IV. AUDITION DE M. DOMINIQUE JACOMET, PRÉSIDENT DE LA SECTION « DIAGNOSTIC ET PROSPECTIVES » DE LA COMMISSION PERMANENTE DE CONCERTATION POUR L'INDUSTRIE

La mission procède à l'audition de M. Dominique Jacomet, président de la section « diagnostic et prospectives » de la Commission permanente de concertation pour l'industrie (CPCI).

M. Jean-Jacques Mirassou, vice-président . - Nous accueillons, pour notre deuxième série d'auditions, Dominique Jacomet, président de la section « diagnostic et prospectives » de la Commission permanente de concertation pour l'industrie, structure créée par le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Cette dernière constitue un outil de dialogue sur la politique industrielle de la France. Son intervention donnera lieu à un échange et à des questions qui seront, j'en suis sûr, l'occasion d'un débat fructueux.

M. Dominique Jacomet. - J'axerai mon intervention autour des deux thèmes de la désindustrialisation d'une part, et du lien de celle-ci avec les territoires d'autre part.

Sur la désindustrialisation, on peut observer deux marqueurs très négatifs qui sont la part de l'industrie dans le PIB - qui en 1980 en représentait le quart et qui est aujourd'hui inférieure à 14% - et la baisse de l'emploi industriel, qui a diminué de 36% depuis 1980 et de 13% encore entre 2000 et 2008.

De ces chiffres, il ne faut pas tirer le constat d'une baisse de la production industrielle : en effet, sur une longue période, la production et la valeur ajoutée ont augmenté d'environ 50% en vingt ans. Ils décrivent au contraire un phénomène relatif par rapport au PIB et par rapport à l'emploi. Par rapport au PIB, ce phénomène s'explique principalement par la baisse des prix relatifs des produits industriels. Par rapport à l'emploi, plusieurs éléments explicatifs entrent en jeu :

- à titre principal, les gains de productivité, qui, dans le secteur de l'industrie ont augmenté de 4% par an entre 1998 et 2007 ;

- l'externalisation de certains emplois industriels vers le secteur des services ;

- le commerce international.

Il est important de souligner, une fois ces éléments rappelés, que l'industrie reste une composante essentielle de l'économie française, dans la mesure où elle conditionne largement :

- les dépenses de recherche et développement : l'industrie représente en effet quatre cinquièmes du total de ces dépenses ;

- l'exportation : les produits industriels représentent quatre cinquièmes des exportations françaises ;

- les services aux entreprises, qui représentent aujourd'hui 17% du PIB et dont le développement est directement lié à l'externalisation d'un certain nombre de fonctions par les entreprises industrielles.

Il faut avoir aujourd'hui un nouveau regard sur l'industrie dans la mesure où elle s'inscrit désormais dans une chaîne de valeur ajoutée. Elle ne correspond plus en effet à la vision d'un secteur homogène, très intégré et manufacturier, qui prévalait au début du vingtième siècle, mais à une vision fragmentée, non seulement du point de vue des phénomènes d'externalisation, mais aussi du point de vue géographique.

Le coeur du système industriel est aujourd'hui composé :

- des fonctions de création : recherche et développement, innovation, qu'elle soit matérielle ou immatérielle ;

- des fonctions liées au marketing ;

- des fonctions logistiques ;

- des fonctions de distribution, pour un certain nombre d'industries, notamment de biens de consommation.

En outre, les entreprises, selon leurs caractéristiques, externalisent un certain nombre d'opérations, qui ne correspondent pas toujours à des fonctions manufacturières.

Il faut donc avoir une approche nuancée du phénomène de désindustrialisation. Le terme me paraît d'ailleurs largement inapproprié.

Sur la question du lien avec les territoires, j'évoquerai deux idées.

Tout d'abord, ce lien se fait grâce à la compétitivité : les entreprises s'installent sur les territoires en fonction des avantages compétitifs, qui sont de deux types :

- les avantages « hors coût », pour lesquels les pays développés sont généralement bien positionnés : à cet égard, j'attire votre attention sur le fait que l'industrie française doit encore s'améliorer en termes d'innovation, particulièrement en termes de « design », domaine sur lequel nous sommes incontestablement en retard par rapport à l'Allemagne, aussi bien pour les biens de consommation que pour les biens d'équipement ;

- les avantages compétitifs par les coûts : si l'industrie a tendance à se spécialiser pour les produits qui sont d'une qualité supérieure, ce phénomène n'exonère pas de la nécessité d'être attentif à la compétitivité par les coûts, sur laquelle la France marque également un retard par rapport à l'Allemagne.

Au-delà de la gestion des coûts, se pose le problème du financement, et surtout de l'assiette du financement d'un certain nombre de dépenses collectives, dont on sait en France qu'elles pèsent sur les entreprises. L'augmentation de la TVA en Allemagne a incontestablement joué un rôle important dans l'amélioration de la compétitivité par les coûts.

Je voudrais ensuite aborder la question de l'attractivité des territoires, aujourd'hui liée aux « effets d'agglomération » qui sont constitués lorsque les clients, les fournisseurs et les demandeurs d'emploi décèlent dans un territoire un avantage compétitif pour une filière donnée, créant ainsi un « effet boule de neige ». Un certain nombre de villes, de régions ou de territoires bénéficient de ces effets, comme par exemple l'industrie aéronautique dans la région Midi-Pyrénées.

Ce phénomène s'appuie sur la notion importante de réseau, et notamment de mise en réseau des PME, des structures de recherche, des structures éducatives. Les pôles de compétitivité témoignent à cet égard de l'expression d'une certaine volonté mais ce regroupement n'est pas encore assez spontané et des progrès sont à faire dans ce domaine. Le développement de ces pôles doit conduire les différents acteurs à prendre conscience de l'importance de ces réseaux et de la dynamique créée par l'agglomération sur les territoires d'entreprises bien définies dans des secteurs qui constituent des niches sur un marché donné.

M. Alain Chatillon, rapporteur. - Vous avez dressé un exposé synthétique de la situation de la désindustrialisation en France et je vous en remercie. Je voudrais m'arrêter sur trois points. Je m'inquiète tout d'abord de l'importance de la perte de savoir-faire. En effet, lorsque des entreprises disparaissent, c'est leur histoire qui disparaît avec elles, et notamment l'histoire de leur savoir-faire, comme cela a été le cas dans des pans entiers de l'industrie de la chimie ou dans le textile et comme c'est le cas aujourd'hui dans le secteur de l'industrie agro-alimentaire ou encore dans les métiers du bois. Pour avoir géré une entreprise présente dans un certain nombre de pays européens, j'ai le sentiment que les chefs d'entreprises devraient conserver ce qu'on pourrait appeler « le cahier de l'entreprise », constitué par la marque du passage et des compétences des salariés qui y ont effectué leur carrière. Il conviendrait de suggérer cela aux organismes professionnels dans la mesure où cette empreinte n'existe pas en France.

Deuxièmement, vous n'avez pas mentionné la question de l'appui à l'international. A partir de mon expérience en Allemagne dans le secteur de la grande distribution, j'ai constaté que les entreprises étrangères étaient favorisées par l'action économique de leurs ambassades, ce qui n'est pas le cas en France. Il s'agit là d'un problème de culture. Dans la mesure où nous avons de nombreuses écoles commerciales, comment se fait-il que nos jeunes ne soient pas aidés et accompagnés pour leur entrée dans le secteur industriel ? Comparativement, la part de l'industrie dans le PIB est passée en Allemagne de 15% à 25% et en Italie de 12% à 25%.

Concernant l'innovation, enfin, il s'agit en France d'un problème d'éducation. Les industriels considèrent que l'innovation doit se faire au niveau des entreprises de manière interne, parallèlement à la recherche publique et à la recherche privée. En dépit du bon exemple des pôles de compétitivité, il est encore difficile de faire travailler ensemble ces trois acteurs de l'innovation, ce qui nous coûte très cher.

Mme Nathalie Goulet. - Je suis étonnée quand vous dites qu'il n'y a pas de désindustrialisation et que le lien avec l'emploi n'est pas évident. Il serait à cet égard intéressant que vous précisiez le lien que vous établissez entre l'industrie et l'emploi. Comment peut-on dire qu'il n'y a pas de désindustrialisation en France, compte tenu de tous les cas difficiles - et beaucoup de mes collègues sénateurs pourraient en témoigner - que l'on a pu ou que l'on peut recenser comme par exemple le destin de l'entreprise Moulinex, des Charbonnages de France ou des sous-traitants automobiles ?

M. Marc Daunis. - Je partage la même interrogation que ma collègue. Par ailleurs j'aimerais que vous précisiez l'impact de la mondialisation sur l'évolution du secteur industriel en France. En dehors des éléments que vous avez évoqués comme les gains de productivité ou les phénomènes d'externalisation, quelle est la part de perte de compétitivité, ayant engendré la perte de certains marchés, qui pourrait expliquer ce phénomène de désindustrialisation ? Pouvez-vous la quantifier ?

En deuxième lieu, le tissu économique qui entoure les grandes entreprises peut-il être un phénomène explicatif de perte de compétitivité de la France par rapport à l'Allemagne notamment, qui s'appuie sur un tissu beaucoup plus dense, ce qui facilite le transfert de l'innovation ?

Concernant les brevets et la propriété industrielle, enfin, quelles sont les pistes à creuser ? Ne faudrait-il pas développer des plateformes de mutualisation pour améliorer les performances de nos entreprises industrielles ?

M. Michel Bécot. - Je voudrais faire un certain nombre de remarques. Concernant le textile, tout d'abord, on sait aujourd'hui que certaines entreprises de ce secteur ont disparu mais aussi qu'un certain nombre d'entre elles ont réussi à se maintenir en procédant à quelques délocalisations. Sommes-nous, en la matière, allés dans la bonne direction ? A-t-on suffisamment innové ? N'a-t-on pas au contraire oublié qu'il était possible de travailler autrement ? Je m'interroge également sur les relations entretenues avec les grands donneurs d'ordres dans ce secteur. Il faut avoir conscience que nous étranglons bien souvent les sous-traitants qui travaillent pour l'industrie du luxe par exemple. Aussi il faut se demander ce que nous n'avons pas su faire et en tirer les leçons.

M. Jean-Jacques Mirassou, vice-président. - Vous avez évoqué, à juste titre, le lien avec les territoires. Chacun sait que les collectivités territoriales participent à l'environnement ou à la construction de l'environnement permettant la mise en place d'un certain nombre d'entreprises. Ne pensez-vous pas que la suppression de la taxe professionnelle est de nature à casser le lien entre les territoires et les industries qui y sont implantées.

M. Dominique Jacomet. - Tout d'abord, je me suis peut-être mal exprimé dans mon propos liminaire. Je ne conteste pas du tout, en effet, la baisse de la part relative de l'industrie dans la valeur ajoutée ni le recul de l'emploi industriel.

Je dis simplement qu'il ne faut pas tirer de ces deux éléments la conclusion que l'industrie ne joue pas un rôle important dans notre économie, compte tenu de l'impact qu'elle a sur la recherche et développement, sur les exportations et sur les services aux entreprises. Ce qui me gêne dans le terme de désindustrialisation, c'est qu'on ancre l'idée chez nos concitoyens que l'époque de l'industrie est révolue.

Il demeure vrai que nous n'avons pas pris les bonnes décisions dans les années 1980 et 1990, dans les mesures où les problèmes de l'industrie n'étaient pas pris au sérieux, et que l'on considérait qu'il était naturel de passer d'une économie industrielle à une économie de services. Aujourd'hui, soit il y a un vrai sursaut, soit la France disparaîtra comme acteur industriel important au sein des pays développés, ce qui aura de fortes conséquences sur l'ensemble de l'économie. Le succès de l'économie française est indissociable du succès de son industrie.

Il faut en revanche être conscient aujourd'hui que nous sommes entrés dans un autre modèle. Les phénomènes d'externalisation que je décrivais tout à l'heure sont bien présents et les entreprises industrielles sont aujourd'hui organisées différemment : on ne retrouvera plus les grandes cathédrales industrielles d'autrefois.

Concernant nos marges de manoeuvre, je voudrais tout d'abord rappeler qu'il ne faut pas laisser de côté le problème de la compétitivité. En effet, la Grande-Bretagne a plus d'industries aujourd'hui que la France. Par ailleurs, pour le même produit, une usine allemande est plus compétitive qu'une usine française, comme c'est le cas pour l'entreprise Siemens par exemple.

Il est également évident qu'il y a un problème de culture : les ingénieurs sont aujourd'hui attirés par la finance plutôt que par l'industrie, principalement en raison des écarts de salaires. Si l'on regarde les manuels d'économie de l'enseignement secondaire par exemple, on s'aperçoit que la vision de l'industrie qu'ils donnent est inappropriée voire dramatique et détourne les jeunes de ces métiers.

Nos élites - politiques, administratives, scientifiques - se sont aussi détournées de l'industrie. Beaucoup de patrons de petites et moyennes entreprises ont été désespérés et découragés par cette vision démonétisée de l'industrie.

Concernant les pertes de savoir-faire, elles sont évidemment réelles. D'ailleurs un certain nombre d'entreprises s'en rendent compte et internalisent des fonctions : Hermès par exemple a internalisé et racheté un certain nombre de sous-traitants, et compte aujourd'hui plus de mille emplois industriels.

Il faut également souligner que le monde des grandes entreprises et le monde des petites et moyennes entreprises n'ont rien à voir et qu'il y a peu d'articulation entre eux. Nos PME sont en réalité davantage des petites entreprises et l'on a des difficultés aujourd'hui à créer et à développer des moyennes entreprises. Si l'on regarde la performance des moyennes entreprises, on s'aperçoit que ces dernières ont des fonds propres et donc qu'elles résistent mieux à la crise.

Une des difficultés résulte aussi de la financiarisation du management industriel, ce qui conduit à privilégier une vision à court terme de l'évolution industrielle.

Sur l'international, il ne suffit pas aujourd'hui d'exporter, il faut aussi s'implanter pour s'adapter aux besoins du marché local et maîtriser les délais.

Un dispositif, dans ce domaine, donne satisfaction et devrait être étendu : le volontariat international en entreprise (VIE).

Nathalie Goulet. - C'est un palliatif.

M. Dominique Jacomet. - Oui, mais cela a favorisé l'implantation d'un certain nombre d'entreprises à l'étranger. D'autant que, même s'il s'agit d'une mesure de faible ampleur, il convient de souligner que les solutions macroéconomiques sont rares et il serait utile d'aller beaucoup plus loin dans l'extension des VIE, dans la mesure également où les jeunes parlent aujourd'hui bien l'anglais et sont particulièrement intéressés par l'international.

Concernant les gains de productivité, ils ne sont pas le seul élément explicatif en effet. Une étude de la DGTPE estime que les gains de productivité sont à l'origine de 30% des destructions d'emplois entre 1980 et 2007 et de 65% de ces destructions entre 2000 et 2007.

La question des brevets et de la propriété intellectuelle est très importante. Je crois qu'il y a une prise de conscience satisfaisante des entreprises sur ce sujet mais qu'il reste des progrès à accomplir. La France est sûrement d'ailleurs le pays qui offre le plus de garanties à cet égard : les sanctions pénales sont une bonne chose car il ne faut pas oublier que la contrefaçon est liée à l'économie du crime.

Concernant le textile, on n'a pas vu que le textile était en avance : ce secteur a ainsi été le premier à être frappé par la mondialisation et la concurrence des pays émergents. On a ainsi mal réagi en considérant que les grands donneurs d'ordres étaient les ennemis des petites entreprises. Nos entreprises spécialisées dans ce secteur n'ont pas du tout le poids international de firmes comme H et M ou encore Zara. Il y a eu également une erreur stratégique consistant à tout mélanger en matière de délocalisations. Il aurait fallu précisément encourager les délocalisations liées aux coûts de production qui se traduisent par des achats de matières premières et plus généralement peuvent avoir des effets industriels positifs. Ces délocalisations n'ont rien à voir avec ce qu'on appelle l'outsourcing où là, c'est toute la filière industrielle qui disparaît.

Dans le textile, ce qui marche aujourd'hui c'est la mode, secteur dynamique et permettant de se différencier, et le textile technique. Il y a dans le textile beaucoup de niches qui sont des marchés porteurs pour l'industrie, pour le bâtiment ou encore pour l'agriculture.

Je voudrais également dire un mot sur la monnaie. Une entreprise industrielle va en effet équilibrer son activité en fonction du lieu de réalisation du chiffre d'affaires. Le problème de la zone euro se pose donc clairement et je fais partie de ceux qui se réjouissent du niveau actuel de l'euro. Je rappelle d'ailleurs qu'il est aujourd'hui au niveau de la parité de pouvoir d'achat avec le dollar : il n'est pas sous-évalué.

Sur la question de la taxe professionnelle, il est évident qu'il n'est pas possible de taxer de cette façon les investissements des entreprises. La taxe professionnelle est un impôt anti-industriel et constitue un frein à l'investissement. Or cela fait plusieurs années que la plupart des industriels n'investissent pas.

M. Edmond Hervé. - J'ai été très intéressé par votre exposé et je pense qu'il faut que nous soyons optimistes. Je vous suggère à ce sujet la lecture du dernier rapport du Conseil des prélèvements obligatoires publié en septembre dernier. Je suis tout à fait d'accord avec le constat que vous évoquiez de la financiarisation de notre industrie. Il y a eu une rupture au début des années 1990 alors qu'il y avait auparavant un consensus entre les différents acteurs de l'entreprise fondé sur le partage des fruits de l'expansion, lequel a volé en éclats.

Je ne suis pas d'accord en revanche sur votre analyse de la période du début des années 1980. Deux images sont alors marquantes : la chute de la sidérurgie, des Charbonnages de France et du textile. Mais lorsque l'on trouve une niche dans le secteur textile, tout le monde y gagne : dans le textile sportif par exemple.

Le groupe Siemens que vous évoquiez s'appuie en réalité sur une multiplicité d'entreprises basées dans différents pays et je souligne à cet égard que la différence de salaires entre un ouvrier tchèque et un ouvrier allemand était il y a trois ans d'au moins un tiers.

Par ailleurs, comment expliquez-vous qu'en France, seulement 10% des éoliennes soient d'origine française ? D'autre part, comment expliquez-vous que 80% des éléments intervenant dans la fabrication d'une voiture allemande sont d'origine allemande à la différence de la France ?

M. Dominique Jacomet. - Au-delà de la financiarisation de l'industrie, le problème de fond réside dans la transformation des managers en actionnaires. La part des rémunérations liées au capital est restée en Allemagne très raisonnable et n'a aucun point de comparaison avec ce qu'on observe en France, où la diffusion de ces rémunérations est en outre concentrée sur le comité exécutif. Il est évident qu'il y a une incitation très forte sur le court terme. Ce problème doit être essentiellement réglé par les actionnaires et les conseils d'administration.

Le principe même, la construction et l'attribution de ces rémunérations par les entreprises doivent être remis en cause.

Sur la comparaison avec l'Allemagne, beaucoup d'éléments sont à prendre en compte en ce qui concerne les salaires. Néanmoins, j'attire votre attention sur le fait que notre compétitivité se dégrade par rapport aux grands acteurs industriels en Europe. Mais il est encore temps de réagir. Il y a une nette différence d'approche avec l'Allemagne où il y a un consensus, au niveau des dirigeants comme au niveau des représentants du personnel, sur certaines délocalisations en République tchèque, par exemple.

L'Allemagne n'a pas précipité des opérations de délocalisation comme cela a été le cas en France dans l'industrie automobile avec les sous-traitants. L'ampleur des délocalisations dans le secteur automobile en France, je le rappelle, est la même que pour le secteur de l'habillement.

M. Edmond Hervé - J'aurais voulu que vous utilisiez le terme de « filières ».

M. Dominique Jacomet. - Je préfère en réalité l'expression de « chaîne de valeurs ». La filière traduit une vision domestique et intégrée or cela ne décrit plus l'organisation actuelle du secteur industriel.

Edmond Hervé. - Il faudrait rayer du vocabulaire industriel le mot « sous-traitant ».

M. Dominique Jacomet. - Je suis tout à fait d'accord, tout comme le terme « façonnier » dans le secteur textile.

En conclusion, je voudrais rappeler :

- qu'il n'y a pas d'avenir sans industrie ;

- qu'il est nécessaire de faire un effort de revalorisation de l'image de l'industrie auprès des jeunes ;

- qu'il ne faut pas écarter la question de la compétitivité ;

- qu'il faut privilégier la mise en réseau et le décloisonnement : les pôles de compétitivité constituent à cet égard un bon début.

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