AVIS N° 87 - Tome V - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - INDUSTRIE


M. Francis GRIGON, Sénateur


Commission des Affaires économiques et du Plan - Avis n° 87Tome V - 1997/1998

Table des matières






N° 87

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME V

INDUSTRIE

Par M. Francis GRIGNON,

Sénateur.

(1) Cette commission est composée de : MM. Jean François-Poncet, président ; Philippe François, Henri Revol, Jean Huchon, Fernand Tardy, Gérard César, Louis Minetti, vice-présidents ; Georges Berchet, William Chervy, Jean-Paul Émin, Louis Moinard, secrétaires ; Louis Althapé, Alphonse Arzel, Mme Janine Bardou, MM. Michel Barnier, Bernard Barraux, Michel Bécot, Jean Besson, Jean Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Michel Charzat, Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere, Gérard Delfau, Fernand Demilly, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Mme Josette Durrieu, MM. Bernard Dussaut , Jean-Paul Emorine, Léon Fatous, Hilaire Flandre, Aubert Garcia, François Gerbaud, Charles Ginésy, Jean Grandon, Francis Grignon, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Hugo, Bernard Joly, Gérard Larcher, Edmond Lauret, Pierre Lefebvre, Jean-François Le Grand, Kléber Malécot, Jacques de Menou, Louis Mercier, Jean-Baptiste Motroni, Jean-Marc Pastor, Jean Pépin, Daniel Percheron, Jean Peyrafitte, Bernard Piras, Alain Pluchet, Jean Pourchet, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Roger Rigaudière, Roger Rinchet, Jean-Jacques Robert, Jacques Rocca Serra, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme Odette Terrade, M. Henri Weber.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 230 , 305 à 310 et T.A. 24 .

Sénat : 84 et 85 (annexe n° 11 ) (1997-1998).

Lois de finances.

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Les crédits inscrits au titre du secrétariat d'Etat à l'industrie en 1998 s'élèvent à 16,366 milliards de francs en dotations ordinaires et crédits de paiement et à 5,312 milliards de francs en autorisations de programmes.

Mais il convient, tout d'abord, de rappeler que les fascilules budgétaires " Industrie " et " poste et Télécommunications et Espace " ont été regroupés lors de la mise en place de la nouvelle structure gouvernementale en juin 1997. Par ailleurs, les crédits relatifs à l'espace (dotations du CNES et crédits de recherche industrielle " espace ") et au bureau de recherche géologique et minière (BGRM) ont été inscrits sur le budget du ministère chargé de la recherche. En outre, la clé de partage entre les budgets de l'industrie et de la recherche de la subvention de fonctionnement au Commissariat à l'énergie atomique (chapitre 36-83) a été alignée sur celle de la subvention d'investissement (soit 50 %-50 %).

Le budget de l'industrie enregistre dans ces conditions, à périmètre inchangé, une hausse de 3,8 % par rapport à 1997.

CHAPITRE IER -

LE SECRÉTARIAT D'ÉTAT À L'INDUSTRIE ET LA POLITIQUE INDUSTRIELLE FRANÇAISE

I. LES PRIORITÉS BUDGÉTAIRES

Les objectifs affichés par le Gouvernement sont au nombre de six :

Un soutien accru à la petite et moyenne industrie

Afin de soutenir la création d'emplois, l'aide au développement industriel régional progresse de plus de 15 % en autorisations de programme par rapport à la loi de finances 1997. Outre les actions figurant principalement au contrat de plan Etat-régions (682 millions de francs dont 212 millions de francs pour la procédure de diffusion des techniques ATOUT), un effort de 50 millions de francs sera consacré à la diffusion des nouveaux outils de communication et d'information dans les PMI.

Un soutien public accentué aux programmes de recherche civile

Les crédits de recherche industrielle inscrits au chapitre 66-01 permettent notamment la poursuite de l'appel à propositions " technologies-clés " et l'accentuation des actions de recherche dans les domaines des télécommunications et du multimédia, tandis que l'aide à l'innovation des PMI assurée par l'ANVAR est stabilisée à 840 millions de francs en autorisations de programmes. Le réseau de diffusion technologique animé par l'agence est par ailleurs conforté.

La dotation affectée aux investissements civils du Commissariat à l'Energie Atomique devrait atteindre 651 millions de francs en autorisations de programmes et crédits de paiement, répartis à parité entre les budgets de l'industrie (325,5 millions de francs) et de la recherche.

Une progression volontariste des dotations en faveur des actions de reconversion et de restructuration industrielles

Le Fonds d'industrialisation de la Lorraine voit ses crédits de paiement progresser de près de 20 % avec 106,1 millions de francs. La rebudgétisation du fonds d'industrialisation des bassins miniers (FIBM) se traduit par l'inscription de 140 millions de francs d'autorisations de programmes et de 146,43 millions de francs en crédits de paiement.

Enfin, les crédits destinés à accompagner les dossiers de restructuration industrielle hors " Comité interministériel de restructuration industrielle" (lequel bénéficie pour sa part d'une ouverture de crédits de 50 millions de francs en autorisations de programmes et crédits de paiement) progressent respectivement de 21 % en autorisations de programmes et de 100 % en crédits de paiement (66 millions de francs).

L'affirmation du rôle de l'Etat dans le secteur des télécommunications

L'évolution des dotations et subventions de fonctionnement bénéficiant respectivement à l'Autorité de Régulation des Télécommunications (ART) et au Groupement des Ecoles de télécommunications (GET) reflète le souci d'accompagner la montée en puissance des nouveaux établissements publics administratifs mis en place au 1er janvier 1997 et de l'autorité administrative indépendante de régulation.

Un effort en faveur des économies d'énergie et des énergies renouvelables

Les dotations affectées à l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie sont en progression par rapport à 1997 (+ 12,8 % en DO + AP).

La stabilisation des effectifs de fonctionnaires

A cet égard, on note l'absence de toute suppression d'emplois en 1998. En revanche, 20 postes budgétaires sont transformés :

- 14 emplois d'enseignants dans les écoles des mines de Nantes et d'Albi-Carmaux ;

- 3 experts techniques dans les Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE) (contrôle technique des véhicules) ;

- 3 ingénieurs pour la direction de la sûreté nucléaire.

En second lieu, la prise en compte du changement de statut de France Télécom et la nécessité de clarifier les rapports entre l'Etat et l'exploitant public conduisent à prévoir le remboursement à l'exploitant de la rémunération des agents qu'elle met à disposition du secrétariat d'Etat.

Enfin, la poursuite de la réforme des écoles des mines aura pour effet de transférer aux six établissements publics administratifs 362 emplois de contruactuels de recherche, techniques et administratifs ainsi que les crédits budgétaires correspondants à compter de la rentrée 1998. Ce transfert, qui bénéficie au chapitre 36-70 " écoles des mines ", s'accompagnera de la mise en place d'un nouveau statut applicable aux agents contractuels des écoles des mines.

RÉTROSPECTIVE DES DOTATIONS BUDGÉTAIRES DU DÉPARTEMENT DE L'INDUSTRIE

1993-1998 (DO + CP)

(en millions de francs)

Imputations

(nomenclature 1998)

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Titre III

4.591,62

4.599,73

4.691,73

4.742,05

5.229,0

5.381,2

Titre IV

10.165,2

9.779,8

8.176,4

7.788,7

6.150,0

6.053,7

Titre V

102,3

116,5

125,7

106,5

53,2

44,0

Titre VI

5.822,8

6.070,9

5.868,0

5.327,9

4.398,2

4.888,1

TOTAL

20.681,9

20.567,0

18.861,9

17.965,1

15.830,4

16.367,0

II. LA POLITIQUE EN FAVEUR DE L'INNOVATION ET DE LA CRÉATION D'ENTREPRISES

A. L'AGENCE NATIONALE POUR LA VALORISATION DE LA RECHERCHE (ANVAR)

L'ANVAR, établissement public à caractère industriel et commercial, a pour mission de soutenir le développement industriel et la croissance par l'aide à l'innovation, notamment technologique, et de contribuer à la mise en valeur des résultats de la recherche scientifique et technique. Elle participe à la mobilisation des financements nécessaires à la croissance des entreprises, notamment par l'apport de son expertise.

Disposant au 31 décembre 1996 d'un effectif budgétaire de 365 postes (dont 3 affectés à Eurêka), l'Agence est composée d'un siège regroupant les directions centrales et de 24 délégations régionales.

L'ANVAR concentre ses actions sur l'aide aux projets innovants, l'accompagnement des créations d'entreprises innovantes, l'augmentation du potentiel de ressources des PME par l'aide au recrutement de cadres de R & D, le soutien des transferts de technologies, l'aide à la recherche au partenariat technologique européen, la sensibilisation des jeunes à l'innovation et, enfin, une politique de partenariat avec les régions et les collectivités territoriales.

En ce qui concerne l'aide à l'innovation, l'action de l'ANVAR a représenté en 1996 un montant global de 1,309 milliard de francs pour 4.319 aides.

Sur les 1.800 PME-PMI dont l'effort de recherche-développement a été soutenu à hauteur de 1,207 milliards, 55 % ont fait appel à l'ANVAR pour la première fois. Ce taux s'élève à 66 % si l'on considère celles qui n'avaient pas eu de relations avec l'Agence depuis au moins quatre ans.

Près de la moitié de ces PME-PMI (45,3 %) sont des entreprises jeunes, de moins d'un an d'existence, avec une progression du chiffre d'affaires d'au moins 25 % sur les deux derniers exercices.

Elles relèvent principalement du secteur des services, mais également du secteur manufacturier où elles représentent plus de 42 % des PME aidées.

Le transfert de technologie , notamment à partir des laboratoires de recherche publics et privés vers l'industrie, permet aux PME-PMI de mettre au point des produits et procédés nouveaux à forte valeur ajoutée. En 1996, l'ANVAR a soutenu 86 transferts pour un montant total de 88 millions de francs, auxquels il convient d'ajouter 13 recours à des conseils destinés à préparer des transferts pour un montant total de 1 million de francs.

En ce qui concerne le soutien à la création d'entreprises innovantes , l'ANVAR a aidé 398 jeunes entreprises pour un montant total de 179 millions de francs. Ces PME nouvelles représentent 19,3 % des projets d'innovation, 27,6 % des recrutements de cadres de R & D et 27 % des acquisitions de technologies soutenues. Elle se situent plutôt dans les secteurs de haute technologie.

En 1996, l'ANVAR a soutenu 570 recrutements de cadres de recherche et de développement pour un montant total de 85 millions de francs.

Parmi ces embauches en contrats à durée indéterminée, 22,9 % concernent des docteurs, 16 % des universitaires et 56,1 % des ingénieurs.

S'agissant de l'action en faveur de l'insertion professionnelle des 18-25 ans, en 1996, l'ANVAR a soutenu, à hauteur de 15 millions de francs, 779 projets de jeunes étudiants et élèves-ingénieurs

La dotation budgétaire de l'Etat s'élevait en 1997 à 835 millions de francs en autorisations de programmes et à 679,5 millions de francs en crédits de paiement.

Les crédits disponibles au titre des programmes relevant de l'aide de l'innovation représentent 1.336 millions de francs en autorisations de programmes en 1.129,5 millions de francs en crédits de paiement.

Les engagements du premier semestre 1997 s'élèvent à 648 millions de francs et le nombre de dossiers enregistrés à 1.336.

En dehors du l'appui aux projets EUREKA, l'ANVAR tend à faciliter l'accès des PMI françaises aux programmes spécifiques du 4ème PRCD (Programme cadre de recherche développement) :

- la part d'aides attribuée pour le recrutement de chercheurs s'élève à 45,523 millions de francs pour 284 dossiers ;

- les interventions concernant le réseau de diffusion technologique s'élèvent à 33,207 millions de francs.

Au premier semestre 1997, la proportion d'entreprises aidées de moins de trois ans est en régression sensible par rapport aux années antérieures : 16,5 % contre 19,7 % en 1996.

Plusieurs manifestations importantes se sont déroulées au premier semestre 1997.

Des rencontres technologiques européennes :

- " Produits et procédés agro-alimentaires ", 19 et 20 juin 1997 à Amiens ;

- " Technologies de l'information et de la communication ", 15 et 16 mai 1997 à Rennes.

Des salons professionnels et sectoriels, nationaux et internationaux :

- Intermédia 97, salon international des technologies médicales, du 24 au 27 mars 1997 à Paris ;

- Informatique Montpellier 97, du 25 au 30 mai 1997 à Montpellier ;

- IDT 97, salon de l'information électronique, du 3 au 5 juin 1997 à Paris.

Un " forum européen des capitaux pour la technologie " s'est tenu, par ailleurs, les 10 et 11 avril 1997 à Berlin (Allemagne),

Signalons, encore :

- le colloque PREDIT 1996-2000 (Programme national de recherche et d'innovation dans les transports terrestres, lancé par les ministères de l'industrie, de la recherche, des transports, de l'environnement, en collaboration avec l'ADEME et l'ANVAR, 23 et 24 juin 1997 à Poitiers ;

- la participation de l'ANVAR au forum USA 97, organisé par la mission spécifique et technologique de l'ambassade de France aux Etats-Unis, du 4 au 9 avril 1997 à Boston, Chicago et San Francisco (Etats-Unis) ;

- une collaboration de l'ANVAR Auvergne à la remise des prix de la Bourse européenne de la création coutelière, le 25 avril à Thiers, dans le cadre des journées internationales de la coutellerie.

B. L'AGENCE NATIONALE POUR LA CRÉATION D'ENTREPRISES

Créé en 1979, l'ANCE est chargée de cinq missions principales :

- assurer le secrétariat du conseil national de la création d'entreprise en organisant et animant les commissions qui le composent et veiller au suivi des propositions émises par ces dernières ;

- collecter, mettre en forme et diffuser les informations nécessaires à une meilleure connaissance de la création d'entreprise afin de répondre aux besoins des acteurs ;

- mettre au point et diffuser des méthodes et des fiches techniques relatives à la création d'entreprise ;

- mettre en oeuvre des programmes annuels et pluriannuels définis par le CNCE ;

- faciliter les relations entre le CNCE et les Comités régionaux de la création d'entreprise.

Les moyens financiers dont l'ANCE dispose pour remplir ses missions, se répartissent entre :

- une subvention de fonctionnement de la part du ministère de l'industrie (inscrite au chapitre 44-81, article 10) ;

- des ressources propres constituées par les ventes d'ouvrages, des prestations de formation et d'ingénierie... ;

- des recettes spéciales allouées pour des opérations spécifiques.

Pour les années 1996 et 1997, les dotations de l'agence sont retracées dans le tableau ci-dessous :

1996

1997

MF

%

MF

%

Subvention du ministère de l'industrie

19,1

76,4

19,1

73,2

Ressources propres

5,4

21,6

3,6

13,8

Recettes spécifiques

0,5

2,0

3,4

13,0

Total

25,0

100,0

26,1

100,0

Les dépenses se répartissent comme suit :

1996

1997

MF

%

MF

%

Frais de personnel

15,6

58,4

12

46,0

Charges de structures

6,2

23,2

5,3

20,3

Programmes d'action

4,9

18,4

8,8

33,7

Total

26,7

100,0

26,1

100,0

Durant le premier semestre 1997, l'ANCE a mené plusieurs opérations et notamment :

- la création d'un site Internet accessible à tous les pays ;

- la mise en place des commission du conseil national de la création d'entreprise ;

- la préparation d'une procédure d'inventaire qui permettra de restituer par région, toutes les aides et dispositifs destinés aux porteurs de projets et aux créateurs d'entreprises.

C. " EURÉKA "

Comme le montre le tableau ci-dessous, près de 550 millions de francs seront consacrés à " EURÉKA " en 1997, ce qui représente 80 % du financement public français. Pour 1998, le montant prévu par le projet de loi de finances est de 830 millions de francs.

EUREKA (MF/LFI)

1993

1994

1995

1996

1997 (e)

JESSI-MEDEA

358

375

408

403

280

TVHD-ADTT-COMMEND

147

167

60

65

70

Autres

651

678

442

250

200

Totaux (LFI)

1.156

1.210

910

718

550

On relève deux grands programmes MEDEA et COMMEND :

Le programme MEDEA

Le projet MEDEA (13 milliards de francs), d'une durée de quatre ans, réunit huit partenaires (Siemens, Robert Bosch, GmbH pour l'Allemagne, SGS-Thomson-Microelectronics, Bull et Alcatel pour la France, SGS-Thomson pour l'Italie, Philips semiconductors BV, ASM International NV pour les Pays-Bas) en capitalisant sur les résultats du programme JESSI, qui a permis de redresser la compétitivité de l'industrie européenne dans le domaine de la fabrication des composants.

Le programme COMMEND

Le projet COMMEND (1,4 milliards de francs), d'une durée de quatre ans également, doit permettre l'interconnexion et l'utilistation partagée de tous les appareils et services numériques du multimédia.

Il associe les industriels européens du secteur de l'électronique grand public : Thomson Multimédia (France), Grundig et Sony Deutschland (Allemagne), Philips (Pays Bas), et Philips ITCL (Belgique).

Le projet COMMEND s'appuie sur les résultats des travaux du groupe DVB (Digital Video Broadcasting) et sur l'ensemble des études menées sur les services mobiles de transmission, les réseaux câblés numériques et les moyens de distribution type vidéo-disque et magnétoscope numérique.

S'agissant des autres programmes , la France participe à 39 nouveaux projets sur 164.

Au plan quantitatif, 45 % des projets sont conduits par des PME, 29 % des grands groupes, 25 % par des laboratoires de recherche, et 1 % par d'autres organismes. L'ANVAR soutient les projets menés par les PME, mais le ministère en charge de l'industrie reste le principal soutien public français d'EUREKA.

D. LA PROCÉDURE " ATOUT "

Les aides apportées par la procédure " ATOUT " peuvent intervenir à deux niveaux :

- durant la phase de faisabilité qui inclut les opérations permettant à une entreprise de décider de l'opportunité technico-économique d'un projet.

La phase de faisabilité est soutenue à hauteur de 50 % des dépenses éligibles de l'entreprise. Cette subvention est plafonnée à 300.000 francs ;

- durant la phase de réalisation qui inclut par exemple des opérations de recherche et développement préalables à l'investissement de production ou encore pour la formation spécifique à l'exécution du projet.

La phase de réalisation est soutenue également à hauteur de 50 % au maximum des dépenses éligibles de l'entreprise. Cette aide, plafonnée à 1 millions de francs, est accordée sous la forme d'une avance remboursable. Si elle est inférieure à 300.000 francs, l'aide peut être accordée sous la forme d'une subvention.

Pour pouvoir bénéficier de cette aide, l'entreprise doit compter moins de 2.000 personnes et se trouver dans une situation financière saine.

L'attribution des crédits est décidée par le préfet de région sur proposition de la commission régionale d'attribution des aides. Pour les trois volets PUCE, PUMA et LOGIC, ces crédits sont inscrits dans le contrat de plan Etat-Région et peuvent être abondés par les régions.

Le bilan de la procédure ATOUT apparaît dans le tableau ci-dessous :

Nombre de dossiers

Montant en MF

Depuis l'origine

En 1996

Depuis l'origine

En 1996

PUCE

2.702

126

786

40

PUMA

1.464

162

438

52

LOGIC

2.054

432

491

108

TOTAL

6.220

720

1.715

200

Les entreprises qui ont reçu une aide " PUCE " ou " PUMA " sont interrogées chaque année pendant cinq ans sur le montant du chiffre d'affaires généré par le projet aidé et sur la part " exportation " correspondante. L'évaluation des projets " LOGIC " est plus délicate car il s'agit plutôt de l'organisation interne de l'entreprise que d'un nouveau produit.

PUCE

PUMA

Nombre total de dossiers aidés

2.702

1.464

Montant des aides versées de 1984 à 1996 inclus (en MF)

786

438

Aide moyenne par dossier (millions de francs)

291

299

Nombre de dossiers soldés

2.249

868

Nombre de dossiers dont le suivi est terminé

1.639

335

Chiffre d'affaires total généré par ces dossiers (en MF)

17.716

5.498

Chiffre d'affaires moyen par dossiers (en MF)

10,8

16,4

Chiffre d'affaires généré/montant d'aide

37

55

Part du CA export/CA généré total

42 %

40 %

La part importante des exportations constitue la preuve de la compétitivité des entreprises aidées.

Le ministère chargé de l'industrie a mené en 1995 et 1996 des études pour évaluer l'impact des aides sur l'emploi dans les entreprises aidées.

On a constaté qu'en moyenne 100.000 francs d'aide permettent de créer un emploi dans les entreprises.

Avec 200 millions de francs versés, ce sont 2.000 emplois durables et plus qualifiés qui sont créés chaque année, grâce à la procédure ATOUT.

L'année 1998, devrait être caractérisée non seulement par la poursuite des trois anciens programmes, PUCE, PUMA et LOGIC qui sont inscrits dans les contrats de plan Etat-Région (CPER), mais aussi par le démarrage complet du programme DROP relatif aux nouvelles technologies de production (usinage grande vitesse, découpage, assemblage et désassemblage automatique).

Les crédits demandés pour les entreprises pour les trois anciens programmes s'élèvent à 142 millions de francs pour 1998.

E. LES AUTRES ACTIONS " ENVIRONNEMENT COMPÉTITIVITÉ "

Les crédits d'intervention du titre IV, et tout particulièrement ceux du chapitre 44-81 art. 40 permettent au secrétariat d'Etat à l'industrie d'agir sur l'environnement des entreprises par le biais d'actions collectives et d'aides indirectes.

Les crédits de ce chapitre permettent d'attribuer des subventions de fonctionnement à des organismes dont l'intervention stimule la compétitivité des entreprises et notamment des PMI, et favoriser l'environnement économique dans lequel elles évoluent. Ces organismes interviennent dans les domaines de la création et du développement des entreprises (APCE), dans l'amélioration des technologies de production (ADEPA) ainsi que dans la prévention des risques industriels et de l'environnement (INERIS et ANDRA). Enfin, sont inscrits au chapitre 44-81, depuis la loi de finances pour 1996, les crédits de fonctionnement et d'animation de la procédure ATOUT, déjà évoquée.

L'article 40 du chapitre 44-81 finance diverses actions collectives répondant aux mêmes objectifs. Ces opérations sont menées en collaboration avec des partenaires tels que des groupements d'entreprises, des associations, des fédérations ou des syndicats professionnels. Elles visent à améliorer la compétitivité des entreprises par différents types de soutien (appui au développement international, design, assistance technique, développement local...).

Avec des ressources budgétaires modestes, ces interventions permettent d'accompagner de multiples actions de fond profitables à un grand nombre d'entreprises.

Sont également inscrits sur cette ligne, les crédits nécessaires au financement des cadres mis à disposition auprès des DRIRE par EDF.

En 1997, 118,160 millions de francs ont été inscrits au chapitre 44-81 en loi de finances initiale pour 1997.

En 1998, les crédits demandés s'élèvent à 119 millions de francs (dont 33,78 millions de francs au titre de l'article 40).

F. LES ACTIONS RÉGIONALISÉES

L'année 1994, année de signature d'une nouvelle génération de contrats de plan Etat-Régions (CPER), a constitué une année décisive avec la création d'un fonds PMI en grande partie déconcentré et contractualisé dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions (CPER).

Les contrats de plan Etat-Régions (CPER 1994-1998)

La troisième génération de contrats de plan Etat-régions (CPER), signée dans le courant du premier semestre 1994 pour une durée de cinq ans, définit les priorités retenues en commun par l'Etat et les régions en matière de développement industriel régional.

Les priorités retenues dans le cadre des CPER 1994-1998 prolongent largement les exercices contractuels précédents avec la reconduction des procédures de soutien à l'investissement immatériel (FRAC, aide au recrutement de cadres, soutien à la collaboration Recherche/Industrie) et le maintient d'actions spécifiques prioritaires.

Les engagements financiers retenus au titre des contrats de plan apparaissent dans le tableau ci-dessous :

(en millions de francs)

THÈMES

DOTATIONS 1994-1998

SOIT EN MOYENNE ANNUELLE

Immatériel

889

148,53

FDPMI

1.934

257,86

Actions collectives

330

44

TOTAL

3.153

450,39

1,724  milliard de francs d'autorisations de programmes a été délégué de 1994 à la fin de l'année 1996 au titre des CPER 1994-1998. Le montant théorique d'AP à déléguer sur 1997 s'élève à 450,39 millions de francs.

Au premier semestre 1997, l'état d'avancement des contrats de plan Etat-régions 1994-1998 (résultats cumulés 1994, 1995, 1996 et premier semestre 1997 pour la contribution de l'Etat, chapitre 64-92, article 10) est retracé dans le tableau ci-dessous :

MONTANT
(EN MF)

DONT 1ER SEMESTRE 1997
MONTANT
(EN MF)

Immatériel

389,65

61,39

FDPMI

1 205,96

186,41

Actions collectives

188,20

32,13

TOTAL

1 783,81

279,93

Les actions de restructuration défense

Une enveloppe spécifique de 40 millions de francs a été allouée en faveur des PMI, soit parce qu'une part significative de leur chiffre d'affaires concerne le secteur de la défense, soit parce qu'elles sont situées dans les bassins d'emplois les plus touchés par les restructurations de la défense.

Les priorités retenues pour l'utilisation de cette action sont identiques à celles définies pour les CPER 1994-1998.

20 millions de francs en autorisations de programmes ont été ainsi déléguées au cours du premier semestre 1997.

Onze millions de francs ont été engagés au cours du premier semestre 1997.

Compte tenu de l'ampleur des conséquences de la restructuration de notre appareil de défense, votre rapporteur pour avis se demande si l'enveloppe globale de 40 millions de francs n'apparaîtra pas rapidement très insuffisante.

G. LES ACTIONS CONDUITES PAR L'ADMINISTRATION CENTRALE

Parallèlement aux actions conduites en régions, 11 millions de francs de crédits inscrits à l'article 12 du chapitre 64-92 en 1997 auront permis de financer :

- le renouvellement et l'extension à des secteurs industriels connexes au textile-habillement (cuir, maroquinerie, accessoires de mode,...) de l'appel à projets " Jeunes créateurs de mode " ;

- la mise en oeuvre d'un nouvel appel à propositions pour la création de marques collectives ;

- l'aide à la réorganisation des entreprises dans le cadre d'une réduction de temps de travail. Sur ce point, soulignons-le, votre rapporteur pour avis se demande s'il est bien dans la vocation des pouvoirs publics d'intervenir .

Pour 1998, 8 millions de francs sont prévus sur cette ligne budgétaire.

III. LES RESTRUCTURATIONS INDUSTRIELLES

A. LES ACTIONS HORS " COMITÉ INTERMINISTÉRIEL DE RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE " (" CIRI ")

Au premier semestre 1997 les crédits ouverts s'élèvent à 217 millions de francs.

Les actions décidées ou engagées au 30 juin 1997 s'élèvent à 165,802 millions de francs dont 15 millions de francs destinés aux opérations déconcentrées parmi lesquelles on relève :

- une opération en faveur de la filière textile-cuir (5 millions de francs) ;

- une opération de développement local (10 millions de francs).

Une dotation de 150 millions de francs est affectée à diverses opérations de restructuration et de développement d'entreprises.

Jusqu'en 1987, les crédits concernés ont été essentiellement consacrés à la restructuration de grands secteurs industriels, dans le cadre de plans sectoriels (tels que ceux de la machine-outil et du papier) qui ont permis de redresser leur situation.

Les moyens budgétaires sont désormais orientés vers le financement d'aides à la restructuration d'entreprises en difficulté appartenant à des secteurs divers mais plutôt implantés dans des bassins fortement touchés par des suppressions d'emploi.

Pour 1998, la persistance des difficultés rencontrées par certaines entreprises et les menaces qui pèsent sur divers secteurs (habillement-textile, électronique, construction navale, automobile...) nécessitent de poursuivre l'effort engagé. Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit une dotation en autorisations de programmes et 85 millions de francs soit une hausse de 21 % par rapport à 1997.

B. LES ACTIONS SUIVIES PAR LE COMITÉ INTERMINISTRIEL DE RESTRUCTURATION INDUSTRIELLE (CIRI)

Au premier semestre 1997, cinq dossiers nouveaux ont été ouverts. Les engagements de crédits (AP), ont été de 19,8 millions de francs au cours de cette période.

Au second semestre, l'activité devrait se poursuivre à un rythme comparable.

Les prévisions pour 1998 sont difficiles à établir compte tenu du faible nombre d'interventions du CIRI se traduisant par une intervention financière.

Parmi les dossiers en cours d'étude, certains peuvent nécessiter une intervention financière importante dans l'hypothèse d'une impossibilité de financement intégral des plans de restructuration par les entreprises concernées et leurs partenaires.

Le fléchissement de l'activité du CIRI constaté depuis le second semestre de 1994, s'est confirmé en 1996 et au premier semestre 1997. 13 nouveaux dossiers ont été ouverts en 1996 à comparer avec 17 en 1995 et 15 en 1994. Entre 1990 et 1993, le CIRI se saisissait en moyenne de 30 nouveaux dossiers par an.

L'évolution des moyens budgétaires du CIRI en 1996 et 1997 apparaît dans le tableau ci-dessous :

En millions de francs

1996

1997 1er semestre

AP

CP

AP

CP

Loi de finances initiale

200,00

200,0

0,0

50,0

Reports et autres mouvements

110,8

54,1

266,1

200,7

Disponible au 1/01

310,8

254,1

266,1

250,7

Consommations

- 60,7

- 53,4

- 19,8

- 17,6

Disponible u 31/12

250,1

200,7

246,3

233,1

Pour 1998, les autorisations de programmes demandées s'élèvent à 50,0 millions de francs. Comme il l'a été précisé plus haut, il est malaisé d'anticiper les consommations probables en 1998, compte tenu du faible nombre d'interventions financières du CIRI.

C. LES SOCIÉTÉS DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL (SDR)

Créées en 1995 pour soutenir la création et le développement des PME régionales, les sociétés de développement régional (SDR) exercent aujourd'hui leur activité dans les domaines du capital investissement, du crédit à l'investissement ainsi que du crédit bail immobilier.

La tutelle des SDR est exercée par la direction du trésor. Le secrétariat d'Etat à l'industrie est cependant attentif à leur fonctionnement, compte tenu de leur rôle dans l'accompagnement du développement des PME industrielles.

Les SDR viennent de traverser une crise très importante. Celle-ci s'est traduite par la mise en liquidation amiable de trois d'entre elles. La détérioration de leur situation financière, constatée depuis le début des années 1990, a plusieurs causes : impact de la récession économique, erreurs de gestion mais aussi érosion des marges du fait de la banalisation de la distribution du crédit.

Afin qu'elles puissent continuer à exercer leurs missions, les pouvoirs publics ont encouragé et soutenu les adossements des SDR aux institutions financières capables d'assurer leur refinancement. Elles ont été incitées à relancer leur action dans le domaine du capital investissement et ont pu bénéficier, à ce titre du fonds de garantie dédié à la couverture des risques sur les interventions en fonds propres géré par SOFARIS.

Même si le fonctionnement de certaines d'entre elles est plutôt satisfaisant -en Alsace par exemple- votre rapporteur pour avis estime qu'il y a lieu aujourd'hui de s'interroger sur l'utilité de ces sociétés de développement régional.

IV. LA " NORMALISATION "

L'organisation administrative française en la matière fait intervenir :

- le délégué interministériel aux normes représentant les pouvoirs publics, qui assure le secrétariat d'un " groupe interministériel des normes ". Il exerce les fonctions de commissaire du Gouvernement auprès de l'association française de normalisation (AFNOR), la création du bureaux de normalisation ;

- l'AFNOR, association régie par la loi du 1er juillet 1901, créée en 1926, et qui rassemble les pouvoirs publics, les industriels et les consommateurs. Cette association coordonne et diffuse les travaux de normalisation.

Elle est chargée, depuis 1984, de l'élaboration du programme de normalisation, de l'homologation des normes, et de l'arbitrage des conflits éventuels :

- des bureaux de normalisation, liés le plus souvent aux organismes professionnels et qui établissent des projets de normes.

L'association française de normalisation emploie environ 600 personnes.

Les bureaux de normalisation en emploient, quant à eux, environ 350 dont 105 à l'Union technique de l'électricité (UTE).

Plus de 20.000 experts réunis en plus de 2.500 instances de travail (comités, commissions, groupes de travail...), participent à l'élaboration des normes.

Financée jusqu'à la fin de 1975 par une taxe additionnelle à la patente reversée partiellement à l'Association au titre de la normalisation, l'AFNOR bénéficie depuis d'une ligne spéciale créée au budget du ministère de l'industrie. La part de cette subvention dans le budget de l'association est passée progressivement de 70 % à 23 % et l'AFNOR a été invitée à accroître ses ressources propres.

L'organisation du système français de normalisation permet de répondre à une condition essentielle de la normalisation : la recherche systématique du consensus de toutes les parties intéressées.

La Commission européenne a lancé à la fin de l'année 1993 un audit, dont l'AFNOR a eu la maîtrise d'oeuvre, auprès de 850 PME à travers l'Europe. Il s'agit du projet Euromanagement.

L'objet était de mettre en lumière accès des PME à l'information dans le domaine de la réglementation et de la normalisation. L'ancien ministère de l'industrie, de la poste et des télécommunications a entrepris une démarche -impliquant très largement les DRIRE- auprès de ces entreprises pour qu'elles aient connaissance des directives " nouvelle approche " (définies par une résolution du Conseil des communautés européennes du 7 mai 1985).

Le problème des normes se situe au coeur du marché unique européen.

On se trouve en effet devant l'alternative suivante :

- soit laisser à d'autres le soin d'arrêter les spécifications techniques européennes et modifier nos produits pour qu'ils puissent s'y conformer ;

- soit influencer le processus normatif en participant activement aux travaux des organismes européens de manière à faire en sorte que les normes européennes reflètent effectivement les caractéristiques de nos produits.

L'objectif principal de la politique de normalisation est donc de renforcer l'appropriation collective de la normalisation par tous ceux qu'elle concerne.

A cette fin, l'AFNOR a réorganisé ses structures pour y accroître la part de ses activités commerciales.

Pour 1997, trois objectifs ont été poursuivis :

- mettre au point l'indicateur permettant d'évaluer la qualité des normes qui sont homologuées (une grille d'indicateurs, élaborée par l'AFNOR, est actuellement en cours d'expérimentation) ;

- réduire les délais d'élaboration des normes ; cet objectif est mené en commun avec les organismes européens ;

- renforcer la participation de certains partenaires (PME, consommateurs, associations de protection de l'environnement, collectivités territoriales, etc...).

*

* *

On peut se demander si les fonctionnaires français s'impliquent suffisamment dans les travaux des organismes européens chargés de la normalisation : Comité européen de normalisation (CEN), Comité européen de normalisation-Electricité (CENELEC) et Institut européen de normalisation des télécommunications (ETSI).

D'après les informations obtenues par votre rapporteur, un très petit nombre des quelques 2.000 fonctionnaires français spécialisés dans ces questions travaille directement dans les comités techniques des organismes européens ; c'est pourtant en leur sein que s'élaborent les normes .

Nos partenaires allemands et britanniques (en particulier, pour ces derniers, dans le domaine des industries électriques et des industries de télécommunications) paraissent avoir mieux pris conscience de l'importance de la normalisation. Rappelons, à cet égard, que 80 % des normes françaises ont été ou sont élaborées à partir de normes européennes ou internationales.

Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce " déficit " de participation de la part des fonctionnaires français. Le moindre n'est pas, apparemment, le fait que la langue anglaise est devenue la " langue de travail " au sein des organismes même si les normes définitives sont publiées en trois langues : le français, l'anglais et l'allemand.

CHAPITRE II -

LES PRINCIPAUX SECTEURS DE L'INDUSTRIE

I. MÉTALLURGIE ET MACHINE-OUTIL

A. LA METALLURGIE

L'activité " métallurgie et transformation des métaux " recouvre cinq grands métiers : la sidérurgie et la première transformation de l'acier, la production de métaux non-ferreux, la fonderie, les services industriels du travail des métaux et, enfin, la fabrication de produits métalliques.

Les services industriels du travail des métaux regroupent les secteurs de la forge, estampage et matriçage, du découpage-emboutissage, de la métallurgie des poudres, du traitement et plus souvent des " sous-traitants ", et interviennent dans de grands filières industrielles comme l'automobile et l'aéronautique.

De petite taille, ils ont pour clients et pour fournisseurs de très grandes entreprises.

Après une année 1993 marquée par des destructions d'emplois et une forte réduction de l'activité, ces secteurs ont renoué avec la croissance en 1994 : après un exercice 1995 marqué par une croissance très significative tant en terme d'activité que de créations d'emplois, l'exercice 1996 se traduit par une nouvelle progression.

Cet ensemble, qui rassemble 2.100 entreprises de plus de 20 personnes, emploie 117.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 73 milliards de francs . Il est, pour l'essentiel, constitué de PMI : 97 % des entreprises ont une taille inférieure à 200 personnes, et seules 15 entreprises emploient plus de 500 personnes.

Les exportations, qui restent relativement faibles, ont progressé de façon très sensible : + 16 % par rapport à 1995 ; elles représentent maintenant plus de 15 % du chiffre d'affaires contre 12 % en 1993. Les investissements progressent (+ 3 %), mais restent à un niveau comparable à celui de 1995 (4,9 % du chiffre d'affaires contre 5,1 % en 1995).

La fabrication de produits métalliques rassemble quatorze secteurs d'importance inégale, comportant notamment la coutellerie, la fabrication de serrures, la visserie boulonnerie, la fabrication de fils métalliques.

En 1996, cet ensemble comptait 918 entreprises de plus de 20 personnes, employant 85.000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires total de 65 milliards de francs. Après la reprise intervenue en 1994 et 1995, l'exercice 1996 a été marqué par la stabilisation du chiffre d'affaires et une dégradation de l'emploi (- 3,4 %). Cette situation est due au marché intérieur, les exportations connaissant une nouvelle progression.

La fonderie regroupe 480 entreprises réparties dans près de 90 départements. C'est une industrie de sous-traitance pour plus de 80 % de son activité. Elle se situe au 3ème rang de la sous-traitance nationale derrière les plastiques et l'électronique. Ses marchés couvrent l'ensemble des secteurs de l'économie, le secteur automobile constituant le principal client (près de 47 % de la production est destiné à ce secteur).

La production de la branche était en 1996 de 32,3 milliards de francs (2/3 métaux ferreux et 1/3 métaux non ferreux) pour un effectif total de 52.830 personnes. Les exportations ont représenté 46 % des tonnages cette même année (23 % en terme de valeur), ce qui situe notre industrie de la fonderie au premier rang européen pour le taux d'exportation .

L'excédent commercial de la branche a été de 3,5 milliards de francs, en croissance très nette par rapport à 1995 (+ 24 %). Le dynamisme des exportations conjugué avec la stagnation des importations explique en grande partie ce résultat.

Géographiquement les exportations concernent pour 2/3 des marchés au sein de l'Union et 1/3 des marchés hors Union.

L'année 1997 devrait être une année de consolidation pour la fonderie avec un retour à un rythme d'activité plus conforme au cycle naturel de l'économie.

B. LA MACHINE OUTIL

La machine-outil comprend les machines destinées à usiner le métal, soit par enlèvement de matière (tours, fraiseuses), soit par déformation (presses, cisailles,...). De plus en plus, ces machines sont pilotées informatiquement, par des " commandes numériques ".

Au sein du secteur, on peut distinguer deux grands types d'activité :

- les machines fabriquées en série et destinées au marché des PMI ; ce segment a été le plus touché par la crise du début de la décennie ;

- les machines spéciales, conçues et fabriquées à partir d'un cahier des charges défini par un client, notamment par les grands donneurs d'ordres.

Les matériels français sont positionnés sur des " créneaux " technologiques, et comportent une forte proportion de machines spéciales, à forte valeur ajoutée. Les importations correspondent principalement à des machines catalogues, destinées en particulier aux PMI.

Le secteur a connu entre 1990 et 1993 une crise sans précédent qui s'est traduite par une baisse de la consommation mondiale de l'ordre de 45 %. L'industrie nationale de la machine-outil n'y a pas échappé, la production française chutant de près de 50 % entre 1990 et 1993, alors que la consommation était divisée par deux. Toutefois, il faut souligner que la plupart des entreprises ont pu résister, au prix de lourdes restructurations.

Depuis l'exercice 1994 qui a marqué la sortie de la crise, la croissance est continue. Celle-ci s'est nourrie principalement de l'augmentation des exportations (+ 42 % entre 1993 et 1996).

A l'issue de la crise, la France se classe aujourd'hui au 10ème rang mondial, loin derrière le Japon et l'Allemagne, mais aussi derrière les nouveaux producteurs comme la Corée ou Taiwan.

Le secteur rassemble environ 90 entreprises (entreprises de plus de 20 personnes), employant moins de 6.500 personnes pour un chiffre d'affaires 1996 total de 5,4 milliards de francs : il s'agit donc dans la plupart des cas de petites, voire très petites entreprises qui souffrent des handicaps des PMI.

La profession s'organise autour de quelques groupe de taille relativement significative, assurant près de 50 % du total de l'activité du secteur :

- Renault Automation (Etablissement de Castres) et Peugeot Citroën Industrie (SCEMM à Saint-Etienne) ;

- le Groupe CATO a repris SOMAB, ERNAULT et VERNIER.

- FOREST LIGNE/René Clément (groupe SFPI) ;

- COMAU France ;

- AMADA-PROMECAM.

Le secteur devrait connaître en 1997 une nouvelle année positive, compte tenu du niveau des commandes. Toutefois, cette progression devrait être plus limitée que celles des années 1995 et 1996.

II. LA SIDÉRURGIE

Les usages de l'acier ou des différentes nuances d'aciers sont multiples. Les principaux secteurs utilisateurs sont la mécanique et les biens d'équipement, l'automobile, la construction, l'électroménager et l'emballage (boîtes boissons, fûts...).

La sidérurgie française doit s'apprécier au regard de la situation du marché d'acier et de l'environnement international.

La demande de ces secteurs est liée à l'évolution du Produit intérieur brut des pays concernés.

1996 a été une année d'accélération de la croissance aux Etats-Unis et au Japon ainsi que dans les pays hors OCDE. Seule l'Europe a fait exception avec une augmentation du PIB qui n'a été en moyenne que de 1,6 % après 2,4 % en 1995.

Les investissements sont donc la cause de l'évolution médiocre de la consommation réelle d'acier en Europe. Celle-ci dans les huit principaux pays membres de l'Union (Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni, Espagne et Benelux) a connu un léger recul de l'ordre de 1 %, plus marqué en Allemagne et en Italie (-3,5 %).

Le mouvement de déstockage de l'année 1996 a entraîné non seulement un affaiblissement de la demande en tonnages, mais également une dégradation de prix au premier semestre. Les prix ne se sont ensuite raffermis que très lentement, au fur et à mesure que la demande en volume se redressait.

L'année 1996 a bien été une année de pause dans le déroulement ascendant du cycle.

Au niveau mondial, après une progression de 3,5 % en 1995 par rapport à 1994, la production d'acier brut s'est inscrite en réduction de 0,6 % en 1996.

L'ensemble des pays industrialisés a enregistré un recul de 3 % et, hors de l'Union européenne, le Canada est le seul grand nombre industriel à observer un accroissement de production. Les Etats-Unis connaissent une situation relativement stable, tandis que le Japon recule dans les mêmes proportions que la moyenne des autres pays industrialisés. A moins de 8 millions de tonnes, l'Afrique du Sud regresse, quant à elle, de près de 9 %.

En retombant de 156 à 147 millions de tonnes, soit une baisse de 5,7 %, l'Union européenne revient à son niveau de production de 1990. Les diminutions les plus significatives sont le fait de l'Italie (12,5 %) de l'Espagne (12 %) et de l'Autriche (11 %). Seuls quelques pays sont en progrès tels que le Danemark (13 %), l'Irlande (10 %) ou la Finlande (4 %).

En baisse de 2,6 % à 17,6 millions de tonnes, la France revient à son niveau de production de 1992-1993.

Soulignons que l'Union européenne est numéro un mondial en consommation (17 % de la consommation mondiale) et en production (20 % de la production mondiale). Elle est donc structurellement exportatrice.


En 1996, les exportations françaises de produits sidérurgiques ont augmenté de 2,6 %. Nos exportations vers les pays tiers ont fortement progressé (20,9 %) particulièrement vers les Etats-Unis où la demande a été très forte.

Au total, la sidérurgie française, au sens du traité de la CECA, a dégagé un solde positif de 1,8 million de tonnes (contre 0,9 millions de tonnes en 1995) et de 5,9 milliards de francs (contre 4 milliards en valeurs). De leur côté, les industries de la première transformation ont dégagé un solde positif en valeur de 3,7 milliards de francs. Au total, la contribution de ces industries au solde positif des échanges de la France a atteint 9,7 milliards de francs contre 6,6 milliards en 1995.

Notre principal du secteur est Usinor-Sacilor devenu, pour des raisons commerciales et " d'identité visuelle " " Usinor ", en juin 1997.

Réalisant 90 % de l'activité du secteur, ce groupe est le premier producteur en Europe, le quatrième au plan mondial derrière le Japonais Nippon Steel, le Coréen Posco et l'anglais British Steel, dont une partie de l'activité est hors Europe.

Compte tenu de la technicité de ses produits à haute valeur ajoutée Usinor se situe au second rang mondial pour son chiffre d'affaires .

RÉSULTATS DU GROUPE USINOR DE 1991 À 1996

Milliards de francs

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Chiffre d'affaires consolidé

97,2

86,7

75,3

79,5

78,4

71,1

Investissement industriel

6,5

4,9

3,6

2,9

3,0

3,9

Résultat net (part groupe)

- 3,0

- 2,4

- 5,7

1,0

4,4

1,5

Fonds propres

-27,2

23,7

20,0

23,0

28,9

29,7

Endettement net

30,1

29,5

24,4

17,4

11,0

6,5

Production d'acier (MT)

22,8

21,1

17,6

18,5

15,5

15,0

Effectif groupe

97 845

89 038

67 984

61 434

50 666

49 989

Effectifs France

65 565

60 367

53 639

48 091

44 603

43 886

Le chiffre d'affaires d'Usinor en 1996 a été de 71,1 millions de francs, en baisse par rapport à 1995 ; cette réduction étant imputable à hauteur de 4 % à la contraction des volumes et à hauteur de 4,6 % à celle des prix moyens de vente.

Il se répartit entre :

- les aciers plats au carbone, 49,4 % principalement regroupés dans la filiale SOLLAC ;

- les aciers inoxydables et alliages, 23 % regroupés dans UGINE ;

- les aciers spéciaux et larges (19,1 %) regroupés dans la filiale ASTER (Unimetal, Ascometal, CLI, ILS...) ;

- le solde (soit 8,5 %) concerne des activités diverses (Forcast, Vallourec).

III. LA CONSTRUCTION NAVALE

Le chiffre d'affaires réalisé dans le secteur de la construction navale ne constitue pas un indicateur économique représentatif, car les constructions de grands navires réalisées sur plusieurs années " n'apparaissent " dans le chiffre d'affaires de l'exercice courant qu'au moment de la livraison.

Industrie de main-d'oeuvre (70 à 80 % du montant des facturations), l'industrie de la réparation navale, qui avait réussi au cours de la période 1988-1991 à se stabiliser, a enregistré, à compter de l'année 1992 une baisse sensible de son activité.

Ayant déjà dû faire face, au cours de la décennie 80, à une forte concurrence internationale du fait du développement de nouvelles capacités de réparation dans les pays à bas niveau de salaires, tout particulièrement en Extrême-Orient (Corée, Malaisie, Chine) et dans les pays du Golfe Persique, l'industrie de la réparation navale s'est trouvée confrontée au cours des dernières années à une concurrence toute aussi vive au sein même de l'Union européenne du fait des dévaluations compétitives opérées par certains Etats membres.

L'industrie française est présente dans les principaux domaines d'équipement des navires marchands : moteurs de propulsion et leurs accessoires, production et distribution d'électricité, automatisme et télécommande, grues et équipements de pont (treuils, guindeaux...), détection et lutte contre l'incendie, accessoires de tuyauterie.

Cinq navires ont été commandés au cours du premier semestre 1997 :

- chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) : un paquebot de croisières de 600 cabines pour un armement français et un transbordeur rapide, type Corsaire 11.000, pour un armement suédois, Rederi AB Gotland. Ce dernier navire sera construit par Leroux et Lotz ;

- Leroux et Lotz : un paquebot de croisières de 45 cabines pour la compagnie des Iles du Ponant et un sablier pour la compagnie armoricaine de navigation ;

- Piriou (Concarneau) : un thonier senneur congélateur pour un armement français.

Il est à noter que le paquebot de 600 cabines (chantiers de l'Atlantique) ainsi que celui de 45 cabines (Leroux et Lotz) ont été commandés au titre de la loi du 5 juillet 1996 sur les quirats.

Huit navires ont été achevés en 1996
:

- Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) : un méthanier de 130.000 m3 pour l'armement malaision Petronas (Puteri Zamrud), un paquebot de croisières pour Royal Caribbean Curuise Line (Splendor of the Seas) et un paquebot transbordeur pour la SNCM (Napoléon Bonaparte) ;

- Leroux et Lotz : un navire de recherche halieutique à Dieppe pour l'Ifremer (Thalassa), une vedette à passagers à Lorient pour Penn-ar-Bed (André Colin) et deux transbordeurs rapides (Corsaires 11.000) à Saint-Malo pour la SNCM (NGV Asco et NGV Aliso) ;

- Piriou (Concarneau) : un thonier senneur congélateur pour France Afrique, Huhn et CMB (Avel Vad).

Trois navires ont été achevés au cours du premier semestre 1997 :

- Chantiers de l'Atlantique (Saint-Nazaire) : un méthanier de 130.000 m3 pour l'armement malésien Petronas (Puteri Firuz) et un paquebot de croisières pour Royal Caribbean Cruise Line (Rhapsody of the Seas) ;

- Piriou (Concarneau) : un thonier de 82 pour Industria Armatoriale Tonneria (Italie).

Depuis la liquidation de NORMED, les Chantiers de l'Atlantique, filiale du groupe GEC-Alsthom depuis 1989, constituent avec 4.030 personnes à Saint-Nazaire le seul grand chantier de construction navale en France ; les Ateliers et Chantiers du Havre sont d'une taille plus modeste (810 personnes), même s'ils sont en mesure de construire de grands navires jusqu'à 180 m de long (contre plus de 300 m à Saint-Nazaire).

Parmi les petits chantiers de construction navale, on peut citer :

- le groupe Leroux et Lotz qui a repris successivement les chantiers de Dieppe et Saint-Malo puis le chantier de Lorient en 1990 ;

- le groupe GEC Alsthom qui a décidé de reprendre les sites de Lorient et Saint-Malo.

Les constructions mécaniques de Normandie (CMN) à Cherbourg.

Pour tenter de maintenir la part de marché actuelle des constructeurs européens de navires confrontés à la pression constante des pays d'Asie du Sud-Est, la Communauté économique européenne a autorisé la poursuite du régime d'aides à la production plafonnées ainsi que d'aides à la restructuration.

Pendant cinq ans, à l'instigation des Etats-Unis, des négociations ont eu lieu au sein du groupe de travail n° 6 " Construction navale " du conseil de l'OCDE en vue d'aboutir à un accord établissant des conditions normales de concurrence sur le marché de la construction navale. La commission a participé à ces négociations en s'exprimant au nom des Etats membres de l'Union européenne. Elle a accepté, le 17 juillet 1994, un texte d'accord, ad référendum.

Cet accord devait entrer en vigueur au 1er Janvier 1996, sous réserve de sa ratification par l'ensemble des signataires (Etats-Unis, Union européenne, Japon, Corée du Sud et Norvège). A ce jour, seuls les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié. Compte tenu de l'incertitude qui pèse sur une éventuelle ratification de l'accord par les Etats-Unis, le Conseil industrie de l'Union européenne du 23 avril 1997 a, sur demande de la France, décidé la prorogation de la VIIème directive relative aux aides à la construction navale jusqu'au 31 décembre 1998 et demandé à la commission de proposer un nouveau règlement sur les aides à la construction navale afin de succéder à la directive actuelle dans l'hypothèse où les Etats-Unis ne ratifieraient pas l'accord OCDE.

Sur les bases de la VIIème Directive communautaire, le Gouvernement français a poursuivi sa politique dans trois directions :

- l'aide à la prise de nouvelles commandes de constructions de navires neufs ou de transformations importantes de navires ;

- l'apport d'aides de restructuration pour les chantiers qui doivent réduire leurs effectifs ;

- des aides à la recherche en faveur d'une part des technologies nouvelles porteuses de produits nouveaux ou de gains de productivité et d'autre part du développement de navires à haute valeur ajoutée, tels que les méthaniers.

Les entreprises de construction navale emploient actuellement 5.700 personnes . On peut considérer que les emplois indirects chez les sous-traitants et fournisseurs dans le tissu industriel français sont de l'ordre du triple des effectifs des chantiers de construction navale.

L'aide à la construction navale en France a donc un impact sur environ 23.000 emplois.

Le projet de loi de finances pour 1998 prévoit une couverture de 850 millions de francs en autorisations de programme et de 800 millions de francs en crédits de paiement pour concourir aux besoins des entreprises de ce secteur.

IV. L'INDUSTRIE DU TEXTILE ET DU VÊTEMENT

L'industrie française du textile et de l'habillement doit affronter une vive concurrence internationale stimulée par le niveau bas de certaines monnaies européennes et des mutations nombreuses et délicates pour les PMI qui composent la plus grande partie du secteur.

La remontée du dollar et une meilleure tenue de certaines devises européennes constituent cependant une circonstance favorable. Les industries du textile et de l'habillement, fragilisées par la baisse du dollar et des devises de pays à monnaie faible de l'Union européenne, telles la lire et la livre, paraissent, en effet, retrouver une meilleure compétitivité avec la remontée du dollar et de la livre.

L'amélioration de l'environnement économique et les allégements de charges sociales permettent d'espérer une stabilisation de la production en 1997.

Les autres grands pays industriels, dont la consommation est plus soutenue, enregistrent depuis plusieurs années une évolution moins défavorable. Néanmoins depuis 1993 et surtout 1994, les aspects monétaires influencent l'évolution de la production dans les différents pays. Ainsi, l'Allemagne voit sa production fléchir, tandis que les pays dont la monnaie a été dévaluée, notamment l'Italie, ont une évolution de leur production plus favorable. On peut également remarquer un fléchissement de la production de l'habillement au Royaume-Uni auquel la remontée de la lire n'est pas étrangère.

On peut noter que le textile doit faire face à une diminution des débouchés en France dans l'industrie de l'habillement tandis que la concurrence des pays tiers est toujours plus vive. Toutefois, un certain développement de l'exportation permet, dans ce contexte difficile, de soutenir l'activité.

Le commerce extérieur du textile-habillement qui était encore équilibré à la fin des années 1970, a vu son déficit s'amplifier chaque année jusqu'aux années 1991-1992.

En raison des efforts à l'exportation des industriels et de la faiblesse de la consommation, l'année 1993 a vu se dessiner une amélioration qui s'est poursuivie en 1994 et 1995. Ainsi le déficit du commerce extérieur, après avoir culminé en 1992 à 24 milliards de francs, s'est élevé alors à 18 milliards de francs en 1995. Si, 1996 a marqué un recul, les premières indications concernant 1997 laissent présager un retour à l'amélioration.

L'amélioration du commerce extérieur du secteur est la résultante d'une progression du solde avec les pays de l'Union européenne et d'une percée vers les marchés émergents d'Asie compensant la dégradation avec les pays à bas salaires.

Les emplois dans le secteur du textile et de l'habillement ne cessent de diminuer depuis de longues années, sur un rythme moyen qui est passé de 3 à 4 % à 5 à 6 % à la suite de dévaluations monétaires des pays européens concurrents en 1992 et 1993.

En 1997, la situation de l'emploi du textile s'est légèrement améliorée grâce à la remontée des devises concurrentes ainsi qu'à l'amélioration de la demande intérieure, mais aussi à l'allégement spécifique des charges sociales dont bénéficie le secteur.

On rappellera que le plan " de sauvetage " de l'industrie textile élaboré par le ministère de l'industrie et l'union des industries textiles est entré en vigueur le 1er juin 1996.

Le dispositif prévoyait un allégement des charges patronales, correspondant à 2.000 francs -contre 1.137 francs antérieurement- pour les salariés payés au SMIC, en contrepartie d'un engagement des professionnels au maintien de 35.000 emplois et à l'embauche de 7.000 jeunes et d'accords sur la réduction du temps de travail.

L'aide devait diminuer progressivement pour les salaires jusqu'à 1,5 fois le SMIC.

La prise en charge totale par l'Etat, de manière provisoire, du chômage partiel (29 francs l'heure) offrait une souplesse aux façonniers de l'habillement.

Le coût de ces mesures a été évalué à 4,2 milliards de francs sur deux ans.

Il s'est heurté, cependant, aux objections de la Commission européenne dès mars 1996

Sur ce point, votre rapporteur pour avis appellera de ses voeux la pérennisation du " plan textile ", indispensable à la survie d'un secteur fragile et particulièrement exposé.

V. LA CHIMIE ET LA PHARMACIE

1996 se caractérise, pour l'industrie française, par une croissance soutenue, principalement durant le premier semestre, ce qui a permis d'effacer le ralentissement du second semestre de l'année précédente.

Globalement, la production a crû de 3 % en volume, contre 1 % en 1995, en regard d'une croissance moyenne de 2 % pour l'ensemble de la chimie européenne.

Cette croissance est nettement supérieure à celle de l'industrie manufacturière (- 0,1 %) comme à celle du PIB (1,2 %).

De leur côté, les prix ont subi une baisse moyenne de 1,5 % sous l'effet d'une concurrence toujours aussi intense.

Le niveau d'activité des usines françaises s'explique dans une large mesure par la bonne performance du commerce extérieur, la croissance des exportations ayant été de 3,4 % en valeur par rapport à l'année précédente.

Mais cette évolution reste, comme les années précédentes, très différenciée selon les secteurs.

Par domaines d'activité, d'une année à l'autre, on constate les variations suivantes en volume :

- chimie minérale - 3,3 %

- chimie organique + 4,4 %

- parachimie + 7,0 %

- pharmacie + 1,8 %

- TOTAL + 3,1 %

En indice, à partir d'une base 100 en 1990, l'évolution en volume de l'industrie chimique française a été la suivante :

1993

1994

1995

1996

Chimie minérale

93,8

102,1

101,9

98,5

Chimie organique

106,8

114,1

112,0

116,9

Parachimie

107,3

115,7

116,4

124,6

Pharmacie

120,0

122,2

129,0

131,3

En 1996, les produits minéraux ont enregistré un recul de 3,3 % par rapport à 1995.

Le recul de la chimie minérale est la conséquence d'une baisse de la production d'acide sulfurique (- 4,9 %) en raison de l'atonie de la demande dans la sidérurgie, les industries mécaniques et le secteurs des pigments minéraux.

Pour la chimie organique , on distingue deux périodes dans l'année 1996 :

- un premier semestre au cours duquel l'activité de la pétrochimie s'est redressée après la chute survenue au milieu de l'été 1995 ;

- un second semestre pour lequel les hausses des matières premières et le renchérissement du dollar ont annulé les efforts de restauration des marges.

La croissance globale de la parachimie est la résultante de deux mouvements contrastés. L'industrie de la protection des plantes, la parfumerie, les produits pour le traitement et l'assainissement des eaux ont connu de bons taux de croissance. Les peintures et vernis, les colles et adhésifs n'ont pas, en revanche, enregistré de progression.

Le secteur de la pharmacie a vu, quant à lui, sa croissance ralentie. Ce tassement reflète la politique de ralentissement de la croissance des dépenses de santé. Les principaux groupes chimiques à capitaux à majorité français ont enregistré les chiffres d'affaires consolidés suivants :

En milliards de francs

1996

1995

ELF ATOCHEM

53,8

55,5

ELF SANOFI

27,3

23,0

RHONE POULENC

85,8

84,8

L'OREAL

60,3

53,4

EMC (TESSENDERLO)

8,5

7,9

AIR LIQUIDE

34,4

32,2

SNPE

4,6

4,4

Plus globalement, on constate que la demande intérieure n'a guère progressé tout au long de l'année 1996, mais que les achats étrangers ont constitué le moteur principal du maintien de l'activité de l'industrie chimique française.

L'exercice 1996 a été ainsi caractérisé par une nouvelle progression du solde bénéficiaire du commerce extérieur de la chimie, soit un excédent de 46,7 milliards de francs en augmentation d'environ 6 milliards par rapport à celui de 1995.

La lente diminution des effectifs dans l'industrie chimique s'est poursuivie avec une baisse de 1,4 % en 1996 contre 0,8 % en 1995.

Cette réduction des effectifs s'explique, d'une part, par la poursuite des restructurations et, d'autre part, par une croissance en volume trop faible pour compenser les gains de productivité. A la fin de l'année 1996, l'industrie chimique française employait un peu moins de 245.000 personnes, contre 248.000 fin 1995.

On relèvera qu'en 1996, l'industrie chimique a embauché 12.000 personnes et que de 1994 à 1996, les embauches avec un contrat à durée indéterminée sont passées de 3 % à 5,6 % de l'effectif moyen.

La chimie française a enregistré en 1995 une reprise des dépenses d'investissement (+ 9 %) ; en 1996, cette croissance s'est poursuivie avec 18,5 milliards de francs d'investissements, soit une progression de 7 %.

1996 aura été une année difficile pour les prix qui dans leur ensemble ont fléchi de 1,5 % en raison principalement de l'intensité de la concurrence.

La situation conjoncturelle en Europe conduit à un pronostic de croissance modérée pour 1997 et 1998.

L'industrie pharmaceutique française employait plus de 86.000 personnes en 1996. Près de la moitié des effectifs industriels sont concentrés en Ile-de-France, mais certaines PME à capitaux familiaux jouent un rôle important dans certains bassins d'emploi, comme Servier à Orléans, Pierre Fabre à Castres, Fournier à Dijon ou Upsa à Agen, reprise par l'américain Bristol-Myers-Squibb.

En 1996, l'activité des laboratoires pharmaceutiques implantés en France a représenté 120,7 milliards de francs (dont 30,3 milliards de francs à l'exportation), en hausse de 5,9 % par rapport à 1995.

Sur le marché français, l'activité a connu une hausse de 3,3 % en 1996. Ce chiffre se décompose de la manière suivante : + 2,8 % pour les spécialités remboursables, 8,4 % pour les spécialités vendues aux hôpitaux ; stagnation du marché des spécialités non remboursables.

L'année 1996 a été satisfaisante pour les exportations , la progression du " chiffre d'affaires à l'exportation " s'établissant à 14,6 %. Soulignons, à cet égard, le dynamisme commercial du secteur pharmaceutique, le quatrième " contributeur " à la balance du commerce extérieur français, avec un solde de 12,7 milliards de francs. Il est à noter que la France est désormais le troisième exportateur mondial de médicaments, derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Au niveau mondial, l'industrie pharmaceutique a connu ces dernières années une série de concentrations spectaculaires. Dans ce contexte, seuls trois groupes français sont de stature internationale : Rhône-Poulenc-Rorer , Sanofi , filiale d'Elf et Synthelabo , filiale de l'Oréal ; le premier laboratoire français, Rhône-Poulenc-Rorer, n'est cependant qu'au 14ème rang mondial .

Cette faible " taille moyenne " des laboratoires français constitue incontestablement un handicap dans la course à la concentration.

En outre, le secteur souffre d'une rentabilité inférieure en France à celle rencontrée à l'étranger. Relevons néanmoins que la rentabilité nette moyenne du secteur est passée de 1,5 % du chiffre d'affaires à environ 5 %.

Depuis 1990, les grands groupes ont fortement investi à l'étranger (achat de Rorer et de Fisons par Rhône-Poulenc et de Winthrop par Sanofi), les entreprises moyennes, ont, quant à elles, développé des partenariats internationaux, par des acquisitions, des joint-venture, ou encore des GIE de développement.

VI. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE

Secteur capital de l'économie française, l'industrie automobile traverse une période difficile ainsi que le montrent les résultats de PSA en 1996 en baisse de 56 % par rapport à 1995, et ceux de Renault, très déficitaires ( perte de 5,2 milliards de francs en 1996 ).

De 1994 à 1996, le marché automobile français a bénéficié du soutien de la prime à la reprise des véhicules de plus de 10 ans (février 1994-30 juin 1995) et de la prime à la reprise des véhicules de plus de 8 ans (1er octobre 1995 -30 septembre 1996).

Ce marché a enregistré les évolutions suivantes :

- progression de 14,5 % en 1994 par rapport à 1993 ;

- recul de -0,9 % en 1995 par rapport à 1994 ;

- progression de 9,4 % en 1996 par rapport à 1995.

Au premier semestre 1997, le marché a baissé de 21,1 % par rapport au premier semestre 1996. Ce résultat s'explique à la fois par " l'effet des primes " et par des raisons conjoncturelles.

Le marché européen des voitures neuves et véhicules utilitaires de moins de 5 tonnes a, quant à lui, enregistré une progression de 5,8 % en 1994 de 1 % en 1995 et de 6,4 % en 1996. Au premier semestre 1997, la progression est de 2,4 %. On relève ainsi que la croissance sur le marché européen a été nettement plus limitée qu'en France.

En outre, une bonne part de l'augmentation enregistrée sur ce marché provient des hausses observées en France et en Espagne, c'est-à-dire dans les deux pays où les incitations publiques ont été mises en place. Le même phénomène s'observe en 1997 avec l'Espagne et l'Italie qui ont, l'un et l'autre, mis en place un système de prime. En Italie, par exemple, où le système d'incitation fiscale est entré en vigueur le 1er janvier 1997, le marché a progressé de 21,8 % au premier semestre 1997 par rapport au premier semestre de l'année précédente.

Pour l'année 1998, les prévisions se révèlent difficiles En France, il semble que le marché devrait se montrer plus dynamique qu'en 1997 (les prévisions d'immatriculations oscillant autour de 1,8 million). Quant au marché européen, sa progression sera, vraisemblablement, liée aux mesures de soutien du marché en Italie et en Espagne.

Soulignons encore que la concurrence est toujours plus vive alors que, dans le même temps, les consommateurs paraissent refuser de payer les voitures neuves plus cher et ce malgré l'enrichissement des équipements de sécurité et de confort dont les nouveaux véhicules bénéficient.

Les constructeurs français ont pris une série de mesures afin de comprimer leurs coûts de production (réduction des frais de développement et des frais d'achat d'équipements, de fabrication et de distribution), d'accroître leurs ventes sur les marchés émergents d'Amérique latine, d'Europe centrale et d'Asie du Sud-Est et de renforcer les coopérations avec les autres constructeurs.

Annexe 1

IMMATRICULATIONS DE VÉHICULES NEUFS EN FRANCE

(Marché des voitures particulières et des véhicules utilitaires de moins de 5 tonnes)

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Variations 93/92

Variations94/93

Variations 95/94

Variations 96/95

Variations 97/96

1er semestre

1 167 195

945 428

1 080 495

1 178 823

1 203 823

949 145

- 19,0 %

14,3 %

9,1 %

+ 2,1 %

- 21,1 %

Année entière

2 427 756

1 976 033

2 263 256

2 243 146

2 4 634 488

- 18,6 %

14,5 %

- 0,9 %

9,8 %

Annexe 2

IMMATRICULATIONS DE VÉHICULES NEUFS EN EUROPE

(Marché des voitures particulières et des véhicules utilitaires de moins de 5 tonnes)

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Variations 93/92

Variations94/93

Variations 95/94

Variations 96/95

Variations 97/96

1er semestre

6 834 941

6 191 307

6 590 214

6 943 119

7 295 158

7 501 422

- 18,2 %

+ 6,4 %

+ 2,0 %

+ 4,2 %

+ 2;4 %

Année entière

13 948 563

11 741 465

12 746 390

112 896 326

1 373 771

- 15,8 %

5 ,8 %

- 1,0 %

+ 6,4 %

VII. L'INDUSTRIE FRANÇAISE DE L'ÉLECTRONIQUE ET DE L'INFORMATIQUE

L'industrie de l'électronique et de l'informatique est particulièrement soumise à la " globalisation des marchés ".

Internationalisation des échanges, délocalisation des centres de production et de recherche, mobilité du capital, homogénéité des produits sont autant d'éléments qui caractérisent ce secteur et qui stimulent la concurrence entre les acteurs. La volonté de gagner des parts de marché engendre une guerre des prix notamment dans les secteurs des biens destinés au grand public. Ainsi dans la micro-informatique, malgré la disparition de nombreux petits fabricants asiatiques, les prix enregistrent une baisse de 20 à 30 % chaque année. L'électronique grand public continue pour sa part de connaître une érosion régulière des prix de 5 % par an à la fois sur les marchés européens et américain.

C'est entre 1991 et 1993 que le Japon et l'Europe ont été les plus touchés par la récession. La crise a été particulièrement brutale au Japon où, pour la première fois, un certain nombre de grands groupes de l'électronique, comme " Matsuhita ", " Sony " ou " Fujitusu ", ont enregistré des pertes importantes. Les acteurs ont réagi, d'une manière générale, à cette situation par la mise en place d'importants plans de restructuration notamment dans les secteurs de l'électronique grand public, de l'informatique et de l'électronique professionnelle.

Depuis 1994, ces industries paraissent à nouveau engagées dans un cycle de croissance significatif même si pour 1997 et 1998 les prévisions sont plus modérées.

Le développement des réseaux locaux , des télécommunications mobiles , des activités multimédias ou encore des " autoroutes de l'information " constitue, aujourd'hui, un important facteur de renouvellement des marchés.

Les négociations internationales ont, en la matière, pour objectif l'élimination des droits de douane sur les produits relatifs aux technologies de l'information, en excluant les produits de télécommunications et l'électronique grand public, domaines où la présence américaine est proportionnellement moins forte. Le but reste l'élimination de l'ensemble des obstacles au commerce comprenant, au-delà des aspects tarifaires, les aspects non tarifaires (réglementation, restrictions de participation aux marchés, aux programmes publics notamment de recherche et développement...).

Le marché français a également profité en 1996 du mouvement de reprise enregistré au niveau international. L'industrie a confirmé le redressement engagé depuis quelques années comme en témoigne l'évolution de la balance commerciale dans le secteur de l'électronique et de l'informatique :le taux de couverture de l'ensemble du secteur, qui était de 76 % en 1993, est aujourd'hui de 90 %. Il s'améliore d'une manière régulière tous les ans.

Certains secteurs demeurent fortement déficitaires (composants passifs, matériel de bureau, électronique grand public) ; il convient néanmoins de souligner que l'amélioration est sensible dans presque tous les domaines. Ce redressement, " tiré " par les exportations, paraît traduire une amélioration de la compétitivité du secteur.

La situation financière des grands groupes français engagés dans l'électronique s'est consolidée, mais reste encore fragile pour un certain nombre d'entre eux.

Dans l'informatique, le résultat net de Bull s'est amélioré de 23 % en 1996 (376 millions de francs de bénéfices) et les résultats du premier semestre 1997, traditionnellement difficile pour l'entreprise, sont pour la première fois positifs. Toutefois, la rentabilité de ce groupe reste en deçà de celle des ses principaux concurrents.

Dans les télécommunications , Alcatel, après 25 milliards de pertes en 1996, a renoué avec les bénéfices (2,7 milliards de francs de résultat net en 1996).

Le groupe Lagardère a dégagé, quant à lui, un bénéfice net en hausse de 64 % (1,038  milliards de francs en 1996).

En revanche, la situation des entités composant le groupe Thomson SA est plus contrastée : Thomson CSF a renoué avec les bénéfices (745 millions de francs en 1996) et Thomson Multimédia améliore progressivement ses résultats d'exploitation (769 millions de francs de pertes au premier semestre 1997) même s'il reste encore très déficitaire (3,1 milliards de pertes en 1996) du fait, notamment, du poids de son endettement (17 milliards de francs). Enfin, la rentabilité de SGS Thomson, bien que toujours positive, a été divisée par deux.

Dans les télécommunications, la France se situe parmi les pays " leaders " aussi bien dans les services (cinquième place) que dans les équipements (quatrième place), la balance commerciale étant, dans ce dernier segment, fortement excédentaire. Néanmoins la pression concurrentielle exercée sur les opérateurs par l'ouverture progressive des marchés se transmet en amont aux industriels.

Dans l'informatique , le chiffre d'affaires en valeur du secteur -reposant essentiellement sur la micro-informatique- est resté stable. Cela résulte d'une part de la poursuite en 1996 de la baisse des prix des matériels et d'autre part d'une croissance en volume positive qui reste cependant inférieure à celle du marché européen.

Dans le secteur des services (avec en particulier, le développement des logiciels), les résultats s'améliorent avec une croissance de près de 5 % pour l'année 1996.

Dans les composants , après deux années de forte croissance, le marché mondial a reculé en 1996 du fait notamment de la concurrence qui continue de peser fortement sur les prix. Dans ce contexte, les performances des entreprises françaises sont restées satisfaisantes, témoignant du redressement opéré depuis quelques années dans ce secteur.

Le marché de l'électronique grand public reste caractérisé par une baisse des prix expliquant en partie la diminution des ventes en valeur entre 1995 et 1996. Dans les produits classiques de l'électronique grand public (téléviseurs, magnétoscopes), compte tenu du niveau élevé des taux d'équipement dans les pays industrialisés, les potentialités de croissance se situent essentiellement sur les segments haut de gamme du secteur. La bonne tenue, en France, pendant l'année 1996 du marché des téléviseurs 16/9ème et du marché des combinés TV/magnétoscopes rend compte de cette tendance. Les perspectives de développement de l'électronique grand public demeurent cependant liées au développement du multimédia et à la numérisation des réseaux.

La reprise constatée dans le secteur de l'électronique professionnelle fait suite à quatre années consécutives de baisse de l'activité. Les perspectives sont essentiellement conditionnées par le redéploiement entre le marché de l'électronique civil, dont les commandes ont augmenté en 1996 (+ 20 %), et le marché de l'électronique militaire qui a connu en 1996 une importante baisse (-14 % au niveau des commandes). L'électronique professionnelle, deuxième producteur du secteur électronique et informatique, demeure l'un des fleurons de l'électronique française.

En 1996, elle employait directement 41.500 personnes et présentait une balance commerciale fortement excédentaire (excédent de 8,3 milliards de francs). La baisse de l'activité militaire et l'exigence d'une grande compétitivité conduisent néanmoins les industriels du secteur et notamment les grands groupes (Thomson CSF par exemple) à engager des mouvements de réorganisation et de restructuration à l'échelle nationale voire européenne.

TABLEAU 1
EVOLUTION EN % DU MARCHÉ MONDIAL DES INDUSTRIES DE L'INFORMATION ET DE COMMUNICATION

En %

1994

1995

1996

1997

Europe

7,3

8,7

7,4

7,3

Etats-Unis

6,2

10,2

9,8

9,2

Japon

5,5

7,4

7,9

6,4

Reste du monde

10,1

13,8

12,1

10,6

Monde

7,2

10,0

9,5

8,1

TABLEAU 2
EVOLUTION DU COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA FRANCE
DANS LES SECTEURS DE L'ÉLECTRONIQUE (TAUX DE COUVERTURE)

En %

1993

1994

1995

1996

Bureautique

60

58

64

68

Matériels informatiques

63

62

68

74

Composants

80

90

101

107

Télécommunications (industrie)

163

154

157

175

EGP

58

59

68

69

Electronique médicale

141

143

130

131

Matériel de mesure et contrôle

96

97

101

100

ENSEMBLE

77

78

85

90

*

* *

Votre rapporteur pour avis a interrogé le secrétaire d'Etat à l'Industrie sur les suites qu'il entendait donner à huit des dix-sept orientations retenues par son prédécesseur au Conseil des ministres du 10 avril 1996 dans le cadre du " plan pour la relance de la croissance par l'innovation " 1( * ) :

- faire bénéficier les PMI des résultats des grands programmes technologiques ;

- faciliter les initiatives des acteurs de l'innovation par une concurrence public-privé loyale ;

- utiliser les marchés publics pour inciter les entreprises soumissionnaires à innover ;

- faire évoluer l'ANVAR pour accroître l'efficacité économique de ses actions au service de la croissance et de l'emploi ;

- adapter le système de protection de l'innovation aux besoins des entreprises ;

- donner aux PMI un interlocuteur unique pour les procédures technologiques ;

- mieux utiliser le budget civil de recherche et de développement (BCRD) et EUREKA pour positionner la France sur les technologies clés ;

- affecter une dotation de 500 millions de francs au renforcement des fonds propres des PMI innovantes.

En réponse, M. Christian Pierret a apporté des précisions qui peuvent constituer, aux yeux de votre rapporteur pour avis, des éléments de consensus.

L'innovation sera facilitée par des mesures tendant à assurer une concurrence plus loyale entre le secteur public et le secteur privé.

Le système de l'interlocuteur unique, facteur déterminant de simplification administrative, pour les PMI devrait être généralisé.

La France avait un sérieux déficit à combler en matière de capital risque ( une dotation d'un milliard de francs résultant de la privatisation de France Télécom devrait être affectée à cet objectif en 1998).

L'ANVAR ne devrait plus se substituer aux organismes de capital-risque ni disperser ses actions mais, au contraire, se concentrer sur les entreprises de moins de 2.000 personnes.

L'ensemble des procédures " ANVAR " d'aide à la recherche font d'ailleurs l'objet d'une étude.

S'agissant de la protection de l'innovation, il importe de rendre moins coûteux et de mieux protéger les brevets, licences, acquis technologiques et marques ; le futur protocole européen de Madrid devrait faciliter l'établissement d'une zone de garantie européenne.

Il convient de relever l'importance de la contribution française au programme EUREKA, bien supérieure à celle de l'Allemagne, notamment dans trois volets (composants, multimédia, sciences du vivant).**

Il importe de renforcer les fonds propres des PMI en mettant l'accent sur l'adaptation de la fiscalité de la transmission des entreprises de ce secteur.

*

* *

L'ensemble de ces orientations est apparu à votre rapporteur pour avis comme s'inscrivant dans la continuité de la politique d'innovation entreprise, depuis plusieurs années, dans le secteur industriel.

En conséquence, il propose à votre commission de s'en remettre à la sagesse de la Haute Assemblée sur les crédits de l'industrie.

La commission a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'industrie dans le projet de loi de finances pour 1998.

EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du mardi 25 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M.Francis Grignon sur l'industrie.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a d'abord déclaré que le budget de l'industrie -qui représente 1,3 % du budget de l'Etat- bénéficierait en 1998 de 16,36 milliards de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement et de 5,31 milliards de francs en autorisations de programme. Il a insisté sur la nécessité d'apprécier le " taux de rentabilité " d'un budget d'incitation dont la principale caractéristique est sa capacité à démultiplier la création de richesses par les entreprises.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a ajouté que l'industrie était, selon lui, au coeur de l'économie française en rappelant :

- qu'elle représentait, en incluant le bâtiment et les travaux publics ainsi que les services qu'elle induisait, 50 % du produit intérieur brut (PIB),

- qu'elle occupait 6,3 millions de personnes sur un total de 13,4 millions de salariés dans le secteur marchand non agricole ,

- qu'elle était à l'origine de 63 % de l'effort de recherche de développement,

- qu'elle représentait, enfin, 75 % des échanges commerciaux avec l'étranger.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a, ensuite, relevé que les effectifs salariés globaux de l'industrie avaient enregistré une baisse de 2 % par rapport à 1989. Il a souligné que la politique de recentrage, d'externalisation et, plus généralement, de restructuration des grands groupes expliquait ce phénomène et que seules les PME-PMI pouvaient être en mesure de renverser cette tendance.

Le rapporteur pour avis a encore signalé que si l'investissement industriel connaissait une certaine stagnation, la production industrielle proprement dite bénéficiait, quant à elle, d'une certaine reprise depuis le début de l'année, l'indice de la production manufacturière se rapprochant enfin de son niveau de 1990.

Puis, M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a relevé les évolutions suivantes dans un certain nombre de secteurs :

- le secteur de l'habillement enregistre depuis plusieurs années une baisse de ses effectifs de 5 à 6 % par an ; sur ce point, il a souhaité que le Gouvernement mette tout en oeuvre pour pérenniser le " plan textile " ;

- le secteur automobile connait de grandes difficultés ; il a relevé, à cet égard, que l'arrêt des primes avait entraîné au premier semestre 1997 un recul des immatriculations de 22 %;

- la machine-outil a baissé de 50 % entre 1990 et 1993 en raison de restructurations sur le plan mondial ;

- la sidérurgie a enregistré en 1996 un solde commercial appréciable, le groupe français Usinor occupant le premier rang en Europe et le quatrième sur le plan mondial ;

- l'industrie pharmaceutique est le quatrième " contributeur " à la balance commerciale en dégageant un solde de 12,7 milliards de francs ;

- la chimie enregistre un excédent commercial de 46,7 milliards de francs, même si elle subit une lente diminution de ses effectifs salariés en raison des restructurations ;

- les industries de l'électronique et de l'informatique paraissent engagées dans un cycle de croissance significatif.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a ainsi estimé qu'il convenait de nuancer les pronostics, souvent pessimistes, formulés ici ou là sur l'avenir de notre outil industriel.

Il a ensuite mis l'accent sur l'innovation et l'exportation qui sont, selon lui, au coeur de la création des richesses économiques.

Le rapporteur pour avis a rappelé que le précédent Gouvernement avait retenu, au Conseil des ministres du 10 avril 1996, dix-sept orientations dans le cadre d'un " plan de relance de la croissance par l'innovation ".

Certaines de ces orientations, a-t-il ajouté, ont été confirmées par le secrétaire d'Etat à l'industrie :

- l'innovation sera facilité par des mesures tendant à assurer une concurrence plus loyale entre le secteur public et secteur privé ;

- l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) ne devra plus se substituer aux organismes de capital-risque, ni disperser ses actions mais, au contraire, se concentrer sur les entreprises de moins de 2.000 personnes ;

- le système de l'interlocuteur unique, facteur déterminant de simplification administrative pour les PMI, sera généralisé ;

- les brevets, licences, acquis technologiques et marques seront rendus moins coûteux, le futur protocole européen de Madrid devant faciliter l'établissement d'une zone de garantie européenne ;

- les fonds propres des PMI seront renforcés, l'accent étant mis sur l'adaptation de la fiscalité de la transmission des entreprises de ce secteur.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a, cependant, relevé l'absence d'initiatives claires sur plusieurs orientations importantes :

- la politique tendant à faire bénéficier les PMI des résultats des grands programmes technologiques ;

- les actions ayant pour objet de doubler, en quatre ans, le nombre de brevets déposés par les chercheurs publics et exploités par les entreprises ;

- la mobilisation de 500 millions de francs pour investir dans les fonds propres des PMI innovantes ;

- le recentrage du Fonds de la recherche et de la technologie (FRT) sur l'aide à l'innovation des PMI en région ;

- les mesures tendant à contraindre les entreprises soumissionnaires à innover.

Le rapporteur pour avis a, enfin, regretté l'insuffisante implication de fonctionnaires français dans les organismes européens chargés de la normalisation.

Après avoir souligné qu'il importait de combler ces lacunes, M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a proposé à la commission de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'industrie dans le projet de loi de finances pour 1998.

M. Alain Pluchet s'est inquiété des risques de délocalisation en Europe de l'Est de certains constructeurs automobiles français.

M. Jean François-Poncet, président, a souligné, en réponse, que les délocalisations constituaient un phénomène mondial en citant, notamment, l'exemple de la firme allemande Mercédès qui, depuis environ quatre ans, a implanté des unités de production dans de nombreux pays après une longue période de " cantonnement " en Allemagne.

Puis, après l'intervention de M. Jean Huchon, la commission, sur proposition du rapporteur pour avis, a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'industrie dans le projet de loi de finances pour 1998, le groupe socialiste votant pour leur adoption.

ANNEXE -

COMMUNICATION EN CONSEIL DES MINISTRES DU 10 AVRIL 1996 : " RELANCE DE LA CROISSANCE PAR L'INNOVATION "

La France est vis-à-vis de l'innovation dans une situation paradoxale. Nous avons dans notre pays les idées, les projets et les compétences nécessaires à la création d'emplois nouveaux. Notre potentiel de recherche, notre capacité à maîtriser les technologies les plus pointues placent la France parmi les meilleurs pays du monde. Et pourtant, force est de constater que nous réussissons moins bien que d'autres pays à transformer ce potentiel d'innovation considérable en emplois.

Le " plan PME pour la France ", présenté par le Premier Ministre le 27 Novembre dernier, a réaffirmé l'importance de l'innovation comme facteur de développement des entreprises.

Le socle industriel de notre pays, constitué notamment des 23.000 entreprises industrielles de 20 à 500 salariés est aujourd'hui trop étroit, en raison de la taille insuffisante de ces entreprises. Si elles avaient une taille équivalente aux PMI allemandes, elles compteraient 400.000 emplois supplémentaires.

Le diagnostic porté par l'étude " Technologies Clés " montre que la France et l'Europe bénéficient d'une bonne positon sur le plan scientifique, d'un certain retard sur les technologies émergentes, qu'il convient de mieux transformer sur le plan industriel.

Trois facteurs sont, pour l'essentiel, responsables de nos faiblesses :

- un environnement de l'entreprise innovante trop complexe et cloisonné ;

- les difficultés du système financier à couvrir les besoins spécifiques du financement de l'innovation ;

- une difficulté à développer une politique technologique, c'est-à-dire à mobiliser les énergies sur les technologies les plus porteuses d'avenir et de croissance.

Pour remédier à ces faiblesses et recueillir tous les fruits que notre potentiel d'innovation peut justifier en termes de croissance et de création d'emplois, quatre objectifs doivent être poursuivis :

1- Décloisonner les acteurs de l'innovation et favoriser la prise d'initiative

2- Réformer l'organisation des acteurs publics de l'innovation

3- Stimuler la maîtrise des technologie clés qui détermineront demain le rang des puissances industrielles

4 - Améliorer le financement des entreprises innovantes

1- DÉCLOISONNER LES ACTEURS DE L'INNOVATION ET FAVORISER LA PRISE D'INITIATIVE

L'évaluation des politiques de soutien à l'innovation montre qu'il s'agit d'une démarche collective. L'entreprise innovante est inséparable de son environnement, qui l'enrichit d'apports technologiques, d'expertises et de financements. La performance d'un tissu industriel est directement liée à la qualité et à la densité du maillage entre les acteurs de l'innovation et les financeurs, entre les grandes entreprises et les PMI, entre les offreurs et les demandeurs de technologie.

Le fait de favoriser le jeu collectif des différents acteurs et d'encourager la prise d'initiative apparaît comme un objectif prioritaire. C'est l'un des objectifs du volet " innovation " du plan PME. Une circulaire sera adressée aux Préfets pour la mise en place des mesures inscrites dans le plan PME. Il convient aujourd'hui d'aller plus loin.

Mesure n° 1 - Ouverture du secteur Innovation Plus

La création du serveur Innovation Plus a été annoncée par le Premier Ministre à Poitiers le 13 octobre dernier, sur la proposition dYves GALLAND, à l'époque ministre de l'Industrie. Son ouverture progressive se fera à compter du 10 Avril 1996. Il comprend des informations sur les compétences technologiques et sur les procédures d'aides, ainsi qu'une bourse d'offres et de demandes de technologies. C'est un serveur national, accessible sur Internet et par Minitel, destiné à permettre aux PMI de rompre leur isolement en accédant à l'information sur les technologies nouvelles, et de pouvoir engager un dialogue avec leurs partenaires.

L'ANVAR assurera son hébergement et sa gestion. Son animation sera assurée par les associations-support des réseaux de conseillers en développement technologique (RDT), qui engageront une prospection régionale des PMI concernées.

Mesure n° 2 - Faire bénéficier les PMI des résultats des grands programmes technologiques

Afin de stimuler la diffusions directe de technologies entre grands groupes et PMI, la priorité sera accordée aux grandes entreprises qui s'engageront dans des programmes en partenariat avec des PMI.

Un bonus de 5 à 10 % sur le montant d'aide sera ainsi accordé, dans le cadre des procédures du ministère de l'industrie, aux projets répondant à ce critère.

Par ailleurs, il est décidé d'introduire un volet de diffusion vers les PMI au sein du programme européen " MEDEA " de recherche dans le domaine des composants électroniques.

L'objectif est de permettre à plus de 1.000 PMI françaises d'accéder à l'utilisation des technologies développées dans MEDEA. Un montant de l'ordre de 200 millions de francs sera consacré à cet objectif, sur la période 1997-2000, soit 10 % des aides publiques à MEDEA.

Par ailleurs, te ministère de la recherche augmentera substantiellement la participation des PMI dans les grands programmes fédératifs de recherche, financés sur le fonds de la recherche et de la technologie, comme amorcé dans le second programme PREDIT.

Mesure n° 3 - Faciliter les initiatives des acteurs de l'innovation par une concurrence public-privé loyale

Une des clés du développement de l'innovation réside dans notre capacité à susciter des interactions positives entre d'une part ceux qui sont en mesure d'apporter la technologie, en particulier les grandes entreprises, les laboratoires de recherche, les cabinets conseil et, d'autre part, ceux qui cherchent à en bénéficier, notamment les PMI.

En la matière, notre pays se caractérise par l'existence d'une offre de ressources technologiques essentiellement publique (ou parapublique) et l'absence quasi-totale de prestataires privés. Un diagnostic des causes de cette situation doit être réalisé, tout particulièrement en matière de conditions de concurrence entre offre publique et offre privée.

Aussi, les ministres chargés de l'industrie, de la recherche et des PME décident conjointement de lancer une mission afin de préciser

- d'une part les missions de service public assurées par les centres de ressources technologiques et qui justifient à ce titre des subventions publiques ;

- d'autre part les missions relevant d'une logique de marché, pour lesquelles doivent être mises en place dans les organismes publics des règles homogènes d'évaluation des coûts et de facturation, afin de ne pas handicaper l'initiative privée et de ne pas fausser la concurrence.

Mesure n° 4 - Utiliser les marchés publics pour inciter les entreprises soumissionnaires à innover

Les marchés publics de l'Etat et des collectivités locales représentent environ 400 milliards de francs par an. Or, les entreprises déplorent ne pas pouvoir tirer pleinement parti de la règle de sélection du mieux-disant. En principe, ce critère devrait pouvoir favoriser les solutions innovantes, si toutefois les cahiers des charges laissaient la place à l'imagination et se concentraient clairement sur les fonctions à remplir plutôt que sur les moyens.

Le ministère chargé de la recherche a donc confié la mission à M. Serge FENEUILLE, président de la commission de l'innovation et de la recherche du CNPF, de faire des recommandations permettant aux entreprises d'introduire des produits et procédés innovants dans le cadre des marchés publics.

2- RÉFORMER CERTAINS ACTEURS PUBLICS DE L'INNOVATION

Les différents partenaires publics de l'entreprise innovante, que sont l'ANVAR, les DRIRE, les DRRT ainsi que l'INPI doivent également évoluer, pour devenir des éléments moteurs de cette nouvelle politique. Ils doivent se mobiliser pour rendre l'environnement de l'entreprise innovante moins complexe et moins cloisonné, pour lui faciliter l'accès au financement, et lui permettre d'investir dans les technologies les plus porteuses d'avenir et de croissance. Au-delà du travail en cours dans le cadre de la réforme de l'Etat, il est nécessaire de faire évoluer le positionnement spécifique des établissements publics, que sont l'ANVAR et l'INPI.

Mesure n° 5 - Faire évoluer l'ANVAR pour accroître l'efficacité économique de ses actions au service de la croissance et de l'emploi

Sur la base des conclusions du rapport demandé par le gouvernement à MM GREIF et CHABBAL sur l'évolution des missions de l'ANVAR , une réforme de l'agence va être engagée par les ministres chargés de l'industrie, de la recherche et des PME.

L'Agence accompagnera les entreprises à potentiel de croissance. L'objectif est que l'ANVAR intègre dans ses critères d'attribution des aides une appréciation économique attendu sur la croissance et sur l'emploi de l'entreprise aidée. Elle privilégiera les projets liés à la maîtrise des technologies clés. le se approchera des laboratoires publics, afin de mieux mettre en valeur les recherches qui y sont menées.

Afin d'améliorer la viabilité et le potentiel de croissance des projets innovants, l'ANVAR financera des études de faisabilité détaillées en amont de sa procédure d'aide au développement.

Une évolution des outils financiers de l'agence est prévue pour offrir des possibilités de financement plus. adaptées aux besoins des entreprises de croissance. Des synergies seront recherchées avec le CEPME, la SOFARIS et les sociétés de capital-risque pour améliorer l'offre de financement.

De plus, afin de mieux répondre aux attentes des PMI, l'ANVAR améliorera sa couverture territoriale en renforçant ses délégations. Elle accroîtra les responsabilités et la capacité d'intervention de ses délégués et veillera à coordonner toujours plus étroitement son action avec celle des autres partenaires privés et publics locaux. Les délégations chercheront à accroître leurs engagements contractualisés avec les acteurs locaux. En particulier, les implantations physiques des différents partenaires (DRIRE, DRRT, ANVAR) seront systématiquement rapprochées d'ici 1999.

Enfin, les ministres de tutelle ont donné à l'ANVAR la mission d'apporter son expertise technologique aux sociétés de capital-risque et aux banques dans l'objectif de participer à la mobilisation des financements nécessaires à la croissance des entreprises. Dans ce nouveau contexte, les organismes financiers pourront examiner la possibilité d'un accroissement de leur effort dans le financement en fonds propres des entreprises innovantes.

Mesure n° 6 - Adapter le système de protection de l'innovation aux besoins des entreprises

La propriété industrielle permet de valoriser et de défendre l'innovation : elle est devenue un élément essentiel de la stratégie des entreprises. Les évolutions du système international de propriété industrielle intervenues au cours des 15 dernières années, avec notamment la création de l'Office Européen des Brevets et le développement de l'espace économique européen sont des facteurs de changement majeur, qui nécessitent de réexaminer le rôle et les missions des offices nationaux.

En outre, le brevet européen est dans une situation compétitive défavorable, par rapport à ses principaux concurrents. Le dépôt d'un brevet est 4 fois plus cher dépôt qu'un dépôt équivalent aux Etats-Unis et 7 fois plus cher qu'au Japon.

La conjonction de ces éléments conduit le ministre de l'industrie à confier à une haute personnalité le soin d'entreprendre une réflexion stratégique sur l'adaptation du dispositif national (et européen) de propriété industrielle aux besoins des entreprises. Quatre objectifs devraient être poursuivis:

- améliorer la connaissance du système par les entreprises, sensibiliser et former les PMI ;

- aider les entreprises à mieux se protéger, à défendre leurs droits plus efficacement et à exploiter leurs brevets ;

- développer 1'utilisation du brevet comme source documentaire et outil de veille technologique ;

-  réduire le coût excessif des brevets européens

Mesure n° 7 - Inciter les laboratoires publics à déposer deux fois plus de brevets exploités d'ici 4 ans

La mise en valeur des découvertes de nos laboratoires publics est notoirement insuffisante. Malgré le taux le plus important de financement de la recherche publique des pays du G7 (1,27 % du PIB), la France a réduit sa part de dépôts de brevets dans le monde depuis 1987, passant de 8,6 % à 8,3 % pour les brevets européens et du 3,9 % à 3,3 % pour les brevets américains.

Une mission sera confiée par le Secrétaire d'Etat à la Recherche à une haute personnalité pour examiner en pratique quelles mesures devront être prises au sein des laboratoires, des organismes et par les acteurs régionaux dans l'objectf de doubler en quatre ans le nombre de brevets déposés par les chercheurs publics et exploités par des entreprises.

Mesure n° 8 - Donner aux PMI un interlocuteur unique pour les procédures technologiques

Une enquête récente du ministère de l'industrie confirme une forte demande des entreprises pour avoir. un interlocuteur unique lorsqu'elles recherchent un financement public pour leurs projets.

Aussi, il est décidé d'expérimenter dès 1996 dans quatre régions (Ile-de-France, Auvergne, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d'Azur) un rapprochement technique des interventions des DRIRE, des DRAF, des DRRT et des délégations régionales de l'ANVAR, en matière de soutien technologiques : le premier interlocuteur de l'entreprise instruira et traitera entièrement son projet comme représentant des différentes entités et en mobilisant en tant que de besoin toutes les procédures d'aides.

3- MAÎTRISER LES TECHNOLOGIES CLÉS

La définition pertinente de priorités technologiques est d'autant plus nécessaire qu'il n'est plus possible à aucun pays d'être présent sur la totalité du front technologique et d'autant plus difficile que l'interconnexion croissante des technologies tend à estomper ou même à bouleverser les frontières traditionnelles entre les secteurs industriels.

Il faut rappeler que le caractère clé d'une technologie s'analyse au travers des critères suivants, marchés et impact direct sur le commerce extérieur, vulnérabilité et risque de dépendance industrielle' contribution aux besoins nationaux, capacité à se diffuser dans l'industrie nationale. Les substituts du sang, les écrans plats et les batteries pour équipements électroniques portables constituent trois illustrations de technologies clés.

L'objectif est d'améliorer sensiblement, à horizon de 5 à 1 0 ans, la positon française sur un nombre significatif de ces technologies.

Mesure n° 9 - Lancement d'un appel à propositions " Technologies clés "

Dans cet objectif, le ministère de l'industrie entend réorienter les attributions d'aides publiques à l'innovation. Sur cette base, il organise en 1996 un appel à proposition " Technologies clés " qui aura pour objectif d'inciter les industriels à élaborer, puis à développer, des stratégies d'alliance orientées vers la maîtrise des technologies clés, leur valorisation économique, puis leur diffusion au sein du tissu industriel.

L'appel à propositions permettra de faire émerger et d'inciter à la mise en oeuvre de projets visant à une réflexion stratégique et une meilleure coordination entre les milieux scientifiques et industriels en imposant le principe de coopération (recherche-industrie, grands groupes-PMI, Europe).

Le ministère de l'industrie a pour objectif, pour financer l'appel à propositions " Technologies clés ", de mobiliser sur les crédits d'aide à la recherche industrielle et à l'innovation (y compris l'ANVAR), un budget d'un milliard de francs sur 2 ans. L'appel à propositions sera lancé au mois d'avril. Les premiers projets présentés par les industriels seront sélectionnés au mois de juin, et seront labellisés avant la fin de l'année.

Mesure n° 10 - Accélérer la diffusion des technologies-clés grâce à la procédure ATOUT

Il est essentiel que les technologies-clés diffusent rapidement dans tout le tissu industriel, et notamment en direction des PMI. Il existe un outil pour ce faire, la procédure Atout. Celle-ci est actuellement limitée à trois grands domaines technologiques. Il convient de l'étendre à toutes les technologies clés au fur et à mesure que celles-ci atteignent le stade où elles sont prêtes pour une large diffusion.

A partir de dette année, Atout sera progressivement étendue, par la création d'un 4ème volet, aux technologies clés de production. Cela se fera à titre expérimental en 1996 et sera généralisé en 1997.

Mesure n° 11 - Redéfinir l'offre technologique des centres techniques industriels

Les 18 centres techniques industriels, membres du Réseau CTI, couvrent les 2/3 de l'industrie manufacturière. Ils fédèrent 3.000 ingénieurs et techniciens au service des entreprises, 39 établissements et laboratoires, et 50 antennes régionales et centres de formation.

Alors qu'on assiste à un décloisonnement des secteurs industriels et de leurs technologies, il devient indispensable que les entreprises, et tout spécialement les PMI, puissent bénéficier de recherches réalisées dans d'autres secteurs. Le développement des travaux entre les CTI s'est légèrement accru, amplifié par un début d'organisation en réseau. Il est néanmoins toujours indispensable de développer et de promouvoir une offre de recherche et le transfert de technologies adaptée aux besoins des entreprises. En particulier, une meilleure articulation avec les organismes de recherche et d'enseignement supérieur doit être recherchée, dans l'objectif de renforcer la base scientifique et technologique des CTI.

Pour sa part, le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche et de l'Alimentation a confié en 1994 une mission à M. CAUGANT, qui a conduit en 1995 à une mise en réseau des 50 centres techniques agro-alimentaires et à améliorer leur organisation pour facilité l'accès des entreprises à leurs services.

Aussi, les centres techniques industriels engageront, avec l'appui des ministères de l'industrie et de la recherche, une démarche de réflexion stratégique visant à détecter et à mieux organiser leur offre globale de technologies clés pour les PMI, en s'attachant toujours davantage à une approche marketing permanente et individualisée. Les conclusions de cette réflexion sont attendues pour la fin de l'année.

Mesure n° 12 - Mise en place d'un consortium des sciences pour l'ingénieur

Les sciences pour l'ingénieur sont au carrefour de la recherche cognitive et des applications industrielles. Le Secrétaire d'Etat à la Recherche a confié au Pr. Jean-Claude SABONNADIERE la mission d'élaborer pour juin 1996 des propositions, en étroite concertation avec les organismes les plus directement concernes, pour mettre en place un consortium national des sciences pour l'ingénieur, afin de regrouper les moyens d'investigation des laboratoires et de mieux servir les applications industrielles, en particulier les PMI.

Mesure n° 13 - Mieux utiliser le PCRD et EUREKA pour positionner la France sur les technologies clés

Le Programme Cadre de Recherche et Développement est un outil adapté pour favoriser le renforcement de la base technologique nationale et européenne, dans la mesure où il permet de concentrer des ressources humaines et financières afin d'atteindre une taille critique européenne sur des objectifs précis, qui ne sauraient être atteints au seul niveau national.

Dans le cadre des consultations engagées pour la préparation du 5ème PCRD, le gouvernement s'attachera à développer la compétitivité de notre industrie, en renforçant le positionnement de la France sur les technologies clés. Le ministère de la recherche, en charge du pilotage de cette concertation, élaborera, pour le mois de juin, un mémorandum sur la positon française.

Les task forces lancées par les Commissaires Européens, Mme CRESSON et M. SANGEMANN, sont une initiative concrète à soutenir, qui permet par une collaboration entre industriels et représentants de la Commission de procéder à une identification des technologies à soutenir pour renforcer la base industrielle européenne.

Enfin, en matière de coopération européenne EUREKA, la France privilégiera le soutien aux dossiers, qui contribueront à renforcer la maîtrise des technologies clés.

4- AMÉLIORER LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES INNOVANTES

Il s'agit, d'une part de répondre aux besoins de financement de croissance des entreprises innovantes et d'autre part d'utiliser au mieux les crédits publics en faveur de l'innovation et de la recherche industrielle.

4.1.- Canaliser le financement privé vers les entreprises innovantes

La situation du financement privé des entreprises innovantes a été précisément analysée par le groupe de travail animé par M. CHASSAL ainsi que dans le rapport de M. CICUREL sur le financement de la haute technologie. Les PMI françaises sont plutôt moins capitalisées que leurs concurrentes étrangères. Les effets sont clairs: l'intensité et la vitesse de développement de ces entreprises dépendent de leur capitalisation. Les fonds propres sont plus faibles au démarrage. Le capital-risque s'investit plus tard et à niveau plus bas. Nous créons significativement moins d'emplois et ils sont créés plus tard.

Les sommes investies annuellement dans le capital-risque, c'est-à-dire dans les entreprises en création, ne représentaient plus que 250 MF en 1993. En octobre 1995, le Premier Ministre a donné comme objectif de mobiliser 1 milliard de francs , d'ici 3 ans, pour le flux de capital investi dans des entreprises en création : cela revient à quadrupler les montants actuels.

A titre de comparaison, il faut rappeler qu'un pays comme Israël dispose d'ores et déjà de 20 fonds de capital-développement avec 1 milliard de dollars en gestion et de 50 entreprises cotées sur le NASIDAO.

Mesure n° 14 - 500 millions de francs pour le renforcement des Fonds propres des PMI innovantes

Trois initiatives récentes mobilisant plus de 500 MF pour investir en fonds propres dans les PMI innovantes sont aujourd'hui opérationnelles.

La Caisse des Dépôts et Consignations a annoncé fin 1995 la création d'un fonds d'investissement intitulé CDC Innovation, à la demande du Gouvernement, axé sur les PMI innovantes. Le montant du fonds initial s'élève à 400 MF, pour une période d'engagement de 3 à 5 ans. Ce fonds est ouvert à d'autres partenaires financiers.

Dans le secteur parapétrolier, une nouvelle société de capital-développement, appelé ISIS Développement vient d'être créée. Elle dispose d'un capital de 30 MF, susceptible d'être investi dans les PMI de secteurs diversifiés, débouchés des recherches de I'IFP. Enfin, le fonds ELECTROPAR doté de 160 MF, créé à l'initiative d'EDF et de la COC, permettra d'investir, pour partie, dans la croissance des entreprises du secteur des industries électriques.

4.2- Les sources de financement public

Au sein du Budget Civil de la Recherche et du Développement, la part des crédits destinés à l'innovation et à la recherche industrielle (hors nucléaire, aéronautique et espace) représente en 1996, 8,5 % du total de 53 milliards, soit un montant de 4,5 milliards de francs.

Aussi, il importe d'une part de donner une meilleure lisibilité du budget consacré à l'innovation et à la recherche industrielle et d'autre part de permettre une utilisation optimale de ces crédits, au profit des entreprises.

Mesure n° 15 - Nouvelle présentation du budget du ministère de l'industrie, organisée autour des technologies-clés

Le rapport du ministère de l'industrie, sur les technologies clés, apporte un éclairage nouveau, à travers sa grille d'analyse, sur la possibilité d'identifier des priorités technologiques et de soutenir préférentiellement les projets technologiques les plus importants pour la compétitivité de notre industrie. Ceci sera progressivement appliqué, qu'il s'agisse des crédits du ministère de l'industrie ou de ceux affectés à l'ANVAR.

Le ministère de l'industrie présentera son budget 1997 consacré à la recherche industrielle et à l'innovation en identifiant les actions de soutien à la maîtrise des technologies clés. De plus, chaque projet d'entreprise sera instruit, en introduisant systématiquement, dans les critères d'appréciation, le facteur technologies-clés. Enfin, un bilan annuel sera effectué, en termes qualitatif et quantitatif, permettant de mesurer l'effort public en fonction des différentes technologies clés.

Mesure n° 16 - Optimiser, au bénéfice des entreprises, le fonctionnement de la procédure ATOUT

La procédure ATOUT de diffusion des techniques permet d'aider les PMI à intégrer certaines technologies fondamentales (nouveaux matériaux, composants électroniques, intégration informatique). Cette procédure appréciée des entreprises a un impact positif sur la croissance et sur la création d'emplois. Mais, elle a actuellement un fonctionnement compliqué du fait qu'il n'est pas possible de prendre en compte les dépenses des entreprises dès le dépôt de leur dossier. La conséquence est de retarder de plusieurs mois des projets technologiques importants.

Il vient d'être décidé de revenir au droit commun des principales interventions de ce type (ANVAR, PAT, PDA, FDPMI, ...) et de prendre en compte les dépenses des entreprises dès le dépôt de leur dossier.

Mesure n° 17 - Assainissement et concentration du fonds de la recherche et de la technologie.

Le fonds de la recherche et de la technologie verra ses moyens reconcentrés au bénéfice des entreprises : il sera focalisé sur des procédures coopératives efficaces (en particulier EUREKA et les " sauts technologiques "), sur l'aide à l'innovation des PMI en région et sur quelques grands programmes stratégiques développés grâce aux atouts de notre recherche publique. Ceci se fera en étroite liaison avec les procédures correspondantes du ministère de l'industrie. L'accès des PMI au FRT sera favorisé.

Le ministère chargé de la recherche poursuivra son effort d'assainissement des crédits du FRT, en résorbant ses décalages de paiement et en assurant aux nouveaux programmes un échéancier de paiement satisfaisant.



1 Le texte intégral de ce plan figure en annexe du présent avis.


Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page