SEANCE DU 18 NOVEMBRE 2002


M. le président. « Art. 3. - I. - Au 1° de l'article L. 131-10 du code de la sécurité sociale, le pourcentage : "90,77 %" est remplacé par le pourcentage : "84,45 %".
« II. - Au septième alinéa de l'article L. 241-2 du même code, le pourcentage : "8,84 %" est remplacé par le pourcentage : "15,20 %".
« III. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa du III de l'article 41 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 (n° 98-1194 du 23 décembre 1998), le pourcentage : "0,39 %" est remplacé par le pourcentage : "0,35 %".
« IV. - Les dispositions du présent article s'appliquent aux sommes à recevoir à compter du 1er janvier 2003. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 127, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les membres du groupe Communiste Républicain et Citoyen, est ainsi libellé :
« I. - Rédiger ainsi le paragraphe I de cet article :
« I. - Le 1° de l'article L. 131-10 du code de la sécurité sociale est ainsi rédigé :
« 1° Une contribution assise sur le montant net des revenus de capitaux mobiliers, des plus-values, gains en capital et profits réalisés sur les opérations menées sur titres, les opérations menées sur les marchés réglementés et sur les marchés à terme d'instruments financiers et de marchandises, ainsi que sur les marchés d'options négociables est versée par les sociétés, les entreprises et autres personnes morales, assujetties en France à la déclaration de l'impôt sur les sociétés, au titre de l'article 206 du code général des impôts.
« Pour les sociétés placées sous le régime de l'article 223 A du code général des impôts, la contribution est due par la société mère.
« Le taux de cette contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises est fixé à 10 %. La contribution sociale est contrôlée et recouvrée selon les mêmes règles que les cotisations sociales. »
« II. - En conséquence, au paragraphe II de cet article, remplacer le pourcentage : "15,20 %" par le pourcentage : "99,20 %". »
« III. - En conséquence, au III de cet article, remplacer le pourcentage : "0,35 %" par le pourcentage : "0,80 %". »
L'amendement n° 43, présenté par M. Gouteyron, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« I. - A la fin du I de cet article, remplacer le pourcentage : "84,45 %" par le pourcentage : "83,57 %". »
« II. - En conséquence, à la fin du II de cet article, remplacer le pourcentage : "15,20 %" par le pourcentage : "16,08 %". »
La parole est à M. Guy Fischer, pour défendre l'amendement n° 127.
M. Guy Fischer. L'article 3 que nous examinons vise à procéder à une nouvelle affectation des droits de consommation sur les tabacs entre la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés et le FOREC. Il participe ainsi à la clarification des sources de financement de la sécurité sociale, dont le tableau fut plus que brouillé par la création du FOREC.
Au regard des observations développées ci-dessus et de notre opposition ancienne au financement par la sécurité sociale des politiques de l'emploi, notamment des exonérations de cotisations sociales consenties en contrepartie de la RTT, nous ne pouvons qu'être favorables à ce premier pas. Nous envisageons toutefois d'aller plus loin. Tel est le sens de notre amendement.
Nous proposons tout d'abord d'affecter à la Caisse nationale d'assurance maladie la quasi-intégralité du produit des droits de consommation sur les tabacs, démarche qui, en termes de santé publique, est opportune dans la mesure où la consommation de tabac est à l'origine de près de 60 000 décès prématurés par an, dont plus de 31 500 sont consécutifs à des cancers.
Pour atteindre l'objectif annoncé dans le plan « cancer », qui est de diminuer de 20 % le nombre des fumeurs d'ici à 2005, nous devons nous donner les moyens de développer de véritables politiques de prévention, en direction des jeunes et des femmes enceintes notamment. Il convient également de permettre à l'assurance maladie de mieux prendre en charge les substituts nicotiniques.
En conséquence, notre amendement vise à abonder le FOREC en lui affectant le produit de la contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 43.
M. Adrien Gouteyron, rapporteur pour avis. Cet amendement vise à tirer les conséquences de l'augmentation des droits de consommation sur les tabacs votée par l'Assemblée nationale, qui représenterait un montant de recettes supplémentaires de 1,1 milliard d'euros, au lieu de 1 milliard d'euros initialement prévu, soit 100 millions d'euros supplémentaires. On me signale que cette estimation n'est pas certaine, monsieur le ministre, peut-être pourrez-vous nous préciser les chiffres ? Dans sa rédaction initiale, l'article 3 prévoyait de modifier la clef de répartition du produit des droits de consommation sur les tabacs entre la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés, qui devait bénéficier de 700 millions d'euros supplémentaires, et le FOREC, auquel 300 millions d'euros étaient alloués. L'augmentation des droits de consommation sur les tabacs votée par l'Assemblée nationale aurait ainsi pour conséquence d'accroître les recettes du FOREC, alors que les sommes qui lui étaient initialement destinées devaient lui permettre d'équilibrer ses comptes en 2003.
L'amendement tend donc à modifier la clef de répartition du produit des droits de consommation sur les tabacs de telle sorte que les recettes supplémentaires du FOREC soient bel et bien limitées à 300 millions d'euros et que le suplus de recettes soit intégralement alloué à la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés.
L'objectif est simple et si la rédaction de l'amendement n'était pas absolument limpide, j'espère l'avoir éclairée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. L'amendement n° 127 vise à la création d'une nouvelle contribution sur les revenus de placements et de capitaux, ce qui n'étonne, bien entendu, personne.
M. Guy Fischer. Nous sommes logiques avec nous-mêmes !
M. Alain Vasselle, rapporteur. Cette initiative est accompagnée d'une proposition qui serait intéressante si nous acceptions la création de la contribution : M. Fischer suggère de mettre en place une « tuyauterie » qui permettrait de réaffecter à la CNAMTS la quasi-totalité des droits de consommation sur les tabacs, soit un peu plus que ce que le Gouvernement a prévu.
La démarche est intéressante (M. Guy Fischer s'exclame.), mais la manière de procéder l'est moins, et la création d'une taxe supplémentaire n'a pas emporté l'avis favorable de la commission des affaires sociales.
C'est la raison pour laquelle nous préférons nous en tenir à l'initiative prise en ce domaine par le Gouvernement, qui nous indiquera, le moment venu, comment faire évoluer le financement des recettes du FOREC et de la CNAMTS.
L'amendement n° 43 repose sur l'hypothèse que le relèvement du minimum de perception décidé par l'Assemblée nationale sera source de recettes supplémentaires et, pour en tenir compte, vise à retrouver un certain équilibre par le jeu des pourcentages.
Or, selon les informations que nous avons pu recueillir - M. le ministre les confirmera ou les infirmera dans un instant - il semblerait que l'appréciation du produit des recettes était telle, au moment où le projet de loi de financement, a été établi qu'une certaine marge, sinon d'erreur, du moins d'incertitude subsiste. Celle-ci est aujourd'hui balayée par les estimations plus fines qui ont été effectuées depuis : il semblerait que le niveau minimum tel qu'il a été fixé par l'Assemblée nationale ne changerait rien.
C'est la raison pour laquelle il serait peut-être sage, après avoir entendu les précisions que nous donnera M. Mattei, que M. Gouteyron veuille bien retirer son amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-François Mattei, ministre. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 127.
Quant à l'amendement n° 43, il me semble que M. Vasselle vient de développer une partie de l'argumentaire.
Naturellement, je partage vos objectifs et votre raisonnement, monsieur Gouteyron, mais le surplus de recettes que l'on peut attendre d'une augmentation des minima de perception de 106 euros à 108 euros est incertain : il est impossible de prévoir le niveau auquel les industriels fixeront leurs prix, et l'effet de la mesure sur consommation est également difficile à anticiper.
Il a semblé au Gouvernement que, véritablement, augmentant le minimum à 106 euros, nous atteignions la meilleure rentabilité possible. D'ailleurs, pour être logique, je soutiendrai tout à l'heure un amendement de retour à ce minimum de 106 euros. Je serais donc très heureux que vous retiriez votre amendement, monsieur le rapporteur pour avis.
M. le président. Monsieur le rapporteur pour avis, maintenez-vous l'amendement n° 43 ?
M. Adrien Gouteyron, rapporteur pour avis. J'ai moi-même dit dans ma présentation de l'amendement qu'il n'avait de sens que sur la base de l'estimation dont j'ai fait état tout à l'heure. J'ai compris que cette estimation était moins assurée que je ne l'avais pensé initialement, ou même que le Gouvernement l'avait lui-même pensé en un temps. Dans ces conditions, je retire l'amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 43 est retiré.
Je mets aux voix l'amendement n° 127.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 3.

(L'article 3 est adopté.)

Article 4