b) De nombreux travaux empiriques démontrent que l'intégration économique justifie la coordination des politiques économiques en Europe

Conformément à l'intuition résultant du constat de la forte intégration économique de l'Union européenne, l'existence de fortes externalités de politique économique apparaît bien établie en Europe et invite à conclure que ces politiques sont d'autant plus efficaces qu'elles sont coordonnées.

(1) L'Union européenne est une zone de forte interdépendance économique


L'intégration monétaire est totale pour les pays qui partagent l'euro.


L'intégration commerciale des pays de l'Union européenne est poussée.

Les exportations de biens entre pays de l'Union européenne à 15 représentent près de 18 % de leur PIB contre un peu de plus de 10 % pour les exportations à destination de pays extérieurs.

S'agissant des services, ces chiffres sont respectivement de 4,7 et 4 points de PIB.

Au total, les exportations vers les autres pays de l'Union européenne à 15 « expliquent » en moyenne près de 25 % de la production de richesses de chaque pays de l'Union européenne.

L'interdépendance commerciale entre les pays européens est donc forte, sensiblement plus que celle existant entre les pays européens et le reste du monde et plus importante que dans un autre espace commercialement intégré, l'ALENA.


• L'interdépendance financière va se renforçant
.

Les investissements directs étrangers (IDE) des pays européens se concentrent à 78 % dans les pays de l'Union européenne ; les Etats-Unis, première destination extérieure, accueillant 12 % des flux.

(2) Dans ce contexte, l'efficacité des politiques économiques dépend beaucoup de la coordination

Le graphique ci-après témoigne de l' effet d'amplification que la convergence des politiques budgétaires exerce , dans ce contexte, sur l'efficacité de la politique budgétaire dans la zone euro .

Dans tous les cas, à une augmentation des dépenses publiques correspond une augmentation de la production. Mais celle-ci est plus ou moins importante selon, d'abord, qu'elle intervient dans un ensemble économique ou pour un seul pays (ici la France) de cet ensemble et ensuite, selon le modèle employé.

L'effet d'une augmentation des dépenses publiques dans l'ensemble de la zone euro est plus favorable à la croissance que lorsque seule la France est concernée . Ce résultat est conforme à la théorie puisque, lorsqu'un seul pays est concerné, la relance par les dépenses publiques est en partie absorbée par ses partenaires commerciaux via une hausse induite des importations qui réduit la valeur du multiplicateur.

Au total, une politique budgétaire coordonnée exerce des effets plus importants, dans une proportion qui va dans certains modèles du simple au double, qu'une politique isolée. Cette conclusion sort renforcée quand on considère la politique monétaire. Une politique monétaire accommodante renforce les effets des politiques budgétaires. Elle montre tout l'enjeu d'une bonne coordination des politiques économiques puisque ses leçons peuvent être étendues au-delà de la politique budgétaire.

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Au total, vos rapporteurs jugent que le réalisme impose d'accorder la plus grande attention à la coordination des politiques économiques afin d'en tirer les gains et d'éviter une configuration où la seule issue est dans la conduite de politiques économiques marquées du sceau de l'antagonisme.

Les constructions sur lesquelles repose l'idée que la coordination des politiques économiques serait inutile, voire néfaste, sont, quand on en généralise outrancièrement la portée, de simples vues de l'esprit.

Au demeurant, il apparaît qu'elles ne débouchent sur l'affirmation d'une inutilité de la coordination des politiques que par le souci d'une cohérence intellectuelle, qui, à l'examen paraît bien artificielle. Leur message est fondamentalement que les interventions publiques destinées à influer sur la croissance économique ne sont pas désirables, car sans efficacité réelle, et doivent être proscrites pour leur dangerosité. L'inutilité de la coordination ne vient que par prétérition.

Ces controverses doctrinales recèlent des enjeux très importants. L'organisation européenne de la coordination des politiques économiques est marquée, paradoxalement, par l'influence des théories qui semblent condamner toute politique économique active. Hormis la politique monétaire qui est désormais unique pour tous les pays de la zone euro, le seul domaine où l'intégration des politiques économiques est vraiment achevée est celui des politiques budgétaires considérées sous le seul angle des déficits et de la dette publique. Dans ce domaine, en fait de coordination, c'est la surveillance du respect par les Etats de trajectoires de réépargne publique qui prévaut systématiquement du fait de règles , qui ne s'accommodent pas, en réalité, d'une réelle coordination. Tout le reste des politiques économiques est, au mieux, évoqué sporadiquement, et le plus souvent, négligé.

Dans ces conditions, l'échec de la coordination des politiques économiques en Europe semble inéluctable.

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