N° 419

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès-verbal de la séance du 10 juin 1999

RAPPORT

FAIT

au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur :

- le projet de loi, ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, renforçant la protection de la
présomption d'innocence et les droits des victimes,

- la proposition de loi de MM. Xavier DUGOIN, Louis ALTHAPÉ, Louis de BROISSIA, Robert CALMEJANE, Désiré DEBAVELAERE, Christian DEMUYNCK, Bernard FOURNIER, Patrice GÉLARD, Georges GRUILLOT, Roger HUSSON, Robert LAUFOAULU, Paul NATALI, Jacques OUDIN, Victor REUX et Louis SOUVET, visant à filmer et enregistrer les
gardes à vue ,

- la proposition de loi, ADOPTÉE PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE, tendant à
limiter la détention provisoire ,

Par M. Charles JOLIBOIS,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jacques Larché, président ; René-Georges Laurin, Mme Dinah Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Michel Duffour, vice-présidents ; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, secrétaires ; Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Robert Bret, Guy-Pierre Cabanel, Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel Charmant, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier, Lucien Lanier, François Marc, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Jacques Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex Türk, Maurice Ulrich.

Voir les numéros :

Assemblée nationale (11 ème législ. ) : 577 , 813 , 1079 , 1468 , T.A. 116 et 275 .

Sénat : 374 (1997-1998), 291 , 264 rect . et 412 (1998-1999).


Justice.

LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS

Réunie le mardi 8 juin, le mercredi 9 juin et le jeudi 10 juin sous la présidence de M. Jacques Larché, président, et de M. Pierre Fauchon, vice-président, la commission des Lois a examiné, sur le rapport de M. Charles Jolibois, le projet de loi (n° 291) adopté par l'Assemblée nationale, renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes.

Ce projet de loi tend à apporter de nombreuses modifications au code de procédure pénale, afin de renforcer la protection de la présomption d'innocence. Il prévoit en particulier la possibilité pour une personne placée en garde à vue de demander à s'entretenir avec un avocat dès le début de la garde à vue. Il tend également à renforcer les droits de la défense au cours de l'instruction et des audiences. Le texte prévoit par ailleurs la création d'un juge de la détention provisoire, compétent pour ordonner le placement en détention provisoire ainsi que les prolongations de celle-ci. Les quanta de peines permettant le placement en détention provisoire ainsi que les règles relatives à sa durée seraient également modifiés. Enfin, le projet de loi a également pour objectif de renforcer les droits des victimes à tous les stades de la procédure pénale.

M. Charles Jolibois, rapporteur, a souligné que ce texte partiel permettrait néanmoins des améliorations réelles de la procédure pénale.

La commission a adopté des amendements tendant principalement à :

- instaurer un recours contre les arrêts rendus par les cours d'assises ; la commission a considéré que l'absence de recours en matière criminelle constituait une atteinte grave aux droits de la défense et qu'il n'était plus possible d'attendre pour traiter cette question, les deux chambres du Parlement en ayant déjà débattu sur la base d'un projet de loi déposé par M. Jacques Toubon ; en cas de recours, l'affaire serait renvoyée devant une autre cour d'assises que celle qui a statué, désignée par le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation ;

- élargir le champ d'application du statut de témoin assisté , en permettant au magistrat instructeur d'accorder ce statut à toute personne mise en cause par un témoin ou par la victime, ainsi qu'aux personnes contre lesquelles il existe des indices laissant présumer qu'elles ont pu commettre une infraction ;

- limiter la mise en examen aux personnes contre lesquelles il existe des indices graves et concordants d'avoir commis une infraction ;

- prévoir que, lorsque le juge d'instruction envisage de mettre en examen une personne par lettre recommandée , il l'informe au préalable de son intention, afin que celle-ci puisse demander à être entendue en présence de son avocat avant la décision de mise en examen ;

- prévoir l'obligation pour le magistrat chargé de la détention provisoire d'organiser un débat contradictoire avant de prendre une décision sur la mise en détention d'une personne ; prévoir l'obligation pour ce magistrat de statuer par ordonnance motivée lorsqu'il refuse de faire droit à une demande de mise en détention présentée par le juge d'instruction ;

- ne permettre la mise en détention provisoire d'une personne que lorsqu'elle encourt une peine correctionnelle supérieure à deux ans d'emprisonnement ou une peine criminelle ;

- élargir le champ d'application de l'article 9-1 du code civil , en permettant à toute personne présentée publiquement comme coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou d'une instruction de saisir le juge, afin de faire cesser l'atteinte à la présomption d'innocence. En contrepartie, le projet de loi prévoit la possibilité pour le premier président de la cour d'appel d'arrêter en référé l'exécution provisoire de mesures portant atteinte à la liberté de l'information.

La commission s'est enfin inquiétée de l'ampleur des moyens nécessaires à la mise en oeuvre du projet de loi et a souhaité que des informations plus précises sur ce point puissent être apportées par le gouvernement au cours de la navette parlementaire.

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