2. Les reproches adressés au Rapido

Courant 2005, la FDJ a eu également à répondre à des critiques extrêmement sévères de son jeu le Rapido.

De nombreux médias ont attaqué ce jeu, qui connaît un succès considérable, lui reprochant d'être, selon eux, puissamment « addictogène ».

Il est cependant d'autant plus difficile d'affirmer cela que cette recherche de responsabilité représente une initiative première dans notre pays qui souffre (faut-il le rappeler ?) d'un grave déficit en études spécialisées pour se prononcer sur la question.

Attaques et réponses se sont donc déroulées dans un climat confus, peu propice à un bon débat sur le fond.

Il faut cependant s'interroger : un jeu aussi rapide, aux séquences aussi rapprochées, faisant autant appel à l'émotion, à un rythme aussi pressant, ne stimule-t-il pas trop le joueur et n'est-il pas générateur de dépendance ?

Les attaques contre ce nouveau produit ont été si vives qu'il se disait que le ministère du budget et la FDJ avaient décidé d'en freiner la diffusion.

Quoi qu'il en soit, la FDJ fait valoir que :

- elle n'a jamais fait aucune publicité médias pour le Rapido ;

- elle a pris des mesures de modération quand cela s'est avéré nécessaire sans y avoir été incitée par quiconque ;

- il y a eu effectivement une importante campagne médiatique, mais celle-ci est intervenue après les changements apportés aux règles par la FDJ ;

- ces changements ne sont donc pas produits en réaction à des critiques, mais résultent de la surveillance des pratiques dans le réseau en relation avec le ministère du budget ;

- le 10 mars 2005 21 ( * ) (JO n° 0058), la FDJ, dans une logique de jeu responsable, a ramené de 4.000 à 1.000 euros, la mise maximale et diminué de moitié le nombre de tirages auquel donne droit un bulletin.

La FDJ ajoute qu'« elle a lancé ce jeu en 1999 pour offrir l'alternative, légale et contrôlée, d'un jeu de tirage rapide à des formes intensives de jeu (vidéo loteries), ainsi qu'au développement des machines à sous clandestines ».

Ce dernier argument paraît un peu spécieux à votre rapporteur, parce qu'il ouvre la porte à toutes sortes d'« escalades » en la matière. Il comprend bien le désir de la FDJ d'être présente sur tous les fronts, mais estime qu'il faut être effectivement plus circonspect dans l'avenir et mettre en oeuvre, pour les jeux, le principe de précaution qui, de nos jours, joue pour tant de choses.

En effet, il est difficile, quand on lance un produit quel qu'il soit, d'en prévoir tous les effets.

Aussi, plutôt que de prolonger ce procès contre la FDJ, vaut-il mieux retenir la leçon pour l'avenir, en exerçant davantage de vigilance non seulement lors de l'élaboration d'un jeu nouveau, mais aussi dans le développement de certaines techniques de marketing .

Il apparaît bien d'ailleurs, à la lecture des textes publiés au début 2006, à l'initiative du ministre délégué au budget et à la réforme de l'Etat, M. Jean-François Copé, que celui-ci a tout à fait pris en compte ces notions.

En effet, l'article 1 er de l'arrêté du 22 février 2006 parlant du programme de jeux de l'année suivante qui est attendu de la FDJ, précise que la « description des nouveaux jeux envisagés » sera accompagnée d'une « indication de leur impact » au regard des objectifs d'encadrement du jeu voulus par le ministère.

C'est une excellente chose : décidemment ces décrets et l'arrêté sont en train de bien changer les choses !

* 21 Modification le 10 mars 2005 (JO n° 0058) du règlement du jeu publié au Journal officiel du 24 septembre 2000, en application du décret n° 78-1067 du 9 novembre 1978, relatif à l'organisation et à l`exploitation des jeux de loterie.

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