CONCLUSION

Le sentiment général que la délégation retire de son déplacement est que, trois ans après la proclamation de l'indépendance, le Kosovo demeure confronté à de nombreux défis et qu'il lui reste encore d'importants progrès à accomplir sur la voie de l'Etat de droit, de la viabilité économique et de la réconciliation entre les communautés qui le composent.

L'Union européenne devrait donc continuer de soutenir et d'accompagner le Kosovo, mais l'efficacité de son action sera d'autant plus grande qu'elle parviendra à mettre un terme à ses divisions internes et à faire preuve d'une réelle volonté politique.

Certes, la décision de reconnaître ou non un Etat est une décision souveraine de chaque Etat membre. Mais, comment expliquer que, sur un sujet de cette importance, qui la concerne directement, l'Union européenne ne parvient pas à parler d'une seule voix ?

Au moment où l'Union européenne s'efforce de renforcer sa politique étrangère, avec notamment le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et le Service européen pour l'action extérieure créés par le traité de Lisbonne, il semble souhaitable d'inciter les cinq Etats membres qui n'ont pas encore reconnu l'indépendance du Kosovo à faire évoluer leur position.

L'Union européenne devrait également dire clairement à la Serbie que l'idée d'une modification des frontières en Europe n'est pas acceptable et que la normalisation des relations avec le Kosovo est une nécessité pour son rapprochement avec l'Union européenne.

Mais l'Union européenne devrait aussi se montrer plus ouverte à la perspective européenne de la Serbie et du Kosovo, ce qui supposerait notamment d'accorder à la Serbie le statut de « pays candidat » et au Kosovo une libéralisation des visas et des préférences commerciales.

A terme, seule la perspective du rapprochement avec l'Union européenne semble de nature à permettre, sinon une reconnaissance, du moins une normalisation des relations entre Pristina et Belgrade. Avant d'être un grand marché, l'Union européenne est d'abord une construction fondée sur la réconciliation entre les peuples.

Or, la clé du développement économique du Kosovo tient en grande partie au rétablissement des relations avec Belgrade et à son désenclavement.

La France, qui entretient des relations d'amitié à la fois avec la Serbie et avec le Kosovo, a, de ce point de vue, un rôle particulier à jouer, à condition qu'elle reste présente et attentive à la situation de ce pays et de cette région.

Ainsi, dans un contexte de diminution des effectifs de ses militaires et de ses gendarmes, la France pourrait utilement renforcer sa présence au Kosovo en matière économique et d'expertise.

Alors qu'il existe un marché pour nos entreprises, comment expliquer l'absence, au sein de notre représentation diplomatique, d'un conseiller économique ou d'un attaché commercial ?

De même, notre pays dispose de nombreux experts ou organismes qui pourraient apporter leur expertise au gouvernement kosovar, par exemple en matière agricole, de protection de l'environnement, de traitement des déchets ou de gestion de l'eau.

Enfin, la délégation a la forte conviction qu'il est nécessaire aujourd'hui de s'interroger sur les limites de l'action de la communauté internationale, qui a investi beaucoup d'efforts et d'argent au Kosovo ces dernières années, sans toujours obtenir les résultats espérés.

Le temps du protectorat semble aujourd'hui dépassé et il est grand temps pour les autorités du Kosovo de prendre leur destin en main.

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