SEANCE DU 10 OCTOBRE 2000


M. le président. La parole est à M. Hoeffel, auteur de la question n° 874, adressée à Mme le ministre de la culture et de la communication.
M. Daniel Hoeffel. Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'importance des vols d'objets d'art commis aux dépens des collections publiques et sur l'explosion des trafics alimentés par les vols, souvent accompagnés de déprédations, organisés aux dépens d'un patrimoine d'autant plus précieux qu'il est le témoin de l'histoire, d'une histoire malmenée en Europe tout au long de ce siècle.
L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté à l'unanimité la recommandation 1372 demandant aux Etats membres du Conseil de l'Europe de ratifier la convention d'Unidroit, qui impose à l'acquéreur d'un objet d'art un minimum de diligence pour s'assurer de la régularité de son achat et bénéficier ainsi de la présomption de bonne foi.
Ne serait-il pas opportun que la France prenne l'initiative de la ratification de cette convention et invite non seulement ses partenaires de l'Union européenne, mais aussi les autres Etats membres du Conseil de l'Europe à la ratifier ?
Nos concitoyens ne s'attacheront durablement à l'Europe que si la disparition des frontières s'accompagne d'un renforcement du respect des cultures et de l'amélioration de la sécurité des objets d'art qui en sont les témoins. Cette orientation a inspiré précisément le pacte contre la criminalité organisée, récemment adopté par les pays de l'Union européenne et les onze pays candidats.
Ne pensez-vous pas, madame la ministre, qu'une large ratification de la convention d'Unidroit compléterait cet effort nécessaire en rendant plus difficile la revente d'objets arrachés au patrimoine des différentes nations européennes ?
M. le président. La parole est à Mme le minsitre.
Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. Sachez, monsieur le sénateur, que le ministère de la culture et de la communication partage votre préoccupation.
Je tiens à ce titre à vous informer que la procédure de ratification de la convention d'Unidroit du 24 juin 1995 sur les biens culturels volés ou illicitement exportés est sur le point d'aboutir. Il est en effet envisagé le dépôt au Parlement du projet de loi autorisant la ratification de la convention précitée, avant la fin de l'année 2000.
En outre, la ratification par la France de cet instrument international doit permettre au gouvernement français d'inciter ceux des Etats membres de l'Union européenne qui n'ont pas à ce jour adhéré ou ratifié la convention d'Unidroit à le faire. Comme il a été indiqué en plusieurs occasions, l'efficacité du dispositif de protection des biens culturels prévu par la convention dépend d'une mise en oeuvre harmonisée par l'ensemble des pays concernés, notamment par les pays européens.
Je rappelle que la convention d'Unidroit n'est pas le seul moyen de lutte contre le trafic des biens culturels. Des mesures de renforcement de la sécurité des musées nationaux ont ainsi été prises, tant sur le plan des accès des édifices que de la protection des oeuvres elles-mêmes.
Enfin, le Gouvernement entend réaffirmer sa volonté de voir préservée l'identité culturelle des nations. Cela implique que leur patrimoine puisse être conservé et protégé contre toute atteinte et que les règles de prudence reconnues à l'échelon international soient respectées par tous les intervenants du marché de l'art.
Dans cette optique, la France s'associe en particulier au développement de l'école du patrimoine africain, située à Porto-Novo au Bénin, institution qui a la charge de la formation des personnels des musées nationaux des Etats africains. Ce programme illustre la politique de coopération et d'échange que la France souhaite voir se développer au plan international dans le domaine de la protection des biens culturels.
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Madame la ministre, j'avais déjà appelé l'attention du Gouvernement sur ce point en 1998 et 1999, et je vous remercie donc de cette bonne nouvelle : la convention d'Unidroit sera ratifiée avant la fin de cette année.
Je note que cette ratification est aussi une manière pour notre pays de rendre hommage à l'action du Conseil de l'Europe, action discrète mais utile et trop souvent méconnue.
M. le président. En attendant l'arrivée de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés, j'appelle la question n° 858 de M. Pelchat.

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