Programme

9 H 30 - OUVERTURE DE LA RENCONTRE

Gérard Larcher , président du Sénat

Introduction par Annick Billon , présidente de la délégation aux droits des femmes

Intervention de Michelle Perrot , historienne, professeure émérite à l'université Paris VII-Diderot, auteure de L'histoire des femmes en Occident (avec Georges Duby) et de Les femmes ou les silences de l'histoire : « Femmes et politique : une frontière interdite ? »

Présentation par Julia Mouzon , sa fondatrice, du réseau Élueslocales.fr et des Journées nationales des femmes élues

PREMIÈRE THÉMATIQUE : LA FORMATION DES ÉLUES, QUELS BESOINS ?

Introduction par Marta de Cidrac , sénatrice des Yvelines, groupe Les Républicains et Laurence Cohen , sénatrice du Val-de-Marne, groupe Communiste, républicain, citoyen et écologiste

Échanges avec la salle

SECONDE THÉMATIQUE : LA MISE EN oeUVRE DES POLITIQUES D'ÉGALITÉ
DANS LES TERRITOIRES

Témoignage de Frédérique Puissat , sénateur de l'Isère, groupe Les Républicains : « La parité dans les assemblées locales, quels changements ? »

Intervention de Laurence Rossignol , sénatrice de l'Oise, groupe Socialiste et républicain

Échanges avec la salle

CONCLUSION

Max Brisson , sénateur des Pyrénées-Atlantiques, groupe Les Républicains et Victoire Jasmin , sénatrice de la Guadeloupe, groupe Socialiste et républicain.

Ouverture de la rencontre par Gérard Larcher, président du Sénat

Madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, chère Annick Billon,

Madame la vice-présidente du Sénat,

Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, chers collègues,

Mesdames et messieurs les présidents de groupe,

Mesdames et messieurs les élus,

Madame la professeure,

Mesdames, Messieurs,

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes , vous avez souhaité mettre à l'honneur et en lumière les femmes élues locales en consacrant une matinée de rencontre et d'échanges au rôle des femmes dans la vie politique de notre pays. Ainsi, deux thématiques importantes animeront vos débats : les besoins de formation des élues et la mise en oeuvre des politiques d'égalité dans les territoires.

Votre initiative, madame la présidente et chers collègues membres de la délégation aux droits des femmes, s'affiche avec une double ambition.

D'abord, elle offre à un large panel de femmes élues sur l'ensemble de notre territoire et dans les différentes assemblées territoriales de partager leurs expériences et de confronter leurs points de vue, mais elle permet aussi de donner une visibilité concrète et personnalisée au travail que mène la délégation au Sénat sur les sujets les plus divers, souvent très en phase avec l'actualité, et sur de nombreuses questions de société qui vont au-delà de cette actualité.

Le travail conduit par la délégation aux droits des femmes contribue à enrichir nos débats, en particulier le débat parlementaire, et à fédérer tout un réseau autour des thématiques abordées dans le cadre de ses travaux. Je sais, par exemple, que les débats qui ont animé le colloque de l'an dernier sur les femmes agricultrices se sont prolongés dans les territoires, avec des conséquences très pratiques et très concrètes.

En tant que représentant des collectivités territoriales, le Sénat est particulièrement heureux de vous accueillir ce matin, chères collègues élues locales. Vous êtes venues d'un grand nombre de départements et de régions de France. À cette diversité géographique s'ajoute celle des fonctions électives, puisque tous les mandats locaux - conseillères municipales, maires adjointes, maires, présidente de Conseil départemental, conseillères départementales et régionales - sont représentés à travers votre présence, auxquels il faut également associer nos collègues élues du Conseil supérieur des Français de l'étranger.

Je tiens également à saluer avec une amitié particulière Jacqueline Panis, ancienne sénatrice de Meurthe-et-Moselle, qui a répondu à l'invitation de la délégation, et qui nous fait l'amitié d'être présente parmi nous.

Votre présence dans cette salle Clemenceau, pour cette matinée d'échanges, traduit les évolutions qu'a connues notre pays au cours de ces dernières années en matière de participation des femmes à la vie politique. Il faut reconnaître, même si cela en a un peu bousculé certains à l'époque, que les lois sur la parité en matière électorale ont permis une meilleure représentation des femmes dans la vie publique et politique, et tout particulièrement au sein de nos collectivités territoriales. Elles ont accompagné, avec un léger décalage, ce qui avait été engagé par François Mitterrand et Gaston Deferre en matière de décentralisation. C'est d'ailleurs ce que j'ai vécu dans ma ville de Rambouillet. Les femmes sont devenues des actrices incontournables de la vie politique locale, puisque, parmi les élus locaux, on compte désormais quatre femmes sur dix élus.

Comme vous l'expliquez très justement, madame la professeure Michelle Perrot, le rapport des femmes à la vie publique a toujours été ambivalent. Sans exercer le pouvoir, leur influence a été certaine dans l'histoire de notre pays, même si la science historique a longtemps fait preuve d'une certaine cécité à leur égard. Certes, la loi salique les exclut du trône en France, contrairement au Royaume-Uni, aux pays du nord de l'Europe et à la Russie. Il ne leur revient que d'assurer la régence, qui n'est pas sans danger pour elles, comme en témoigne l'histoire de ce Palais, avec la reine et régente Marie de Médicis, au destin deux fois tragique. Les mondanités, les actions de charité et de philanthropie, le travail, les activités commerciales sont pourtant autant d'occasions pour les femmes d'être présentes, depuis très longtemps, dans l'espace public. La citoyenneté sociale a incontestablement précédé la citoyenneté politique, ce qu'il me semble important de prendre en compte dans notre réflexion.

C'est surtout, comme vous l'indiquez, le développement du travail salarié qui a constitué le principal levier d'indépendance des femmes et d'intégration dans la cité, et par conséquent, dans la vie politique.

Femmes citoyennes, femmes élues, femmes présentes dans les exécutifs ; telle est l'évolution qui s'est dessinée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les femmes sont aujourd'hui représentées dans les différentes instances de la vie politique française. Pourtant, la Chambre bleu horizon de 1919 n'a pas tiré les conséquences de l'engagement assez exceptionnel des femmes dans la vie économique, sociale et sociétale et de leur contribution à l'effort de guerre, alors que nous allons commémorer cette année le centième anniversaire de la fin de la Première guerre mondiale.

Nous avons tous pour référence l'acte fondateur de cette évolution : l'octroi par le général de Gaulle du droit de vote aux femmes en 1944, même si ce débat avait été très prégnant et avait donné lieu à des échanges incroyables, y compris dans le Sénat de la III e République. Cette reconnaissance de leurs droits politiques est indissociable de l'engagement des femmes dans la Résistance. D'ailleurs, la composition du Sénat et de l'Assemblée nationale en ces temps où il n'y avait pas de texte sur la parité atteste de cet engagement.

Je reviens à ce qui vous réunit aujourd'hui au Sénat. Vous êtes d'abord, chères collègues, des élues. C'est cette reconnaissance par le suffrage universel qui nous vaut d'être ensemble aujourd'hui, de débattre avec les élus, pour les « élus des élus » que sont les sénatrices et sénateurs. Vous, élues locales, maires, conseillères municipales, conseillères départementales, conseillères régionales, êtes un atout pour notre démocratie, pour le lien social et pour le maintien de la cohésion de notre territoire.

Je voudrais me tourner vers vous, chère Annick Billon, et vers toutes celles qui vous ont précédée à la présidence de cette délégation. Je ne les citerai pas, mais, souvent, elles nous ont bousculés hors des chemins habituels, elles nous ont aiguillonnés.

Cette délégation joue un rôle un peu particulier. J'ai le souvenir de notre première rencontre alors que vous veniez d'être élue présidente de la délégation. Vous m'avez fait part de vos projets. Je dois dire qu'ils sont utiles et salutaires pour la vie de nos institutions et pour la vie de tout le pays. Je tenais aujourd'hui publiquement à vous en remercier.

Permettez-moi d'avoir un clin d'oeil pour nos collègues sénateurs qui vous accompagnent au sein de cette délégation. Leur présence est aussi une richesse, et pas simplement un témoignage.

Je voudrais conclure par ce qui pourrait s'appeler chez un grand philosophe « l'éloge de la proximité ». Je crois que plus nous vivons la réalité de la mondialisation, plus nous avons besoin de proximité. Chacun connaît ma formule, parlant des élus locaux : ce sont les élus locaux qui ont la confiance majoritaire de nos compatriotes. Cette question est une des ambitions que je partage avec tous mes collègues, quelle que soit leur sensibilité, pour trouver meilleure rencontre, meilleure confiance, meilleure conciliation entre citoyens et élus politiques. Vous êtes, élus du territoire, ceux qui avez la confiance majoritaire de nos concitoyens.

Ma formule est simple : c'est parce que vous êtes à portée « d'engueulade ». Vous êtes à portée d'une capacité à répondre aux attentes des citoyens dans leur vie quotidienne ou au-delà. Plus nous évoluons dans une réalité mondialisée, plus le besoin de proximité me semble essentiel pour la cohésion de notre pays.

Madame la professeure, je vais tout vous avouer. C'est grâce à Annick Billon que j'ai découvert plus amplement vos travaux. Vous avez étudié, avec votre approche d'historienne, le travail des femmes. À l'époque où j'étais ministre du Travail, je m'étais intéressé à ces temps où les femmes étaient passées d'un labeur inaperçu, non reconnu, à la réalité de la reconnaissance de la Nation. Je vous dis tout cela avec considération et respect.

Très bonne journée au Sénat !

(Applaudissements.)

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