C. DES CHOIX POLITIQUES QUI AURONT UN IMPACT SUR LE DÉVELOPPEMENT DU PAYS

L'exemple vénézuélien a illustré l'absence de corrélation systématique entre abondance de ressources en hydrocarbures et développement économique de même que le rôle crucial joué par les choix des autorités en matière économique et sociale.

Les politiques publiques mises en oeuvre par l'actuel Gouvernement guyanien seront donc déterminantes dans le modèle de développement du pays pour les années à venir.

Pour éviter la survenance du « syndrome hollandais », c'est-à-dire ne pas être sujet aux effets pervers d'une économie fondée uniquement sur une rente issue de l'exportation de ressources naturelles, le gouvernement du Guyana a mis en place un fonds souverain (Natural Resource Fund) placé auprès d'une institution financière newyorkaise.

Cette « manne » pétrolière, qui représentait plus de 88 % de la croissance du PIB réel du pays en 2022, devra ainsi servir au développement d'autres secteurs d'activité, en particulier l'agriculture et l'agroalimentaire.

Par ailleurs, ce « ruissellement » lié à la manne pétrolière devra profiter à l'ensemble de la population, dont près de 40 % vit encore sous le seuil de pauvreté. À cet égard, le Président Irfaan Ali a rappelé à la mission la volonté du Gouvernement d'augmenter les investissements dans les infrastructures (dont 650 millions de dollars pour les infrastructures routières, 258 millions de dollars pour les logements et 210 millions de dollars pour les infrastructures électriques) ainsi que dans les domaines de l'éducation et de la santé.

Enfin, au niveau environnemental, si le Guyana a été l'un des premiers pays du monde à adopter une stratégie à faible émission carbone (low carbon development strategy), celle-ci se repose en grande partie sur la présence de forêts, dont les capacités de stockage de carbone atteindraient plus de 19 gigatonnes. L'enjeu pour le Guyana consistera par conséquent à s'engager dans un modèle de développement fondé en grande partie sur la rente pétrolière mais prenant en comptes les impératifs en matière environnementale. Dans cette perspective, la France accompagne déjà les efforts du Guyana dans ce domaine dans le cadre de plusieurs partenariats (cf. encadré ci-après).

Partenariats liant la France au Guyana en matière de développement durable

Le pays bénéficie du projet français Nos Futures Forêts - Amazonia Verde, l'une des priorités de conservation de l'Alliance pour la protection des forêts tropicales (le Guyana perçoit 1,2 million € des 15,4 millions € dédiés à ce projet).

La France soutient également les initiatives des populations locales via un fonds de solidarité pour les projets innovants (n° 2021-39 Protéger les droits des autochtones, la forêt et l'environnement au Guyana) de 521 000 € qui vise à élargir leurs droits fonciers, notamment en soutenant leurs moyens de subsistance.

Le Fond français pour l'environnement mondial (FEFEM) mène avec le WWF et d'autres partenaires un projet de 3,5 millions € de soutien à l'abandon progressif du mercure sur le plateau des Guyanes.

Enfin, notons que l'Union européenne est le plus gros donateur au Guyana avec une enveloppe de coopération de €21 millions pour la période 2021-2027. Cela comprend €5 millions de fonds versé à l'AFD pour un projet avec WWF Guianas de soutien aux moyens de subsistance forestiers durables pour les communautés de l'intérieur du pays.

Source : ministère de l'Europe et des affaires étrangères