisonnables sur des dispositifs efficaces.

Or, on peut constater que, dans des domaines essentiels, les activités du troisième pilier ont bien de la peine à dépasser le stade préparatoire. Les rapporteurs de la délégation de l'Assemblée nationale sur le bilan du troisième pilier, pourtant eux-mêmes favorables à un maintien des mécanismes intergouvernementaux, reconnaissent ainsi que " la lutte contre la criminalité organisée est marquée par une dispersion des initiatives et une absence de résultats tangibles ", et que " la lutte contre le terrorisme motive inégalement les Etats membres " (2( * )).

Lorsque les travaux permettent enfin d'aboutir à un résultat véritablement contraignant pour les Etats membres, c'est-à-dire à une convention, la lenteur -parfois difficilement compréhensible- des ratifications vient s'ajouter à celle des négociations. Ainsi, les deux conventions sur l'extradition établies par le Conseil respectivement en mars 1995 et septembre 1996, la convention sur le fonctionnement d'Europol, établie en juin 1996, et la convention sur la protection des intérêts financiers des Communautés européennes, établie en juillet 1995, n'ont à ce jour aucun effet juridique, faute de ratification par tous leurs signataires.

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