B. ENTRETIEN AVEC M. KHALLI HENNA OULD ERRACHID, PRÉSIDENT DU CONSEIL ROYAL POUR LES AFFAIRES SAHARIENNES (CORCAS) - MERCREDI 15 SEPTEMBRE 2010 À 15 HEURES

M. Khalli Henna OULD ERRACHID, président , a accueilli la délégation en la remerciant de vouloir s'informer sur la situation des provinces du Sud afin d'avoir une opinion étayée.

M. le président a précisé que le CORCAS avait été créé pour élaborer et appliquer le projet d'autonomie des provinces du Sud.

Il a ensuite fait un historique de l'évolution de cette région.

Après l'indépendance, quelques « morceaux » du territoire marocain sont restés sous souveraineté étrangère comme Tanger et le Sahara. Le Maroc a progressivement récupéré entre 1956 et 1963 petit à petit ces territoires sauf le Sahara. M. le président a précisé que si pendant cette période le cas du Sahara avait été posé, il aurait été retourné au Maroc sans problème. En 1975, la situation intérieure marocaine n'a pas permis cette évolution ; par ailleurs, la gauche radicale marocaine y a vu une occasion « d'exister ». Enfin, l'influence du « bloc de l'Est » auquel appartenaient la Libye et l'Algérie a également changé la donne.

De 1976 à 1991, le Maroc a paré au plus pressé tout en répondant aux agressions armées de ses voisins. Ce fût une guerre classique avec armes lourdes ; d'abord de 1976 à 1983 avec la Libye, puis avec l'Algérie jusqu'en 1991. L'écroulement du bloc soviétique a provoqué la fin des hostilités.

De 1991 à 2001, se déroule le processus onusien basé sur l'identification des populations et la volonté d'organiser un référendum. C'était une erreur parce que les provinces du Sud ne représentent que 25 % des terres habitées par les saharaouis. Le reste de la population est répartie entre l'Algérie, le Mali et la Mauritanie.

En 2001, l'ONU renonce à cette solution et M. James BAKER, le nouveau médiateur, propose un projet d'autonomie dont le Roi dit clairement qu'il lui convient (2006).

La raison de cette position est simple : en 1975, le Maroc a raté l'adoption d'une solution interne et il est favorable à cette solution interne qu'est l'autonomie.

Le CORCAS a été créé à cette occasion pour réfléchir au contenu de cette autonomie.

M. le président a détaillé le processus d'élaboration du projet ainsi que ses principales modalités. Les représentants du CORCAS ont d'abord étudié les expériences française, espagnole, belge et américaine en matière d'autonomie locale. Le but de ces consultations était d'aboutir à un système institutionnel mélangeant le système tribal traditionnel et une autonomie moderne. Ainsi, le projet tiendrait compte des revendications et spécificités locales tout en préservant l'unité du royaume.

Le Parlement muni de pouvoirs décisionnels serait composé pour moitié d'élus et pour moitié de représentants des populations sahraouies.

Les pouvoirs dévolus aux institutions locales concerneraient tous les domaines à l'exclusion des affaires étrangères, de la défense, de la religion et de la monnaie.

Cette autonomie laissée aux sahraouis a, selon le président du CORCAS, surpris l'Algérie et le Polisario par son ampleur.

Au-delà de ces questions institutionnelles, le président a indiqué que le CORCAS se préoccupait également des droits de l'Homme et de la liberté d'expression.

Enfin, le président a précisé que le CORCAS avait également pacifié ses relations avec les responsables du Polisario présents sur place.

M. le président a conclu son exposé en notant que l'Algérie ou plutôt ses dirigeants ne voulaient pas résoudre le problème. Il a précisé que le Maroc continuerait dans la voie qu'il s'est tracée qui est la seule possible. C'est d'ailleurs, selon lui, ce qu'ont validé les pays africains et des Caraïbes en se détournant peu à peu de la position défendue par l'Algérie.

Mme Bariza KHIARI, a remercié M. le président de son intervention. Elle a souhaité savoir où se plaçait dans ce projet d'autonomie, l'allégeance ou « beïya » au Roi. La beïya est confirmée tous les ans par les tribus à l'occasion de la fête du Trône. A cette question, un dignitaire religieux de premier plan, Sidi Hamza Quadiri, guide d'une importante confrérie soufie, a répondu qu'en Islam, versets du Coran à l'appui, il n'y a qu'une seule allégeance totale, c'est celle vis-à-vis de Dieu. Par ailleurs, des allégeances subsidiaires accordées aux Califes, Rois et Émirs peuvent également exister. Pour ce qui concerne la question d'une compatibilité entre l'allégeance et une autonomie, elle est possible car l'autonomie est régie par un contrat et dans ce cas, la « beïya » vient légitimer ce contrat. Par conséquence, il a affirmé qu'il n'existait pas d'incompatibilité entre l'allégeance et la proposition d'autonomie renforcée proposée par le Roi.

M. Khalli Henna OULD ERRACHID, président a répondu que la « bayaa » ou allégeance au pouvoir royal était partie prenante de ce projet ainsi que le respect de la position religieuse du Roi.

M. Jean-Pierre PLANCADE, a pris la parole pour indiquer combien il avait senti que cette question était pour le Maroc une cause nationale.

Il a souhaité savoir ce qui empêchait le Maroc d'aller au delà du développement économique et social de ces provinces.

M. le président a répondu qu'au-delà, il s'agissait d'un problème politique qui ne pouvait que se régler autour d'une table de négociation avec un partenaire, l'Algérie.

Mais le président a conclu en soulignant que si tous les pays du monde disposaient d'une armée, seule une armée dans le monde disposait d'un pays, l'Algérie ...

La délégation en compagnie de M. OULD ERRACHID, président du CORCAS

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page