B. UNE IMAGE BROUILLÉE

Paradoxalement en dépit de l'importance des flux d'investissements étrangers, dont on se félicite sans doute un peu trop vite, la France continue d'être mal notée par les organismes qui se font une notoriété en évaluant l'attractivité des différents pays.

1. L'indicateur faussement rassurant de l'importance des investissements étrangers en France

Chaque année, la publication des données concernant les investissements directs étrangers (IDE) fournissent à la presse l'occasion de souligner l'attractivité du territoire français. Pourtant, s'il est vrai qu'avec 58 milliards d'euros d'IDE reçus en 2006, la France figure au 3 ème rang mondial, ce chiffre mérité d'être nuancé .

M. Henri de Castries s'étonnait de ce qu'il considère être un optimisme excessif et a, au contraire, exprimé sa préoccupation dans les termes suivants : « quand vous analysez attentivement ce que sont ces investissements en France, vous observez qu'il s'agit bien plus souvent d'investissements de rachats de distribution que d'investissements de recherche. Et cela me semble très profondément préoccupant. [Or] acheter des réseaux de distribution signifie acheter une part de marché . Les étrangers achètent des parts de marché, car la France est encore un marché de 60 millions d'habitants raisonnablement solvables. Racheter des parts de marché permet de réaliser des synergies, mais il n'y a pas beaucoup d'investissements de développement ni de recherche. Voilà le vrai sujet : la France sera vraiment un territoire attractif le jour où les rachats de capacités existantes seront remplacés par des investissements dans la recherche et des extensions de capacités . Si vous demandez les chiffres selon ces critères-là, je pense que le paysage sera tout à fait différent. »

De fait, la mission commune d'information avait également interrogé M. Thierry Breton, alors ministre de l'économie, des finances et de l'industrie dans son courrier du 23 novembre 2006 précité à propos de la distinction, au sein des IDE, des investissements productifs et des « achats de parts de marché ». Elle n'a pas pu obtenir de réponse claire à ce sujet, l'AFII, qui a traité la question, ayant simplement rappelé que les investissements productifs étrangers avaient, en 2006, « créé ou maintenu » 39.998 emplois en France . Lors de son audition par votre rapporteur, M. Philippe Favre, président de l'AFII a estimé, avec les réserves d'usage, à environ 10 à 15 % des IDE les investissements productifs, faisant valoir d'importantes difficultés méthodologiques pour obtenir un chiffrage précis. Ces données sont évidemment inexploitables, ce qui illustre les limites et les ambiguïtés persistantes de l'action de l'Agence, déjà amplement soulignées par la commission des finances du Sénat

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