SEANCE DU 7 DECEMBRE 2001


La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Philippe Adnot, rapporteur spécial. Monsieur le ministre, finalement, dans ce genre d'échange, ce sont quelquefois les non-réponses qui sont intéressantes. Nous sommes trois rapporteurs et nous vous avons posé trois fois la question : qu'en est-il de ce qui vient de se passer à l'Assemblée nationale ? Quelles sont les conséquences du texte proposé par M. Emmanuelli ? Que va-t-il advenir des redevances ? L'Etat fera-t-il main basse sur leur produit ? Pouvez-vous nous garantir que les sommes jusqu'à présent affectées aux agences le resteront ?
Il est remarquable que vous n'ayez pas trouvé un seul mot pour nous répondre. J'en déduis que, ne pouvant prendre d'engagement, vous êtes bien embarrassé.
Je souhaite expliquer la raison pour laquelle nous allons, bien sûr, voter contre l'adoption de ces crédits. Tout à l'heure, vous avez parlé, monsieur le ministre, des inondations et de l'attitude du préfet Duport. Les crédits destinés à la protection des lieux habités contre les inondations passent de près de 12 millions d'euros à 3,3 millions d'euros dans votre budget. C'est explicite !
M. Jean-Philippe Lachenaud. Très bien ! Ce sont des sommes ridicules !
M. le président. La parole est à M. Bizet, rapporteur pour avis.
M. Jean Bizet, rapporteur pour avis. Je voudrais souligner à mon tour le fait que nous n'avons pas obtenu de réponse à la question fondamentale posée par l'amendement présenté à l'Assemblée nationale par M. Emmanuelli dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2001. Les implications juridiques des mesures proposées sur les bases de financement des agences sont très importantes : elles risquent de vider de sens la nouvelle loi sur l'eau.
Par ailleurs, je souhaite revenir sur les propos que vous avez tenus tout à l'heure relatifs à l'agriculture raisonnée, monsieur le ministre. Je suis surpris, car cela a fait l'objet, récemment, d'un vote au Parlement lors de la discussion du projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques. Au travers de la modification de l'article 643, me semble-t-il, du code rural, une définition très précise de l'agriculture raisonnée a été donnée. Nous attendons tous la publication d'un décret d'application. Sur le plan européen, un consensus semble se dessiner à propos de l'agriculture raisonnée. Faut-il en déduire que la publication de ce décret est loin de faire l'unanimité au sein de la majorité plurielle et que vous n'êtes pas en phase sur ce point avec le ministre de l'agriculture ?
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur Adnot, en ce qui concerne les crédits consacrés aux inondations, si l'on tient compte des dépenses ordinaires et des autorisations de programmes, les crédits sont stables. Contrairement à ce que vous avez affirmé, ils ne sont pas divisés par quatre. Voilà une première réponse très précise.
S'agissant de l'amendement présenté par M. Emmanuelli, il faut examiner plus attentivement les bases juridiques et constitutionnelles, d'une certaine façon, sur lesquelles il repose. Les juristes du ministère travaillent sur ce sujet.
D'un point de vue strictement politique et juridique, il n'y a pas de contradiction entre cet amendement et la possibilité, lors de l'examen du projet de loi sur l'eau, le 8 janvier prochain, de modifier le mécanisme de la redevance. Cet amendement traduit simplement une crainte de M. Emmanuelli, car, depuis plusieurs années, des impôts de toute nature étaient prélevés, pour des sommes de l'ordre de 13 à 14 milliards de francs par an, sans que la représentation nationale en soit saisie. Il lui a donc paru légitime que le Parlement puisse en débattre. Mais, dans un impôt, il y a l'assiette, le taux, le mode de recouvrement. Sur quoi doit porter la discussion ? C'est peut-être sous cet angle qu'il faut appréhender l'amendement de M. Emmanuelli.
Pour ma part, je n'éprouve pas de crainte particulière, ni politique ni juridique, quant à une contradiction entre l'amendement de M. Emmanuelli et la prochaine loi sur l'eau. Le projet de loi sur l'eau va être examiné par le Parlement. Un amendement aura été voté et la nouvelle loi déterminera de nouvelles ressources pour les agences sous la forme de redevances qui seront modifiées.
S'agissant de l'agriculture raisonnée, mon inquiétude ne porte pas sur le fait qu'elle soit meilleure que l'agriculture que j'appelle « productiviste ».
M. Jean Bizet, rapporteur pour avis. Conventionnelle !
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Nous avons chacun nos qualificatifs ! Simplement, je ne voudrais pas qu'il y ait un dévoiement et que, par des étiquettes non normalisées, des distributeurs prétendent qu'il s'agit de produits issus de l'agriculture raisonnée. S'agit-il d'un nouveau label, d'une appellation d'origine contrôlée, d'une garantie de qualité, d'une traçabilité ?
Bien évidemment, je connais les projets - j'en ai discuté avec la FNSEA ou avec les « Jeunes agriculteurs », comme ils s'appellent maintenant -, même si je suis encore plus volontariste et ambitieux pour l'agriculture. D'ailleurs, avec M. Glavany - vous voyez que nous nous entendons très bien ! - nous avons créé, voilà environ un mois, avec la profession, l'« Agence-bio », pour promouvoir les méthodes agricoles biologiques en France, qui sont actuellement pratiquées par 2 % à peine des agriculteurs, avec une volonté de passer très rapidement à 5 %.
M. Jean Bizet, rapporteur pour avis. Il ne faut pas oublier les 95 % ou 98 % restants, monsieur le ministre !
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. On ne les oublie pas ! Comme vous le savez, ils sont soutenus par les pouvoirs publics depuis une quarantaine d'années, monsieur le rapporteur pour avis !
M. le président. Je mets aux voix les crédits figurant au titre IV.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)

ÉTAT C

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 49 303 000 euros ;
« Crédits de paiement : 18 050 000 euros. »
Je mets aux voix les crédits figurant au titre V.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)
M. le président. « Titre VI. - Autorisations de programme : 373 863 000 euros ;
« Crédits de paiement : 95 621 000 euros. »
Je mets aux voix les crédits figurant au titre VI.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)