DES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT RÉAJUSTÉS

LA REVUE DES PROGRAMMES ET SES INCIDENCES SUR L'ARMÉE DE L'AIR

. Une clarification des objectifs

A l'été 1997, le gouvernement, en accord avec le président de la République, a décidé de réexaminer certains aspects de la loi de programmation militaire pour les années 1997-2002, votée par le Parlement en 1996. Il s'est agi, par cet exercice interministériel, de vérifier "méthodiquement la pertinence du contenu de la programmation militaire, afin d'en améliorer les conditions de réalisation, au regard des contraintes budgétaires" 3( * ) . Le travail, qui s'est étendu sur plusieurs mois, a été achevé en mars 1998.

Le résultat obtenu a été présenté comme une "clarification des objectifs" poursuivis par le gouvernement en matière de défense. Ces objectifs sont au nombre de trois :

- le maintien d'une autonomie stratégique fondée sur la dissuasion nucléaire, le renseignement, les moyens de commandement et certaines capacités d'action.

- une capacité suffisante d'action à distance du territoire national, le plus souvent dans un cadre multinational et singulièrement dans celui de l'OTAN ;

- la construction d'une défense européenne , soutenue par le développement d'une coopération militaire et une politique industrielle européenne dans le domaine de l'armement.

La revue de programmes a également conduit à une redéfinition des hypothèses d'emploi des forces , autour de trois scénarios :

- les actions de prévention et de présence internationale appuyées sur des moyens prépositionnés et la coopération ;

- les opérations de gestion de crise et de maintien de la paix ;

- les conflits régionaux de haute intensité, où deux zones sont identifiées : en Europe et au Proche Orient, où se jouent nos intérêts stratégiques et parfois vitaux, le cadre d'action est "toujours multinational" ; en Afrique où la probabilité des conflits est élevée, ou privilégié un cadre d'action "le plus souvent" multinational, appuyé sur un prépositionnement adapté.

Ce nouveau "découpage" des hypothèses d'engagement de nos armées n'apporte que de faibles changements par rapport à celles décrites dans le rapport annexé à la loi de programmation militaire ; l'accent est toutefois davantage mis sur le cadre multinational appelé à devenir le cadre naturel d'engagement.

. Les conséquences sur l'Armée de l'air

Le résultat de la revue de programmes, en termes budgétaires, conduit, pour l'ensemble de la Défense, à une économie de 20 milliards de francs par rapport à la programmation initiale pour la période 1999-2002 soit, en moyenne annuelle, quelque 5 milliards de francs. Par ailleurs, le titre V de la défense est stabilisé, pour 1999 et chacune des annuités à venir de la loi de programmation, à 85 milliards de francs constants 1998.

Surtout, pour générer les économies et permettre la stabilisation des ressources d'équipement à un niveau substantiellement inférieur aux prévisions de la programmation, c'est le contenu et l'échéancier de la loi de programmation qui ont été fondamentalement réexaminés.

Ainsi pour l'Armée de l'air :

- un programme est arrêté , celui de la version "interdiction de zone" (IZ) du missile de croisière Apache ;

- cinq programmes ou catégories d'équipements sont aménagés , dans leur échéancier ou dans leur contenu :

. La livraison du premier Rafale Air est décalée de 10 mois entraînant une diminution de 25 à 23 du nombre d'appareils livrés à fin 2005.

. Deux escadrons Jaguar
seront retirés par anticipation en 2001 au lieu d'un en 2002 et un en 2003. Cette décision est loin d'être neutre pour l'Armée de l'air qui perdra à cette occasion les capacités propres au Jaguar -reconnaissance et guerrre électronique- qui ne seront transférées que plus tard sur les Mirage 2000 D.

- Réduction de quelque 5 % des crédits d'entretien programmé des matériels.

- Réduction de quelque 5 % également des crédits d'infrastructure opérationnelle dans le cadre des restructurations en cours.

. Retrait dès 2001 de la composante transmission ASTARTE (nucléaire), composé de 4 C 160 H.

Ces divers aménagements conduisent à une économie globale, pour l'Armée de l'air, de 3,9 milliards de francs 98 sur la période 1999-2002 .

Les autres programmes majeurs de l'Armée de l'air restent inchangés, comme le décrit le tableau ci-après.

Principaux programmes inchangés

Principaux programmes ou

équipements aménagés

Programme arrêté

Système de commandement et de conduite des opérations aériennes

Avion de combat Rafale

Missile de croisière Apache IZ (interdiction de zone)

Missile d'interception et de combat aérien (MICA)

Avion de combat Jaguar

 

Missile de croisière SCALP-EG (emploi général)

Programme d'entretien des matériels

 

Missile de croisière Apache (anti-piste)

Opérations d'infrastructure

 

LES DONNÉES BUDGÉTAIRES POUR L'ÉQUIPEMENT DE L'ARMÉE DE L'AIR EN 1999

Les crédits d'équipement de l'Armée de l'air avaient, en loi de finances 1998, subi une réduction drastique de 11 % par rapport à la loi de finances 1997. Les ressources d'équipement étaient réduites de 2,3 milliards par rapport à ce que prévoyait, pour sa deuxième annuité, la loi de programmation militaire.

De surcroît, la gestion 1998 des crédits d'équipement a subi une série d'annulations, l'une dès le mois de janvier à hauteur de 75,5 millions de francs, une deuxième en août 1998 (830,8 MF), et deux plus récemment pour un montant de 1,133 milliard de francs, soit une annulation globale supérieure à deux milliards de francs. Cette régulation relativise donc, sans bien sûr l'annuler, le bénéfice des crédits de report accordés à l'Armée de l'air et qui, pour l'exercice 1998, ne dépasseront pas 1,223 milliard de francs.

Les crédits de paiement inscrits aux titres V et VI du projet de budget 1999 de l'Armée de l'air s'élèvent à 20 238 MF, en hausse de 5,62 % par rapport à l'annuité précédente.

Cette hausse apparente mérite d'être nuancée. En francs constants 1999, elle n'est plus que de 4,47 % ; en francs constants et à "structure inchangée", elle est de 3,43 %.

Par rapport à la troisième annuité de la loi de programmation (VAR 98), qui intègre les économies générées par la revue de programmes et qui évaluait les crédits d'équipements à 20 349 millions de francs, les ressources prévues en loi de finances 1999 sont en retrait de 111 millions de francs (20 238 MF).

Toutefois, la comparaison d'un budget à l'autre doit, pour être pertinente, s'opérer à structure constante. Or le périmètre des dépenses d'équipement est modifié, en particulier par le transfert du titre III au titre V de 220 MF d'entretien programmé des matériels (EPM), destiné à alléger la pression sur les crédits de fonctionnement et également par le transfert du budget des armées de 900 MF (213 MF pour l'Armée de l'air) de crédits de recherche duale.

La présentation du titre V, substantiellement modifiée, gagne en lisibilité. La réforme de la nomenclature pour 1999 se traduit notamment par :

- la création de cinq nouveaux chapitres : études, équipements communs et interarmées, équipement des armées, soutien des forces et entretien programmé des matériels ;

- l'intégration, au sein d'un même chapitre, du développement et de la fabrication ;

- l'identification de 11 programmes majeurs sur des articles spécifiques ;

La ventilation des crédits d'équipements par principaux postes est la suivante :

Evolution des crédits d'équipements de l'armée de l'air

 

Autorisations de programme

Crédits de paiement

 

1998

LFI

1999

LFI

Variation

LFI 99/98

en %

1998

LFI

1999

LFI

Variation

LFI 99/98

en %

Espace

20

19

- 5

63

23

- 63,49

Nucléaire

525

865

53,3

733

823

+ 12,3

Etudes et développement

2 915

3 194

+ 9,57

3 181

3 587

+ 12,76

Fabrications munitions EPP/EPM

11 855

15 197

+ 28

14 084

14 763

+ 4,8

Infrastructure 4( * )

1 064

993

- 6,67

1 075

1 012

- 5,86

TOTAL T V

16 379

20 208

+ 23,38

19 136

20 208

+ 5,60

Titre VI

26

30

+ 15,38

26

30

+ 15,38

Total T V + T VI

16 405

20 238

+ 23,36

19 162

20 238

+ 5,62

Le budget 1999, dans la perspective de modernisation des matériels de l'Armée de l'air, prévoit un financement pour permettre la constitution du premier des deux escadrons de Mirage 2000-5 (remise à niveau des systèmes d'armes à partir de cellules existantes) ;

Ce programme est étroitement lié à celui du missile d'interception et de combat aérien MICA dont 25 livraisons interviendront en 1999.

Toujours dans le cadre de la projection de puissance, 12 mirage 2000 D seront livrés en 1999. Cet appareil, équipé du pod de désignation laser PDLCT, est amené à être le fer de lance de l'aviation de combat dans l'attente du Rafale. A cet égard, si les contraintes budgétaires ont contraint à un nouveau décalage dans la livraison des premiers Rafale, cette mesure ne modifie pas le calendrier de constitution des escadrons : l'Armée de l'air devrait disposer dès 2005 de l'avion de combat permettant le remplacement des derniers Jaguar. En 1999 sera livré le premier rafale B à l'Armée de l'air , en vue de permettre la poursuite des travaux de développement.

S'agissant des armements , le budget 1999 prévoit des financements résiduels pour les munitions en service -Magic 2, Super 530D, bombes lisses et obus classiques-.

Le stock d'armements de précision -AS 30 Laser- sera recomplété. Un financement est également prévu pour les armements modernes tels que les missiles de croisière APACHE/SCALP, Armement Air Sol Modulaire (AASM) et MICA, enfin 90 missiles CROTALE et 25 postes de tir Sol Air Très Courte Portée Mistral seront livrés en 1999.

Le besoin de ravitaillement en vol dans le cadre des missions de projection a nécessité l'acquisition de 3 appareils ravitailleurs KC 135 qui ont été livrés en 1997, acquis d'occasion aux Etats-Unis et remotorisés avec des réacteurs SNECMA CFM 56. Un financement résiduel est consacré en 1999 à cette opération.

La flotte de transport bénéficiera de la rénovation de l'avionique de 9 Transall et de la livraison en 1999 de 2 avions de complément TBM 700 et d'un Casa CN 235. Surtout, un financement est prévu pour la phase de pré-lancement du programme ATF (44 MF).

Enfin, dans le cadre de sa responsabilité des opérations de recherche et de sauvetage en zone de combat , l'Armée de l'air, en 1999, passera commande de 2 hélicoptères Cougar MK II Resco sur les 4 prévus en loi de programmation.

Enfin des efforts financiers substantiels seront consentis en 1999 pour l'amélioration des capacités de conduite des opérations aériennes : développement de programmes constitutifs des systèmes C3I, modernisation des centres d'opération, mobilité des matériels et acquisition de radars de détection au sol.

Le tableau ci-après récapitule les principales actions permises en 1999 au titre des équipements :


 

COMMANDES

LIVRAISONS

Avions de combat :

- Rafale

- Mirage 2000 DA rénové

- Mirage 2000 D

0

0

0

1

22

12

Avions de transport :

- Rénovation C 160

- CN 235

- TBM 700

0

1

0

9

1

2

Avions spécialisés :

- Cougar MK II RESCO 5( * )

2

0

Armements :

- MICA EM

- Pod nuit PDL-CT

- AASM 6( * )

- Poste de tir SATCP MISTRAL

- Missile CROTALE VT1

0

0

500

0

0

25

2

0

25

90

Systèmes télécommunication :

- MTBA

0

6


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