CONVENTION FISCALE AVEC ISRAËL

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 289, 1995-1996), adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Etat d'Israël en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune. [Rapport n° 388 (1995-1996).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et Israël ont conclu, le 31 juillet 1995, une nouvelle convention fiscale en vue d'éviter les doubles impositions en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune. Ce texte se substituera à l'actuelle convention du 20 août 1963, devenue inadaptée en raison de l'évolution de nos législations internes respectives et de la structure de nos échanges économiques.
Engagées en juillet 1992, les négociations se sont déroulées dans un excellent climat. La nouvelle convention est, dans son ensemble, conforme au modèle de convention fiscale élaboré par l'OCDE, que vous connaissez. Je me bornerai donc à ne mentionner que ses aspects originaux par rapport au modèle de l'OCDE, résultant de la spécificité de la législation fiscale française et de la pratique conventionnelle propre à notre pays.
C'est ainsi que les titres de sociétés immobilières sont assimilés aux fins d'imposition à des biens immobiliers et que plusieurs dispositions visent à éviter l'usage abusif des clauses conventionnelles. Par ailleurs, l'exonération des dons et legs consentis au profit d'un Etat, de ses collectivités locales et de ses organismes à but non lucratif, tient compte des spécificités des législations des deux Etats.
Enfin, certains dividendes de source israélienne, payés à des résidents de France, donneront droit à un crédit d'impôt fictif ou forfaitaire pendant une période de sept ans, alors que cet avantage était accordé, par l'actuelle convention, sans limitation de durée. Cette clause permet en réalité de ne pas imposer des revenus qui, en Israël, sont exonérés pour faciliter le développement économique.
J'ajouterai que l'évolution de nos échanges commerciaux avec Israël est satisfaisante. Ces derniers ont progressé de 14 p. 100 en volume en 1995 et la France a réalisé un excédent commercial de 470 millions de dollars. La présence économique française dans cet Etat est relativement faible. Ce pays semble ne représenter pour nos entreprises qu'un marché de commerce courant. En effet, seule une dizaine d'entreprises françaises, parmi lesquelles l'Oréal ou le Club Méditerranée, y ont des délégations ou des implantations commerciales. De nombreux contacts ont été engagés depuis deux ans, tant sur le commerce courant que sur les projets d'infrastructures, et paraissent prometteurs.
La nouvelle convention fiscale du 31 juillet 1995 permettra donc un renforcement de nos relations économiques en fournissant un cadre sûr et stable aux investisseurs des deux Etats.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention entre la France et l'Israël en vue d'éviter les doubles impositions en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jacques Chaumont, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, l'Etat d'Israël compte une population de 5,5 millions d'habitants qui vivent sur un territoire, contesté en permanence, de 20 700 kilomètres carrés. Malgré les crises qui jalonnent son histoire, Israël a su construire une économie solide. En effet, le produit intérieur brut par habitant s'élève à 12 700 dollars. Il est pratiquement le double du PIB grec et supérieur d'un quart au PIB espagnol. La croissance économique est constante, bien qu'elle soit largement tributaire des relations extérieures du pays.
Faute de matières premières, Israël connaît un déficit commercial structurel permanent et vit dans un état de dépendance constant en ce qui concerne les approvisionnements extérieurs. Toutefois, il bénéficie d'une aide extérieure non négligeable - 5 millions de dollars en 1992 - provenant, pour une bonne part, des Etats-Unis.
Les relations entre la France et Israël sont empreintes d'amitié. Quelque 500 000 résidents israéliens sont francophones, soit près du dixième de la population. En outre, nombre de Français, souvent doubles-nationaux, vivent en Israël. On en estime le nombre à 50 000. D'où la nécessité d'avoir avec ce pays des conventions fiscales.
Comme l'a rappelé M. le secrétaire d'Etat, nos investissements sont très discrets et se situent généralement dans le secteur du tourisme.
La convention qui nous est soumise aujourd'hui a pour objet d'aménager la convention fiscale du 20 août 1963. Elle s'écarte relativement peu de la convention type de l'OCDE, sauf en ce qui concerne les taux de retenue à la source. M. le secrétaire d'Etat a donné à ce sujet les explications nécessaires.
Sur le plan technique, cette convention ne soulève pas de difficulté particulière. C'est la raison pour laquelle la commission des finances a émis, à l'unanimité, un avis favorable sur le projet de loi visant à autoriser l'approbation de cet accord et vous invite, mes chers collègues, à la suivre sur ce point.
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cette convention était vivement souhaitée par nos compatriotes d'Israël, qui sont, selon les chiffres officiels du ministère des affaires étrangères, au nombre de 46 000, les trois quarts d'entre eux étant immatriculés dans nos consulats.
La convention signée il y a plus de trente ans, en 1963, devenait obsolète et il convenait en effet de l'actualiser. Cela a été fait. La présente convention porte sur les rapports entre, d'une part, la France et ces Français d'Israël qui, en effet, sont souvent binationaux et, d'autre part, Israël. Le champ en est assez vaste, puisque les impôts qu'elle couvre sont, en France, non seulement l'impôt sur le revenu, mais aussi l'impôt sur les sociétés, la taxe sur les salaires et l'impôt de solidarité sur la fortune.
Nous approuvons cette convention dans la mesure où elle recueille l'aval de nos compatriotes résidant en Israël. Ces derniers sont d'ailleurs représentés en force, étant donné leur nombre, au Conseil supérieur des Français de l'étranger, puisque trois délégués d'Israël y siègent.
Au demeurant, il était bon de préciser les rapports fiscaux entre la France et Israël, puisque la question va se poser, sur deux points particuliers, pour la Communauté européenne tout entière. Je rappelle que, lors de la séance du 23 mai 1996, a été déposée au Sénat une proposition d'acte communautaire concernant la conclusion de deux accords entre la Communauté européenne et l'Etat d'Israël sur les marchés publics et les marchés des télécommunications.
Par conséquent, il était tout à fait opportun d'examiner aujourd'hui cette question et que la France, pour ce qui la concerne, mette nettement les choses au point, ce que prévoit cette convention. C'est pourquoi nous voterons le projet de loi visant à en autoriser l'approbation.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique . - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Etat d'Israël en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en matière d'impôts sur le revenu et sur la fortune, signée à Jérusalem le 31 juillet 1995, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.
(Le projet de loi est adopté.)

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