II. M. Christian Durlin, membre du conseil d'administration de la FNSEA et membre du comité de suivi et orientation de recherche et innovation sur Écophyto

En tant qu'agriculteur et administrateur de la FNSEA, je rappellerai au préalable que les produits de protection des plantes ne sont pas nécessairement des perturbateurs endocriniens, et réciproquement.

Les agriculteurs sont fortement sensibilisés à la question des perturbateurs endocriniens, et ce depuis plusieurs années. La réglementation a d'ailleurs induit de profonds changements dans les comportements. Les matériels d'application sont désormais beaucoup plus précis. Les méthodes évoluent également : de nombreuses études ont été menées pour déterminer quel est le mode d'application le plus efficace. Appliquer un produit très tôt le matin ou tard le soir permet de limiter l'exposition au vent, donc les phénomènes de dérive et, en définitive, de réduire les quantités utilisées. Les réseaux d'observation existent de longue date en France. Ils ont été réactivés via le plan Écophyto I et le bulletin de santé du végétal.

De plus, les outils d'aide à la décision se développent. Le numérique a investi le secteur agricole. Les agriculteurs bénéficient ainsi de dispositifs leur permettant de tenir compte de divers facteurs, notamment climatiques.

En outre, la toxicité des produits a été très nettement réduite : les produits aujourd'hui employés en agriculture présentent des spectres beaucoup plus conformes aux exigences en matière de santé et d'environnement qu'auparavant.

Qu'en est-il de l'avenir ? Le numérique et la robotisation, nous en sommes persuadés, permettront encore d'importants progrès. Divers instituts travaillent actuellement à des robots détectant les plantes adventices dans les cultures. Ce projet ouvre des perspectives très intéressantes.

Les méthodes alternatives pour la protection des plantes sont également un sujet majeur de recherche. Il faut trouver des solutions de substitution pour chacune des cibles, quand les outils de protection des plantes ne sont plus disponibles par suite de l'interdiction de telle ou telle molécule. Il s'agit d'une nécessité technique et économique !

III. M. François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures

La première mission d'une ONG, c'est de faire entendre la voix de ses adhérents et, plus largement, de l'opinion publique. En 1996, les membres fondateurs de Générations futures ont été marqués par Our Stolen Future , premier livre sur le sujet des perturbateurs endocriniens, paru en français sous le titre L'Homme en voie de disparition . Depuis, la problématique des perturbateurs endocriniens est de plus en plus largement évoquée, et nous nous en félicitons.

Notre deuxième mission, qui représente l'essentiel de notre travail, est de convaincre celles et ceux qui prennent les décisions, parlementaires français et européens, mais aussi commissaires européens - nous ne désespérons pas, notamment, d'infléchir les positions du commissaire Andriukaitis. À ce titre, deux champs normatifs sont spécialement visés, ceux relatifs aux pesticides et aux biocides. Demain, nous l'espérons, les critères fixés dans ce cadre seront les meilleurs possible et s'étendront de manière horizontale à d'autres législations, pour protéger le public, en particulier les femmes enceintes et les enfants qu'elles portent.

À cet égard, j'adhère tout à fait aux conclusions du rapport établi par Mme Schillinger et M. Vasselle. L'enjeu est bel et bien la cohérence de l'action menée en matière de santé publique et le respect des textes votés. Cette position est aussi une garantie de cohérence scientifique : l'incertitude doit être un moteur de l'action publique et doit déboucher sur la mise en place d'une protection.

Il faut raison garder : cette évolution ne va pas entraîner l'effondrement de branches entières de notre économie. Nous évaluons à une trentaine le nombre de substances à exclure. Loin d'être les ennemies de l'économie et de l'emploi, ces interdictions créeront de l'activité, donc de la richesse. Le dynamisme économique peut résulter de l'application de critères réellement protecteurs.

Notre troisième et dernière mission essentielle est précisément d'encourager les activités économiques ne recourant pas aux perturbateurs endocriniens. Voilà pourquoi nous soutenons les fermes biologiques, forme d'agriculture qui permet - M. Durlin le sait bien - de limiter au minimum l'usage des pesticides. De même, nous accompagnons les nouvelles initiatives agronomiques. Nous agissons également aux côtés d'industriels, par exemple dans le secteur des cosmétiques. Ce travail conduit à proposer des produits mieux appréciés de l'opinion publique, et donc plus compétitifs.

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