II. EXAMEN DE L'AVIS

Réunie le mercredi 19 novembre 1997, sous la présidence de M. Jacques Bimbenet, vice-président , la commission a ensuite procédé à l'examen du rapport pour avis de M. Bernard Seillier, sur le projet de loi de finances pour 1998 (budget annexe des prestations sociales agricoles) (BAPSA).

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis du BAPSA
, a rappelé à titre liminaire le problème de la difficile articulation entre le BAPSA et le projet de loi annuel de financement de la sécurité sociale.

Il a expliqué que le projet de BAPSA pour 1998 avait été arrêté antérieurement au dépôt du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998 et ne tenait donc pas compte de certaines mesures ayant des conséquences directes sur son équilibre financier, telles que le basculement de la majeure partie des cotisations d'assurance maladie vers la contribution sociale généralisée (CSG) ou la mise sous condition de ressources des allocations familiales.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis, a cependant ajouté qu'il fallait avoir conscience des aspects positifs du BAPSA : celui-ci permettait d'aborder de manière plus détaillée que la loi de financement de la sécurité sociale les principales catégories de recettes et de dépenses du régime agricole ; il constituait en outre une garantie pour ce régime de bénéficier d'un " bouclage " financier assuré par l'Etat à travers le vote de la subvention d'équilibre.

A cet égard, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a rappelé que le régime des exploitants agricoles était, compte tenu de la structure démographique très défavorable du monde agricole, l'un des régimes où le rapport entre la masse des cotisations et celle des prestations était le plus faible. L'avenir de ce régime était donc étroitement dépendant de la solidarité nationale.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a ensuite présenté les grandes lignes du BAPSA pour 1998.

Il a tout d'abord indiqué que ce budget annexe se caractérisait par une grande stabilité et s'élèverait à 87,7 milliards de francs, en progression de seulement 0,6 % par rapport à 1997.

S'agissant des dépenses retracées dans le BAPSA , M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé que les prestations d'assurance vieillesse progressaient de 1,9 %, passant ainsi à 48,4 milliards de francs, et restaient le premier poste de dépenses du régime des exploitants agricoles.

Soulignant que les effectifs de retraités tendaient à diminuer, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé que l'augmentation des prestations d'assurance vieillesse résultait notamment de l'amélioration spontanée du niveau moyen des pensions et des mesures prises pour les veuves dans le cadre de la loi de modernisation de l'agriculture de 1995 et pour les plus petites retraites dans le cadre de la loi de finances pour 1997.

S'agissant des dépenses d'assurance maladie des exploitants agricoles (AMEXA ), M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a indiqué que celles-ci restaient stables, à hauteur de 33,9 milliards de francs, soit un montant voisin de celui prévu l'an dernier.

S'agissant des prestations familiales, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé que ce poste de dépenses continuait de baisser fortement (- 6,5 % par rapport à 1997) en raison de la diminution rapide du nombre de bénéficiaires. M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a néanmoins ajouté que ces dépenses, estimées à 4 milliards de francs en 1998, ne tenaient pas compte de la mise sous condition de ressources des allocations familiales prévue par le Gouvernement. Il a rappelé que M. Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture et de la pêche, avait indiqué, lors de son audition devant la commission, que la mise sous condition de ressources des allocations familiales devrait concerner environ 11.000 familles d'exploitants agricoles et entraîner une diminution des dépenses d'environ 70 millions de francs pour le BAPSA.

S'agissant des recettes, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a distingué successivement les contributions professionnelles, les taxes affectées, les versements des autres régimes de sécurité sociale et la subvention d'équilibre.

Evoquant les contributions professionnelles, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a indiqué que la CSG représenterait un financement de plus en plus important : pour les exploitants en activité, la CSG serait majorée, comme pour les actifs des autres catégories sociales, de 4,1 points ; en contrepartie, le taux des cotisations maladie serait diminué de 5,5 points ; pour les retraités agricoles imposables, le taux de la CSG serait augmenté de 2,8 % tandis que les cotisations d'assurance maladie seraient diminuées du même pourcentage.

Sur les effets de ce transfert CSG/cotisations d'assurance maladie , M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a souhaité formuler trois remarques.

Il a, d'une part, indiqué qu'il convenait d'être très prudent sur les chiffres transmis par le Gouvernement et les gains de pouvoir d'achat attendus qui ne tenaient pas compte des prélèvements sur l'épargne et le patrimoine.

Il a souligné, d'autre part, qu'un certain nombre d'agriculteurs bénéficiant d'un allégement de cotisations sociales, notamment les jeunes agriculteurs, allaient perdre cet avantage différentiel tout en devenant redevables de la CSG. Il a indiqué, à cet égard, que le Sénat avait adopté, au cours de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale, un amendement permettant de prendre en compte la situation particulière des jeunes agriculteurs.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé que, pour respecter le principe de parité et permettre aux exploitants agricoles de bénéficier du même gain de pouvoir d'achat que les salariés du régime général, la baisse de cotisations d'assurance maladie aurait dû être de 6,5 points et non pas de 5,5 points.

S'agissant des taxes affectées, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a indiqué que celles-ci resteraient pratiquement stables à hauteur de 26,1 milliards de francs, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) fournissant l'essentiel de ces recettes, soit 24,2 milliards de francs.

Il a également indiqué que les versements au titre de la compensation démographique progresseraient de 1,2 % pour atteindre 32,5 milliards de francs.

S'agissant de la subvention d'équilibre de l'Etat , M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé qu'elle s'élèverait à 7,3 milliards de francs en 1998, en progression de seulement 1,2 % par rapport à 1997.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a ensuite évoqué le problème de la revalorisation des retraites agricoles et celui du fonctionnement de la caisse centrale de la mutualité sociale agricole (MSA).

S'agissant de la revalorisation des retraites agricoles, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a rappelé que le ministre de l'agriculture et de la pêche avait annoncé, lors de l'examen du BAPSA par l'Assemblée nationale, une mesure exceptionnelle de revalorisation des petites retraites : les personnes dont la retraite a pris effet avant le 1 er janvier 1998 bénéficieraient d'une majoration de leur retraite forfaitaire sous réserve de justifier de certaines conditions relatives notamment à leur durée de cotisation.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a précisé que cette mesure visait particulièrement les anciens aides familiaux, les conjoints d'exploitants et ceux d'entre eux ayant accompli une carrière mixte. Cette mesure devrait concerner 300.000 personnes et son coût est évalué à 680 millions de francs.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a considéré qu'il s'agissait là d'une amélioration très significative qui s'inspirait, de surcroît, des conclusions présentées dans le cadre du rapport élaboré par le député Daniel Garrigue en 1996.

Evoquant la gestion de la caisse centrale de la MSA, il a rappelé comment il avait rendu compte, l'année dernière, des critiques sévères de la Cour des Comptes à l'égard du fonctionnement interne de cette caisse. Il a souligné qu'en juillet dernier un arrêté ministériel avait suspendu le conseil d'administration de cette caisse et qu'un administrateur provisoire avait été nommé. Il a considéré que les mesures énergiques prises au cours des derniers mois allaient permettre de surmonter ces difficultés qui auraient pu être préjudiciables à l'image même de la MSA.

En conclusion, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a constaté que des progrès avaient été réalisés sur différents dossiers et que ceux-ci devaient être soutenus dans l'intérêt des exploitants agricoles de notre pays. S'agissant du projet de BAPSA pour 1998, il a considéré que c'était avant tout l'impact des mesures contenues dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale qui apparaissait le plus critiquable.

Il a cependant souligné que la mesure concernant les petites retraites, très attendue par la profession, témoignait d'un effort qui méritait d'être souligné. Aussi, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a-t-il proposé à la commission d'émettre un avis de sagesse sur les crédits du BAPSA pour 1998.

M. Claude Huriet s'est interrogé quant à la pertinence du BAPSA depuis l'instauration des lois de financement de la sécurité sociale. Il s'est demandé si le BAPSA -sans perdre pour autant sa spécificité- n'avait pas vocation à devenir une composante de la loi de financement de la sécurité sociale.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis
, a estimé qu'il s'agissait là d'un problème difficile à traiter compte tenu des modalités de financement très particulières de ce budget annexe, notamment du fait de l'affectation de la TVA et de la subvention d'équilibre versée par l'Etat.

M. Charles Descours a demandé au rapporteur pour avis quelle était la part des cotisations dans les recettes du BAPSA.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a répondu que les cotisations s'élevaient en 1997 à 15 milliards de francs, soit 17,2 % des recettes du BAPSA.

Mme Joëlle Dusseau a salué l'effort significatif accompli en faveur des retraites agricoles par le Gouvernement. Elle a estimé que le choix de s'en remettre à la sagesse du Sénat, proposé par le rapporteur pour avis, était positif dans la mesure où les critiques qu'il formulait portaient davantage sur les dispositions contenues dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale que dans le projet de BAPSA.

M. André Jourdain s'est interrogé sur le rôle du BAPSA au regard de la loi de financement de la sécurité sociale et a considéré qu'il revenait au Parlement de soulever le problème.

En réponse à Mme Joëlle Dusseau, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a rappelé que les gouvernements précédents avaient également accompli des efforts importants en faveur des retraites agricoles. Il a souligné que l'augmentation de la CSG allait se traduire par une perte de revenus pour près de un million de personnes du monde agricole, notamment les jeunes agriculteurs.

En réponse à M. André Jourdain, M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis , a considéré que l'intégration du BAPSA au sein de la loi de financement de la sécurité sociale serait sans doute préférable pour ce qui est de la présentation des comptes. Il a cependant souligné qu'une telle intégration apparaissait très difficile dans les conditions actuelles.

M. Charles Descours a également considéré que l'on devrait à l'avenir intégrer le BAPSA dans la loi de financement de la sécurité sociale.

M. Claude Huriet a indiqué qu'il voterait contre ce projet de BAPSA en raison du nombre de familles concernées par la mise sous condition de ressources des allocations familiales et de la pénalisation entraînée, pour les jeunes agriculteurs, par l'augmentation de la CSG.

M. Bernard Seillier, rapporteur pour avis, a souligné que le projet de BAPSA était, par lui-même, acceptable mais qu'il subissait le contrecoup des mesures prévues par la loi de financement de la sécurité sociale.

M. Gérard Roujas a considéré que la CSG favorisait à la fois la solidarité nationale et la solidarité entre les agriculteurs eux-mêmes.

M. Charles Descours a indiqué qu'il voterait contre ce projet de BAPSA en séance publique sauf si l'Assemblée nationale retenait l'amendement voté par le Sénat en faveur des jeunes agriculteurs lors de la nouvelle lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998.

A l'issue de ce débat, la commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur le projet de BAPSA pour 1998 .

Page mise à jour le

Partager cette page