B. LA MODERNISATION DES COMPOSANTES OCÉANIQUE ET AÉROPORTÉE

L'abandon de la composante sol-sol implantée au plateau d'Albion, effectif depuis l'an passé, rend d'autant plus nécessaires la modernisation et le renouvellement des deux composantes complémentaires sur lesquelles repose désormais notre dissuasion.

1. La composante océanique

La modernisation de la force océanique stratégique passe :

- par la construction des 4 sous-marins nucléaires lanceurs d'engin de nouvelle génération , nombre minimal pour assurer si nécessaire la présence à la mer de 2 bâtiments,

- par le programme de missiles M45, dotés de la tête nucléaire TN75, qui doivent équiper les SNLE/NG.

Son renouvellement implique :

- de mener à bien le programme M51, qui sera doté dans un premier temps (2010) de la TN75, puis à partir de 2015 de la nouvelle tête nucléaire océanique, dont la portée sera de 6 000 km avec chargement complet contre 4 000 km pour le M45.

- l'adaptation des SNLE/NG à ce futur missile.

S'agissant des SNLE/NG , le Triomphant a été admis au service actif au début de 1997. Un nouvel étalement du calendrier de réalisation a été effectué si bien que les dates d'admission au service actif des futurs bâtiments sont les suivantes :

- SNLE/NG le Téméraire : printemps 1999

- SNLE/NG le Vigilant : hiver 2003

- SNLE/NG n° 4 : été 2007.

Rappelons que si les SNLE/NG emportent autant de missiles que les actuels sous-marins à propulsion nucléaire de type Redoutable, ils se caractérisent par une discrétion très supérieure, ce qui accroît considérablement leur invulnérabilité.

Le coût total du programme de SNLE/NG a été évalué à environ 88 milliards de francs.

Le missile M45, actuellement en service sur le Triomphant et qui équipera les autres SNLE/NG, a une portée supérieure à 4 000 km avec un chargement complet de ses têtes nucléaires TN75. Il dispose d'une meilleure capacité de pénétration que la version antérieure et a été durci vis-à-vis des effets d'une agression nucléaire en vol.

Il doit être remplacé à partir de 2010 par des missiles M51 équipés dans un premier temps de la TN75, puis, après 2015, de la nouvelle tête nucléaire océanique. Beaucoup plus lourd que le M45 et conçu pour résister aux systèmes de défense antimissiles futurs, le M51 aura également une portée beaucoup plus longue puisqu'elle sera de 6 000 km. Cette portée supérieure permettra d'élargir les zones de patrouille et donc d'accroître l'invulnérabilité des sous-marins.

Enfin, bien qu'ayant été conçu dès l'origine pour accueillir des missiles plus importants que les M45, les SNLE/NG devront subir certaines adaptations pour accueillir le M51. Le coût de développement du M51 (hors tête nucléaire et adaptation des SNLE/NG) est estimé à plus de 30 milliards de francs.

En résumé, pour faire face à sa mission consistant à assurer la permanence de la dissuasion face aux menaces massives, la FOST doit disposer :

. d'un nombre minimal de 4 sous-marins, dotés de hautes qualités de discrétion et d'indétectabilité,

. de missiles durcis contre les agressions et de portée accrue, afin d'accroître l'invulnérabilité des sous-marins en favorisant l'élargissement des zones de patrouille.

2. La composante aéroportée

La composante aéroportée repose sur les Mirage 2000-N de l'armée de l'air et sur les Super Etendard de l'aéronavale, qui emportent le missile air-sol moyenne portée (ASMP). Ces appareils doivent être à terme remplacés par le Rafale, tant dans l'armée de l'air que dans la Marine.

La modernisation de la composante aéroportée implique à partir de 2007 le remplacement de l'ASMP par un missile aux performances sensiblement accrues, l'ASMP amélioré, dont la portée et la capacité de pénétration de la défense antimissiles seront supérieures. Il sera dès son entrée en service doté d'une tête nouvelle. Il bénéficiera d'un vecteur à statoréacteur dit VESTA, dont le développement servira également au missile antinavires futur.

Le coût prévisionnel du programme ASMP amélioré s'établit à 4,3 milliards de francs.

Votre rapporteur souhaite insister sur l'importance de ce programme tant la composante aéroportée apparaît comme le complément indispensable de la composante océanique , surtout depuis l'abandon de la composante terrestre. Par sa souplesse d'emploi et sa mobilité, elle permet de diversifier les modes de pénétration. Mise en oeuvre depuis le sol ou depuis le porte-avions, elle peut offrir, selon les circonstances, au pouvoir politique, un moyen plus visible de dissuasion. Enfin, elle renforce la crédibilité de la dissuasion face au risque représenté par les progrès toujours envisageables, fût-ce à long terme, dans la détection des sous-marins.

Son maintien à un niveau crédible s'impose dans un contexte mondial marqué par la persistance des menaces et des risques liés à la prolifération.

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