Séance du 17 novembre 1999







« A. _ L'article 266 sexies est ainsi modifié :
« 1° Au I, les mots : "à compter du 1er janvier 1999" sont supprimés ;
« 2° Le I est complété par un 5, un 6, un 7 et un 8 ainsi rédigés :
« 5. Toute personne qui livre pour la première fois après fabrication nationale ou qui livre sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou qui met à la consommation des préparations pour lessives, y compris des préparations auxiliaires de lavage, ou des produits adoucissants ou assouplissants pour le linge relevant respectivement des rubriques 34022090, 34029090 et 38091010 à 38099100 du tarif douanier ;
« 6. Toute personne qui livre pour la première fois après fabrication nationale ou qui livre sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou qui met à la consommation des grains minéraux naturels d'un diamètre maximal de 125 millimètres relevant des rubriques 2505 et 25171010 du tarif douanier ;
« 7. Toute personne qui livre pour la première fois après fabrication nationale ou qui livre sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou qui met à la consommation des produits antiparasitaires à usage agricole ou des produits assimilés relevant de la rubrique 3808 du tarif douanier dont la mise sur le marché est autorisée en application de la loi n° 525 du 2 novembre 1943 relative à l'organisation du contrôle des produits antiparasitaires à usage agricole et dans la composition desquels entrent des substances classées dangereuses selon les critères définis par les arrêtés pris pour l'application de l'article R. 231-51 du code du travail ;
« 8. a. Tout exploitant d'un établissement industriel ou commercial ou d'un établissement public à caractère industriel et commercial dont certaines installations sont soumises à autorisation au titre de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 précitée ;
« b. Tout exploitant d'un établissement mentionné au a dont les activités, figurant sur une liste établie par décret en Conseil d'Etat après avis du Conseil supérieur des installations classées, font courir, par leur nature ou leur volume, des risques particuliers à l'environnement. » ;
« 3° Le II est complété par un 3, un 4 et un 5 ainsi rédigés :
« 3. Aux produits mentionnés au 6 du I du présent article issus d'une opération de recyclage ou qui présentent une teneur sur produit sec d'au moins 97 % d'oxyde de silicium ;
« 4. Aux préparations pour lessives, y compris les préparations auxiliaires de lavage, aux produits adoucissants ou assouplissants pour le linge, aux grains minéraux naturels, aux produits antiparasitaires à usage agricole et aux produits assimilés mentionnés respectivement aux 5, 6 et 7 du I du présent article lorsque la première livraison après fabrication nationale consiste en une expédition directe à destination d'un Etat membre de la Communauté européenne ou en une exportation ;
« 5. A l'exploitation d'installations classées par les entreprises inscrites au répertoire des métiers. »
« B. _ L'article 266 septies est complété par un 5, un 6, un 7 et un 8 ainsi rédigés :
« 5. La première livraison après fabrication nationale, la livraison sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou la mise à la consommation des préparations pour lessives, y compris des préparations auxiliaires de lavage, ou des produits adoucissants ou assouplissants pour le linge mentionnés au 5 du I de l'article 266 sexies ;
« 6. La première livraison après fabrication nationale, la livraison sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou la mise à la consommation des grains minéraux naturels mentionnés au 6 du I de l'article 266 sexies ;
« 7. La première livraison après fabrication nationale, la livraison sur le marché intérieur en cas d'acquisition intracommunautaire ou la mise à la consommation des produits antiparasitaires à usage agricole ou des produits assimilés dans la composition desquels entrent des substances classées dangereuses mentionnés au 7 du I de l'article 266 sexies ;
« 8. a. La délivrance de l'autorisation prévue par l'article 3 de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 précitée ;
« b. L'exploitation au cours d'une année civile d'un établissement mentionné au b du 8 du I de l'article 266 sexies . »
« C. _ L'article 266 octies est complété par un 5, un 6 et un 7 ainsi rédigés :
« 5. Le poids des préparations pour lessives, y compris des préparations auxiliaires de lavage, ou des produits adoucissants ou assouplissants pour le linge mentionnés au 5 du I de l'article 266 sexies ;
« 6. Le poids des grains minéraux naturels mentionnés au 6 du I de l'article 266 sexies ;
« 7. Le poids des substances classées dangereuses selon les critères définis par les arrêtés pris pour l'application de l'article R. 231-51 du code du travail qui entrent dans la composition des produits antiparasitaires à usage agricole ou des produits assimilés mentionnés au 7 du I de l'article 266 sexies . »
« D. _ L'article 266 nonies est ainsi modifié :
« 1° Le tableau figurant au 1 est ainsi rédigé :


DÉSIGNATION DES MATIÈRES

ou opérations imposables

UNITÉ

de perception

QUOTITÉ

(en francs)


Déchets
Déchets réceptionnés dans une installation de stockage de déchets ménagers et assimilés Tonne 60
Déchets réceptionnés dans une installation de stockage de déchets ménagers et assimilés de provenance extérieure au périmètre du plan d'élimination des déchets, élaboré en vertu de l'article 10-2 de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975, dans lequel est située l'installation de stockage Tonne 90
Déchets industriels spéciaux réceptionnés dans une installation d'élimination de déchets industriels spéciaux Tonne 60
Déchets réceptionnés dans une installation de stockage de déchets industriels spéciaux Tonne 120

Substances émises dans l'atmosphère
Oxydes de soufre et autres composés soufrés Tonne 250
Acide chlorhydrique Tonne 250
Protoxyde d'azote Tonne 375
Oxydes d'azote et autres composés oxygénés de l'azote, à l'exception du protoxyde d'azote Tonne 300
Hydrocarbures non méthaniques, solvants et autres composés organiques volatils Tonne 250

Décollages d'aéronefs
Aérodromes du groupe 1 Tonne 68
Aérodromes du groupe 2 Tonne 25
Aérodromes du groupe 3 Tonne 5

Lubrifiants, huiles et préparations
lubrifiantes dont l'utilisation génère

des huiles usagées

Lubrifiants, huiles et préparations lubrifiantes Tonne 250

Préparations pour lessives, y compris les préparations auxiliaires de lavage, et produits adoucissants et assouplissants pour le linge

- dont la teneur en phosphates est inférieure à 5 % du poids Tonne 470
- dont la teneur en phosphates est comprise entre 5 % et 30 % du poids Tonne 520
- dont la teneur en phosphates est supérieure à 30 % du poids Tonne 570

Grains minéraux naturels

Grains minéraux naturels Tonne 0,60

Substances classées dangereuses qui entrent dans la composition des produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés

Catégorie 1 Tonne 0
Catégorie 2 Tonne 2 500
Catégorie 3 Tonne 4 000
Catégorie 4 Tonne 5 500
Catégorie 5 Tonne 7 000
Catégorie 6 Tonne 9 000
Catégorie 7 Tonne 11 000

Installations classées

Délivrance d'autorisation : - artisan n'employant pas plus de deux salariés

- 2 900
- autres entreprises inscrites au répertoire des métiers - 7 000
- autres entreprises - 14 600
Exploitation au cours d'une année civile (tarif de base) - 2 200


« 2° L'article est complété par un 7 et un 8 ainsi rédigés :
« 7. Les substances classées dangereuses qui entrent dans la composition des produits antiparasitaires à usage agricole et des produits assimilés mentionnés au 7 du I de l'article 266 sexies sont réparties en sept catégories affectées d'un taux unitaire spécifique en fonction de leurs caractéristiques écotoxicologiques et toxicologiques définies par les arrêtés pris pour l'application de l'article R. 231-51 du code du travail :



PHRASE DE RISQUE ÉCOTOXICOLOGIQUE





DANGER TOXICOLOGIQUE

R 50/53, R 50

R 51/53

R 52/53, R 52

ou R 53


Autres
T+ ou T aggravé par l'une des phrases de risque R 33, R 40, R 45, R 46, R 48, R 49 ou R 60 à R 64 Catégorie 7 Catégorie 6 Catégorie 5 Catégorie 4
T non aggravé par l'une des phrases de risque précitées ou Xn aggravé par l'une des phrases de risque R 33, R 40, R 48 ou R 62 à R 64 Catégorie 6 Catégorie 5 Catégorie 4 Catégorie 3
Xn non aggravé par l'une des phrases de risque précitées, Xi ou C Catégorie 5 Catégorie 4 Catégorie 3 Catégorie 2
Autres Catégorie 4 Catégorie 3 Catégorie 2 Catégorie 1


« 8. Le décret en Conseil d'Etat prévu au b du 8 du I de l'article 266 sexies fixe un coefficient multiplicateur compris entre un et dix pour chacune des activités exercées dans les installations classées, en fonction de sa nature et de son volume. Le montant de la taxe effectivement perçue chaque année par établissement au titre de chacune de ces activités est égal au produit du tarif de base fixé dans le tableau figurant au 1 ci-dessus et du coefficient multiplicateur. »
« E. _ L'article 266 decies est complété par un 3 ainsi rédigé :
« 3. Les préparations pour lessives, y compris les préparations auxiliaires de lavage, les produits adoucissants ou assouplissants pour le linge, les grains minéraux naturels, les produits antiparasitaires à usage agricole et les produits assimilés mentionnés respectivement aux 5, 6 et 7 du I de l'article 266 sexies donnent lieu, sur demande, à remboursement de la taxe afférente lorsqu'ils sont expédiés à destination d'un Etat membre de la Communauté européenne ou exportés. »
« F. _ Il est créé un article 266 terdecies ainsi rédigé :
« Art. 266 terdecies . _ Par dérogation aux dispositions des articles 266 undecies et 266 duodecies , les services chargés de l'inspection des installations classées contrôlent, liquident et recouvrent la part de la taxe générale sur les activités polluantes assise sur la délivrance de l'autorisation prévue par l'article 3 de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 précitée et sur l'exploitation au cours d'une année civile d'un établissement mentionné au b du 8 du I de l'article 266 sexies selon les modalités suivantes :
« I. _ Au vu des renseignements transmis par le préfet, les services chargés de l'inspection des installations classées dressent la liste des redevables, fixent le montant de la taxe et, le cas échéant, des pénalités dues par chacun de ceux-ci et prescrivent l'exécution de la recette correspondante.
« Ils notifient à l'assujetti le montant de la taxe et, le cas échéant, des pénalités à acquitter par un avis qui indique les dates de mise en recouvrement, d'exigibilité et d'application de l'intérêt de retard en cas de non-paiement.
« La date d'exigibilité est fixée au dernier jour du deuxième mois suivant celui de la mise en recouvrement.
« Le montant de la taxe non acquittée le 15 du mois qui suit celui au cours duquel la taxe est exigible est majoré d'un intérêt de retard dont le taux mensuel est fixé à 0,75 % du montant des sommes restant dues.
« L'encaissement de la taxe ainsi que, le cas échéant, des pénalités est effectué par l'intermédiaire d'une régie de recettes fonctionnant dans les conditions prévues par la réglementation applicable aux régies de recettes et aux régies d'avance des organismes publics.
« A défaut de paiement et au plus tard deux mois après le 15 du mois qui suit celui au cours duquel la taxe est exigible, le recouvrement des sommes impayées est assuré dans les conditions prévues par la réglementation générale sur la comptabilité publique au vu des ordres de recettes émis par l'ordonnateur dont relève la régie de recettes mentionnée à l'alinéa précédent.
« II. _ La taxe générale sur les activités polluantes assise sur l'exploitation d'un établissement mentionné au b du 8 du I de l'article 266 sexies est due au 1er janvier de chaque année, ou ultérieurement à la date de mise en fonctionnement de l'établissement ou éventuellement de l'exercice d'une nouvelle activité. La taxe est due dans tous les cas pour l'année entière. Son paiement incombe à la personne physique ou morale qui exploite l'établissement à cette date.
« En cas de cessation d'activité ou de changement survenu dans un établissement de nature à modifier sa situation au regard de cette taxe, l'exploitant fait parvenir une déclaration au préfet dans un délai d'un mois à compter de cet événement.
« Lorsque cette déclaration est inexacte ou n'est pas déposée dans ce délai, les services chargés de l'inspection des installations classées notifient aux assujettis, trente jours au moins avant l'émission du titre exécutoire, les éléments servant au calcul de la taxe.
« En cas de défaut de déclaration dans le délai prescrit, les services mentionnés ci-dessus procèdent à la taxation d'office et l'assortissent de l'intérêt de retard et de la majoration prévus à l'article 1728 du code général des impôts.
« En cas d'inexactitude de la déclaration, les rappels de taxe sont assortis de l'intérêt de retard et, le cas échéant, de la majoration prévus à l'article 1729 du code général des impôts.
« Les majorations mentionnées aux quatrième et cinquième alinéas du présent II sont notifiées, avec leur motivation, aux assujettis qui disposent d'un délai de trente jours pour présenter leurs observations. Les services mentionnés ci-dessus ne peuvent émettre le titre exécutoire qu'à l'expiration de ce délai. »
« II. _ L'article 17 de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l'environnement est abrogé.
« III. _ Les dispositions des I et II sont applicables à compter du 1er janvier 2000. »
Sur l'article, la parole est à M. Cazalet.
M. Auguste Cazalet. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je ferai d'abord une remarque générale : je ne crois pas que les lois de financement de la sécurité sociale aient été mises en place pour servir de support à une fiscalité nouvelle. Honnêtement, ce n'est pas l'esprit des ordonnances Juppé.
La théorie du double dividende est tout à fait intéressante, sur le plan intellectuel. Cependant, madame la secrétaire d'Etat, le principe de réalité oblige à prendre en compte les réactions des futurs assujettis aux nouveaux prélèvements. Il conduit aussi à s'interroger sur la capacité des secteurs concernés à supporter économiquement de nouveaux prélèvements.
Les commentaires et analyses que j'ai pu recueillir auprès d'industriels de mon département concernant l'incidence de la TGAP sur l'activité de leurs entreprises indiquent que telle n'a pas été votre démarche.
Le dispositif que vous préconisez n'est pas compris. Protection de l'environnement ? Soit ! Nous y souscrivons tous.
Mais comment faire admettre un nouveau prélèvement à une entreprise - je pense à la société Calliope, spécialisée dans les produits phytosanitaires, installée à Noguères - qui a déjà investi 45 millions de francs pour la protection de l'environnement lors de la construction de son usine ?
L'homologation de ces produits sur le marché français nécessite d'importants investissements. Là encore, tout est mis en oeuvre pour que les produits présentent toutes les garanties pour l'utilisateur, le consommateur et l'environnement.
Les produits génériques qui sont aujourd'hui les plus taxés représentent une économie très importante dans les intrants des agriculteurs pour la production de leurs cultures : la TGAP sera répercutée à leur niveau par produit, donc dans les charges des exploitations, et par conséquent sur l'utilisateur final.
Il est décidément difficile de comprendre pourquoi une activité dont les bénéfices économiques et de sécurité alimentaire et la contribution à la compétitivité de notre agriculture sont reconnus est ainsi pénalisée.
La chimie est un autre secteur sur lequel l'incidence du dispositif mérite d'être soulignée.
A titre d'exemple, l'usine Elf-Atochem de Mont sait que la mesure d'allégement des charges sociales sur les bas salaires concernera moins de 20 % de ses 450 salariés.
Les activités chimiques du département des Pyrénées-Atlantiques ont évalué le coût des mesures d'accompagnement des 35 heures - TGAP, CSB et future taxation sur la consommation intermédiaire d'énergie - entre 50 millions et 80 millions de francs. Ce sont donc 50 millions à 80 millions de francs de compétitivité et de résultat qui risquent encore de s'envoler des Pyrénées-Atlantiques, pour un retour de 10 % à peine au titre de la baisse des charges.
Cela ne peut que fragiliser encore plus certaines activités déjà lourdement handicapées par l'éloignement des marchés, les grands marchés étant à 10 000 kilomètres des Pyrénées-Atlantiques. Cela ne peut qu'accentuer les distorsions avec nos voisins ibériques et anéantir nos positions que la seule proximité ne permettra plus de tenir.
Cela ne pourra que contrarier à terme, dans ce département, toute politique de développement et de reconversion vers les industries chimiques.
C'est bien le paradoxe d'une mesure qui se veut sociale, paradoxe que je tenais à souligner. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet article soulève un certain nombre de problèmes : d'abord, dans le détail des dispositions qu'il compte mettre en oeuvre, et ensuite, dans la confusion des genres qu'il introduit, et à laquelle notre Haute Assemblée doit et va sûrement s'opposer.
S'agissant du détail des dispositions, les amendements que j'ai deposés tendent, d'abord, à remédier aux excès des mesures visant à élargir l'assiette de la TGAP. Par exemple, sur les lessives et autres produits, je formulerai deux remarques qui illustrent bien la conduite du Gouvernement.
La première : la TGAP devait avoir pour objet de dissuader les comportements polluants, comme l'a d'ailleurs rappelé tout à l'heure Mme Dieulangard, en insistant sur l'effet de la pollution sur la santé. Par conséquent et en l'état actuel des connaissances scientifiques, il serait, à l'évidence, souhaitable d'encourager les efforts des producteurs pour mettre sur le marché des produits moins polluants, en donnant pour les lessives, par exemple, une prime fiscale aux produits dont la teneur en phosphates est inférieure à 5 % de leur poids. Taxer à 470 francs la tonne ces produits, c'est manifestement exagéré. De plus, c'est faire fi des efforts de recherche entrepris par les industriels pour produire des lessives moins nocives pour notre environnement ; c'est même les décourager.
Ma seconde remarque est d'ordre plus général. Ne nous leurrons pas : imposer les industriels sur ces produits revient à augmenter le prix à la consommation de ces produits de première nécessité que sont les lessives et autres adoucissants. Une fois de plus, ce sont les ménages qui seront pénalisés par cette taxe, et au premier chef, bien sûr, ceux qui ont de faibles revenus.
En ce qui concerne les produits phytosanitaires, je partage l'avis de mon collègue Auguste Cazalet. Je tiens tout de même à insister sur le fait que la taxation au poids de tous les produits, qui varie seulement en fonction du degré de toxicité des principes actifs entrant dans leur composition, ne prend pas en compte le cas des produits génériques dont la valeur est moindre, et qui seront donc proportionnellement pénalisés de façon beaucoup plus importante. Il serait manifestement plus judicieux et plus juste de proposer un taux d'imposition en fonction du prix de vente.
Mes amendements visent, d'autre part, à procéder à des améliorations du dispositif existant afin de l'adapter à l'objectif de 2002, à savoir la fin de la mise en décharge, sauf pour les déchets ultimes. C'est pourquoi je suggère trois dispositions.
D'abord, je propose la suppression de la surtaxe de 50 % appliquée aux déchets provenant de l'extérieur du périmètre du plan départemental d'élimination, afin de favoriser les solutions de meilleure proximité et de rationalisation des installations d'élimination des déchets, ce qui peut se faire parfois dans un cadre interdépartemental, comme le préconise la circulaire du ministre de l'environnement d'avril 1999.
Ensuite, je propose l'exonération des déchets ultimes dans la mesure où il faut encourager les installations qui ont fait l'effort de se conformer aux injonctions de la loi de 1992.
Enfin, en contrepartie de cette exonération, je propose l'élargissement de l'assiette de la taxe aux décharges internes des entreprises. En effet, par le biais de ces décharges internes où les déchets ne sont pas traités, près de 1,5 million de tonnes de déchets échappent à tout traitement, et par conséquent échapperaient à toute imposition. Pourtant, cet avantage fiscal n'est nullement justifié au regard de la protection de l'environnement ni même par rapport aux objectifs de la loi de 1992. Avec le système qui nous est proposé, les entreprises n'auront plus intérêt à faire traiter leurs déchets car cela les obligerait à acquitter la TGAP, alors que si elles se contentent de les déposer dans leurs décharges internes elles en seront exonérées.
Or, vous le savez tous, mes chers collègues, ces décharges internes posent souvent un véritable problème car elles ne sont pas soumises aux normes de sécurité draconiennes des lieux de stockage des déchets ultimes et ne font pas l'objet des mêmes contrôles. Elles font donc peser de grands dangers sur l'environnement, et nombreux sont les sites gravement pollués découverts plusieurs années après le départ de certaines entreprises.
J'attire votre attention, mes chers collègues, sur le fait que si l'amendement n° 66 a une portée indépendante de notre débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, c'est normal car la TGAP n'aurait jamais dû figurer dans ce texte.
Comme il me faudra sûrement le retirer pour soutenir l'amendement de suppression de la commission, j'ai bien l'intention de saisir une occasion plus favorable pour le déposer à nouveau.
En effet, je tiens à affirmer que j'adhère pleinement au choix de la commission qui souhaite supprimer purement et simplement cet article 4.
La volonté du Gouvernement de faire financer les allègements de charges par la politique de l'environnement va totalement à l'encontre de nos convictions. Comme mes collègues de la majorité sénatoriale, je m'oppose avec vigueur au transfert du produit de la TGAP pour financer la sécurité sociale. Il ne faut pas mélanger les genres.
Parler de double dividende ne change rien au fond : ce terme technocratique et confus a été choisi dans le seul but de faire prendre des vessies pour des lanternes et de faire passer la politique sociale pour de la politique environnementale !
Je vous rappelle, mes chers collègues, que la TGAP n'est rien d'autre que la récente refonte avec budgétisation d'un ensemble de taxes parafiscales. Auparavant directement versées au budget de l'ADEME, leur produit servait à aider les collectivités locales à financer des installations de retraitement.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Dominique Braye. Aurais-je déjà épuisé les cinq minutes de temps de parole qui me sont imparties, monsieur le président ?
M. le président. Vous en êtes à six minutes trente !
M. Dominique Braye. J'ai presque fini. Mais le sujet est intéressant et mérite explication...
Cette refonte et l'élargissement de l'assiette ont déjà permis une substantielle augmentation de son rendement qui passera pour l'an 2000 de 1,9 milliard de francs à 3,2 milliards de francs.
On pourrait, à la rigueur, accepter cette progression si elle était suivie d'un accroissement proportionnel des moyens mis à la disposition de la politique de l'environnement. Or, la progression du budget de l'ADEME se limite à 7 %. C'est dire qu'elle est sans aucune mesure avec l'explosion du produit de la TGAP qui atteint, je vous le rappelle, 68 %.
Nous sommes donc autorisés à dire que la pompeuse théorie du double dividende n'est qu'un tour de passe-passe destiné à masquer un gigantesque détournement de la fiscalité écologique aux dépens de l'amélioration de l'environnement, ce qui est tout de même, vous en conviendrez, un comble pour un gouvernement qui compte parmi ses membres la tête de file des Verts !
M. le président. Veuillez conclure, monsieur Braye.
M. Dominique Braye. J'ai presque terminé, monsieur le président.
En effet, le premier dividende disparaît totalement quand la TGAP devient un impôt de rendement bis destiné à financer par n'importe quel moyen la dispendieuse loi sur les 35 heures. Avec vous, la TGAP ne signifie plus « taxe générale sur les activités polluantes » mais « très grosses arnaque politicienne ! » (Rires sur les travées du groupe du RPR. - Protestations sur les travées socialistes.)
M. Dominique Braye. De plus, je tiens à souligner que le transfert financier...
M. le président. Je vais devoir vous interrompre, monsieur Braye.
M. Dominique Braye. Il me suffirait d'une minute, monsieur le président. Sinon, j'achèverai ma démonstration dans une explication de vote...
M. Guy Fischer. Si c'est pour entendre ça, vous devriez l'interrompre, monsieur le président !
M. le président. Vous en êtes déjà à huit minutes, monsieur Braye.
M. Dominique Braye. Mes chers collègues, je terminerai donc mon intervention au moment de mon explication de vote. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Guy Fischer. Non ! On a déjà tout entendu !
M. le président. La parole est à M. Miquel.
M. Gérard Miquel. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet article propose des orientations nouvelles sur ce que l'on appelle aujourd'hui la fiscalité écologique.
Il est porteur de changements majeurs. Tout d'abord, l'assiette de la TGAP est élargie à de nouveaux produits et la taxe prend en compte la toxicité de certains produits chimiques courants. Ensuite, et on l'oublie souvent, quelques taux sont modifiés. Je pense, en particulier, à l'augmentation de la taxe sur les huiles.
Le recyclage des huiles usagées est encore trop décevant et, si les industriels rejettent cette formule jugée anti-économique, c'est avec une lenteur particulière qu'ils se hâtent à trouver d'autres formules plus adaptées. C'est pourquoi les collectivités trouvent de plus en plus d'huiles usagées dans les poubelles et les caniveaux.
S'il n'est pas certain que la majoration prévue de 200 à 250 francs réglera le problème de façon définitive, du moins pourra-t-elle accélérer sa solution. Pour plusieurs autres déchets, nous devrions nous inspirer de ce système ; je pense notamment aux pneus usagés, véritable épine écologique pour les élus locaux.
Il me semble néanmoins que, malgré les avancées de l'article 4, quelques pistes n'ont pas été suffisamment creusées, notamment celle des décharges.
La question que je me pose est de savoir comment articuler la fiscalité et la réglementation que nous connaissons tous. Je veux parler de l'échéance du 1er juillet 2002, date à compter de laquelle la mise en décharge cessera d'être un mode de traitement courant des déchets bruts.
Il me semble que deux pistes au moins méritent d'être évoquées.
La première piste concerne la modulation. L'article maintient un tarif de mise en décharge à 60 francs la tonne. Il me semble que cette imposition unique ne prend pas en compte la diversité des situations. Certaines décharges sont équipées de simples torchères, d'autres de véritables dispositifs de valorisation des biogaz. Quant aux dernières, qui n'ont rien du tout, elles ne sont guère différentes des dépotoirs d'autrefois. Ces décharges sont aujourd'hui taxées au même tarif. Je pense qu'il serait bon de prévoir, à l'avenir, une fiscalité modulée selon la qualité des installations.
La seconde piste concerne les décharges internes des entreprises. Je parlerais plutôt de décharges qualifiées d'« internes » tant que l'entreprise a une activité et qui deviennent des décharges publiques quand l'activité cesse. En effet, nous connaissons tous des situations qui contraignent les collectivités locales à gérer des décharges abandonnées et des sites « orphelins » après fermeture de l'entreprise.
La décharge, qui n'est en réalité privée que pendant un court moment, devient collective pendant tout le reste de la longue vie des déchets. Ces décharges internes sont aujourd'hui exonérées. Or, il me semble que cette différence de traitement entre, d'une part, décharge réglementée et taxée et, d'autre part, décharge libre et non taxée, est dangereuse. Les industriels peuvent en effet être tentés de contourner la réglementation et de recourir davantage aux décharges internes pour éviter les contraintes, les frais de transport, le coût du service et les impôts. Je vois là un vrai problème.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Oui, mais cela n'a rien à voir avec le financement de la sécurité sociale !
M. Gérard Miquel. Il faut, bien sûr, éviter de taxer les déchets incompressibles issus de la première transformation des minerais ; mais des solutions techniques existent.
Je n'ai cependant pas déposé d'amendement à ce propos. Je néglige le fait que la commission a proposé de supprimer l'article en discussion, ce qui rendrait sans objet tous les autres amendements, fussent-ils parfaitement pertinents. Je pense surtout que ces différents sujets méritent que soit engagée une réflexion commune, associant notamment les élus locaux. Nous devons parfaitement calibrer un texte en commençant par un travail de définition. Une taxation différenciée suppose de qualifier les techniques correspondantes. De même, la taxation des décharges internes suppose de qualifier précisément un déchet interne et de pouvoir le quantifier. Un travail de préparation s'impose, et toute initiative précipitée serait maladroite.
Voilà trois semaines, à l'Assemblée nationale, M. le secrétaire d'Etat au budget s'est prononcé en faveur d'une concertation sur ce point. Peut-on en savoir un peu plus ? Madame la secrétaire d'Etat, que pensez-vous des deux orientations que je viens d'évoquer ?
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Monsieur le président, je souhaite répondre aux orateurs qui viennent de s'exprimer.
Loin d'être une nouveauté annoncée aujourd'hui, le financement des allégements de charges par l'écotaxe est une idée ancienne. Elle figurait d'ailleurs dans la plate-forme du candidat Lionel Jospin aux élections présidentielles de 1995.
De surcroît, cette idée est partagée au niveau européen puisque cette réforme, menée en Allemagne en 1999 et en Italie en 1998, doit être étendue l'année prochaine à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. C'est dire que la France n'est pas isolée dans cette formule de financement des charges sociales par une écotaxe.
Concernant la taxation, le Gouvernement est effectivement conscient des difficultés que pourrait entraîner cette contribution pour les entreprises grosses consommatrices d'énergie. Un Livre blanc a été publié, précisément pour recueillir l'avis des acteurs économiques. La question est posée et le débat reste entier. Le dispositif n'entrera définitivement en vigueur qu'en 2001. Nous sommes donc dans une phase d'observation et de concertation avec les acteurs économiques.
Monsieur Miquel, vous nous invitez à aller plus loin dans la fiscalité écologique. Ce débat a déjà été ouvert à l'Assemblée nationale par une députée fortement intéressée par cette question.
M. Sautter a fait une réponse d'ouverture en indiquant que, pour mieux adapter cette taxe écologique aux activités que vous décrivez, il comptait étudier l'incidence et la diversité des taxes sur les décharges à l'occasion de l'élaboration des mesures qui vont être décidées dans le courant de l'année prochaine.
M. le président. Je suis saisi de treize amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les quatre premiers sont identiques.
L'amendement n° 6 est présenté par M. Descours, au nom de la commission.
L'amendement n° 76 est déposé par MM. Lorrain et Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste.
L'amendement n° 92 est présenté par M. Louis Boyer et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
L'amendement n° 103 est déposé par M. Adnot.
Tous quatre tendent à supprimer l'article 4.
Par amendement n° 68, MM. Braye et Hérisson proposent d'insérer, après le 1° du A du I de l'article 4, deux alinéas ainsi rédigés :
« ... Le deuxième alinéa (1) du I est ainsi rédigé :
« 1. Tout exploitant d'une installation de stockage de déchets ménagers et assimilés non exclusivement utilisée pour les déchets que l'entreprise produit ou tout exploitant d'une installation d'élimination de déchets industriels spéciaux par incinération, co-incinération, stockage, traitement physico-chimique ou biologique. »
Par amendement n° 73, MM. Braye et Hérisson proposent d'insérer, après le 1° du A du I de l'article 4, deux alinéas ainsi rédigés :
« ... Le quatrième alinéa (3) du I de l'article 266 sexies du code des douanes est ainsi modifié :
« 3. Aux déchets ultimes issus des prestations de collecte, de tri et de traitement portant sur des matériaux ayant fait l'objet d'un contrat entre la collectivité locale ou son groupement et un organisme agréé au titre de la loi du 15 juillet 1975 et destinés à une installation de stockage des déchets ménagers et assimilés exploitée conformément à la réglementation en vigueur et inscrite au Plan d'élimination des déchets ménagers et assimilés. »
Par amendement n° 95, M. About et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent :
I. - De supprimer le quatrième alinéa (7) du 2° du A du I de l'article 4.
II. - Dans le troisième alinéa (4) du 3° du A du I de l'article 4, de supprimer les mots : « aux produits antiparasitaires à usage agricole et aux produits assimilés mentionnés respectivement aux 5, 6 et 7 du I du présent article ».
III. - De supprimer le quatrième alinéa (7) du B du I de l'article 4.
IV. - De supprimer le dernier alinéa (7) du C du I de l'article 4.
V. - Dans le second alinéa (3) du E du I de l'article 4, de supprimer les mots : « les produits antiparasitaires à usage agricole et les produits assimilés mentionnés respectivement aux 5, 6 et 7 du I de l'article 266 sexies ».
Par amendement n° 69, MM. Braye et Hérisson proposent de remplacer le premier alinéa du B du I de l'article 4 par trois alinéas ainsi rédigés :
« 1° Le deuxième alinéa (1) de l'article 266 septies du code des douanes est ainsi rédigé :
« 1. Le stockage définitif des déchets par les exploitants mentionnés au 1 du I de l'article 266 sexies ; ».
« 2° Le même article est complété par un 5, un 6, un 7 et un 8 ainsi rédigés : ».
Par amendement n° 70, MM. Braye et Hérisson proposent de remplacer le premier alinéa du C du I de l'article 4 par trois alinéas ainsi rédigés :
« 1° Le deuxième alinéa (1) de l'article 266 octies du code des douanes est ainsi rédigé :
« 1. Le poids des déchets stockés par les exploitants mentionnés au 1 du I de l'article 266 sexies ; ».
« 2° Le même article est complété par un 5, un 6 et un 7 ainsi rédigés : ».
Par amendement n° 72, MM. Braye et Hérisson proposent de supprimer la deuxième ligne (Déchets réceptionnés dans une installation de stockage de déchets ménagers et assimilés de provenance extérieure au périmètre du plan d'élimination des déchets, élaborée en vertu de l'article 10-2 de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975, dans lequel est située l'installation de stockage) du tableau figurant au 1° du D du I de l'article 4.
Par amendement n° 67, M. Braye propose :
A. - A la quatorzième ligne (« - dont la teneur en phosphates est inférieure à 5 % du poids ») du tableau du 1° du D du I de l'article 4, de remplacer la quotité : « 470 » par la quotité : « 200 ».
B. - A la quinzième ligne (« - dont la teneur en phosphates est comprise entre 5 % et 30 % du poids ») du tableau du 1° du D du I de l'article 4, de remplacer la quotité : « 520 » par la quotité : « 250 ».
C. - A la seizième ligne (« - dont la teneur en phosphates est supérieure à 30 % du poids ») du tableau du 1° du D du I de l'article 4, de remplacer la quotité : « 570 » par la quotité : « 350 ».
Par amendement n° 66, M. Braye propose, à la quatorzième ligne (« dont la teneur en phosphates est inférieure à 5 % du poids ») du tableau du 1° du D du I de l'article 4, de remplacer la quotité : « 470 » par la quotité : « 150 ».
Par amendement n° 71, M. Braye propose :
A. A la dix-huitième ligne (Catégorie 1) du tableau figurant au 1°) du D du I de l'article 4, de remplacer la quotité : « 0 » par la quotité : « 150 ».
B. A la dix-neuvième ligne (Catégorie 2) du même tableau, de remplacer la quotité : « 2 500 » par la quotité : « 500 ».
C. A la vingtième ligne (Catégorie 3) du même tableau, de remplacer la quotité : « 4 000 » par la quotité : « 1 000 ».
D. A la vingt et unième ligne (Catégorie 4) du même tableau, de remplacer la quotité : « 5 500 » par la quotité : « 1 500 ».
E. A la vingt-deuxième ligne (Catégorie 5) du même tableau, de remplacer la quotité : « 7 000 » par la quotité : « 3 000 ».
F. A la vingt-troisième ligne (Catégorie 6) du même tableau, de remplacer la quotité : « 9 000 » par la quotité : « 4 000 ».
G. A la vingt-quatrième ligne (Catégorie 7) du même tableau, de remplacer la quotité : « 11 000 » par la quotité : « 5 000 ».
La parole est à M. Descours, rapporteur, pour présenter l'amendement n° 6.
M. Charles Descours, rapporteur. Imaginons que des citoyens du Lot, des Yvelines ou des Pyrénées-Atlantiques écoutent nos débats et nous entendent parler de pneus ou d'huiles usagés, de taxation sur les déchets, alors qu'ils croyaient assister à la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale... Répondez-moi sincèrement : ne nous prendraient-ils pas pour des fous ? C'est pourtant ce que nous sommes en train de faire. Pour ma part, je proposerai la suppression de cet article.
Madame le secrétaire d'Etat, c'est la première fois que nous nous affrontons...
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Le mot est un peu fort ! (Sourires.)
M. Charles Descours, rapporteur. ... vous au Gouvernement, moi comme rapporteur. Mais, lorsque vous étiez député, nous avons collaboré en commission mixte paritaire. Je vous ai suivie sur certaines questions, notamment sur celle des malentendants.
Vous nous avez répondu que, dans d'autres pays, comme l'Allemagne, la fiscalité écologique pouvait financer des allégements de charges sociales. Certes, mais, le plus souvent, la sécurité sociale est financée par la fiscalité. C'est ainsi qu'en Espagne, le taux de financement de la sécurité sociale par la fiscalité est de 100 %. Dès lors que ce principe est admis, peu importe l'origine des taxes.
Il se trouve qu'en France, ce sont principalement les cotisations qui financent la sécurité sociale. Ainsi le veut notre tradition sociale depuis 1945. Peut-être même est-elle plus ancienne.
Ces traditions sont bien différentes.
En ce début de soirée, je vais m'autoriser un mauvais jeu de mots, dont vous voudrez bien m'excuser. Puisque, pour financer les 35 heures, le Gouvernement inscrit dans la loi de financement de la sécurité sociale une taxe sur les activités polluantes, permettez-moi de relever cette évidence : il pollue le débat ! (Sourires.)
Je vais vous proposer la suppression de cet article et vous en donner les raisons.
Lorsque la TGAP a été créée, l'année dernière, il s'agissait, dans l'esprit du Gouvernement, « d'assurer une plus grande cohérence dans le financement de sa politique de protection de l'environnement ».
Cette mesure devait permettre « au ministère de l'environnement d'assurer pleinement son rôle dans la politique environnementale en France ». Pourquoi pas ?
Le rendement de la TGAP devrait être de 1,9 milliard de francs en 1999. Il serait de 3,25 milliards de francs en 2000.
Le Gouvernement a annoncé récemment, le 20 mai 1999, que la TGAP serait élargie à la prévention des pollutions globales, au premier chef celles qui conduisent à l'émission de gaz à effet de serre. En effet, la France s'est engagée, dans le cadre du protocole de Kyoto adopté en décembre 1997, à stabiliser en 2010 ses émissions au niveau atteint en 1990 - je crois sincèrement que bien lui en a pris - alors que les Etats-Unis ont accepté de payer pour polluer, attitude scandaleuse pour un grand pays.
Mais le Gouvernement a décidé que l'extension aux consommations intermédiaires d'énergie de la TGAP ne rentrerait en application qu'à compter du 1er janvier 2001. Un Livre blanc a été diffusé, présentant les orientations retenues par le Gouvernement.
Entre le vote de la loi de finances pour 1999 et l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2000, le financement des 35 heures est devenu une priorité pour le Gouvernement. Abracadabra... abracadabran... Décidant donc d'affecter cette TGAP à ce financement, le Gouvernement s'est forgé une nouvelle argumentation. Moi, j'adore ce vocabulaire : « le double dividende » ! Pourquoi pas le double-six... ou le double je ne sais pas quoi !
Je cite : « Instrument d'incitation et de prévention, la TGAP, élargie aux consommations intermédiaires d'énergie, permet, aux côtés du premier dividende qu'elle procure... »... Ici, je ne comprends pas s'il s'agit d'un terme boursier.
M. Guy Fischer. En matière de dividendes, c'est pourtant vous les spécialistes !
M. Charles Descours, rapporteur. Je consulterai le groupe communiste républicain et citoyen sur le sujet.
M. Guy Fischer. Vous vous trompez d'interlocuteur !
M. Charles Descours, rapporteur. Je termine la citation : « ... d'allouer les ressources dégagées au service d'un second dividende, le dividende pour l'emploi. » Et voilà pourquoi votre fille est muette !
Je ne suis pas un spécialiste de la fiscalité écologique. Je ne souhaite donc pas me prononcer sur la pertinence et sur l'opportunité de la hausse de la TGAP, de l'extension de son assiette et de ses quotités. J'avoue mon incompétence à ce sujet - je me demande d'ailleurs si je peux être rapporteur d'un texte qui contient des éléments que je ne connais guère, même si je connais la sécurité sociale - et je ne suis donc pas à même de discuter de l'opportunité de fixer à 96 %, 97 % ou 98 % le pourcentage d'oxyde de silicium nécessaire aux granulats « sur produit sec » pour échapper à la TGAP !
Toutefois, j'ai pu observer les réactions des producteurs de lessives - réactions relayées par nos collègues à l'instant - nous expliquant que les lessives phosphatées sont moins nocives pour l'environnement que les lessives non phosphatées, ainsi que les réactions du monde agricole, qui regrette que cette taxe sur les produits phytosanitaires réduise à néant les efforts engagés sur une démarche volontaire pour limiter les pollutions agricoles.
Comment se fait-il que, avant de rédiger cet article, le Gouvernement ne se soit pas concerté mieux avec ces deux acteurs importants du monde économique que sont les producteurs de lessives et les agriculteurs ? Je crois que l'hostilité dont ils nous ont fait part et qui a été relayée à l'instant par certains d'entre nous est tout à fait fondée.
Le rendement attendu dès 2001 pour la TGAP serait de 12,5 milliards de francs, dites-vous. La France, qui assurera la présidence de l'Union européenne à partir du 1er juillet 2000 et qui sera chargée de mettre au point une directive européenne sur ce sujet, préjuge donc, en affectant la TGAP à un fonds d'allègement des charges sociales, le destin d'une telle taxe : a priori , une écotaxe devrait normalement financer des opérations de dépollution ou des programmes de reconversion industrielle. Mais je suis sans doute trop simpliste, trop primaire, pas assez subtil !
Vouloir affecter, comme l'a dit notre collègue Dominique Braye, une recette pérenne de 12,5 milliards de francs quelle que soit la pollution réellement constatée, cela me semble étrange. Si la pollution diminue, il apparaît logique que le montant de la TGAP diminue également ! Pourquoi en faire un impôt de rendement ?
Je pense aussi que, au bout du compte, cette taxe sera à la charge des ménages. Mais je ne désespère pas que, l'année prochaine, au moment de la discussion de la loi de finances, ou nous explique qu'il faut revoir le taux de TVA sur les lessives pour compenser la TGAP incluse dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale de 2000...
Voilà pourquoi la commission des affaires sociales vous propose, mes chers collègues, un amendement de suppression.
Cela étant, cette suppression n'ira vraisemblablement pas jusqu'au bout, et je tiens à dire que les remarques qui ont été présentées tout à l'heure par nos collègues sur toutes les travées de cet hémicycle posent un vrai problème sur le fond de cet article une fois qu'il aura été voté après l'échec de la commission mixte paritaire : ce qu'ont dit Auguste Cazalet, Dominique Braye et Gérard Miquel montre bien que, à travers un amendement de circonstance, nous allons vers des complications extraordinaires. Comment concilier cette taxe écologique, par exemple, avec les dispositions de la loi sur les déchets et avec les mesures qu'ont prises de nombreux gouvernements successifs ?
Je vous demande donc, mes chers collègues, de voter cet amendement de suppression. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour présenter l'amendement n° 76.
M. Yves Fréville. J'ai très peu de choses à ajouter à ce qu'a dit M. le rapporteur. Je souhaite toutefois réagir aux propos de Mme le secrétaire d'Etat.
Vous dites, madame le secrétaire d'Etat, que l'écotaxe faisait partie du programme de M. Jospin. J'en déduis que ce programme était assez imprécis ! (Mme le secrétaire d'Etat proteste.)
A Mme Aubry, qui nous reproche souvent de présenter des propositions imprécises, je tiens à rappeler que, voilà un an, lorsque la majorité de l'Assemblée nationale a adopté la TGAP, c'était pour supprimer l'affectation d'un impôt créé pour financer l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, afin d'obéir au principe « pollueur-payeur ». On a donc supprimé l'affectation, et toute la majorité d'applaudir... Mais voilà qu'un an après, virage complet sur l'aile, on rétablit ladite affectation pour la sécurité sociale.
Il n'y a donc aucune logique écologique derrière cette proposition, mais uniquement - et M. Descours l'a excellemment montré - une logique de produit.
L'exemple des lessives est particulièrement net ! Permettez-moi d'y revenir. Il paraît que cette mesure rapportera 500 millions de francs. Mais, à l'examen du barème, on constate deux choses.
Premièrement, quand il n'y a pas de phosphate, on ne devrait logiquement pas payer d'impôt, cela paraît évident : je n'ai pas beaucoup de connaissances en chimie, mais je crois quand même que ce sont les phosphates qui sont les agents pollueurs. Ou alors il faudra nous expliquer que, un peu de phosphate, c'est bien ! Toutefois, même en l'absence de phosphate, on va taxer quand même.
Deuxièmement, j'ai lu les débats de l'Assemblée nationale et j'ai constaté que M. Bateux avait déposé un amendement très intéressant, en nous expliquant que non seulement on devrait taxer en l'absence de phosphate mais que, lorsqu'il y en avait beaucoup, on devrait diminuer le montant de la taxe. La différence, qui était ainsi de 260 francs à l'origine, a été réduite à 100 francs.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. C'est l'amendement Fabius !
M. Yves Fréville. J'ignore ce qui a amené M. Bateux à déposer son amendement ! Et si, en Normandie, il existe des cas particuliers, cela démontre que la loi n'était pas aussi générale qu'elle le semblait. Or quand une loi n'est pas générale, qu'elle n'a pas d'incidence sur la pollution et qu'on ne voit pas pourquoi elle est affectée à ceci plutôt qu'à cela, sa suppression - défendue par M. le rapporteur - s'impose. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Louis Boyer, pour défendre l'amendement n° 92.
M. Louis Boyer. Je retire cet amendement au profit de l'amendement n° 6 de la commission, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 92 est retiré.
La parole est est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 103.
M. Philippe Adnot. La présentation de cet amendement va me donner l'occasion d'interpeller Mme le secrétaire d'Etat, puisque je n'ai pas obtenu de réponse à la question que j'ai posée hier concernant l'amortissement de la dette de la CADES.
Je m'interroge : est-ce un oubli ? Ce serait fâcheux ! Est-ce du mépris pour les parlementaires, qui ne devraient pas connaître ces choses ? Ce serait fâcheux ! Est-ce de votre part une méconnaissance du sujet qui vous empêche de répondre ? Ce serait également fâcheux ! J'attends donc votre réponse.
En ce qui concerne la TGAP, vous ne m'avez pas non plus répondu.
Vous n'arrêtez pas de dire que cet impôt est neutre. Ce n'est pas vrai ! Vous avez été amenée à le créer parce que vous avez imposé une charge aux entreprises avec les 35 heures. Vous avez prévu d'accorder des allégements pour compenser cette charge, ce qui est neutre, mais vous avez créé pour cela un nouvel impôt ! Il y a donc deux charges pour un allégement, ce qui n'est pas neutre.
La vérité est que vous avez créé un prélèvement supplémentaire, nous le répéterons aussi souvent que vous essaierez de mentir aux Français en leur faisant croire que vous n'avez pas créé ce prélèvement.
J'ajoute que ce prélèvement ne sera pas neutre parce que ce ne seront pas ceux qui vont le payer qui vont en retirer le bénéfice. Comme je vous l'ai expliqué hier soir, ceux qui vont payer appartiennent aux secteurs primaire et secondaire qui sont les secteurs les plus fragiles dans la compétition internationale. Or ceux qui vont en bénéficier sont les secteurs qui enregistrent des créations d'emploi. Ce n'est donc absolument pas neutre !
La raison pour laquelle je défends cet amendement de suppression est qu'il faut rétablir cette vérité. Vous faites un prélèvement supplémentaire, nous n'en voulons pas. Vous détournez l'utilisation de ces fonds à partir d'une caution morale qui vous sert d'alibi, vous prétendez taxer afin de réduire la pollution, mais ce n'est pas vrai.
Notre collègue M. Fréville vient de nous rappeler que l'amendement Bateux a été voté à l'Assemblée nationale. C'est un formidable aveu ! Parce que, dans la circonscription de M. Fabius, il y a une usine qui produit des lessives contenant du phosphate, l'Assemblée nationale a adopté un amendement pour taxer moins de telles lessives et taxer plus celles qui n'en contiennent pas. C'est bien l'aveu que la volonté est non de protéger l'environnement, mais de dégager des recettes supplémentaires !
C'est d'autant plus grave au moment où nous connaissons, en France, un événement d'une gravité exceptionnelle : l'argent prélevé dans le domaine de l'environnement ne devrait-il pas servir à venir en aide aux trois départements qui ont été gravement touchés par les récentes inondations ?
Ce que vous faites là est très grave, et je le regrette. C'est pourquoi je m'associe à la commission pour vous demander la suppression de l'article 4. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Braye, pour présenter les amendements n°s 68 et 73.
M. Dominique Braye. Comme l'a dit M. le rapporteur, nous ne sommes pas ici pour parler de problèmes de pollution, mais pour examiner le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Certes, nous devrons y revenir, et je m'associe tout à fait à ce qu'a dit notre collègue Gérard Miquel au sujet des décharges internes, objet des amendements n°s 68 et 73.
En la matière, le pilotage à vue du Gouvernement et ses explications a posteriori ne sont pas convaincants.
Je tiens à souligner à cet égard combien le transfert financier entre les comptes de l'Etat et ceux de la sécurité sociale ont été l'occasion de manoeuvres pour le moins approximatives, sinon peu orthodoxes par rapport au droit budgétaire, notre collègue M. Fréville l'a souligné plusieurs fois déjà ce soir. En effet, nous le savons bien, la disposition d'affectation des crédits de la TGAP a été ajoutée à la sauvette, dans des conditions que nous connaissons tous, lors de la première lecture du projet de loi de finances par l'Assemblée nationale.
De plus, en raison du calendrier législatif, ces crédits, non encore examinés comme recettes par le Sénat dans le projet de loi de finances, sont néanmoins examinés comme dépenses dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale ... les dépenses destinées à financer un système déjà voté dans le cadre du projet de loi portant réduction du temps de travail.
Les allégements de charges ont donc été votés avant d'être financés !
Tout cela me semble un montage bien peu régulier, bien peu orthodoxe et, surtout, bien peu démocratique. En tout cas, je tiens à le dire ce soir, cette procédure est en totale contradiction avec le discours que Mme Aubry nous tient depuis deux jours sur le respect des règles qui régissent le fonctionnement de notre pays.
Mes chers collègues, je ne vous l'apprend pas, nous sommes dans un Etat de droit, ce qui signifie que des textes, comme la Constitution ou l'ordonnance de 1959, doivent être respectés.
Le Parlement - en tout cas le Sénat - est extrêmement soucieux du respect des textes qui régissent notre vie politique. Aussi attend-il du Gouvernement qu'il les respecte lui aussi. Mme le ministre nous a dit le faire à plusieurs reprises ; malheureusement, nous sommes obligés de constater que les actes ne sont pas en accord avec les discours.
Telles sont les raisons, mes chers collègues, qui nous amèneront à soutenir la position de la commission des affaires sociales en supprimant l'article 4. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. L'amendement n° 95 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Braye, pour défendre l'amendement n° 69.
M. Dominique Braye. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 69 est retiré.
Je vous redonne la parole, monsieur Braye, pour défendre l'amendement n° 70.
M. Dominique Braye. Je retire également cet amendement : nous aurons l'occasion de discuter à nouveau de cette question lors de l'examen d'un prochain projet de loi concernant l'environnement.
Et je vous indique d'ores et déjà, monsieur le président, que je retire aussi les amendements n°s 72, 67, 66 et 71.
M. le président. Les amendements n°s 70, 72, 67, 66 et 71 sont retirés.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 68 et 73 ?
M. Charles Descours, rapporteur. M. Braye vient de retirer un certain nombre d'amendements et je l'en remercie.
Le Sénat va, je l'espère, supprimer cet article « ridicule », pour reprendre le titre d'un film. Mais l'Assemblée nationale, à l'issue de la navette, va sans doute le rétablir. Néanmoins, les réserves qui viennent d'être émises par nos collègues, y compris d'ordre constitutionnel - bien sûr, nous saisirons le Conseil constitutionnel - subsisteront. Nous prenons date et nous affirmons solennellement que cet article, s'il est rétabli, entraînera, dans son application, au sein de tel ou tel secteur de l'industrie ou dans les décharges internes des entreprises, d'énormes problèmes. Ses conséquences sont aujourd'hui imprévisibles, et il faudra sans aucun doute modifier ce texte par le biais d'un DMOS, ou je ne sais quel DDOF. Ce texte n'est qu'un texte de circonstance, dont le seul objet, je le répète, est de financer les 35 heures.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 6, 76, 103, et sur les amendements n°s 68 et 73 ?
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Je ne vais sans doute surprendre personne : le Gouvernement est défavorable à ces amendements, et je m'en explique.
Au risque de vous faire affront, monsieur le rapporteur, je vous croyais plus malin que vous ne tentez de me le faire croire ce soir.
Chaque fois, vous répétez qu'il s'agit de financer les 35 heures. Or, vous savez très bien qu'il s'agit de financer non pas les 35 heures mais les allégements de charges.
M. Charles Descours, rapporteur. Oui, oui...
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Pourtant, Mme Aubry l'a répété un certain nombre de fois, cela répond à vos voeux maintes fois exprimés. Mais maintenant que c'est nous qui le proposons, vous feignez de ne pas comprendre, et vous tentez de vous en tirer par une pirouette et des phrases pseudo-magiques. Je ne suis pas dupe.
Avec l'article 4, le Gouvernement a décidé de poursuivre dans la voie d'une fiscalité écologique fondée sur le principe pollueur-payeur. Les lessives polluent, les granulats minéraux naturels polluent, les produits antiparasitaires à usage agricole polluent. C'est la raison pour laquelle nous appliquons une taxe sur ces produits polluants, et même l'habitant du fin fond de la Lozère peut très bien le comprendre.
M. Michel Mercier. Ce n'est pas gentil pour les habitants de la Lozère !
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. C'est M. le rapporteur qui a pris cet exemple, pas moi !
M. Charles Descours, rapporteur. J'ai pris pour exemple les départements des sénateurs qui sont intervenus dans le débat !
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Vous prétendez que cette taxe mettra les industriels en difficulté. La concertation a été menée avec les producteurs de lessives, avec les agriculteurs, avec le ministère de l'environnement. Tout a été fait dans la plus grande transparence.
Votre argumentation vous honore, mais elle est politique.
M. Alain Vasselle. Vous, vous n'en avez pas !
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Si, nous en avons une ! Nous sommes constants dans nos choix. Il s'agit bien d'une réforme globalement neutre et qui conduit même à une baisse des prélèvements sur les entreprises en 2000.
Evidemment, globalement la baisse des charges représente 7,5 milliards de francs et les financements 5,8 milliards de francs. Le différentiel est donc de 1,7 milliards de francs. En conséquence, on ne peut pas dire que les entreprises seront globalement pénalisées ; ce point fait d'ailleurs l'objet d'une petite polémique au sein de la majorité plurielle.
Certes, on peut continuer d'argumenter sur cette question, mais le Gouvernement est défavorable à la suppression de cet article. Nous continuerons avec détermination à financer la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendement identiques n°s 6, 76 et 103.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Madame la secrétaire d'Etat, il y a une chose que je ne peux pas laisser dire, c'est que vous auriez fixé la taxe en fonction du pouvoir polluant des éléments.
Notre collègue Philippe Adnot vient de démontrer, s'agissant des lessives, que l'examen des amendements qui ont été déposés à l'Assemblée nationale mettait en évidence que des produits non toxiques étaient taxés et que l'Assemblée nationale avait même proposé de taxer plus fortement certains produits reconnus comme étant moins toxiques que d'autres.
Par ailleurs, M. Miquel vient d'évoquer, comme je l'avais fait avant lui, les décharges internes, qui seront exemptées de la taxe alors que tout le monde reconnaît qu'elles sont des sources de pollution très importantes. Pour de multiples raisons, vous n'avez pas voulu les taxer. Je crois qu'il s'agit ici d'un pilotage à vue. Il a fallu trouver non pas le financement de l'abaissement des charges sociales, mais bien le commencement du début du financement des 110 milliards de francs nécessaires à la mise en oeuvre de la loi sur les 35 heures. Je rejoins ici M. Descours pour dire qu'il s'agit bien de financer cette loi.
J'ajouterai que, en ce qui concerne la non-imposition des décharges internes, nous instaurons une différence de traitement entre des pollueurs qui n'est nullement justifiée et sur laquelle il faudra s'expliquer.
En effet, nous allons créer par la loi deux catégories de pollueurs, certains étant taxés et d'autres non. Le Gouvernement devra s'en expliquer, car, comme vous le savez, il existe des textes relatifs à l'égalité de traitement des contribuables. Mais c'est là un autre débat !
Telles sont les raisons pour lesquelles je voterai la suppression de l'article 4.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Madame le secrétaire d'Etat, il est vraiment difficile d'assumer une promesse électorale avec un minimum de cohérence !
Vous avez tenté de répondre à l'argumentation développée par les membres de la majorité sénatoriale. Je constate que, sur l'article 2, des orateurs étaient intervenus dans un sens à peu près identique à celui qui vient d'être suivi par nos collègues, mais d'une manière plus spécifique, sur certains aspects techniques des dispositions législatives tendant à la taxation d'un certain nombre d'activités et de produits.
Qui ne dit mot consent. Mme Aubry s'est contentée d'émettre un avis défavorable sur l'amendement défendu par M. Descours et tendant à supprimer l'article 2.
Or, nous avons affirmé tout à l'heure, notamment MM. Adnot et Richert, qu'en définitive les dispositions du présent projet de loi traduisent un manque de lisibilité du dispositif prévu par le Gouvernement pour assurer le financement des 35 heures, mais également, pour partie, celui du fonds de réserve pour les retraites.
Cette première remarque a été faite ; elle n'a pas été relevée par le Gouvernement : il l'admet donc.
Seconde remarque : ces dispositions vont se traduire par un alourdissement des charges, mêmes si vous tentez de faire valoir et de monter en épingle le fait que la TGAP va permettre un allégement des charges des entreprises.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Voilà !
M. Alain Vasselle. Certes, mais ce dispositif s'accompagne d'un certain nombre d'autres charges et de taxes, comme l'a relevé notre collègue Yves Fréville, dont la TGAP. De plus, il a pour conséquence majeure, madame le secrétaire d'Etat - et je termine mon argumentation sur ce point - de faire supporter à terme aux Françaises et aux Français - il faut qu'ils le sachent, et je ne sais pas si nous aurons la chance d'être relayés par les médias pour faire valoir les conséquences qui résulteront de ces dispositions législatives - un surcoût pour le traitement des déchets, voire pour le prix de l'eau.
Pour le traitement des déchets, c'est une certitude, car le produit de la taxe qui permettait d'alimenter le budget de l'ADEME et qui va être remplacée par la TGAP a eu pour conséquence, en 1999, de réduire le montant des fonds de concours de l'Etat au profit de l'ADEME. Cet organisme a été contraint de diminuer ses taux de concours au profit des collectivités locales en ce qui concerne toutes les opérations d'investissement relatives au traitement des déchets, que ce soit par incinération ou par la collecte sélective.
Or, que je sache, Mme Voynet est intervenue à plusieurs reprises, sur les ondes ou dans les médias, pour faire valoir qu'elle mettait en avant la collecte sélective et qu'elle encourageait avec force les collectivités à s'engager dans cette voie. Mais elle n'a pas les moyens de sa politique. La preuve en est que les moyens dont elle aurait pu disposer, vous les détournez de leur finalité pour les consacrer à une autre politique, pour tenir une promesse électorale dont vous n'aviez pas mesuré le coût financier.
Il faut savoir également - M. André Boyer l'a rappelé tout à l'heure - que nous allons vers une impasse de 15 à 20 milliards de francs. En 2000, il nous faudra trouver 20 milliards de francs pour assurer l'équilibre du financement des 35 heures.
Force est de constater que ce gouvernement navigue à vue. Il augmente les charges, contrairement à ce qu'il dit. Ce sont les Françaises et les Français qui paieront à travers les services que mettent en place les collectivités locales. Ce n'est pas le Gouvernement qui sera en première ligne. Les maires, ainsi que les conseils généraux et les conseils régionaux qui aident les maires, seront les victimes de cette politique. Ils supporteront l'impopularité des dispositions que vous aurez fait adopter par votre majorité à l'Assemblé nationale.
Vous, vous êtes tranquille. Certes, la France et les Français se feront une opinion sur la politique gouvernementale mais, en tout état de cause, la politique que vous entendez conduire entrera en application grâce au soutien de votre majorité à l'Assemblée nationale. Je le regrette, mais je n'en mettrai que plus d'ardeur pour apporter mon soutien à l'amendement de suppression de notre rapporteur, M. Descours. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 6, 76 et 103, repoussés par le Gouvernement.
Mme Nicole Borvo. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 4 est supprimé et les amendements n°s 68 et 73 n'ont plus d'objet.

Article additionnel après l'article 4

M. le président. Par amendement n° 74, MM. Braye et Hérisson proposent d'insérer, après l'article 4, un article additionnel ainsi rédigé :