DIVERSES MESURES EN FAVEUR
DES ASSOCIATIONS

Adoption d'une proposition de loi en deuxième lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion en deuxième lecture de la proposition de loi (n° 340, 1995-1996), adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, portant diverses mesures en faveur des associations. [Rapport (n° 409, 1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Alain Lambert, en remplacement de M. Jacques Oudin, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous sommes saisis en deuxième lecture de la proposition de loi portant diverses mesures en faveur des associations.
Avant d'aborder l'unique article encore en discussion, j'évoquerai rapidement les principales dispositions introduites par le Sénat en première lecture et adoptées conformes par l'Assemblée nationale.
L'article 4, d'abord, rend applicable l'engagement pris par le Premier ministre le 15 janvier 1996, devant le Conseil national de la vie associative, d'étendre le mécanisme d'exonération des charges sociales patronales pour l'embauche d'un premier salarié aux associations déclarées après le 1er août 1992. Il s'agit d'une mesure favorable à l'emploi.
L'article 5, ensuite, instaure un « droit de suite » au profit de la Cour des comptes dans son contrôle des organismes faisant appel à la générosité publique.
En donnant à la Cour des comptes les mêmes pouvoirs que ceux qui ont été conférés à l'inspection générale des affaires sociales lors de l'examen du projet de loi portant diverses mesures d'ordre social, statutaire et sanitaire, ou à l'inspection générale des finances lors de l'examen du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, le Sénat a voulu permettre à la haute juridiction financière d'exercer pleinement son pouvoir de contrôle sans qu'il soit toutefois porté atteinte aux principes de la liberté associative.
L'article 6, enfin, prévoit le dépôt d'un rapport sur les conditions dans lesquelles pourrait être réexaminée périodiquement la reconnaissance d'utilité publique.
Nous avons en effet estimé que le retrait éventuel de la reconnaissance d'utilité publique pourrait constituer une sanction simple et efficace de la mauvaise gestion d'une association et sécuriser les dons aux associations dans un cadre clair et transparent.
J'en viens maintenant à l'examen de l'unique article restant en discussion : l'article 1er, relatif à l'amélioration du régime fiscal des dons effectués par les particuliers.
En première lecture, la Haute Assemblée a modifié le texte transmis par l'Assemblée nationale sur deux points importants.
En premier lieu, elle a fixé à 6 p. 100, au lieu de 5,25 p. 100, le plafond des sommes qui peuvent être déduites du revenu imposable en ce qui concerne les dons aux associations reconnues d'utilité publique ou assimilées.
En second lieu, pour apporter son soutien plus actif aux associations bénéficiant du régime « Coluche », il lui a semblé plus efficace de fixer à 55 p. 100 du montant des dons le taux de la réduction d'impôt, tout en relevant le plafond de 2 000 francs, montant retenu par l'Assemblée nationale, à 2 200 francs.
En deuxième lecture, l'Assemblée nationale a confirmé sa position de première lecture en rétablissant une réduction de 60 p. 100 du montant des dons dans la limite de 2 000 francs, tout en étendant le bénéfice du dispositif aux dons versés au profit d'associations fournissant des soins gratuits non seulement en France, mais également à l'étranger.
La commission des finances a estimé que l'extension du bénéfice des nouvelles dispositions aux associations délivrant des soins à l'étranger, bien que très sympathique, n'allait pas sans poser quelques problèmes.
La contrepartie de l'amélioration du régime d'exonération doit, en effet, être le renforcement de la transparence des comptes et des possibilités de contrôle. Or comment effectuer un véritable contrôle sur la gestion des activités des associations situées à l'extérieur du territoire français ?
En première lecture, la commission avait plaidé pour la mise en place d'un plan comptable adapté aux associations, dans lequel seraient clairement définis les frais de fonctionnement de celles-ci. Elle ne peut qu'appeler de ses voeux, au sein de ce plan comptable adapté, des dispositions spécifiques rigoureuses pour les associations qui exercent leurs activités à l'étranger.
En ce qui concerne le régime d'exonération lui-même, la solution retenue par le Sénat en première lecture avait sa logique. Elle avait, au demeurant, reçu l'approbation du Gouvernement, qui a vainement tenté de la défendre à l'Assemblée nationale en deuxième lecture.
La commission continue à penser que le texte du Sénat était plus favorable aux associations.
Néanmoins, dans un souci de conciliation, et afin de ne pas prolonger à l'excès l'attente du monde associatif vis-à-vis d'un texte que la Haute Assemblée a notablement amélioré et enrichi, la commission vous propose, mes chers collègues, de voter conforme l'article 1er de la proposition de loi. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est M. le secrétaire d'Etat.
M. Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, mon intervention sera brève puisque le travail parlementaire a permis au texte qui vous est soumis aujourd'hui en deuxième lecture de trouver un équilibre que je crois satisfaisant.
La priorité devrait désormais être donnée à la mise en oeuvre rapide de ces dispositions, qui permettront, conjointement à certaines mesures gouvernementales, de donner un souffle nouveau aux associations, singulièrement à celles qui oeuvrent dans le domaine de la solidarité et de la lutte contre l'exclusion.
L'adoption par le Sénat d'un texte conforme à celui qui a été voté par l'Assemblée nationale en seconde lecture permettrait de hâter cette mise en oeuvre.
Elle ne clora pas pour autant notre réflexion commune sur le rôle des associations puisque de nouvelles étapes sont d'ores et déjà prévues, dont la nécessité a fort bien été mise en lumière lors de l'examen du texte par le Sénat en première lecture.
A cet égard, je voudrais rendre hommage à la qualité des travaux et des débats qui ont été menés au Sénat, en songeant tout particulièrement à l'apport de la commission des finances.
Ces travaux ont marqué la nécessité de lier, à l'avenir, les mesures qui favoriseront le développement, notamment financier, des associations et le renforcement des contrôles que le citoyen est en droit d'exercer, par lui-même ou à travers ses représentants, sur la gestion des ressources qu'il met à leur disposition.
Tout en améliorant d'emblée le texte sur des points très substantiels, tels que le droit de suite de la Cour des comptes dans son contrôle des organismes faisant appel à la générosité publique ou le relèvement de 5 p. 100 à 6 p. 100 du plafond dans la limite duquel les dons des particuliers aux oeuvres d'intérêt général sont déductibles de l'impôt sur le revenu, les débats qui se sont tenus dans votre assemblée ont tracé une perspective et clarifié l'avenir.
Les groupes de travail qui, à la demande du Premier ministre, présenteront à l'automne des propositions sur la transparence des associations ou sur la portée et les conséquences de la reconnaissance d'utilité publique nous permettront, conformément au voeu exprimé par M. le rapporteur, de progresser ensemble dans la promotion de l'engagement associatif, expression vivante de citoyenneté, et dans la clarification des relations entre la puissance publique et les associations, relations qui doivent devenir un élément stable de notre contrat social.
En attendant, ce texte d'initiative parlementaire constitue plus qu'une étape, une avancée cohérente à laquelle sera associée une dépense fiscale estimée à 700 millions de francs. Il aidera le Gouvernement à fédérer mieux encore l'effort de toutes les forces vives de notre pays dans la lutte contre la fracture sociale (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article.
Je rappelle qu'aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des propositions de loi, la discussion des articles est limitée à celui ou ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er