CONCLUSION

En conclusion vos rapporteurs souhaitent faire deux observations.

La première observation est que nous sommes arrivés à un moment critique dans l'évolution de nos armées.

D'un côté, jamais l'effort consenti par la Nation en faveur de l'équipement de ses armées n'aura été aussi important.

De l'autre, l'impression persiste que nos armées manquent toujours de moyens et que l'on doit sans cesse pallier par l'imagination, le manque de ressources.

Pour des raisons budgétaires autant que stratégiques, les cibles initiales des programmes Rafale, FREMM, VBCI, ont été diminuées de façon significative. Or le fait de réduire la cible, de même que celui d'étaler les commandes, entraîne des surcoûts globaux ou accroît le prix unitaire des équipements.

Par ailleurs, le budget de l'Etat doit affronter des charges imprévues, comme dans le cadre du programme A400M, afin de maintenir des programmes dont l'intérêt est stratégique, non seulement pour l'équipement des forces, mais aussi pour la construction de la défense européenne.

En dépit des proclamations de principes, l'impression prévaut que dans certains domaines comme celui de la défense antimissile balistique, les investissements nécessaires ne sont pas effectués pour des raisons budgétaires.

Enfin nous avons du mal à lancer certains programmes - dont le besoin opérationnel pour nos armées, ne font aucun doute, tels les drones, le MRTT.

Quelles sont les raisons de cette situation contrastée ?

Peut être est-ce parce que nous ne savons pas accorder nos ambitions à nos moyens. Peut-on être présent en Afrique, présent en Afghanistan et présent dans beaucoup de pays du monde avec les moyens dont nous disposons ? Soit il faut se donner les moyens de nos ambitions. Soit il faut réduire nos ambitions à nos moyens.

Peut-être, aussi, ne savons-nous pas choisir parmi toutes les fonctions et parmi tous les équipements. Le cas du second porte-avions est de ce point de vue emblématique. Compte tenu des contraintes d'entretien sur ce type de navire, l'expérience montre que pour disposer d'un porte avions en permanence à la mer, il en faut deux. Donc le choix budgétaire du porte-avions, indépendamment de toute appréciation du besoin opérationnel, était entre zéro et deux. Pour l'instant, nous avons choisi de n'en faire qu'un et reporté la décision concernant le second à des temps meilleurs. Mais que fera-t-on du Charles de Gaulle si on choisit de ne pas faire le second porte-avions ? Le vendre ? Le garder ? Et inversement, quels programmes sacrifiera-t-on si on fait le second porte-avions ? Ce type de dilemme ne se pose pas que pour notre pays. Les Britanniques sont confrontées au même problème avec les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. Pour avoir en permanence un SNLE à la mer, il en faut quatre. Cela pour dire qu'en matière d'équipement, les choix de compromis sont souvent les pires.

La seconde observation de vos rapporteurs a trait à l'Europe de la défense.

Nous avons pris l'habitude de penser l'Europe de la défense comme le moyen de faire à plusieurs, ce que nous ne pouvons pas faire tous seuls, c'est à dire compenser les faiblesses budgétaires individuelles de chacun par un effort de tous. Force est de reconnaître que les succès de cette politique ne sont pas probants. Aucun programme majeur de coopération européenne n'a été lancé dans les cinq dernières années.

La grande majorité des Européens soit par atavisme, soit par intérêt, soit par reconnaissance sincère ont en général plus confiance dans le grand allié américain que dans ce qu'ils considèrent une improbable Union européenne de la défense.

L'addition des différents intérêts nationaux ne suffit pas à dégager un intérêt commun européen de nature à permettre la construction d'une Europe de la défense.

Que faire ? La question excède la compétence des rapporteurs du programme 146. Et pourtant, l'Europe de l'armement a plus que jamais besoin d'être construite si nous Européens voulons continuer à être maitres de nos destins. Notre pays a toujours été en pointe dans la construction européenne. Il lui revient donc de jouer un rôle d'incitation en ce domaine.

Au bénéfice de ces réserves et de ces observations, la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat vous recommande d'adopter les crédits de la mission « Défense ».

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