SEANCE DU 16 JANVIER 2002


M. le président. « Art. 26. - I. - Après l'article L. 2123-20 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2123-20-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2123-20-1. - I. - Lorsque le conseil municipal est renouvelé, la délibération fixant les indemnités de ses membres en application de la présente sous-section intervient dans les trois mois suivant son installation.
« Dans les communes de moins de 1 000 habitants, sous réserve de l'application des II et III de l'article L. 2123-20 et sans préjudice de l'application de l'article L. 2123-22, l'indemnité allouée au maire est fixée au taux maximal prévu par l'article L. 2123-23, sauf si le conseil municipal en décide autrement.
« II. - Sauf décision contraire des membres de la délégation spéciale, les présidents et membres de délégations spéciales faisant fonction d'adjoint perçoivent l'indemnité fixée par délibération du conseil municipal pour le maire et les adjoints. »
« II. - Après l'article L. 3123-15 du même code, il est inséré un article L. 3123-15-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 3123-15-1. - Lorsque le conseil départemental est renouvelé, la délibération fixant les indemnités de ses membres en application de la présente section intervient dans les trois mois suivant son installation. »
« III. - Après l'article L. 4135-15 du même code, il est inséré un article L. 4135-15-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4135-15-1. - Lorsque le conseil régional est renouvelé, la délibération fixant les indemnités de ses membres en application de la présente section intervient dans les trois mois suivant son installation. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 332 rectifié bis , présenté par MM. Delevoye, P. André, Braye, Doligé, Esneu, Ginésy, Goulet, Gournac, Gouteyron, Joyandet, Lassourd, Leclerc, Ostermann, de Richemont, Schosteck, Trillard, Vasselle, Larcher et les membres du groupe du RPR est ainsi libellé :
« I. - Au début du second alinéa du I du texte proposé par le I de l'article 26 pour l'article L. 2123-20-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "Dans les communes de moins de 1 000 habitants,".
« II. - Afin de compenser les pertes de ressources résultant du I, compléter l'article 26 par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - L'accroissement de charges résultant pour les communes de la suppression du seuil de 1 000 habitants dans l'article L. 2123-20-1 du code général des collectivités territoriales est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe ci-dessus sont compensées à due concurrence par la majoration des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 545 rectifié, présenté par MM. Masson, Doligé, Ginésy, Gournac et Lassourd, est ainsi libellé :
« I. - Dans le deuxième alinéa du texte proposé par l'article 26 pour l'article L. 2123-20-1 du code général des collectivités territoriales, remplacer le nombre : "1 000" par le nombre : "3 500". »
« II. - Afin de compenser les pertes de ressources résultant du I ci-dessus, compléter l'article 26 par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - L'accroissement de charges résultant pour les communes du relèvement à 3 500 habitants du plafond mentionné à l'article L. 2123-20-1 du code général des collectivités territoriales est compensé à due concurrence par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe précédent sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Doligé, pour défendre ces deux amendements.
M. Eric Doligé. L'amendement n° 332 rectifié bis concerne l'indemnisation des maires au titre de l'exercice effectif de leurs fonctions. Elle est actuellement soumise à une double limite, puisqu'elle s'inscrit, d'une part, dans le cadre d'un plafond déterminé par la loi et qu'elle nécessite, d'autre part, un accord préalable du conseil municipal.
C'est ce dernier point qui pose problème. En effet, au moment des élections, lorsque se produisent des changements de municipalités, des débats s'engagent au cours desquels, au mépris parfois du réalisme et de la probité, sont mises en cause des personnes qui ne le méritent pas, compte tenu de la disponibilité dont elles font preuve et du temps qu'elles consacrent à leur commune, et elles le méritent d'autant moins que la loi permet de voter un montant d'indemnités pour les élus. Il est donc assez surprenant que nous soyons obligés d'ouvrir des débats après chaque élection, comme si l'élu avait honte, dans certains cas, de demander ce à quoi il a naturellement droit de par la loi.
Il serait donc souhaitable que la fixation au plafond légal de cette rémunération fût automatique pour l'ensemble des collectivités ce qui éviterait, bien entendu, des débats. Il y a peu de communes concernées. Je rappelle qu'il s'agit d'une indemnité. Lorsque des personnes sont appelées à exercer d'autres types de fonctions et qu'on leur propose à ce titre des émoluments, quels qu'ils soient, il est rare qu'elles les refusent ou qu'elles demandent à ne pas les percevoir.
Or, vous le savez tous, dans les communes de petite taille - nos collègues l'ont dit tout à l'heure, notamment M. Vasselle - des maires ou des élus, souvent gênés, n'osent pas demander l'indemnité à laquelle ils ont droit de façon tout à fait naturelle.
De plus, le fait de supprimer les mots : « Dans les communes de moins de 1 000 habitants » mettrait tout le monde à égalité et l'attribution au taux maximal serait automatique.
La question qui se pose est de savoir si, malgré ce type de gage, l'article 40 de la Constitution peut être invoqué. (M. Lassourd acquiesce.) J'ai constaté qu'il l'avait été pour certains amendements comportant le même gage, mais pas pour tous.
Les collectivités devraient pouvoir invoquer un article 40 quand l'Etat veut leur appliquer automatiquement des charges supplémentaires ! Je pense à l'allocation personnalisée d'autonomie, aux 35 heures, etc. (Sourires.) Je ne vois pas pourquoi des augmentations peuvent être systématiquement imposées dans un sens et non dans l'autre, alors qu'elles sont pourtant tout à fait justifiées.
Nous voulons éviter aux élus des débats parfois insoutenables, inadmissibles et qui font honte à la démocratie !
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. Eric Doligé. L'amendement n° 545 rectifié est, bien évidemment, un amendement de repli, qui permettrait d'améliorer un peu la situation dans les communes à faible population.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Sagesse favorable sur l'amendement n° 332 rectifié bis, dont l'adoption rendrait inutile le vote de l'amendement n° 545 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. J'ai souvent exprimé un avis de « sagesse », mais cela implique d'être raisonnable ! Je pense en particulier à M. Schosteck, qui veut être très économe dans sa commune (M. Schosteck acquiesce) et que l'on est peut-être en train de pousser à la dépense ! Je ne voudrais le mettre en difficulté ! (Sourires.)
M. Jean-Pierre Schosteck. Merci !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 332 rectifié bis vise à faciliter l'attribution effective d'indemnités aux maires des communes rurales les moins peuplées, qui semblent parfois y renoncer soit en raison du poids que représentent ces indemnités sur les finances communales, soit, le plus souvent, en raison de considérations personnelles qui tiennent à la sociologie de ces communes.
Le projet de loi rend automatique l'octroi de ces indemnités au taux maximal dès lors que le conseil municipal ne s'y oppose pas. Cet amendement vise à rendre cette mesure applicable à l'ensemble des communes, alors que le Gouvernement fixe le seuil à 1 000 habitants. Une telle extension donne à cette disposition une portée générale et excessive que rien, je crois, ne justifie. C'est pourquoi le Gouvernement y est défavorable.
L'amendement n° 545 rectifié vise à rendre cette même disposition applicable aux maires de toutes les communes de moins de 3 500 habitants. Bien que de portée moins générale que l'amendement n° 332 rectifié bis, le Gouvernement ne peut y être favorable, car il souhaite réserver cette possibilité aux maires des plus petites communes.
Quant à l'article 40, reconnaissez monsieur Doligé, qu'il n'a pas été invoqué dans ce débat. Alors, ne me poussez pas !
M. Eric Doligé. M. Charasse n'est plus là !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 332 rectifié bis.
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Je regrette beaucoup la position de M. le ministre sur l'amendement n° 332 rectifié bis, et peut-être davantage encore sur l'amendement de repli n° 545 rectifié.
Dans l'exposé des motifs du premier figure une phrase caractéristique que tous les maires connaissent bien : « Nombre de maires, animés par un sentiment de pudeur, choisissent un niveau très modéré pour le calcul de leur indemnité. »
Et cela est vrai ! Des maires ont en effet très souvent, par pudeur, des réticences à demander des indemnités, alors que le fait d'avoir assumé cette fonction de maire a quelquefois bouleversé profondément leur situation financière. Alors, aidons-les !
La mesure proposée dans l'amendement n° 545 rectifié, qui vise à accorder, sauf délibération contraire du conseil muncipal, l'indemnité maximale aux maires de toutes les communes de moins de 3 500 habitants, me paraît convenable et constituerait une solution de repli, d'autant que, au-dessus de 3 500 habitants, il y a un scrutin de liste, lequel n'existe pas en dessous de ce seuil.
Je voterai néanmoins l'amendement n° 332 rectifié bis.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 332 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 545 rectifié n'a plus d'objet.
L'amendement n° 73, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Compléter le texte proposé par le I de l'article 26 pour l'article L. 2123-20-1 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute délibération du conseil municipal concernant les indemnités de fonction d'un ou de plusieurs de ses membres est accompagnée d'un tableau annexe récapitulant l'ensemble des indemnités allouées aux membres du conseil muncipal. »
L'amendement n° 74, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Compléter le texte proposé par le II de l'article 26 pour l'article L. 3123-15-1 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute délibération du conseil général concernant les indemnités de fonction d'un ou de plusieurs de ses membres est accompagnée d'un tableau annexe récapitulant l'ensemble des indemnités allouées aux membres du conseil général. »
L'amendement n° 75, présenté par M. Hoeffel au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Compléter le texte proposé par le III de l'article 26 pour l'article L. 4135-15-1 du code général des collectivités territoriales par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute délibération du conseil régional concernant les indemnités de fonction d'un ou de plusieurs de ses membres est accompagnée d'un tableau annexe récapitulant l'ensemble des indemnités allouées aux membres du conseil régional. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre ces trois amendements.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit de trois amendements similaires concernant les échelons municipal, départemental et régional.
Les délibérations sur les indemnités de fonction seraient, dans un souci de transparence, accompagnées d'un tableau récapitulant l'ensemble des indemnités allouées aux membres de l'assemblée.
Nous reprenons purement et simplement une mesure déjà votée voilà un an dans le cadre des dispositions sur le statut de l'élu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Avis favorable sur les trois amendements.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 73, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 74, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 75, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 26, modifié.

(L'article 26 est adopté.)

Article 27