EXPOSÉ GÉNÉRAL

I. L'ACCÈS RAPIDE À UN DÉFIBRILLATEUR CARDIAQUE : UN ENJEU MAJEUR DE SANTÉ PUBLIQUE

A. LA PERSISTANCE D'UNE FORTE MORTALITÉ LIÉE AUX ARRÊTS CARDIAQUES, POURTANT EN LARGE PARTIE ÉVITABLE

1. Les arrêts cardiaques inopinés nécessitent une prise en charge très rapide, dont la défibrillation constitue un maillon essentiel

• La plupart des arrêts cardiaques inopinés 2 ( * ) résultent de la survenance d'une arythmie , c'est-à-dire d'une anomalie du rythme cardiaque. Ces anomalies recouvrent notamment la fibrillation ventriculaire , qui désigne une activité électrique anarchique du myocarde ventriculaire, et qui est en cause dans 70 à 80 % des cas d'arrêt cardiaque.

Face à de telles situations, si le massage cardiaque peut permettre de maintenir la circulation sanguine pendant un court laps de temps, il ne suffit cependant pas, dans la majorité des cas, à restaurer un rythme cardiaque normal. Il est donc indispensable de relancer le rythme cardiaque au moyen d'un choc électrique ou d'une défibrillation , c'est-à-dire par l'application rapide d'un courant électrique.

Cette opération peut être réalisée au moyen d'un défibrillateur automatisé externe (DAE) , petit appareil que l'on branche via des électrodes autocollantes sur le thorax du patient en arrêt cardiaque.

Schéma d'un défibrillateur automatisé externe (DAE)

Source : Site Internet de l'ANSM

L'appareil fonctionne de manière autonome : il délivre des instructions orales aux intervenants sur place et analyse le rythme cardiaque ; dès lors qu'il détecte des battements anarchiques du coeur, c'est-à-dire une fibrillation, un choc électrique est déclenché. Le DAE est donc facile à manier , et peut aisément être utilisé par le grand public.

Mode d'utilisation du défibrillateur automatisé externe (DAE)

Source : Site Internet de la fédération française de cardiologie

• Le succès de cette prise en charge repose en large partie sur la limitation du délai écoulé entre le début de l'arrêt cardiaque et le recours à la défibrillation . Afin de garantir les chances de survie maximales, celle-ci doit intervenir dans les minutes qui suivent l'arrêt cardiaque , sans quoi la fibrillation ventriculaire évolue vers l'arrêt cardiaque complet (asystolie).

Les probabilités de survie chutent en effet de 8 à 12 % pour chaque minute écoulée après l'arrêt cardiaque. Le CFRC indique par ailleurs que les chances de survie sont très limitées dès lors que le délai de prise en charge dépasse 12 minutes à compter de la perte de conscience .

En revanche, selon le CFRC, les taux de survie peuvent 85 % dès lors qu'une défibrillation est pratiquée dans les premières minutes suivant l'arrêt cardiaque - tandis qu'ils n'excèdent pas 3 à 5 % en l'absence de toute prise en charge.

Les estimations sont fortement dépendantes du temps écoulé avant la prise en charge. La fédération française de cardiologie a pour sa part indiqué à nos collègues de l'Assemblée nationale que le taux de survie à un mois après arrêt cardiaque atteint 35 % dès lors qu'un DAE est utilisé par un premier témoin. D'autres études montrent que les taux de survie peuvent atteindre 50 à 70 % lorsqu'une défibrillation est pratiquée dans les 3 à 5 minutes qui suivent la perte de conscience 3 ( * ) .

La mise en oeuvre d'un massage cardiaque entre le moment de la perte de conscience et l'utilisation du défibrillateur contribue par ailleurs à allonger l'intervalle de survie.

La défibrillation constitue dès lors un maillon essentiel de la chaîne de survie qui doit être immédiatement mise en oeuvre après un arrêt cardiaque.

Les quatre étapes en sont les suivantes : la reconnaissance rapide du problème et l'appel immédiat des services d'urgences préhospitalières (accessibles au numéro 15) ; dans l'attente de leur intervention, la mise en oeuvre d'un massage cardiaque précoce puis d'une défibrillation également précoce ; l'intervention de soins médicalisés rapides.

La chaîne de survie à la suite d'un arrêt cardiaque

Source : Registre électronique des arrêts cardiaques

• Dans la mesure où les équipes d'urgences préhospitalières interviennent en moyenne dans un délai de 7 à 8 minutes - qui peut cependant être beaucoup plus long selon les territoires -, une première défibrillation doit pouvoir être réalisée par les proches de la victime ou les témoins immédiats de l'arrêt cardiaque.

De nombreux pays ont dès lors mis en place des programmes d'accès à la défibrillation (souvent dénommés Public access defibrillation - PAD) dans le but d'encourager les témoins d'un arrêt cardiaque à procéder à la défibrillation le plus rapidement possible à l'aide des DAE placés dans l'espace public.

2. Les taux de survie constatés en France à la suite d'un arrêt cardiaque inopiné sont particulièrement faibles

Le taux de survie observé en France à la suite d'un arrêt cardiaque est bien loin d'atteindre ceux relevés dans les études mettant en oeuvre une défibrillation précoce : il varie selon les estimations entre 5 et 10 %, et serait en moyenne proche de 8 % . 40 000 à 50 000 décès sont ainsi liés chaque année à un arrêt cardiaque.

Compte tenu des gains en survie rendus possibles par le recours à un dispositif de défibrillation, force est de conclure qu'une très large part de ces décès appartiennent à la catégorie des « décès évitables ».

Selon la Croix-Rouge, le taux de survie après un arrêt cardiaque atteindrait 20 à 50 % aux États-Unis ou dans les pays anglo-saxons dès lors que des DAE sont placés à la disposition du grand public 4 ( * ) .

Dans ce contexte, la démocratisation de l'utilisation des défibrillateurs constitue un enjeu majeur de santé publique. Il s'agit ici de s'inspirer le plus vite possible des stratégies globales mises en oeuvre par certaines collectivités publiques à l'étranger, comme par exemple Seattle et Copenhague, qui ont permis d'augmenter sensiblement le taux de survie après un arrêt cardiaque.


* 2 Un arrêt cardiaque est défini par l'absence de signes de circulation sanguine. On considère que toute personne qui est inconsciente et qui ne respire pas normalement est en arrêt cardiaque.

* 3 Selon le centre fédéral d'expertise des soins de santé de Belgique.

* 4 Indication figurant sur le dépliant diffusé par la Croix-Rouge française sur la défibrillation automatisée externe.

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