5. Le phénomène des « gratuits » menace ou concurrence stimulante ?

Le paysage de la presse française a brutalement changé avec l'arrivée d'une nouvelle forme de presse gratuite venue de Scandinavie. Il s'agit :

- d'une part de Métro, un quotidien gratuit à capitaux suédois, distribué dans les transports en commun et dont le contenu est constitué à 90 % de dépêches AFP ;

- 20 minutes, un quotidien d'information, à capitaux norvégiens, réalisé par une équipe de journalistes dont la distribution repose sur un contrat avec France-Rail publicité qui permet sa distribution dans les gares SNCF et dans le RER.

Face aux remous et aux menaces de grèves suscitées par les craintes que font naître une nouvelle forme de « gratuits » très différents des titres actuels constitués très largement de petites annonces, le précédent Gouvernement avait chargé la direction des médias d'une étude d'ensemble.

En fait, la situation est rendue complexe par le fait que les éditeurs de la presse payante ont des stratégies différentes à l'égard de ces nouveaux gratuits. C'est ainsi que le groupe Sud-Ouest s'est associé au projet « 20 minutes » et que le groupe Hachette qui édite « La Provence » a lancé le gratuit « Marseille + » pour lutter contre la concurrence de Métro. On note également que deux quotidiens nationaux, France-Soir et Le Monde, ont respectivement assuré l'impression de Métro et de 20 minutes.

La conclusion de la direction des médias est prudente. Celle-ci considère que la rentabilité des deux journaux reste problématique, du fait de la forte concurrence existant sur le marché parisien, du nombre limité d'exemplaires offerts, ainsi que des coûts accrus d'impression et de distribution imposés à la suite de négociations avec les syndicats du livre.

Si les premières études de lectorat donnaient à ces deux quotidiens entre 800 et 1 million de lecteurs, il faudra attendre le résultat des mesures qui seront effectuées par « Diffusion Contrôle », l'association pour le contrôle de la diffusion des médias.

6. Statu quo en matière de secteurs interdits à la télévision ?

Dans ce domaine hautement sensible, les gouvernements se suivent et continuent d'hésiter.

L'année dernière c'était Mme Catherine Tasca, alors ministre de la culture et de la communication qui s'étaient déclarée favorable à l'ouverture «ciblée et progressive» à la publicité télévisée de certains secteurs actuellement interdits, et, en premier lieu, de la presse, tout en précisant qu'en ce qui concerne la grande distribution, également interdite de publicité à la télévision, «la réflexion devra être poursuivie».

Nul doute que les ambitions que cette presse affiche de plus en plus ouvertement dans le domaine audiovisuel constituent une bonne occasion de s'aligner sur les pratiques de nos voisins chez qui de telles limitations n'existent pas.

La Commission européenne a, en juin dernier, adressé une mise en demeure à la France, pour lui enjoindre de supprimer le décret de 1992 qui interdit à la presse, la grande distribution, le livre et le cinéma, de faire de la publicité à la télévision.

Alors que le nouveau ministre de la Culture et de la communication, M. Jean-Jacques Aillagon, avait, au mois de juillet dernier, estimé qu'il était « inévitable » de permettre à certains secteurs d'accéder à la publicité télévisée, la réponse du ministère de la culture à la mise en demeure de la Commission faite en septembre dernier semble indiquer que la France n'est pas prête à ce changement de réglementation.

Officiellement, la France a fait savoir que rien n'interdisait à notre pays d'encadrer le marché publicitaire, dès lors que la mesure ne nuit pas à l'intérêt général et qu'elle est « économiquement proportionnée ». L'argument politique est que la mesure s'inscrit dans une politique tendant à maintenir « la diversité de l'offre culturelle ainsi que le pluralisme des médias en contribuant à préserver les équilibres concurrentiels et les ressources publicitaires des médias d'opinion. »

Comme pour conforter la position de la France, la presse quotidienne régionale a fait savoir que le changement de la réglementation lui serait particulièrement préjudiciable. Sachant que dans les pays européens où la grande distribution a accès à la publicité télévisée, elle consacre 25 % de ses budgets à la télévision, M. Prévost estimerait que la presse perdrait un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros : dit-il, si l'interdiction des secteurs interdits de pub TV est levée, on explose en vol !-

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