B. UNE RELATIVE SPÉCIALISATION DE L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

Les villes petites et moyennes, ayant moins de 100 000 habitants, sont économiquement des pôles locaux . Le plus souvent, le secteur tertiaire y est dominant avec une sur-représentation des emplois de la fonction publique, à travers le réseau des préfectures qui assurent l'encadrement du territoire par l'administration et les équipements publics. Parfois le tourisme est promu au rang de catalyseur du développement économique.

Mais de façon générale, les situations sont très diverses. Les activités sont nombreuses et la gamme des équipements spécialisés parfois très étendue : université, centre hospitalier universitaire, tribunal, centre administratif, etc.

La question de l'équipement des villes moyennes est difficile à résoudre . Toute amélioration de l'accessibilité est une arme à double tranchant, puisque de meilleures conditions d'accès peuvent être à l'origine de nouveaux départs.

L'équipement universitaire est l'objet de vives discussions . Le vivier d'étudiants risque vite d'être trop étroit. L'autre danger serait que des pôles généralistes médiocres se constituent et deviennent des nasses culturelles et professionnelles pour les étudiants les plus défavorisés qui n'auraient pas accès à la migration.

Dans quelques cas, les villes moyennes se caractérisent par une sur-représentation industrielle comme à Montbéliard avec Peugeot, Montargis et Montluçon pour l'industrie du caoutchouc.

La plupart des villes moyennes françaises animent leur région et jouissent d'une aire d'influence ayant un rôle de marché local et régional . Quelques-unes ont développé une fonction qui dépasse le cadre local, comme Niort et les assurances mutuelles. Un exemple original du dynamisme de ces villes est celui de Cholet, pôle industriel local du Maine-et-Loire. L'agglomération concentre une part croissante de l'activité industrielle avec l'habillement, les matières plastiques et l'industrie décentralisée des pneumatiques.

Leurs atouts fonctionnels semblent limités.

Nombre de villes moyennes que la révolution industrielle avait étroitement spécialisées et rendues vulnérables se sont diversifiées pour leur plus grand profit, en attirant de nouvelles activités (électronique à Colmar et dans ses environs ou à Bayonne, par exemple).

Elles sont obligées à une relative spécialisation de l'activité, mais cela les précarise. Le cas de Romans-sur-Isère (32 000 habitants) est intéressant à observer. Le licenciement de 4 salariés sur 5 au début des années 90, dans l'industrie de la chaussure, avait fait monter le chômage à plus de 24 % de la population active. Une reconversion en magasins d'usine s'est effectuée, en limite du centre-ville sur une ancienne caserne désaffectée, les producteurs vendant directement au public la partie de leur production non écoulée selon les circuits traditionnels. Aujourd'hui les emplois créés ont limité le chômage bien qu'il demeure élevé. Une douzaine de villes effectuent ce type de reconversion dont Roubaix dans le Nord ou Talange en Moselle.

La redynamisation des industries reste une priorité pour la DATAR qui cherche à acclimater en France des districts industriels à l'italienne. Le comité interministériel d'aménagement du territoire (CIADT) de décembre 1997 s'est fixé comme objectif de faire émerger de 150 à 200 districts industriels, appelés aussi systèmes productifs localisés (SPL). Ces projets ont été plus ou moins pris en compte dans les contrats de Plan Etat-région (2000-2006). Les exemples de districts en voie de constitution foisonnent : SPL du Choletais (chaussure et textile) ; SPL du décolletage dans la vallée de l'Arve ; SPL de plasturgie autour d'Oyonnax ; SPL du papier-carton autour de Dax, etc ... 17 ( * ) .

* 17 M. Fabriès-Verfaillie et al., La France des villes, Bréal, 2000.

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