SEANCE DU 9 NOVEMBRE 2000


M. le président. La parole est à M. Mouly.
M. Georges Mouly. Le 8 juin 1999, en réponse à une question orale, le membre du Gouvernement présent me disait au sujet de quelques points non abordés dans son propos : « des réponses précises vous parviendront dans les jours qui viennent ».
Le 20 octobre 1999, je venais aux nouvelles, après deux courriers restés eux-mêmes sans réponse, des 22 juin et 17 juillet.
Le 7 février de cette année, à l'occasion d'une intervention sur un autre sujet, je rappelais à ce même membre du Gouvernement mes différentes démarches.
J'en suis toujours au même point : 8 juin 1999 - 9 novembre 2000.
Le 4 avril de cette année, en réponse à une question orale, le ministre concerné commençait en ces termes sa réponse : « Monsieur le sénateur, sur certaines questions que vous m'avez posées, je m'engage à vous répondre précisément par courrier. »
Sans nouvelles le 14 mai, je me permettais de rappeler cet engagement. Je reçus une réponse en date du 22 juin signée du chef de cabinet : « Soyez assuré que le ministre a pris connaissance avec attention de votre intervention et qu'il ne manquera pas de vous apporter prochainement toute précision complémentaire à ce sujet. » A ce jour, rien !
Je veux bien admettre à la rigueur que l'afflux de questions écrites rend difficile le strict respect des délais prévus par les règlements des assemblées... encore qu'il soit difficile d'admettre que ce délai dépasse parfois le semestre. Mais là n'est pas l'objet de mon observation. Il s'agit plus précisément d'engagements pris spontanément, publiquement, officiellement, par des ministres, dans le plein exercice de leurs fonctions. Or, de ce point de vue, de qui peut-on attendre le respect d'un engagement sur des points précis si ce n'est de membres du Gouvernement de la République ?
Autre expérience que je veux croire « exceptionnelle » - je pèse mes mots - mais que j'ai vécue : l'inégalité de traitement, toujours à propos de questions posées et de réponses données, tenant à l'appartenance politique de l'intervenant.
C'est ainsi qu'une question posée un mardi reçut ce que l'on peut appeler une « réponse d'attente » - mais cela peut parfaitement se concevoir. Or, le lendemain, mercredi, j'apprenais, à la lecture de la presse locale de mon département, qu'une décision concrète et chiffrée avait été prise sur ce même sujet et communiquée le lundi - donc la veille du mardi - à un élu de la majorité.
M. Alain Lambert. Ce n'est pas convenable !
M. Alain Gournac. Ce n'est pas républicain !
M. Georges Mouly. J'ai adressé au ministre un courrier dans lequel je reconnaissais que, il est vrai, l'essentiel est que les problèmes posés reçoivent des solutions, mais qu'il n'est sans doute pas déshonorant que l'on en informe celui qui a posé la question le premier et qu'en tout cas cela n'enlève rien aux mérites de ceux qui, ayant le pouvoir, prennent les décisions.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !
M. Georges Mouly. J'en viens à la conclusion, monsieur le président, encore que j'aurais eu d'autres précisions à apporter.
Ma démarche et ma demande sont de nature modeste, puisque je souhaite simplement que soient tenus les engagements pris ou apportées en toute objectivité les réponses.
M. le président. Vous avez largement dépassé votre temps de parole, mon cher collègue !
M. Georges Mouly. Je soulève ce problème parce que je pense que c'est cela aussi le bon fonctionnement de nos institutions, qui doit être fondé sur un minimum de confiance entre Gouvernement et élus de la nation, à tout le moins sur une totale considération du premier pour les seconds. (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Je ne peux que partager votre opinion sur les deux points que vous avez soulevés, monsieur le sénateur.
Tout d'abord, la procédure des questions est importante, car elle constitue un élément d'information des sénateurs et de l'opinion, et permet, en outre, de faire remonter les préoccupations de nos concitoyens. Elle est donc l'un des facteurs du dialogue nécessaire entre le législatif et l'exécutif.
M. Alain Gournac. Et du contrôle !
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Et du contrôle également ! Le dialogue signifie, bien sûr, contrôle et information ; cela participe de l'équilibre des pouvoirs dans une démocratie.
Vous avez signalé quelques faits. Les ministres ne peuvent parfois pas répondre exhaustivement aux questions orales ; ils s'engagent donc à donner des réponses plus complètes par écrit ultérieurement. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Je signifierai aux ministres cette nécessité de répondre à temps aux questions des parlementaires.
De même, c'est vrai, nous enregistrons des retards dans les réponses aux questions écrites des parlementaires. Ces retards ne sont pas excusables quand ils atteignent, comme vous l'avez indiqué, plusieurs mois, malgré la transformation des questions qui sont restées sans réponse au terme d'un délai de deux mois.
Je dois dire aussi qu'il ne doit pas y avoir de discrimination politique entre les auteurs des questions. Le rôle du ministre chargé des relations avec le Parlement est d'ailleurs d'être le ministre des relations avec tous les parlementaires, quelles que soient leurs tendances politiques, je vous le confirme. Votre vigilance me permettra de rappeler ce principe à tous mes collègues du Gouvernement. (Applaudissements sur l'ensemble des travées.)

MESURES CONTRE LE DÉVELOPPEMENT
DE L'ÉPIDÉMIE DE « VACHE FOLLE »