M. le président. La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.

M. Philippe Mouiller, président de la commission des affaires sociales. Ce débat nous ramène d’une certaine manière à celui que nous avons eu hier sur l’attractivité des métiers du soin. Mais je crois que la première des difficultés, c’est le nombre.

Or, pour que des étudiants aient envie de suivre ce type de formation, il faut qu’ils soient motivés ; apporter une nouvelle contrainte dès le démarrage de la formation, même si je peux comprendre certains des arguments qui sont avancés, ne va pas vraiment les motiver.

Je le rappelle, pour préparer la proposition de loi de Bruno Retailleau, nous avons auditionné les syndicats d’étudiants et de nombreux jeunes qui s’étaient engagés dans la filière. Ils avaient des inquiétudes, que ce soit sur certains aspects qualitatifs ou sur le type de structures concernées, et nous avons répondu par diverses mesures.

Ils se posaient aussi beaucoup de questions sur les lieux de stage et je crois que nous avions réussi à adopter un texte équilibré : une priorité est donnée aux zones défavorisées. Cela ne permet peut-être pas de couvrir tout le territoire, mais c’est – je le répète – une position équilibrée.

Enfin, chers collègues du groupe Les Républicains ayant cosigné l’amendement n° 43 rectifié bis, nous avons passé de longs mois à rédiger la proposition de loi de Bruno Retailleau, à la faire voter, puis à attendre les textes d’application. Il me semble donc préférable de ne pas remettre en cause le calendrier prévu, à savoir 2026, en modifiant d’ores et déjà les règles du jeu.

Je veux conclure sur une question importante : notre capacité à désigner des maîtres de stage dans les zones défavorisées. Les différents outils dont nous disposons, par exemple les CPTS, doivent être mobilisés pour cela, car c’est aussi l’une des clés pour lutter contre les difficultés d’accès aux soins.

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 57 rectifié bis.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires sociales.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin a lieu.)

M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)

M. le président. Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 14 :

Nombre de votants 342
Nombre de suffrages exprimés 317
Pour l’adoption 99
Contre 218

Le Sénat n’a pas adopté.

Je mets aux voix les amendements identiques nos 43 rectifié bis et 105 rectifié quinquies.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires sociales.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin a lieu.)

M. le président. Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

(Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.)

M. le président. Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 15 :

Nombre de votants 342
Nombre de suffrages exprimés 335
Pour l’adoption 117
Contre 218

Le Sénat n’a pas adopté.

En conséquence, l’article 5 quater demeure supprimé.

Article 5 quater (Supprimé)
Dossier législatif : proposition de loi visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels
Article 5 quinquies

Après l’article 5 quater

M. le président. L’amendement n° 4 rectifié ter, présenté par Mme Sollogoub, M. Guerriau, Mme Noël, M. J.M. Arnaud, Mme Vérien, M. Laugier, Mme N. Goulet, M. Levi, Mme Vermeillet, MM. Delahaye et Rochette, Mme Gatel, MM. Houpert, Bonnecarrère, Chasseing et Capus, Mme Paoli-Gagin, M. Duffourg, Mme Perrot, M. J.P. Vogel, Mme O. Richard, M. Chevalier, Mme Dumont, MM. Henno, Kern et Lemoyne, Mme Herzog, M. Wattebled, Mme Richer, M. Chatillon, Mmes Romagny et Demas, M. Canévet, Mmes Lermytte et Saint-Pé, MM. Lefèvre et Roux, Mmes Jacquemet, Guidez et Nédélec, MM. Menonville et Cadic, Mme Josende, M. Belin, Mme de La Provôté et MM. L. Vogel, Verzelen, Cigolotti et Gremillet, est ainsi libellé :

Après l’article 5 quater (Supprimé)

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le chapitre II du titre III du livre VI de la troisième partie du code de l’éducation est complété par un article L. 632-… ainsi rédigé :

« Art. L. 632-…. Sans préjudice des règles spécifiques prévues par le code de la santé publique et le présent code, les stages rendus obligatoires par les dispositions du présent chapitre peuvent se dérouler sur l’ensemble du territoire français. »

La parole est à Mme Jocelyne Guidez.

Mme Jocelyne Guidez. Cet amendement de Nadia Sollogoub vise à ouvrir les stages obligatoires réalisés au cours du cursus universitaire aux étudiants de facultés dépendant d’une autre académie. En effet, certains territoires peuvent être plus proches géographiquement d’une université dépendant d’une académie qui n’est pas celle de rattachement. Dans ce cas, les étudiants demandent des dérogations pour étudier au plus près de leur domicile, mais leur cursus ne les fait pas revenir sur leur territoire d’origine, où ils ont pourtant des attaches.

Ainsi, les jeunes étudiants en médecine nivernais dépendent de la faculté de Dijon, mais demandent souvent des dérogations pour étudier à Clermont-Ferrand ou à Tours. Ils sont issus d’un territoire terriblement sous-doté qui a cruellement besoin d’eux. Pourtant, les stages, en particulier ceux de fin de cursus, ne leur sont pas ouverts.

Dans le même temps, alors que la Nièvre dispose de nombreux maîtres de stage, les places de stage restent, pour beaucoup, non pourvues. En effet, les étudiants dijonnais rechignent à aller faire un stage dans la Nièvre, département le plus éloigné de la faculté. Il faudrait pouvoir proposer ces stages aux étudiants volontaires, là où ils se trouvent, et ce n’est pas forcément leur faculté de rattachement.

Aussi, le présent amendement vise à permettre aux territoires qui ne sont pas dotés d’universités de proposer des stages aux étudiants où qu’ils soient.

Toutes les études prouvent que les jeunes diplômés choisiront plus facilement de s’installer là où ils ont des attaches. Il est donc essentiel de leur permettre d’y faire leurs stages et d’y nouer des contacts au cours de leur cursus.

Cette disposition permettra de multiplier les opportunités et de favoriser l’installation de professionnels de santé dans les territoires ruraux.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je comprends évidemment l’intention des auteurs de cet amendement, qui vise à répondre à certaines situations dans lesquelles un territoire sous-doté est éloigné de l’université de rattachement et, en conséquence, ne parvient pas à attirer les étudiants.

Toutefois, une telle modification bouleverserait profondément les modalités d’affectation des stages et soulèverait des difficultés opérationnelles : les stages sont aujourd’hui répartis, au début du troisième cycle, par ancienneté et selon le rang de classement ; ils le sont, en fin d’internat, par appariement des classements établis par les étudiants et par les maîtres de stage. Ces modalités de répartition sont difficilement envisageables à l’échelon national.

Des dérogations sont d’ores et déjà possibles, permettant aux étudiants de réaliser des stages hors de leur région de rattachement. Peut-être est-ce plutôt cet outil qu’il faudrait simplifier ; Mme la ministre nous donnera peut-être des informations à cet égard.

La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. La réglementation prévoit déjà la possibilité pour un étudiant de réaliser des stages hors de sa subdivision d’affectation, hors de sa région, dans les collectivités d’outre-mer ou même, sur dérogation, à l’étranger. Cela permet de garantir l’égalité et la diversité des lieux de stage.

Par ailleurs, des contrats entre un CHU et des villes qui n’ont pas d’université sont possibles.

Avec ces deux modalités, il est possible de faire des stages hors de son CHU et de son université d’origine.

Cet amendement nous paraît donc satisfait. Par conséquent, le Gouvernement en demande le retrait ; à défaut, il émettra un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, pour explication de vote.

M. Bruno Belin. J’ai cosigné cet amendement, parce que c’est un véritable enjeu pour les territoires.

On a beaucoup parlé depuis le début de nos débats de la fin du numerus clausus. Mais celui-ci a été remplacé, chacun le sait, par un numerus apertus qui crée de grandes disparités entre les territoires, parce que les universités n’ont ni les mêmes moyens ni le même nombre de places et d’enseignants.

Vous aurez ainsi toujours plus de difficultés à Dijon ou à Clermont-Ferrand que dans les universités parisiennes ou dans celles d’autres grandes métropoles.

Hier, nous avancions des solutions en termes de contrainte ou d’incitation, mais le vrai enjeu pour l’université, c’est d’ouvrir les vannes ! Même si on imposait une contrainte pour les étudiants, elle ne s’appliquerait qu’à ceux qui entrent en première année à partir de maintenant ; nous en verrions donc les résultats en 2033 ou 2034 !

Il faut ouvrir les vannes des universités ; c’est le meilleur moyen pour avoir demain des médecins. Et il faut un rééquilibrage territorial. De ce point de vue, le numerus apertus n’est pas une bonne idée. Il vaudrait mieux donner des moyens suffisants à toutes les universités, à commencer par celles de province et des territoires les plus ruraux.

M. le président. Madame Guidez, l’amendement n° 4 rectifié ter est-il maintenu ?

Mme Jocelyne Guidez. Non, monsieur le président.

Cela dit, puisque la rapporteure comme la ministre nous disent que les outils existent déjà, pourquoi rencontrons-nous un peu partout les mêmes difficultés ? Tout ne se passe pas aussi bien que ce le Gouvernement indique. Il faudrait vraiment, me semble-t-il, convenir qu’il y a un problème.

Pour autant, et en accord avec Nadia Sollogoub, je retire cet amendement.

M. le président. L’amendement n° 4 rectifié ter est retiré.

Article additionnel après l'article 5 quater - Amendement n° 4 rectifié ter
Dossier législatif : proposition de loi visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels
Article 5 sexies (Texte non modifié par la commission)

Article 5 quinquies

Le chapitre III du titre V du livre Ier de la sixième partie du code de la santé publique est complété par un article L. 6153-6 ainsi rédigé :

« Art. L. 6153-6. – L’entité dans laquelle l’étudiant mentionné aux 1° et 2° de l’article L. 6153-1 effectue son stage prend les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et protéger sa santé physique et mentale, dans les conditions prévues à l’article L. 4121-1 du code du travail. » – (Adopté.)

Article 5 quinquies
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Article additionnel après l'article 5 sexies - Amendement n° 140

Article 5 sexies

(Non modifié)

I. – Pour une durée de cinq ans à compter de l’entrée en vigueur de la présente loi, une expérimentation visant à encourager l’orientation des lycéens issus de déserts médicaux vers les études de santé est mise en place par le ministère de l’éducation nationale dans trois académies volontaires.

II. – Dans les académies concernées, les lycées situés dans des zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou concernées par des difficultés dans l’accès aux soins, au sens du 1° de l’article L. 1434-4 du code de la santé publique, proposent une option santé aux élèves des classes de première et de terminale de la voie générale.

III. – Au plus tard un an avant le terme de l’expérimentation, le Gouvernement remet au Parlement un rapport d’évaluation de l’expérimentation afin de déterminer les conditions appropriées pour son éventuelle généralisation.

M. le président. L’amendement n° 152, présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Alinéa 1

Après le mot :

santé

insérer les mots :

notamment d’infirmier

La parole est à Mme Céline Brulin.

Mme Céline Brulin. Cet amendement, comme l’amendement n° 139 que nous examinerons dans quelques instants – je propose d’ailleurs de le présenter dès maintenant – a pour objet d’élargir un peu l’expérimentation qui est envisagée dans l’article. Celle-ci vise à encourager l’orientation des lycéens issus des déserts médicaux vers les études de santé.

L’amendement n° 152 tend à intégrer dans le dispositif les études d’infirmier. À nos yeux, faire passer les étudiants qui se destinent à être infirmiers par Parcoursup a été extrêmement délétère, au point qu’aujourd’hui, le taux d’abandon dans les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) a plus que doublé.

Vous savez tous ce que nous pensons, d’une manière générale, de Parcoursup, mais les effets sont visiblement encore plus délétères s’agissant des études d’infirmiers. L’idée n’est pas forcément de revenir au concours, mais il faut trouver une solution permettant que des jeunes ayant la vocation pour devenir infirmiers ne se retrouvent pas éjectés du processus du fait de l’algorithme de Parcoursup et, à l’inverse, que d’autres n’ayant pas de solution satisfaisante dans Parcoursup se retrouvent étudiants en Ifsi sans vraiment l’avoir choisi.

L’amendement n° 139 va dans le même sens que l’amendement n° 152, mais pour les filières du secteur médico-social. Ce secteur a déjà et aura encore plus dans les années à venir des besoins considérables de recrutement, compte tenu notamment du vieillissement de la population. Il nous semblerait donc souhaitable que l’expérimentation s’applique également à ces filières.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Cet amendement est satisfait, puisque l’article 5 sexies fait référence aux « études de santé », ce qui inclut toutes les professions médicales et paramédicales.

L’expérimentation d’une orientation des lycéens issus de déserts médicaux vers les études de santé peut constituer un levier utile pour lutter contre la progression des déserts médicaux en France. Cette mesure pourrait aussi contribuer à démocratiser l’accès aux études de santé, qui sont parfois, voire souvent perçues comme élitistes.

La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Comme vient de le souligner Mme la rapporteure, l’amendement est satisfait par la rédaction de l’article : le métier d’infirmier étant une profession de santé, il est inclus dans le dispositif.

Je crois qu’il est important d’informer collégiens et lycéens le plus tôt possible sur les métiers de la santé.

En ce qui concerne plus directement le métier d’infirmier, nous avons instauré, avec les Ifsi et les rectorats, les cordées de la réussite. Vingt-cinq Ifsi envoient déjà des représentants dans les lycées et les collèges pour informer les jeunes sur ce métier.

Nous souhaitons développer le plus largement possible cette information très en amont pour éviter les problèmes que nous rencontrons parfois – je dis bien parfois – avec Parcoursup et pour se garder des choix par défaut. Faire des études de santé doit être le véritable choix du jeune.

Nous souhaitons développer ce type d’informations très en amont sur toutes les filières, y compris celles du médico-social. C’est pour cela que j’émettrai un avis défavorable sur l’amendement n° 139 lorsqu’il viendra en discussion.

Le Gouvernement demande le retrait de l’amendement n° 152 ; à défaut, il émettra un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Bruno Belin, pour explication de vote.

M. Bruno Belin. L’amendement de Mme Brulin me semble intéressant : il met bien en avant le fait que Parcoursup est un boulet !

Mme Céline Brulin. Exactement !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Je n’ai pas dit cela !

M. Bruno Belin. On parle ici des études d’infirmier, mais il y a un problème équivalent pour les études en pharmacie : au dernier concours d’entrée en deuxième année, 471 places sont restées vacantes ; nous avons alerté Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, sur le sujet.

Personne aujourd’hui n’est capable d’expliquer à un jeune comment faire pharmacie. Nous manquons déjà d’environ un millier de pharmaciens ; au tournant des années 2030, il en manquera entre 6 000 et 7 000.

Parcoursup est un mauvais point d’entrée pour ces études, et pour les études de santé en général. Nous devons absolument simplifier les choses. C’est pour cela que je trouvais cet amendement intéressant.

Je le répète, Parcoursup est un boulet : prenons-en acte et changeons les choses !

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Je ne peux pas laisser dire que Parcoursup est un boulet. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE-K et Les Républicains.)

M. Bruno Belin. Vous êtes bien la seule !

Mme Émilienne Poumirol. C’est pourtant ainsi que Parcoursup est ressenti !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. En ce qui concerne les études de pharmacie, l’année dernière, 1 200 places étaient vacantes. Des mesures ont donc été prises pour améliorer l’accessibilité et la visibilité de la pharmacie. De fait, cette année, vous l’avez dit, 400 places restent vacantes ; c’est encore beaucoup trop.

M. Bruno Belin. Ce sont donc 1 600 places en deux ans !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Cette situation n’est pas seulement le résultat d’un manque de visibilité sur Parcoursup. Nous allons continuer de travailler pour améliorer les choses, mais cela révèle plus globalement les difficultés d’attractivité des métiers de la santé.

Nous ferons des propositions pour améliorer les choses s’agissant des études d’infirmier. Je vous rappelle que nous travaillons en parallèle sur la réforme du métier.

M. Bruno Belin. Je ne doute pas de votre bonne volonté !

M. le président. Je mets aux voix l’amendement n° 152.

(Lamendement nest pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de trois amendements identiques.

L’amendement n° 68 rectifié est présenté par Mmes Poumirol et Le Houerou, M. Kanner, Mmes Canalès, Conconne et Féret, M. Fichet, Mmes Lubin et Rossignol, M. P. Joly, Mme Narassiguin, M. Ziane, Mme Bonnefoy, M. Mérillou, Mme Blatrix Contat, M. Uzenat et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L’amendement n° 139 est présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.

L’amendement n° 203 est présenté par Mmes Souyris et Poncet Monge, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, MM. Parigi et Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 1

Après le mot :

santé

insérer les mots :

ou les métiers du médico-social

La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour présenter l’amendement n° 68 rectifié.

Mme Annie Le Houerou. Face à la pénurie de personnel qui se fait également sentir dans les établissements médico-sociaux et aux difficultés de recrutement auxquelles les départements sont confrontés, il est important d’encourager l’orientation des lycéens vers ce secteur.

Actuellement, 50 000 postes sont à pourvoir dans les établissements et services des secteurs social, médico-social et sanitaire, public et privé confondus. Si ces besoins ne sont pas nouveaux, ils tendent à s’amplifier : près de 150 000 postes seraient à pourvoir d’ici à 2025, soit près d’un quart des emplois actuels.

De telles tensions touchent toutes les filières et toutes les professions. Elles s’observent particulièrement parmi les professionnels de l’accompagnement et du soin. Les métiers du soin et de l’accompagnement subissent des situations permanentes de sous-effectif. En cause : un manque de reconnaissance des professionnels, la pénibilité du travail, des carrières trop peu attractives, des conditions de travail dégradées, mais aussi une crise de sens plus globale liée à la place accordée à ces métiers dans notre société.

En amont, les formations spécialisées ne font plus le plein. Face à la pénurie de personnel dans les établissements médico-sociaux et devant les difficultés de recrutement, il est important d’encourager l’orientation vers ces secteurs des lycéens, en particulier ceux issus des déserts médicaux, afin de revaloriser ces métiers, qui ont une importance primordiale pour notre société.

Notre amendement tend à répondre à cette urgence.

M. le président. L’amendement n° 139 a déjà été défendu.

La parole est à Mme Anne Souyris, pour présenter l’amendement n° 203.

Mme Anne Souyris. Nous manquons de professionnels de santé, alors que tant de jeunes souhaitent devenir médecins, infirmiers ou aides-soignants, et que tant de vocations peuvent voir le jour si nous mettons les moyens suffisants dans l’orientation.

Il faudra – je le répète – construire une voie d’accès facilitée pour les jeunes qui suivront l’option santé prévue à cet article.

En l’occurrence, excusez-moi, madame la ministre, mais Parcoursup est un boulet ! Il est actuellement très compliqué de choisir une formation d’infirmière ou de kinésithérapeute si vous n’avez pas opté pour la dominante scientifique en terminale. Dans ce cas, vous êtes obligé d’être en réorientation en deuxième année si vous voulez entrer dans une formation de ce type. C’est complètement anormal !

Combien de jeunes sont refusés à la sortie du lycée dans les formations qui n’ont pas de capacités suffisantes ! Quel dommage face à la nécessité de former plus de soignantes et de soignants !

Rappelons que l’accès aux soins est aussi une affaire de professionnels du médico-social. C’est pourquoi je vous propose d’encourager la formation des lycéens dans ces deux domaines, la santé et le médico-social, qui sont indissociables et aussi importants l’un que l’autre.

M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Avis défavorable.

Mme Corinne Imbert, rapporteure. J’y viens, ma chère collègue ; je vous sens impatiente. (Sourires.)

Il y a en fait deux sujets. Dans ces amendements est évoquée la question des métiers du secteur médico-social, alors que la proposition de loi porte sur l’amélioration de l’accès aux soins. C’est donc un peu hors sujet, même si les professionnels du médico-social, par leurs interventions, que ce soit dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou dans les établissements accueillant des personnes handicapées, contribuent naturellement aux soins.

Mais je crois qu’il faut revenir au sens du texte. Celui-ci ouvre une possibilité intéressante : aller parler aux lycéens des métiers de la santé.

Certes, il existe des passerelles entre les métiers de la santé et ceux du médico-social, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes métiers, et je ne crois pas que les métiers du médico-social soient concernés directement par la présente proposition de loi, dont je rappelle tout de même l’intitulé : « améliorer l’accès aux soins ».

Voilà pourquoi la commission est défavorable à ces amendements identiques.

Mme Émilienne Poumirol. C’est tiré par les cheveux !

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Pas plus que votre amendement !

M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Comme je l’ai indiqué lorsque j’ai été sollicitée à propos de l’amendement n° 152, le Gouvernement est également défavorable à ces amendements identiques.

Ainsi que Mme la rapporteure vient de le souligner, nous avons besoin de professionnels dans les deux secteurs, la santé et le médico-social, mais ce ne sont pas les mêmes filières. On ne peut donc pas inclure le médico-social dans l’option santé.

Je confirme que Parcoursup n’est pas un boulet ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Piednoir. Un peu quand même…

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. Nous devons continuer d’améliorer les choses.

Si nous voulons donner envie aux jeunes de choisir ces filières, nous devons améliorer l’information en amont ; j’ai parlé tout à l’heure des cordées de la réussite.

Mais nous souhaitons aussi développer le mentorat, parce qu’il est important de bien accompagner dès le début ceux qui choisissent de telles formations. Le taux d’abandon est aujourd’hui trop élevé : 20 % la première année ! Parfois, ces jeunes sont surpris, lors de leur premier stage, par les réalités du métier.

Je le redis, nous devons accentuer nos efforts en faveur à la fois d’une information très en amont et du développement du mentorat. Et il faut aussi améliorer Parcoursup. C’est ce que le ministère de l’enseignement supérieur est en train de faire.

M. le président. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

M. Daniel Chasseing. Il se peut que ces amendements soient hors sujet, mais le fait est que nous allons rapidement avoir besoin de recruter énormément, en particulier des infirmiers et des aides-soignants, dans les métiers paramédicaux.

Si ces derniers, qui sont pour partie financés par la sécurité sociale, ne sont pas attractifs, c’est notamment parce que les professionnels ne sont pas assez nombreux.

Nous allons alors au-devant de graves problèmes : le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus va doubler d’ici à 2040 ; les besoins d’accompagnement des personnes dépendantes vont donc croître de manière très importante.

C’est pourquoi nous devons former beaucoup d’infirmiers et d’aides-soignants ; c’est un véritable challenge ! Je vous rappelle d’ailleurs que le Président de la République a promis 50 000 emplois dans le secteur du grand âge. C’est seulement à ce prix que nous pourrons prendre en charge de manière décente nos aînés, qu’ils résident en Ehpad ou à domicile.

Il me semble donc important d’aller informer les jeunes dans les lycées sur les métiers du soin et de l’accompagnement.