INTRODUCTION

« Nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme au Sahel. »

François Hollande, 31 mai 2013

Mesdames, Messieurs,

Le 11 janvier dernier, le Président de la République décidait d'intervenir au Mali. Le Parlement a apporté son soutien quasi-unanime à cette intervention. Après les brillants résultats militaires enregistrés par nos forces armées, notre diplomatie , par sa présence influente dans toutes les grandes organisations internationales et régionales (à l'ONU, a l'Union Africaine, en réponse à son invitation, auprès de la CEDEAO, au sein de l'Union européenne...) a su contribuer à une issue politique favorable , à ce jour, à la crise.

Il faut les en féliciter.

En avril, pour préparer le vote d'autorisation du Parlement de la prolongation de l'intervention armée française au Mali, le groupe de travail « Sahel » de la commission des affaires étrangères du Sénat a déjà publié un premier rapport : « Mali : comment gagner la paix 2 ( * ) ? ». Ce rapport, se situant dans le cadre du débat exigé par l'article 35 de notre Constitution au-delà de quatre mois d'intervention de nos forces armées à l'étranger, bien qu'essentiellement centré sur la situation du Mali et sur l'intervention Serval, comportait déjà un certain nombre d'analyses et de préconisations à dimension régionale.

Ses principales analyses et recommandations n'ont pas été démenties par les faits et restent, pour la plupart, d'actualité. En particulier : au Mali, le premier risque demeure l'enlisement du processus politique malien , « scénario catastrophe ». Comme il était déjà écrit en avril : « Il faut aller aux élections, au moins présidentielles, dans les meilleures conditions possibles, d'ici fin juillet. » Le deuxième risque est celui « d'une absence de réconciliation qui obèrerait la refondation démocratique du Mali ».

Sur ces points, ces propos semblent, rétrospectivement, presque prémonitoires. A tout le moins peut-on espérer qu'ils auront contribué à une certaine prise de conscience.

Il semble aujourd'hui utile de compléter le tableau -réaliste et sans complaisance- brossé en avril, par une analyse plus régionale .

Notre conviction est en effet que la menace n'a pas disparu au Sahel . Comme le Président de la République vient de l'affirmer 3 ( * ) : « Nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme au Sahel ». Les reins d'AQMI ont sans doute été brisés au Nord Mali, mais beaucoup des racines profondes de la crise malienne restent à traiter.

Bien plus, d'autres foyers terroristes diffusent aujourd'hui, toujours plus largement, et déstabilisent encore davantage une région déjà fragile, qu'il s'agisse par exemple de l'inquiétante déstabilisation libyenne ou de l'emprise croissante de Boko Haram au Nigéria.

L'enjeu est tout simplement que le « scénario malien » ne se reproduise pas, demain, dans une autre « zone molle » où les défaillances des États auraient ouvert la voie à un nouvel enkystement terroriste.

La France a des intérêts dans la bande-sahélo saharienne, au premier rang desquels de nombreux ressortissants, tant dans cette région que dans les pays voisins, qu'il s'agisse de l'Afrique de l'Ouest ou du Maghreb. Il ne faudrait pas laisser proliférer, au coeur du Sahel, un cancer qui viendrait ensuite diffuser alentour et opérer un « couplage » des menaces. Dans ce scénario repoussoir, terrorisme, drogue et piraterie s'entretiendraient mutuellement en élargissant sans cesse leur rayon d'action.

Le Sahel nous concerne aussi, nous Français et Européens, et pas seulement les populations qui y vivent : des menaces existent aux portes de l'Europe qui visent directement nos intérêts.

L'urgence est aujourd'hui à une action globale (gouvernance, sécurité, développement..) à dimension régionale . Le rapport formule à cet égard des recommandations précises, dans la perspective des décisions qui devront sans nul doute être prises dans les semaines et mois à venir. Il appelle aussi à penser globalement la montée du fondamentalisme, pour lui apporter des réponses plus cohérentes.


* 2 N°513, Sénat, 2012-2013 : http://www.senat.fr/notice-rapport/2012/r12-513-notice.html

* 3 Interview du 31 mai 2013

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