SEANCE DU 4 DECEMBRE 2000


M. le président. Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi concernant les services du Premier ministre : II. - Secrétariat général de la défense nationale.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Michel Moreigne, rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, avec 193 millions de francs, la hausse de 23 % des crédits du secrétariat général de la défense nationale, le SGDN, pour 2001 confirme la relance de ses moyens et activités entreprise en 2000, avec une première augmentation de 20 % venant après plusieurs années de diminutions.
Les dépenses ordinaires progressent de 19 %, principalement pour la direction centrale de la sécurité des systèmes d'information, mais également pour la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre.
Je me félicite que les priorités majeures constituées par ces missions voient leurs moyens renforcés.
Vingt-six postes budgétaires sont créés, portant l'effectif budgétaire à 267 emplois. Mais, compte tenu des diverses mises à disposition, c'est la gestion de 500 personnes que la direction de l'administration générale assure, à comparer aux 503 emplois budgétaires recensés en 1996, avant la réforme du SGDN.
Pour les dépenses en capital, les crédits de paiement évoluent de 39,4 %, notamment à destination du programme civil de défense, qui est désormais relancé.
Pour en terminer avec cette présentation chiffrée, je vous rappelle que la totalité de l'effort budgétaire consacré par l'ensemble des ministères civils à la défense civile de la nation est récapitulé dans un « jaune budgétaire ». En 2001, il reste stable, à 8,8 milliards de francs, 72,5 % de ce total étant fournis par le ministère de l'intérieur, dont 32 000 agents participent à cette action.
Le rôle du SGDN, instrument privilégié du Premier ministre également mis à la disposition de la présidence de la République, est maintenant conforté par ses nouveaux moyens et par les appels renouvelés à ses compétences.
Recentré sur ses missions et attributions autour de cinq directions, le secrétariat général oriente son activité prioritaire vers des tâches de conception et d'impulsion. Des équipes « à la demande » ont été constituées, à l'instar des cellules pour la crise du Kosovo ou pour le passage à l'an 2000.
L'Institut des hautes études de la défense nationale continue de dépendre, pour l'essentiel, de moyens d'autres administrations. Je souhaite que la réintégration de ces crédits dans son budget permette au SGDN d'amorcer un recentrage et une clarification des moyens de l'Institut, voire d'améliorer la coordination des enseignements de défense.
J'apprécie que les crédits destinés au comité interministériel du renseignement soient désormais identifiés, d'autant que ses fonctions de synthèse, d'évaluation et de mise en valeur du renseignement dans le processus de décision politique ont été confirmées. Je me demande toutefois s'il n'est pas souhaitable que le rôle du SGDN dans la coordination du renseignement soit encore davantage affirmé.
Les missions du SGDN recouvrent aussi la coordination de la protection des populations. Si le risque de guerre stratégique nucléaire s'éloigne, la nation doit maintenant s'inquiéter de « nouvelles menaces ». Il convient d'en tirer les conséquences en termes d'efficacité sur le plan de la prévention comme sur le plan de l'intervention. Dans cette optique, les risques nucléaires, biologiques et chimiques doivent faire l'objet d'une attention particulière.
La vulnérabilité des systèmes informatiques doit également être prise en considération. Le Gouvernement le fait puisqu'il proposera, pour leur sécurisation, d'importants investissements interministériels dans le prochain collectif pour 2000, investissements qui ne pourront toutefois être mis en oeuvre avant 2001. Si je salue cette initiative sur le fond, j'estime que la procédure budgétaire utilisée doit rester exceptionnelle.
Cependant, les craintes liées au passage à l'an 2000 sont apparues peu justifiées au regard d'événements catastrophiques comme ceux qui ont frappé la France dans cette période, même si les mesures de veille prises à cette occasion ont pu être bénéfiques pour la gestion de ces crises.
Ainsi sont apparus, d'une part, la faiblesse de nos procédures d'urgence dans le cas de catastrophe étendue à une grande partie du territoire, et, d'autre part, le fait que les services de proximité se révèlent souvent mieux organisés et plus efficaces que les services nationaux.
Dans l'attente du rapport de l'inspecteur général Gilles Sanson sur l'évaluation des dispositifs mis en oeuvre lors des tempêtes, on peut s'interroger sur la relative absence de prévision, donc d'alerte aux populations, et aussi sur l'incompatibilité entre certains matériels civils et militaires. Il convient donc de réactualiser et, peut-être, de redéfinir notre politique civile de défense, ce pour quoi le SGDN peut et doit être un instrument majeur.
Pour cela, ses moyens doivent être d'autant plus à la hauteur de l'importance de ses missions qu'ils resteront modestes au regard de la masse budgétaire correspondant à ses domaines d'intervention.
Toutefois, prenant en compte l'effort budgétaire dont il bénéficie pour la deuxième année consécutive, la commission des finances, suivant la proposition de son rapporteur spécial, vous propose, mes chers collègues, d'adopter les crédits du secrétariat général de la défense nationale. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. J'indique au Sénat que la conférence des présidents a fixé à cinq minutes le temps de parole dont chaque groupe dispose pour cette discussion.
Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, comment ne pas se féliciter de l'augmentation des crédits alloués au secrétariat général de la défense nationale ? Ils sont en hausse de 24 % par rapport aux crédits votés pour 2000 et ils répondent, notamment, aux nouveaux risques liés à la société de l'information.
Cette augmentation, qui succède à celle de 1999, met fin aux diminutions importantes des années précédentes, dues en partie à une réforme entreprise en 1995. A cet effet, 26 postes seront créés en 2001, portant ainsi l'effectif du Secrétariat de 241 à 267 personnes.
Le renforcement de sa mission première de coordination interministérielle dans le domaine de la défense et de la sécurité montre la volonté du Gouvernement de réaffirmer le rôle du SGDN.
Cela est confirmé tant par les nouveaux moyens mis à sa disposition que par les appels renouvelés à sa compétence, à l'instar des fonctions de synthèse, d'évaluation et de mise en valeur du renseignement qu'il remplit. Je me félicite, à cette occasion, comme le rapporteur spécial, M. Michel Moreigne, que les crédits destinés au comité interministériel du renseignement, le CIR, soient désormais identifiés.
Instrument privilégié du Gouvernement pour l'exercice de ses responsabilités, le SGDN est également conduit à travailler en liaison étroite avec la présidence de la République. A ce double titre, c'est un moyen essentiel de notre stratégie de défense.
Particulièrement soucieux du développement des « nouvelles menaces » qui pèsent sur la France, il apparaît que le SGDN, sous l'impulsion de M. Jean-Claude Mallet, a su s'adapter et anticiper. Je voudrais mentionner particulièrement son implication dans l'élaboration d'un programme de défense civile, un chantier où beaucoup reste à faire et où il y avait une certaine urgence.
Cette année, l'accent est mis sur les risques d'intrusion informatique de plus en plus importants. Le SGDN doit poursuivre son rôle d'identification et de surveillance des risques affectant la sécurité des systèmes d'information.
Enfin, je voudrais souligner l'importance du SGDN dans le cadre des travaux sur l'Europe de la défense. Le secrétariat coordonne la réflexion interministérielle sur les projets européens et internationaux qui concernent l'harmonisation des règles. Il met en cohérence notre politique d'accords de sécurité avec notre politique de coopération de défense, conformément à son rôle d'autorité nationale de sécurité. La direction des affaires internationales et stratégiques s'est investie dans de nombreuses missions liées aux échéances et aux crises internationales.
Ainsi, lors du conflit du Kosovo, ses capacités d'évaluation et de mise en valeur du renseignement dans le processus de décision se sont confirmées. Plus largement, je profite de l'occasion pour rendre hommage à tous les personnels du SGDN leurs compétences et leur dévouement sont unanimement appréciés.
Afin que les efforts engagés par le Gouvernement pour redonner au SGDN les moyens de remplir ses missions soient poursuivis, je voterai ce projet de budget. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le président, monsieur le rapporteur spécial, mesdames, messieurs les sénateurs, je souhaite remercier, tout d'abord, M. Michel Moreigne de la qualité de son rapport.
Instrument de coordination interministérielle en matière de défense et de sécurité, le secrétariat général de la défense nationale bénéficiera en effet, en 2001, d'une nouvelle impulsion, dans le prolongement de l'effort déjà réalisé par le Gouvernement en 2000 et que M. Moreigne a bien voulu souligner et saluer.
Ce budget du secrétariat général de la défense nationale qui vous est présenté s'élèvera ainsi à 193,12 millions de francs, soit une progression de 23 %. Ce chiffre, il convient de le préciser, inclut la subvention de l'Etat à l'Institut des hautes études de la défense nationale. Compte tenu des différentes mesures de consolidation d'emplois et de transformation, l'effectif budgétaire du SGDN s'établira, en 2001, à un total de 267 agents, enregistrant une progression de 26 postes.
Depuis deux ans, le SGDN a tout à la fois recentré ses missions sur l'animation interministérielle et développé les efforts dans les domaines prioritaires de l'action du Gouvernement. Ces efforts connaissent une traduction budgétaire concentrée dans trois secteurs principaux : d'abord, la sécurisation des systèmes d'information de l'administration et des services publics ; ensuite, la coordination des moyens civils ou militaires en matière de défense et de sécurité ; enfin, la surveillance et le contrôle des exportations de matériels de guerre.
Le programme d'action pour la société de l'information, développé sous l'impulsion du Premier ministre, comporte désormais un important volet en matière de sécurité, dans lequel le SGDN joue un rôle central.
Un directeur chargé de la sécurité des systèmes d'information a été nommé en conseil des ministres, en mars dernier. Il doit mettre en place un instrument moderne et efficace, qui partagera son action entre des activités d'agrément et de caution de produits de sécurité informatique, d'aide et d'intervention au bénéfice des administrations, et de recherche dans les domaines scientifiques et techniques de la sécurité des systèmes d'information.
Parmi ses missions opérationnelles, cette direction accueille en son sein le centre d'alerte et de riposte aux attaques informatiques, qui a commencé à fonctionner lors du passage à l'an 2000.
La direction centrale de la sécurité des systèmes d'information verra, dans le budget pour 2001, son effectif augmenter de près d'une vingtaine de postes d'ingénieur et de technicien, cette augmentation faisant suite à un effort engagé dans la loi de finances de 2000.
D'autres postes sont également ouverts au titre du contrôle des exportations de matériels de guerre. En effet, il s'agit d'un enjeu majeur pour le Gouvernement, qui veille à l'application rigoureuse de la réglementation dans le cadre d'une politique cohérente avec nos engagements européens et internationaux.
Le troisième trait saillant de ce projet de budget est la poursuite du renforcement du programme civil de défense, comme ont bien voulu le souligner M. le rapporteur spécial et M. Delfau. Dans le prolongement des décisions qui avaient été prises pour le budget de 2000, ce programme est centré sur deux objectifs : la sécurisation des transmissions gouvernementales, d'une part, les mesures de prévention et de lutte contre les actes de terrorisme nucléaire, radiologique, bactériologique ou chimique, d'autre part.
Ses crédits sont portés en 2001 à 25 millions de francs, contre 17 millions de francs en 2000. Cet ensemble doit permettre une progression significative de la mise en place de moyens cohérents de gestion de crise sur notre territoire.
Au total, ce projet de budget pour 2001 s'inscrit dans la continuité de l'effort qui a été entrepris en 2000 et traduit la priorité que le Gouvernement accorde à l'amélioration de la prise en compte interministérielle des questions de défense et de sécurité, à la lutte contre les risques nouveaux liés à la société de l'information et au renforcement de la cohérence des politiques publiques en matière de défense et de sécurité. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen. - M. Delfau applaudit également.)
M. le président. Nous allons procéder à l'examen et au vote des crédits concernant le secrétariat général de la défense nationale et figurant aux états B et C.

ÉTAT B

M. le président. « Titre III : 25 400 329 francs. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les crédits figurant au titre III.

(Ces crédits sont adoptés.)

ÉTAT C

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 42 000 000 francs ;
« Crédits de paiement : 21 000 000 francs. » Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les crédits figurant au titre V.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant le secrétariat général de la défense nationale.

III. - CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL