B. LA SÉCURITÉ AUX FRONTIÈRES

1. La lutte contre le djihadisme

Le conflit en Syrie a des répercussions militaires au Liban, en particulier dans les zones frontalières. Le rôle du Hezbollah en Syrie a fragilisé la politique de dissociation souhaitée par l'ancien président de la République en 2012. Des opérations terroristes sont menées régulièrement sur le territoire libanais. 3 % de celui-ci est, d'ailleurs, occupé par des djihadistes. En janvier 2015, les forces de sécurité ont également dû reprendre le contrôle du quartier des djihadistes de la plus importante prison du pays, située à Roumié.

La plaine de la Békaa, région majoritairement chiite à l'Est du pays, a ainsi été, les 27 et 28 mars 2016, le théâtre d'affrontements entre des soldats de l'État islamique et des membres du Front al-Nosra, l'ancienne branche syrienne d'al-Qaïda 20 ( * ) . 18 personnes auraient ainsi été tuées, 10 appartenant à Daech et 8 au Front al-Nosra dans les régions de Ras Baalbeck - localité chrétienne - et de Ersal, ville sunnite frontalière avec la Syrie. La population y est favorable à la rébellion syrienne. La ville accueille également plusieurs dizaines de milliers de réfugiés syriens et des combattants de la rébellion.

La commune avait déjà été le théâtre de violents affrontements à l'été 2014 entre l'armée libanaise et les djihadistes des deux camps. 29 militaires avaient alors été enlevés. Quatre d'entre eux ont été assassinés en captivité, seize ont été libérés le 1 er décembre 2015 par le Front al-Nosra, et neuf autres sont toujours otages de Daech. L'armée y a intensifié ses bombardements depuis cette date. Daech souhaiterait prendre position dans le district du Akkar, région montagneuse au nord du pays, frontalière avec la Syrie. La prise de cette zone permettrait à l'État islamique d'accéder ainsi à la Méditerranée.

Les zones à majorité chrétienne sont également touchées. Le 27 juin 2016, une vague d'attaques kamikazes dans le village de Qaa, près de la frontière syro-libanaise, a tué 5 personnes et blessé 28 autres. Le 31 août dernier, un attentat à la bombe faisait un mort dans la région de Zahlé.

Les centres urbains n'ont pas été épargnés pour autant. Fin octobre 2014, l'armée a ainsi mené un raid à Tripoli au Nord du pays contre des terroristes se réclamant de Daech. Des attentats ont par ailleurs visé les intérêts du Hezbollah et de l'Iran à Beyrouth. Le 12 novembre 2015, l'attentat de Burj El Barajneh a ainsi entraîné la mort de 43 personnes dans la banlieue sud de Beyrouth. Deux attentats suicide avaient auparavant visé la présence iranienne : l'un contre l'ambassade d'Iran au Liban en novembre 2013 et l'autre près du centre culturel iranien en février 2014.

Dans ce contexte, la décision saoudienne de geler son soutien financier aux Forces armées libanaises n'est pas sans susciter d'interrogations au moment où elles sont engagées dans des combats à l'Est du pays contre les djihadistes. Son affaiblissement financier pourrait paradoxalement avoir pour conséquence un renforcement du poids militaire du Hezbollah. L'Iran a, d'ailleurs, proposé ses services en vue d'une aide militaire.

2. La « ligne bleue »

La sécurité de la frontière avec Israël, est toujours supervisée par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), déployée au Sud-Liban le long de la « ligne bleue » depuis 1978. 10 000 hommes composent ses effectifs, répartis sur 2 500 km 2 . Le mandat de la FINUL a été réévalué en août 2006, après la fin des affrontements opposant Israël et le Hezbollah 21 ( * ) . La Force est ainsi notamment chargée de :

• surveiller la cessation des hostilités ;

• faciliter le déploiement des Forces armées libanaises au Sud du pays ;

• aider le gouvernement libanais à sécuriser la frontière et à contrôler l'entrée d'armes sur le territoire.

Le dispositif est en principe transitoire et a vocation à être relayé par les Forces armées libanaises (FAL). Reste que celles-ci sont pour l'heure insuffisantes en nombre pour assurer ces missions et se trouvent concentrées au Nord-Est du pays afin de faire face aux opérations djihadistes. Le Liban ne dispose pas, par ailleurs, de marine ou d'aviation aptes à remplir les objectifs de surveillance de la frontière. Il y a également lieu de s'interroger sur la possibilité pour les FAL de se déployer au Sud-Liban, région où le Hezbollah est très implanté. Dans ces conditions, la FINUL devrait être amenée à poursuivre ses missions à l'avenir.

La France est engagée dans la FINUL à hauteur d'environ 850 hommes. Elle est principalement représentée au sein de la Force Commander Reserve (FCR), unique réserve du théâtre déployable dans toute l'aire d'opérations. La France est le sixième contributeur de la force (derrière l'Indonésie, l'Italie, l'Inde, le Ghana et le Népal) et le deuxième contributeur européen derrière l'Italie.


* 20 Le Front al-Nosra a officiellement rompu avec al-Qaïda le 28 juillet 2016, prenant désormais le nom de Front Fatah-al-Cham. Il entend ainsi se présenter comme un mouvement strictement syrien et se rapprocher des autres groupes de la rébellion syrienne. Cette organisation, toujours considérée comme une structure terroriste, compterait entre 15 000 et 20 000 combattants.

* 21 Résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité des Nations unies du 11 août 2006.

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