B. LA RECONNAISSANCE DU TOURISME COMME VECTEUR DE L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

La loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire offre un cadre d'intervention permettant d'intégrer l'aménagement touristique et le développement des activités dans une approche de développement durable qui valorise et préserve les ressources patrimoniales.

Votre rapporteur pour avis considère qu'il ne faut plus opposer développement touristique et protection de la nature, mais, bien au contraire, proposer un produit touristique mettant en valeur la richesse et la diversité du patrimoine naturel français. Il s'agit également de répondre aux exigences nouvelles de la demande touristique, ce qui implique un effort certain d'équipements et de formation. Pour y parvenir, il faut nécessairement mettre en commun des moyens et fédérer des actions au sein d'entités territoriales pertinentes, afin d'éviter le saupoudrage, voire le gaspillage de l'argent public.

A travers la mise en oeuvre de la loi d'orientation et d'aménagement durable du territoire, le secteur du tourisme sera développé dans :

- le schéma des services collectifs culturels qui précise " les objectifs de l'intervention de l'Etat pour favoriser l'accès aux biens, aux services et aux pratiques culturelles et artistiques sur l'ensemble du territoire ". La convention signée en 1998 entre le secrétariat d'Etat au tourisme et le ministère de la culture en est une anticipation ;

- le schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux qui " définit les conditions d'une gestion patrimoniale des espaces ruraux dans le respect de leur vocation à multifonctionnalité productive, écologique et récréative... ".

La protection de l'environnement devra, comme pour d'autres pays européens, constituer en France " une valeur ajoutée du développement touristique ". Ainsi que le précise le dernier rapport de la Cour des Comptes sur le coût et le rendement des services publics, " environnement et tourisme étant étroitement liés, il convient d'attirer l'attention sur l'intérêt de valoriser les potentialités touristiques en poursuivant une politique d'aménagement et de protection des sites respectueuse de l'environnement et en menant une politique de sensibilisation des acteurs concernés ".

S'agissant de l'organisation et du développement des territoires , les nouvelles orientations de la politique d'aménagement et de développement du territoire doivent favoriser, entre autres, " la constitution de nouveaux cadres de vie économique et sociale, les pays, fondés sur les solidarités actives entre tous les acteurs locaux d'une part, les interactions entre villes (grandes, moyennes et petites) et les espaces ruraux d'autre part ".

L'accentuation de l'organisation des agglomérations -notamment sur un plan qualitatif- est également une orientation favorable au tourisme, car le tourisme urbain est non seulement un élément de dynamisme de l'agglomération, mais il joue un rôle de redistribution d'activités pour les territoires avoisinants.

C'est pourquoi le secrétariat d'Etat au tourisme participera à la politique initiée par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'environnement en matière de pays et de projets de territoires. Les " projets de territoires touristiques " ou " d'espaces de projets à caractère touristique " permettront de faire émerger des projets de développement touristique innovant, préfigurateurs d'une méthode de travail et de stratégies à encourager à l'avenir.

La réflexion sur la moyenne montagne engagée dans le prolongement du Conseil national de la montagne du 19 mars 1999 constitue une première illustration de cette démarche concrète . Les premières mesures du plan d'action, qui devraient être proposées au deuxième trimestre 2000 seront engagées rapidement. Toutefois, il s'agit d'élaborer un plan d'action à long terme, comme dans toute démarche de développement. Ces actions concerneront les espaces de montagne dite non enneigée -dont l'économie touristique est souvent très fragile et non structurée- et les stations de moyenne montagne soumises aux aléas d'enneigement qui entreprennent de conforter, voire de redéployer leur offre touristique et qui doivent par ailleurs servir de point d'appui pour le développement touristique des territoires plus proches.

Enfin, s'agissant des décisions récentes prises concernant le remboursement des cures thermales, il faut souligner qu'il a été tenu compte de l'importance de ce secteur pour l'aménagement du territoire . En effet, le thermalisme représente 120.000 emplois pour un chiffre d'affaires estimé à 2,2 milliards de francs et les établissements sont bien souvent situés dans les zones rurales, les zones de montagne, voire les zones difficiles. Leur impact sur le développement économique local est évident.

Dans l'attente d'une évaluation des dépenses thermales et des travaux de la mission ministérielle prochainement mise en place sur le coût des dépenses thermales pour l'assurance maladie, la ministre de l'emploi et de la solidarité a prolongé d'une année supplémentaire la suspension de la procédure d'entente préalable. En effet, la limitation de façon très restrictive de la prise en charge des cures thermales envisagée par la caisse nationale d'assurance maladie aurait mis en péril l'équilibre financier de nombre de stations thermales, dont certaines ont beaucoup investi dans la qualité des soins et des prestations. Ceci n'aurait pas manqué d'avoir des répercussions sur le développement économique local.

Au-delà de ces deux exemples qui lui semblent aller dans le bon sens, votre rapporteur pour avis souhaite qu'effectivement, au niveau local, il soit mis fin aux conflits encore trop fréquents qui opposent les partisans d'une stricte préservation de la nature et les porteurs de projets touristiques, respectueux de l'environnement mais soucieux de sa valorisation au service du développement local.

Les débats passionnés sur la question de la présence du loup sur notre territoire témoignent de cet antagonisme, alors que le rapport circonstancié de l'Assemblée nationale 2( * ) , adopté à l'unanimité, préconise l'exclusion des loups des zones d'élevage, considérant que leur présence est incompatible avec le pastoralisme et les activités touristiques.

Votre rapporteur pour avis se félicite des conclusions de ce rapport qui répondent aux inquiétudes légitimes des populations concernées et des éleveurs.

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