CONVENTION SUR LA FUTURE COOPÉRATION
MULTILATÉRALE DANS LES PÊCHES
DE L'ATLANTIQUE DU NORD-OUEST

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 467, 1995-1996), adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'adhésion de la République française à la convention sur la future coopération multilatérale dans les pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest (ensemble trois annexes). [Rapport n° 472 (1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jacques de Peretti, ministre délégué à l'outre-mer. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, voilà un projet de loi qui entre tout à fait dans ma sphère de compétence, puisqu'il a pour objet l'adhésion de la France, au titre de Saint-Pierre-et-Miquelon, à la convention signée à Ottawa, le 24 octobre 1978, et créant l'Organisation des pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest.
L'OPANO, qui compte une quinzaine de membres, est chargée dans cette partie du monde de la gestion et du contrôle des pêches en haute mer, c'est-à-dire en dehors des zones sous juridiction nationale des différents Etats côtiers.
Lorsque cette organisation a été créée, la France n'avait pas la possibilité d'y adhérer en raison du statut de département d'outre-mer qu'avait à l'époque Saint-Pierre-et-Miquelon. Les eaux autour de l'archipel français étaient en effet des eaux communautaires, donc sous compétence exclusive de la Commission européenne. La France n'est donc aujourd'hui représentée à l'OPANO que comme Etat membre de la Communauté européenne, qui y dispose d'un siège.
Or, le changement de statut de la collectivité française, qui appartient désormais à la catégorie des pays et territoires d'outre-mer visés dans la quatrième partie du Traité de Rome, et qui, depuis 1992, est dotée d'une zone économique n'entrant plus dans le champ de la politique commune des pêches, ouvre la possibilité à la France d'avoir un siège à l'OPANO au titre de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Cette adhésion qu'il vous est proposé d'adopter présente de multiples avantages.
Tout d'abord, elle permet la reconnaissance de la présence de la France dans cette partie du monde et sa qualité d'Etat côtier de l'Atlantique du Nord-Ouest.
Ensuite, elle traduit la détermination du Gouvernement à soutenir l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon dans un secteur essentiel pour son avenir, celui de la pêche.
Par ailleurs, elle s'inscrit dans la logique de l'accord signé entre la France et le Canada le 2 décembre 1994 qui met fin à vingt ans de conflit sur la pêche et institue une véritable gestion commune de la ressource halieutique de la zone 3 Ps de l'OPANO.
Enfin, elle permet à la France de se réserver la possibilité de faire valoir ses droits de pêche traditionnels dans les eaux qui, échappant à sa juridiction nationale, sont gérées par l'OPANO. Le faible niveau actuel des quotas et le moratoire sur la pêche à la morue ne doivent pas nous dissuader de prétendre à l'octroi de quotas au bénéfice de Saint-Pierre-et-Miquelon, dès que la ressource sera reconstituée.
Si le Parlement approuve cette adhésion, la France pourra être représentée dès la prochaine réunion annuelle de l'OPANO, qui se tiendra du 2 au 6 septembre 1996.
Je précise enfin que nos partenaires au sein de l'Union européenne ainsi que la Commission ont été dûment informés de l'intention de la France de devenir membre de l'OPANO en tant qu'Etat côtier, comme l'y autorisent les dispositions du traité instituant la Communauté économique européenne et celles de la convention d'Ottawa du 24 octobre 1978.
Tel est l'objet du projet de loi que je vous demande, mesdames, messieurs les sénateurs, de bien vouloir adopter.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Dulait, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le ministre, comme vous venez de rappeler bien des choses, vous m'autoriserez à faire preuve d'une grande brièveté.
Ainsi, je ne reviendrai pas sur le contentieux qui a pu opposer le Canada et Saint-Pierre-et-Miquelon au cours de ces vingt dernières années, contentieux qui a connu un certain nombre de pics, dont la prison préventive pour l'un de nos collègues, M. Albert Pen.
Monsieur le président, du fait du changement de statut de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1985, la France peut adhérer de plein droit à cette convention.
Il est intéressant pour notre pays de siéger à part entière aux côtés de l'Union européenne. Défendre à deux des positions comparables pourrait nous permettre de contrebalancer l'influence du Canada au sein de l'OPANO et de faire prévaloir un point de vue moins exclusivement favorable aux thèses canadiennes.
En effet, il faut bien le souligner, le Canada a tendance, contre l'avis de Bruxelles, à se faire reconnaître par l'OPANO des droits spécifiques en matière de pêche dans les eaux internationales, selon des modalités contraires à ce que prévoit le droit international de la mer.
Il est évident que ces droits de pêche spécifiques reviennent à léser les flottes européennes, qui ont toujours pêché dans cette région, plus particulièrement les flottes espagnoles, portugaises, et bien entendu, françaises.
Compte tenu des avantages qui peuvent résulter pour Saint-Pierre-et-Miquelon et, de manière générale, pour les droits de pêche français en Atlantique Nord, l'adhésion à l'OPANO paraît justifiée. De plus, la contrepartie financière sera très modeste : la contribution au budget de fonctionnement de l'organisation serait en effet de 60 000 francs par an.
C'est pourquoi, mes chers collègues, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées unanime a estimé que nous pouvions donner notre accord à cette adhésion.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.