II. NICE MÉTROPOLE : LE DÉPLOIEMENT DE RÉSEAUX INTELLIGENTS AU SERVICE DES ÉCONOMIES D'ÉNERGIE

Le 9 juillet dernier, votre rapporteur s'est rendu dans la métropole niçoise afin d'étudier les réalisations concrètes de la ville dans le domaine de l'énergie et au service de la lutte contre le réchauffement climatique.

Nice s'est engagée dans une véritable révolution technologique en construisant la ville connectée de demain. Si la création d'éco-quartiers ou le développement de sources d'énergie locale (33 % de la production énergétique est issue du territoire de la métropole) sont des actions notables, c'est la stratégie de la métropole en faveur de la « smart city 33 ( * ) » que votre rapporteur a souhaité présenter. En effet, depuis le début des années 2010, la métropole à fait le choix de se positionner comme un lieu de développement du numérique. Le territoire dépassera dans les cinq années à venir le million de capteurs (arrivées d'eau, stationnement, circulation, pollution, déchets) qui permettront de récolter les données numériques pour agir sur la qualité de l'air et de l'eau, ou encore l'efficacité énergétique des bâtiments. Les réseaux d'énergie deviennent donc un levier privilégié de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

A. LES OBJECTIFS

Il s'agit pour la ville de déployer des réseaux intelligents, dans la logique des « smart city », tournées vers le développement durable.

Dans cette perspective, la gestion de l'éclairage public et les équipements urbains connectés sont utilisés comme des leviers privilégiés pour répondre aux impératifs du développement durable.

B. LES ACTIONS

Les actions déployées par la municipalité niçoise ont été menées en partenariat avec l'entreprise Citelum, qui accompagne les villes en matière d'éclairage public, dans les domaines de la signalisation routière, des mises en lumière et des services urbains connectés (vidéo-protection, recharge de véhicules électriques, Wi-Fi...).

1. La vidéosurveillance intelligente

Votre rapporteur a eu l'opportunité de visiter le centre de supervision urbain 34 ( * ) de Nice Côte-d'Azur. Il a pu rencontrer les responsables de ce site, accéder à la salle de supervision et constater les applications concrètes d'un tel dispositif. Doté de 1 000 caméras dont 100 de vidéo-surveillance, il s'agit du premier complexe de vidéo-protection en France.

Si les applications en matière de sécurité publique (dispositif de dissuasion, lutte contre la délinquance, flagrants délits et élucidations d'enquête) sont notables, ce sont surtout les déclinaisons en matière de protection des personnes et des biens (faire face aux risques majeurs, incendies, coups de mer et évènements climatiques) et en matière de circulation (prévision des conditions de circulation, anticipation et prise en charge des accidents, fluidification du trafic routier) qui ont retenu l'attention de votre rapporteur.

En effet, ces technologies permettent la surveillance des crues et des fleuves majeurs ainsi que des phénomènes météorologiques importants, les caméras permettant de s'approcher au plus près et sans risque pour les agents publics. Au moment où les évènements climatiques tendent à s'intensifier, il peut s'agir d'un outil précieux de veille pour nombre de collectivités concernées, notamment sur le littoral atlantique lourdement touché par la tempête Xynthia, ou avec les récentes crues dans le Sud de la France.

Par ailleurs, grâce aux outils prévisionnels, les conditions de circulation peuvent être anticipées et la circulation améliorée sur les axes principaux (notamment par les détections des comportements qui gênent le trafic, tel les stationnements en double ou triple file), contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

2. L'éclairage public et la mobilité urbaine

La ville de Nice a conclu en 2014, avec Citélum, un marché de service pour l'entretien et la maintenance de l'ensemble de son éclairage public. La municipalité a par ailleurs fait concevoir par cette même entreprise le poste central de régulation du trafic, et lui a confié l'entretien et la maintenance de la signalisation lumineuse tricolore.

La ville de Nice s'est également engagée, depuis 2008, dans un vaste plan de rénovation et de restructuration afin de devenir un modèle d'Ecocité au bord de la Méditerranée, une part essentielle du projet d'Ecocité consistant en la mise en oeuvre d'une nouvelle politique de mobilité (transport, stationnement et circulation).

Plus spécifiquement pour le stationnement, comme nombre de collectivités en France, la ville doit faire face à des difficultés : des capacités globales de stationnement en voirie et en parc auto inférieures aux besoins ; une forte perturbation de la circulation liée au manque de stationnement ; la difficulté de développer de nouvelles capacités de stationnement en surface ; un taux de recouvrement du stationnement payant en voirie notoirement insuffisant ; et des difficultés de gestion des emplacements réglementés (livraison, invalidité, etc.).

Les solutions retenues ont été d'équiper de capteurs 11 000 places de stationnement et de déployer 600 nouveaux kiosques multiservices connectés, en remplacement des horodateurs traditionnels, avec une application smartphone « Nice City Pass » destinée aux usagers.

L'ensemble de ces dispositifs doit permettre aux usagers, mais aussi aux acteurs de la gestion de l'espace urbain, d'obtenir en temps réel des informations telles que l'état des places de parking sur la voirie publique, le trafic, les horaires des transports publics, la présence de taxis, le taux de pollution, les conditions météorologiques.

3. Le « boulevard connecté »

A l'occasion de la Convention « Innovative City » en juin 2013, la ville de Nice a présenté le premier « boulevard connecté » grâce à l'Internet des objets. C'est ainsi qu'a été inauguré le démonstrateur qui s'est tenu boulevard Victor Hugo pendant un an, sur un tronçon de 800 mètres, entièrement connecté à Internet pour informer en temps réel les habitants et les acteurs de la ville.

De nombreuses actions ont été nécessaires pour réaliser ce projet : télégestion des luminaires du réseau d'éclairage public, infrastructures radio, capteurs sur les candélabres, déploiement de kiosques multiservices, agrégation de données de mobilité, plateforme de stockage des données, déploiement de capteurs pour la luminosité, le trafic, la qualité de l'air, le bruit, l'humidité, la température et le taux d'occupation en déchets.

Dans le cadre de ce projet de « boulevard connecté » l'installation de centaines de capteurs sur les luminaires en voirie, mais aussi dans la chaussée, ou encore sur les containers a permis de collecter en temps réel des données sur la circulation, l'éclairage public, la propreté ou encore la qualité environnementale.

Si les collectivités sont aujourd'hui bien engagées dans la voie de la rénovation de leurs infrastructures (réseau de chaleur, station d'épuration, etc.), il convient désormais de générer des données, de les utiliser et de les rendre publiques afin d'inciter nos concitoyens à des comportements plus vertueux. En clair, grâce aux données récoltées, il s'agit de passer de la réaction à la prédiction et de construire ainsi des « territoires intelligents ».


* 33 La « ville intelligente ».

* 34 Le centre de supervision urbain a été créé le 23 mars 2010 par Christian Estrosi, maire de Nice.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page