« Crédits de paiement, 70 590 000 francs. »
Personne ne demande la parole ?...
Le vote sur les crédits figurant au titre V est réservé.
« Titre VI. - Autorisations de programme, 880 839 000 francs ;
« Crédits de paiement, 324 871 000 francs. »
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine. Une nouvelle fois, comme chaque année, je souhaite attirer l'attention sur l'extrême faiblesse de la manne financière accordée à la lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Point n'est besoin de dire ici que la situation est très préoccupante.
L'extension de la diffusion et de la consommation des drogues a atteint aujourd'hui l'ensemble du territoire, y compris les zones les plus rurales et les plus isolées.
Les conséquences sont terribles et multiples, et d'abord humaines, bien sûr.
Les grands sujets de préoccupations qui font l'objet de nombreux débats dans cet hémicycle - insécurité, délinquance, climat de violence dans les quartiers de nos villes et villages, à l'école - sont souvent liés ou en relation avec l'organisation du trafic et de la consommation de drogues.
Bien sûr, les moyens de lutte sont multiples et appellent à la mobilisation de toutes les structures de notre société.
D'ailleurs, de partout se manifestent des bonnes volontés : collectivité locales, associations, acteurs sociaux, acteurs de santé, citoyennes ou citoyens s'investissent de plus en plus pour, en quelque sorte, dresser un barrage humain contre ce fléau.
C'est pourquoi l'affichage du Gouvernement en termes de volonté politique au travers du budget soins et prévention n'est pas en rapport avec la volonté politique affichée dans les discours.
Nous en sommes toujours - ce projet de budget pour 1997 le confirme - avec notre pauvre petit milliard de francs qui ne permet pas de mettre en place une politique offensive de lutte contre la drogue au travers du volet soins et prévention, ce sur l'ensemble des lieux de notre pays où le problème se pose.
A peine 1 milliard de francs ! Même avec 9 % d'augmentation - il paraît que nous devons être contents parce que nous n'avons pas eu de diminution - cela représente toujours l'équivalent du budget d'un hôpital de province ou la valeur d'investissement d'un kilomètre d'autoroute.
L'exemple de ma région, que je connais bien, illustre parfaitement la difficulté d'un investissement aussi faible.
Les associations d'aide et de soins ont d'ailleurs poussé l'an dernier un cri d'alarme, car leurs structures sont menacées par la faiblesse des moyens financiers accordés par l'Etat pour les faire fonctionner. Elles sont placées devant des choix impossibles : diminuer les personnels, donc limiter et refuser l'accueil. Pourtant, le nombre de prises en charge de jeunes toxicomanes a augmenté de 30 % par an.
En 1995, sur 911 demandes de postcure, à peine 20 % ont pu être acceptées faute de place.
Lundi prochain, M. Alain Juppé, Premier ministre, effectuera dans le Nord un voyage sur le thème de la lutte contre la toxicomanie.
A Tourcoing, à Lille, à Roubaix, il viendra constater le dynanisme des acteurs de terrain qui ont su coordonner leur énergie pour tenter d'apporter des réponses humaines en matière de soins et de prévention.
Mais tous réclament des moyens supplémentaires. Alors, pour pouvoir répondre partout et dans de bonnes conditions à la demande de soins qui ne cesse de croître, et si le Gouvernement souhaite vraiment concrétiser sa volonté politique, il faudrait, comme le demandent les acteurs de terrain, multiplier les moyens par dix.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Le vote sur les crédits figurant au titre VI est réservé.

Article 28