III. LE DÉFI DE L'ATTRACTIVITÉ

A. DES EFFORTS POUR AMÉLIORER L'ATTRACTIVITÉ DES MÉTIERS DE LA PJJ

La PJJ consent d'importants efforts, depuis plusieurs années, pour renforcer l'attractivité des postes qu'elle offre à ses personnels, sur concours comme sur contrat.

Pour les concours, le niveau d'études global des candidats est en progression tendancielle depuis cinq ans et la féminisation des corps se confirme (la proportion de femmes lauréates aux concours de la PJJ en 2022 a atteint 70 %). Sur le plan quantitatif toutefois, et comme le rappelait Frédéric Phaure, directeur de l'ENPJJ, « les derniers concours de recrutement des éducateurs peinent à faire le plein et le recours important à la liste complémentaire trouve des limites que la Direction [de la PJJ], avec l'école, mesure ».

La DPJJ a tenté de combattre le mouvement général de baisse des inscriptions aux concours par des campagnes de communication renforcées. Sur ce point, les auditions conduites par la rapporteure ont contredit la réponse apportée par le ministère : en effet, alors que cette réponse saluait les bons résultats de la campagne, l'ensemble des personnes entendues (y compris pour la DPJJ) se sont accordées pour reconnaître que cette démarche n'avait pas rencontré le succès escompté. C'est pourquoi l'ENPJJ souhaite privilégier à l'avenir des visites dans des viviers potentiels d'éducateurs (filières de sciences humaines et sociales des universités, instituts régionaux de travail social...), une présence physique apparaissant davantage susceptible de susciter des vocations qu'une simple publicité. Cette initiative - qui demande un investissement considérable en temps - est cependant un défi pour l'École.

En ce qui concerne les contractuels, la DPJJ a mis en place dans les derniers mois des mesures pour accroître l'attractivité de ses postes (avec, en particulier, un assouplissement de la durée des contrats pour ouvrir davantage de contrats longs, d'une durée de deux à trois ans, pour des postes préalablement proposés aux titulaires) ; depuis le 1er juillet 2023, elle a par ailleurs opéré une revalorisation des rémunérations de certains agents contractuels (éducateurs, professeurs techniques, cadres éducatifs et directeurs) pour un coût de 1,32 M€ sur six mois. Les revalorisations accordées aux fonctionnaires ont toutefois des limites, puisqu'elles ont pris la forme de primes qui ne sont pas prises en compte pour le calcul des pensions de retraite, générant des inquiétudes parmi les personnels.

La DPJJ tache, enfin, de favoriser la réussite de ses agents contractuels aux concours, notamment en assurant la transmission en « interne » des informations sur la tenue des concours et sur les attentes des jurys, en mobilisant les ressources de l'ENPJJ et en valorisant l'expérience acquise9(*).

Malgré les initiatives prises par le Gouvernement, la baisse de l'attractivité des métiers de la PJJ ne semble pas endiguée. Elle découle, au moins autant que de facteurs salariaux, de phénomènes sociologiques de deux ordres :

les moteurs de l'entrée sur le marché du travail semblent avoir évolué, les jeunes diplômés affichant une volonté d'engagement professionnel autour de valeurs fortes qui peut favoriser un poste auprès des mineurs délinquants, mais aussi un souhait d'équilibre entre vie privée et vie professionnelle qui s'accorde mal avec les emplois du temps aléatoires et les horaires « à rallonge » fréquents au sein de la PJJ comme avec l'âpreté du métier d'éducateur ;

- s'agissant des personnels en place, ils développent un sentiment de perte de sens, en particulier dans le secteur public ; les auditions conduites par la rapporteure avec les organisations syndicales ont mis au jour une impression de « crouler sous les écrits et les audiences » au détriment du travail éducatif et du temps passé auprès des jeunes et de leurs familles.


* 9 La DPJJ fait valoir à ce titre que, en 2022, les éducateurs contractuels représentaient 83 % des lauréats du concours sur titre, 72 % des lauréats du concours de troisième voie, 20 % des lauréats du concours externe et 32 % du concours interne.

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